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Traitement des données :

4.1. Analyse du contenu :

L’analyse de contenu n’est pas seulement descriptive, visant à décrire de manière objective, systématique et quantitative le contenu manifeste d’une communication, mais est également inférentielle, permettant de rechercher « les causes des phénomènes communicationnels » (129). Dans l’analyse de contenu, l’objet d’étude est un discours produit, avec son aspect individuel et de mise en acte du langage. Le but de l’étude est de découvrir le sens au-delà de la parole.

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Au sein de cette recherche, nous utiliserons une analyse thématique. Il s’agit de la transposition d’un corpus donné en un certain nombre de thèmes représentatifs du contenu analysé et ce, en rapport avec la problématique de recherche. L’analyse thématique consiste, dans ce sens, à procéder systématiquement au repérage, au regroupement et à l’examen discursif des thèmes abordés dans un corpus.

La méthodologie d’analyse thématique usée dans cette recherche est celle décrite par Laurence Bardin dans son ouvrage : « Analyse de contenu » (130), ainsi que par P. Paillé et A. Mucchielli dans leur ouvrage : « L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales » (134). Au sein d’une analyse thématique, le corpus peut être analysé dans sa totalité ou à travers un échantillon représentatif du corpus. Dans un souci d’exhaustivité, et malgré la taille du corpus, il a été choisi de l’analyser en totalité.

Une analyse de données subjectives représente un travail de construction de sens et nécessite une méthodologie rigoureuse. La description d’une recherche qualitative ne peut se passer de la description des différentes étapes qui encadrent le travail de thématisation, de l’explication du choix de certains outils de codage. L’analyse des données a suivi les cinq étapes suivantes :

4.1.1.La préparation du matériel :

Il s’agit de la transcription écrite du corpus à partir des données enregistrées par le biais du dictaphone.

4.1.2.La lecture flottante du corpus :

Cela consiste à se mettre en contact avec les documents de l’analyse, en laissant venir à soi certaines impressions et orientations. C’est lors de cette étape que sont élaborées des hypothèses pré-analyse qui orienteront la suite de l’analyse.

4.1.3.Le codage :

Il s’agit de la transformation effectuée par des règles précises – en l’occurrence, la thématisation – des données brutes du texte et qui permet d’aboutir à une représentation du

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contenu. L’organisation du codage comprend trois choix : celui de l’unité d’enregistrement, celui de l’unité de contexte et celui des règles d’énumération.

L’unité d’enregistrement est l’unité de signification à coder. Il peut être de nature sémantique ou de nature linguistique. En l’occurrence, nous avons choisi une unité d’enregistrement sémantique : le thème, l’accent étant mis sur la signification d’un segment de contenu analysé et non sur la forme.

L’unité de contexte sert d’unité de compréhension pour coder l’unité d’enregistrement. Elle correspond à un segment du corpus dont la taille, supérieure à l’unité d’enregistrement, est optimale pour saisir la signification exacte de l’unité d’enregistrement. En l’occurrence, le corpus de la recherche est constitué de série d’entretien de plusieurs patients. Le choix de l’unité de contexte s’est donc porté sur l’entretien d’un même patient.

La règle d’énumération représente la manière de compter l’unité d’enregistrement au sein d’une unité de contexte, en l’occurrence la manière de compter les thèmes au sein d’un entretien. Dans cette recherche, la première règle est la présence ou non d’un thème dans un même entretien, et non la fréquence de ce thème. Cela implique que la répétition d’un thème dans un entretien n’est pas comptabilisée. La seconde règle est le calcul de la fréquence d’un thème d’un même entretien au sein du corpus. Cela implique que la récurrence d’un thème dans des entretiens de patients différents est comptabilisée.

4.1.4.L’élaboration d’un relevé des thèmes :

Il s’agit du document contenant la liste linéaire des thèmes de chacun des entretiens. C’est au cours de ce processus que les thèmes seront progressivement ventilés au sein de regroupements thématiques. Ces derniers sont réalisés en définissant des ensembles thématiques saillants, c’est-à-dire des ensembles de thèmes qui ressortent de l’analyse en fonction d’un certain type de caractérisation. Cela peut être la récurrence : thèmes répétitifs, la divergence : thèmes qui se contredisent sur certains points, l’opposition : thèmes qui apparaissent opposés les uns par rapport aux autres, la convergence : thèmes qui tendent vers une thématique commune, la complémentarité : thèmes qui s’éclairent les uns les autres, la

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parenté : thèmes qui semblent appartenir à une même famille thématique, la subsidiarité : thèmes qui peuvent être réunis en tant que l’un est une subdivision de l’autre.

4.1.5.L’élaboration d’un arbre thématique :

L’arbre thématique est la schématisation rassemblant, lors de l’élaboration des différents relevés de thèmes au fur et à mesure du codage des entretiens, l’ensemble des regroupements thématiques sous la forme de subdivisions entre des troncs et des branches : typologie, types et sous-types ; thèmes fédérateurs et sous-thèmes ; etc.

Ainsi, l’analyse se réalise tout d’abord au cas par cas, puis elle est synthétisée, et enfin transversalisée. C’est l’ensemble des discours thématiques qui sont regroupés puis étudiés, indépendamment de l’énoncé global.

4.2. Analyse lexicale informatisée :

Dans un second temps, une analyse lexicale du corpus a été réalisée. L’outil d’assistance choisi est Tropes. Ce logiciel trouve son origine dans les travaux du psycholinguiste Rodolphe Ghiglione, lui-même influencé par Erving Goffman et Jaakko Hintikka, sur l’analyse automatique des contenus et plus particulièrement sur l’analyse cognitivo-discursive (135). Pour lui, les enjeux de la communication sont définis par le fait que tout locuteur est inscrit dans un système de communication : il ne parle pas seul. Sa parole, qui n’est que l’expression d’un « monde possible » propre au locuteur, se trouve donc confronté à l’autre, qui possède ses propres « mondes possibles ». La communication est donc un affrontement permanent, son fondement ne peut être qu'argumentatif. Dans ce contexte, les opérateurs syntaxiques jouent un rôle fondamental, car ils sont les armes de l'affrontement, les éléments qui inscrivent la présence et la personnalité du locuteur dans le discours. Ils sont donc des éléments centraux de la théorie de R. Ghiglione. Ainsi, ce dernier distingue trois types de mots : les référents noyaux (RN), qui « nomment les objets du monde », les verbes qui inscrivent les RN dans l’univers proposé, et les autres catégories de mots, définies en négatif comme n’étant ni RN ni verbe. Il s’agit entre autre des adjectifs, des modalisateurs, des connecteurs, tous les mots qui inscrivent le locuteur dans le discours et qui permettent de

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moduler le sens de ce qui est dit. Le sens se construit donc par l’articulation des ces trois types de mots au sein de l’unité minimale du sens qu’est la proposition.

En effet, Tropes est fondé sur le principe de l’analyse propositionnelle : le discours est découpé en propositions, considérées comme des micro-univers qui concentrent un sens simple et autonome. Il fonde son analyse sur un découpage du texte en propositions, qui s’appuie sur un examen de la ponctuation ainsi que sur l’analyse de la syntaxe. Une proposition contient au minimum un actant (qui fait l’action), un acté (qui la subit) et un verbe (qui l’accomplit). Il s’agit du schéma de la phrase simple : sujet, verbe, complément. Ce modèle minimal s’étend avec l’ajout de compléments. Dans chaque proposition, on retrouve donc des référents-noyaux, mis en relation par des verbes, définis par des adjectifs, intégrés à l’argumentation par les modalisateurs, les connecteurs et les pronoms. Le logiciel propose une organisation de ces RN qui est déjà un premier stade d’analyse sémantique. Pour effectuer ce traitement, il utilise un dictionnaire des équivalents sémantiques, qui est une sorte de thésaurus de la langue française. Ce thésaurus est à la base du travail de TROPES, dans ce que les éditeurs du logiciel appellent le « moteur d’analyse linguistique ». (136)

Tropes s’inscrit dans une démarche de sémantique pragmatique. En plus de proposer un thésaurus général de la langue française, il permet à l’analyste de construire ses propres thésaurus. Chaque analyse s’inscrivant dans un contexte particulier, la construction d’un thésaurus personnalisé permet d’assigner aux mots une signification unique, propre au contexte de l’analyse.

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Troisième partie : Présentation des résultats