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3. Résultats de l’analyse thématique des entretiens :

3.1. Avant la contention :

3.1.1.Situation ayant conduit à la mise en place de la contention physique :

Pour huit des participants, la contention a été mise en place suite à un comportement agressif ou violent de leur part, majoritairement à l’encontre des soignants. Cette agressivité pouvait être verbale ou physique.

Avant la contention Situations ayant conduit à la contention Pendant la contention Perception de soi-même Perception du monde Relations soignant/soigné Perception des soins de contentions Perception de la présence de tiers non soignant Perception du temps Après la contention Propositions d'améliorations Propositions d'alternatives Ressentis a posteriori de l'expérience

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Certains de ces patients contextualisent leur état d’agressivité dans une situation de rapport de force avec le soignant.

« Je n’étais pas bien et j’étais méchant, vulgaire, agressif. Tout ça pour montrer vis-à-vis des gens que je fréquentais dans le service que je n’avais peur de rien et je me suis retrouvé attaché. » Entretien 04

« J’ai demandé à un infirmier si je pouvais prendre le traitement après le petit-déjeuner. Il a refusé. Je l’ai pris mal. J’ai cru qu’il me voulait du mal. J’ai tout jeté. […] C’était l’infirmier à qui j’avais mis un coup de boule. De là, ils m’ont tous attaché. » Entretien 08

« Il y a un soir où je n’ai pas voulu prendre le traitement parce qu’ils m’ont réveillé pour me dire qu’ils me donnaient le traitement qui allait me permettre de dormir. Et pour moi, ça faisait trop. […] j’ai balancé le verre qui contenait le traitement. C’est-à-dire que je l’ai échappé des mains de l’infirmier. Et après je lui ai mis un coup de poing. » Entretien 25

Une patiente évoque avoir été mise sous contention du fait de velléités de passage à l’acte auto-agressif.

« Je me cognais la tête contre la fenêtre et je ne voulais pas être prise en charge. Je ne voulais pas écouter les soignants. A ce moment-là, ils se sont mis à quatre pour me prendre. »

Entretien 21

Pour quatre patients, il s’agit du risque de fugue qui a motivé la contention.

« J’ai voulu sortir. Les infirmiers m’ont pris, m’ont attrapé et m’ont rattaché sur le lit. » Entretien 01

« J’étais aux urgences. Je m’étais présenté de mon plein gré. J’ai eu un entretien avec l’infirmier. […] J’ai vu un psychiatre qui m’a dit qu’il voulait me garder. Moi j’ai refusé. Et je commençais à partir avec mon sac. Ils ont appelé la sécurité. Ils m’ont pris de force et m’ont amené dans la chambre d’iso. Ils m’ont contentionné et piqué. » Entretien 18

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Trois patients évoquent la crise clastique et la détérioration de matériel comme motif. « Le bureau était ouvert. C’était l’ordinateur qui régissait tout l’UMD […] J’ai pris la machine et je l’ai cassée par terre. J’ai rendu mes clés et mon briquet, sachant très bien que j’allais entrer en chambre. Les infirmiers m’ont pris mes clés et mon briquet et m’ont accompagné en chambre d’isolement. Ils m’ont attaché et m’ont shooté une fois toutes les six heures. »

Entretien 05

« Ils m’ont attaché parce que j’ai cassé la sonnette et la fenêtre. Ils ont trouvé que ce n’était pas logique. » Entretien 06

Pour quatre autres patients, il s’agit d’un état d’agitation qui a motivé les contentions. Là encore, certains participants évoquent un rapport de force avec le soignant, et notamment une situation de refus : refus d’un traitement, d’un soin, de partir d’un service ou au contraire de réintégrer un service.

« C’est arrivé aussi alors que j’avais une sonde nasogastrique. Et pour m’empêcher de l’arracher, ils m’avaient attaché les mains au lit. » Entretien 21

« Comme je ne me sentais pas prêt pour retourner en maison d’arrêt, j’ai résisté. Ils ont été obligés d’intervenir. Ce sont les surveillants et les infirmiers qui m’ont attaché. » Entretien 11 « J’étais chez moi, tranquille. J’étais même en vacances. Tout d’un coup, j’entends sonner à la porte. C’était l’infirmier du CMP. Soi-disant, il voulait me parler. Moi, je ne voulais pas. Au bout de dix minutes, j’ai ouvert la porte et lui, il a bloqué la porte. Et j’ai vu les policiers arriver. Je n’ai rien compris. Ils m’ont attaché les mains. Pas avec une paire de menottes, mais des sortes de sangles. Après, on m’a emmené à l’hôpital. » Entretien 12

Pour deux patients, ce sont des difficultés à dormir qui ont motivé les contentions.

« La dernière fois, j’ai été mise sous contention pendant mon sommeil. Je pense que je devais trop bouger pendant la nuit, être trop agitée. Quand je me suis réveillée, j’ai vu que j’étais attachée. » Entretien 09

« Je n’arrivais pas à trouver le sommeil, donc ils m’ont attaché au lit pour qu’en quelque sorte je puisse m’endormir. Je pense que c’est pour ça. » Entretien 29

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Certains patients déclarent ne pas se souvenir du motif de la contention. Pour d’autres, il n’y avait pas de motif à la mise sous contention.

« C’est juste comme ça que j’ai été attaché au lit. C’était juste parce que je revenais des urgences. Je n’étais pas attaché aux urgences. Par contre, j’étais attaché à G. pour rien. »

Entretien 15

« J’ai commis un homicide en 2010 et j’ai été interrogé par la gendarmerie et envoyé à l’hôpital R. où ils m’ont gardé quarante-cinq jours avant que j’aille en UMD. J’ai été mis sous contention pendant une trentaine de jours. Ça a été immédiat. En fait, je dormais et on m’a posé les contentions absolument injustifiées, dans le sens où je n’étais pas du tout agressif. J’étais très calme et je pense que ça a été totalement injustifié. » Entretien 27

3.1.2.Circonstances de la contention :

Pour 14 des participants, la contention a eu lieu dans un service d’admission hospitalier et pour 10 participants, aux urgences. Pour les autres patients, la contention s’est déroulée dans une ambulance, dans une unité pour malades difficiles ou dans une clinique.

La situation est survenue dès l’arrivée dans le service de soins pour huit des patients, au cours du séjour pour 14 d’entre eux et à la fin du séjour pour un participant.

Pour trois patients, la contention a été maintenue pendant le transfert entre deux unités de soins : pour l’un d’entre eux, entre la clinique psychiatrique et les urgences ; pour un autre participant, entre les urgences et le service hospitalier d’admission ; enfin, pour un participant, la contention a été maintenue lors du transfert dans un service de médecine car le patient présentait une embolie pulmonaire.