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Suggestions d’amélioration :

3. Résultats de l’analyse thématique des entretiens :

3.3. Après la contention :

3.3.1. Suggestions d’amélioration :

Lorsque la question est posée aux participants, 19 d’entre eux pensent qu’il y a des améliorations possibles dans l’utilisation de la contention physique. Pour ceux d’entre eux qui n’en proposent pas, les raison invoquées sont principalement de deux ordres : ils ne savent pas répondre à la question ou ils pensent qu’il n’y a pas d’amélioration possible car il ne faut pas utiliser la contention en psychiatrie.

3.3.1.1. Ablation de sangle :

Cinq patients évoquent la question de l’ablation des sangles comme voie d’amélioration. Cela peut consister en l’ablation d’une ou deux sangles afin de regagner de l’autonomie.

« Mais des fois, j’aurais préféré qu’ils me défassent les deux mains pour que je puisse manger normalement » Entretien 25

« Aux urgences, je parle des urgences parce que c’était la meilleure contention, ils avaient attaché le pied droit et la main gauche. Evidemment, je ne pouvais rien faire mais j’arrivais à faire certaines choses. Est-ce que, eux aussi, n’auraient pas pu faire ça ? » Entretien 08

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L’ablation de la contention peut être également complète, de manière temporaire, surveillée par l’équipe soignante.

« S’il y a des infirmiers qui sont costauds et de garde, que les personnes puissent être décontentionnées et marcher un peu de temps en temps. […] J’aurais préféré aussi que les infirmiers, même s’ils devaient rester là à me surveiller, me défassent les contentions pour que je puisse au moins aller à la selle. » Entretien 25

« Je pense que les contentions auraient pu être enlevées la nuit et remises la journée. »

Entretien 08

3.3.1.2. Amélioration du système de contention :

Huit patients proposent des améliorations quant au système de contention : sangle, système de fermeture, etc.

Certains patients suggèrent que la contention soit plus ample, afin d’avoir davantage d’autonomie.

« Laisser plus de mou. J’avais peut-être dix centimètres de mou. Ils auraient pu me laisser un mètre. » Entretien 08

« Si on ne peut pas être décontentionné, prévoir des contentions assez longues pour qu’il puisse marcher un peu ou se mettre en position debout. » Entretien 25

D’autres patients suggèrent que les sangles soient plus lâches.

« Et un bracelet qui comprime moins. Qui fasse moins le mec qui est attrapé. Parce que ça entraine des douleurs psychiques. » Entretien 23

Un patient suggère de changer de système de fermeture.

« Peut-être le système mécanique qui prend beaucoup de temps, qui ne marche pas toujours bien. Ce système d’aimant qui ne marche pas très bien. Un système plus technologique qui prendrait moins de temps. » Entretien 27

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3.3.1.3. Repères temporels :

Cinq participants évoquent la question des repères temporels dans l’amélioration de la mesure de contention.

Certains patients proposent qu’une pendule soit visible par le patient.

« Donner des repères temporels aux patients. Leur donner une montre ou une horloge. Avoir le rythme normal. Soleil, pluie, ciel gris. Une fenêtre ouverte. Le climat, le temps. Voir s’il pleut. Que le regard puisse voir que la vie existe à l’extérieur. » Entretien 16

D’autres suggèrent qu’une information sur la nature temporaire de la contention soit délivrée au patient.

« Donner un délai : vous allez sortir d’isolement dans pas longtemps. Dans une heure le temps que le docteur arrive. Vous restez là. Le docteur vous fera sortir. Vous allez vous calmer. Donner un délai sûr. » Entretien 04

« Expliquer à la personne avant de l’attacher que c’est temporaire. » Entretien 09

3.3.1.4. Accessibilité à une autonomie :

Certains patients suggèrent que la nourriture, l’eau soient davantage accessibles.

« Lui apporter de l’eau, les soins, les choses de première nécessité. » Entretien 09

D’autres de pouvoir accéder à une activité, tels que fumer, regarder la télévision, écouter de la musique.

« Pour améliorer les contentions, à la rigueur, ils pourraient mettre de la musique ou un téléviseur mural. […] Ecouter de la musique ou avoir une image, ça permet de se calmer. On se dit qu’on n’est pas tout seul. » Entretien 06

« Fumer une cigarette dans le jardin ou dans la chambre. Voir ce qu’on peut faire pour lui. Un truc serein, propre, gentil. » Entretien 04

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Certains participants proposent de mettre une sonnette à disposition des patients afin d’alerter les soignants.

« Et puis, quand on est sanglé, ce qui serait sympa, c’est d’avoir la possibilité d’avoir une sonnette. […] Quand on veut aller aux toilettes par exemple, ou des choses comme ça. »

Entretien 22

« Il faudrait faire en sorte que le patient ait une sonnette pour appeler. Parce que là, si je ne gueulais pas, personne ne venait. » Entretien 08

3.3.1.5. Environnement de la chambre :

Certains patients suggèrent que la température de la chambre soit adéquate.

« Un peu mieux chauffée. Je ne demande pas qu’il fasse vingt-cinq degrés. Mais au moins vingt degrés. La première nuit, je n’avais qu’une couverture, je me les suis pelé. » Entretien 24 « Me donner une chambre. […] Qui soit au chaud. Parce qu’il faisait super froid. Je n’avais qu’un drap. » Entretien 20

Une patiente propose la possibilité de mettre une lumière dans la chambre.

« Par exemple, si c’est la nuit, vous mettez une petite lumière, au lieu de vous laisser dans le noir, pour les gens comme moi qui ont une phobie du noir. » Entretien 22

La même patiente propose également de pouvoir être en position semi-assise.

« Au moins monter le corps pour ne pas avoir la tête en bas. C’est extrêmement douloureux d’être comme ça. Ne pas être complètement à plat. Pouvoir soulever son corps, ne serait-ce que pour avoir l’impression d’être un homme. » Entretien 22

3.3.1.6. Rapports soignant/soigné :

Onze patients suggèrent que des voies d’amélioration peuvent être trouvées dans les rapports des soignants envers le patient.

Neuf patients pensent qu’une amélioration dans le dialogue instauré avec le patient est nécessaire.

129 « Plus de visites pour la personne, pour la mettre en confiance. Qu’elle se deffarouche. Qu’elle se mette en confiance. Parler avec elle, se mettre à sa place. » Entretien 03

« S’ils ne dort pas, qu’ils rentrent me demander quelque chose. Communiquer. Qu’il y ait quelque chose de vivant. Pas d’éteint. » Entretien 26

« Qu’il y ait un dialogue qui s’instaure tout au long de la contention. Quelqu’un, qui a vu la scène, un infirmier ou un aide-soignant, qui a participé à la contention, essaie d’instaurer le dialogue avec le patient. Pendant la mise des contentions et tout au long des contentions. »

Entretien 21

Certains patients insistent sur la délivrance d’information que peuvent apporter les soignants durant la contention.

« Expliquer à la personne avant de l’attacher que c’est temporaire, pourquoi on le fait et combien de temps ça va durer. Pourquoi, comment et combien de temps. Ça permet à la personne de se dire : « je vais être attachée tant de temps, c’est pour telle raison. » ça lui permet d’être moins stressée, de moins bouger, de mieux comprendre les choses. […] ça sera plus dans l’explication de chaque chose que l’on fait avec le patient. » Entretien 09

Un patient propose de pouvoir parler de son expérience de contention a posteriori.

« Ça fait du bien d’en parler à quelqu’un. Parce que je n’en avais jamais parlé. Ça me fait du bien. Ça pourrait être une bonne idée, quand on est attaché, de pouvoir en parler plus tard avec quelqu’un. » Entretien 11

Neuf patients proposent des améliorations dans les visites, les soins physiques que leur apporte l’équipe soignante.

Certains participants suggèrent des visites plus régulières et plus fréquentes des infirmiers.

« On aurait pu venir plus souvent. Je criais, je n’en pouvais plus de rester seul. » Entretien 01 « Qu’on vienne régulièrement me voir, qu’on ne me laisse pas pendant des heures toute seule à broyer du noir. » Entretien 22

« Venir voir plus souvent. Toutes les demi-heures pour voir s’il n’y a pas besoin d’aller aux toilettes, voir si je m’étais calmé et si on pouvait enlever une sur les deux. » Entretien 24

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Des participants souhaiteraient que la pose de la contention se réalise dans de meilleures conditions.

« Faire les choses lentement. Parce que pour moi, les choses ont été faites vite, ça m’a serré les poignets et les chevilles. Je ne trouvais pas ça agréable. Il faut faire les choses lentement dans ces cas-là. Ça veut dire qu’il y a une personne qui maintient le patient sur le lit, pendant que les deux autres personnes la contentionnent. Mais il faut que ce soit fait dans de bonnes conditions et il faut que ce soit fait lentement. » Entretien 21

Une patiente suggère d’éviter d’avoir des contacts physiques avec le patient.

« Surtout, ne pas me toucher. […] Quand on est attaché, on est très sensible au toucher. Et si on nous touche trop, ça nous énerve trop. Ça nous agace. C’est pénible. » Entretien 26

Une autre patiente propose la mise en place de formations pour les soignants.

« Peut-être qu’il y a des infirmiers qui sont peu expérimentés. Parce que ça s’acquiert avec de l’expérience. Si on est un jeune infirmier et qu’on voit une personne qui est dans une très grande agitation et qu’on contentionne, je dis que ça fait partie de la formation des infirmiers. Il faut qu’il y ait une formation spécifique ou des mises en situation. Savoir reconnaitre les signes pour éviter de contentionner une personne. » Entretien 21

3.3.1.7. Soins médicamenteux :

Six patients évoquent spontanément une modification du traitement médicamenteux dans l’amélioration de leur vécu de la contention.

Quatre patients sont favorables à l’utilisation du traitement sédatif. Certains d’entre eux restent cependant nuancés dans leurs propos.

« La piqûre, qui est l’extrême de ce que font les médecins, peut être aussi une bonne chose, en même temps que la contention. Mais il faut être lucide. » Entretien 02

« Si on met un traitement quand on est contentionné, c’est pour supporter d’être attaché. »

Entretien 18

« Lui donner des traitements. Soit par injection, soit par la voie orale. Des traitements apaisants. Dans un premier temps, dans le but d’apaiser, pour éviter qu’il soit agité dans tous les sens. » Entretien 21

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Deux patients, au contraire, souhaiteraient que le traitement sédatif soit diminué.

« Des traitements adaptés à la pathologie. […] Pas trop de piqûres. » Entretien 26

« Pas de surdosage de médicament. Parce que c’est trop. […] Et puis, ce n’est pas bon pour les neurones, tous ces médicaments. » Entretien 13