• Aucun résultat trouvé

La recherche qualitative :

1.2. Objectifs secondaires :

- Recueillir l’avis de patients ayant vécu une expérience de contention mécanique en ce qui concerne les alternatives et améliorations possibles.

- Rechercher des symptômes de stress post traumatique en lien avec la contention mécanique.

2. La recherche qualitative :

2.1. Intérêt de la méthodologie de type qualitative :

Dans cette évaluation du vécu des patients sous contention physique, nous avons privilégié une approche qualitative, accordant une place centrale au discours des sujets car elle permet de : « rechercher les significations des actions auprès des acteurs concernés. » (129)

L’analyse qualitative s’enracine dans le courant épistémologique de l’approche compréhensive. L’approche compréhensive est un positionnement intellectuel qui postule l’hétérogénéité entre les faits humains ou sociaux et les faits des sciences naturelles et physiques. Les faits humains ou sociaux sont des faits porteurs de significations véhiculées par des acteurs, partie prenante d’une situation interhumaine. L’approche compréhensive postule également la possibilité qu’a tout homme de pénétrer le vécu et le ressenti d’un autre homme. Cette approche comporte un ou plusieurs moments de saisie intuitive, à partir d’effort d’empathie, des significations dont tous les faits humains et sociaux sont porteurs. Cet effort

70

conduit, par synthèses successives, à formuler une synthèse finale, plausible, qui donne une interprétation « en compréhension » de l’ensemble étudié. (130)

L’analyse qualitative prend appui sur le langage et est ainsi traversée de toute part par le sens : importation de sens, recherche de sens, production de sens. Le sens peut être défini comme l’expérience humaine – réelle ou imaginée – à laquelle peut être rapporté un énoncé qui en permet la compréhension. Tout évènement significatif à l’intérieur d’un champ de conscience est nommé, transposé, relié, et éventuellement communiqué. Pour exister, un évènement doit être lu : tout d’abord par la personne qui l’expérimente, ensuite par la personne qui raconte – et ce, même s’il s’agit de la même personne, car vivre un évènement et le raconter sont deux activités distinctes – puis, dans le cadre d’une recherche, par la personne qui l’analyse, enfin par la personne à qui l’analyse est destinée. Il importe par conséquent d’être attentif au fait que l’analyse parle bien souvent autant de l’analyste, de sa société et de sa culture que du phénomène analysé.

L’essentiel du travail en analyse qualitative porte sur des données qualitatives, à savoir des traces matérielles, principalement des mots, des locutions, des textes. Une donnée qualitative est une donnée de signification immédiate revêtant une forme discursive. Pour l’analyste, la donnée qualitative prend la forme de mots, expressions, phrases, propositions textuelles exprimant un rapport de sens dans le moment présent du recueil.

2.2. Intérêt de l’entretien semi-directif :

L’intérêt de cette méthode de travail, par rapport à l’utilisation de questionnaires, a été porté par un souci de maintenir une position neutre tout au long des entretiens et de respecter le discours spontané des patients. En effet, toute question fermée est par définition orientée. Si on demande par exemple à un participant qui a un vécu globalement négatif de la contention s’il a éprouvé de la tristesse, le patient sera davantage orienté à répondre par l’affirmative. Si, au contraire, on s’applique à lui demander de nous décrire ses ressentis durant la situation, peut-être nous évoquera-t-il spontanément d’autres ressentis négatifs que la tristesse qui ne seront pas nécessairement présents dans le questionnaire. A fortiori, le patient aura loisir de développer le déroulement de sa pensée ayant abouti à tel ressenti négatif, en le contextualisant à une anecdote, à une situation particulière de la contention. Cela, un

71

questionnaire ne le permet pas. Si procéder par des entretiens limite bien évidemment le nombre des sujets par rapport à l’utilisation de questionnaires, cela permet en revanche d’obtenir des données riches, approfondies et variées.

L’entretien a été choisi sur une modalité semi-directive plutôt qu’un entretien ouvert afin d’avoir à disposition une grille de thème à aborder par le patient. Les sujets étant questionnés à l’aide d’une même grille élaborée en fonction de ces objectifs, l’entretien semi-directif autorise ainsi l’analyse transversale des énoncés. Cette analyse permet de prendre en compte l’ensemble des énoncés et ainsi, regrouper les discours par thèmes indépendamment des entretiens. Même si les thèmes abordés sont prédéfinis, la dynamique de la rencontre doit permettre un espace de parole permettant au sujet de l’entretien d’être l’auteur de sa propre histoire, son propre récit. Ainsi, l’évaluateur qui mène l’entretien respecte cette position neutre qui est l’essence même de ce travail, posant les questions les plus ouvertement qu’il est possible de le faire, respectant le plus souvent la spontanéité du sujet quant à l’élaboration de son récit.

2.3. Choix de la grille d’entretien :

Les cinq différents axes évalués au cours des entretiens semi-directifs sont les suivants : - Description de la situation ayant conduit à la mise sous contention physique puis de la

mise sous contention en elle-même, et notamment description des ressentis et pensées du patient au cours de la situation.

- Description des ressentis et pensées tout au long du processus de contention.

- Description des rapports entre le patient et l’équipe soignante tout au long du processus de contention.

- Proposition d’alternatives de prise en charge à l’utilisation de la contention physique dans la situation précise que rapporte le patient.

72

- Proposition de mesures visant à améliorer le vécu du patient tout au long du processus de contention.

2.4. Passation des entretiens :

Il est demandé au patient d’exprimer son expérience de la contention mécanique selon les cinq différents axes. Il est précisé au patient que l’importance est portée sur son témoignage, que l’évaluateur n’attend ni fausse, ni bonne réponse, que seule importe la sincérité de son discours. Il est également souligné que sa prise en charge ne différerait en aucun point selon le type de réponses que le patient apportera.

Les différents axes constituent une base pour la réalisation des entretiens. Elle n’est pas suivie de manière rigide car il s’agit de favoriser le discours spontané du patient. L’ordre des axes peut être adapté en fonction du déroulement de l’entretien. Le patient peut également établir spontanément des liens entre les différents axes proposés.

Les données sont recueillies avec un dictaphone, avec l’accord du patient, afin de faciliter les échanges et de favoriser le discours spontané du patient tout en recueillant un matériel exhaustif pour le traitement ultérieur des données.

2.5. Retranscription des entretiens :

Tous les entretiens sont intégralement enregistrés et retranscrits par écrit, avec l’accord des participants. Une fois retranscrits, les entretiens sont réécoutés afin de s’assurer de la similitude du texte par rapport au discours oral.