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TRAITEMENT DES DONNÉES DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT

Traitement des données des études de prévalence de la synesthésie chez

7. TRAITEMENT DES DONNÉES DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT

le cas de trois écoles pour la synesthèsie Graphème-Couleur, pour la synesthèsie Graphème-Genre, et pour la synesthésie Forme des nombres). De plus, comme les enfants font leurs associations par écrit et non par ordinateur, nous ne pouvons calculer précisément le temps d’exécution des associations. Pour pouvoir séparer les bons mémorisateurs des synesthètes dans notre étude, le nombre d’associations fixes entre deux sessions sera comparé au nombre d’associations fixes possibles par hasard. Puis, les productions de chaque synesthète potentiel seront vérifiées pour chaque synesthésie étudiée afin de s’assurer qu’aucune stratégie ne permette à un enfant de faire partie du groupe définitif des synesthètes sans l’être pour autant (section 7.1.3, page172).

Calcul du nombre de synesthètes en fonction du niveau de constance permis par le hasard : La méthode employée par Simner et collaborateurs (2009a) et précédemment citée ne peut pas être utilisée ici : outre le nombre dif-férent de sessions entre notre étude (i.e. 2 sessions) et l’étude de référence (i.e. 3 sessions), les enfants ont pu oublier d’écrire certaines lettres, et alors ils ne seraient pas plus constants que la moyenne de l’ensemble de l’échantillon interrogé (critère utilisé par l’étude de référence pour considérer un individu comme synesthète ; dans cette étude, sont considérés comme synesthètes les individus dont le nombre d’associations constantes constitue un point extrême par rapport à la distribution des scores de l’ensemble des enfants). Sont alors considérés comme statistiquement synesthètes les enfants dont le nombre d’associations fixes, entre la Session 1 (S1) et la Session 2 (S2), a moins de 5% de chance d’être observé dans un échantillon dont les associations se font au hasard. Ce nombre d’associations est calculé in-dépendamment du modèle d’écriture employé par l’enfant (script, cursive,. . .). Ce niveau de hasard pourrait être calculé de façon exacte selon les lois de probabilité, à partir du nombre de graphèmes demandés et du nombre de couleurs proposées (i.e. loi binomiale, en considérant que les deux « tirages » –i.e. choix d’une cou-leur pour une lettre donnée– sont indépendants et faits au hasard). Cependant, certains enfants ont oublié des graphèmes ou ont associé un même graphème à plusieurs concurrents différents, nous obligeant à éliminer ce graphème de l’ana-lyse. De même, tous les enfants n’ont pas employé le même nombre de concurrents. Dans ces deux cas, le niveau de constance (i.e. le nombre d’associations similaires

7.1. SÉLECTION DES SYNESTHÈTES 169

entre les sessions) en sera biaisé ; un enfant synesthète ayant moins écrit de lettres risque de ne pas être considéré comme synesthète, et inversement, un participant qui utilise peu de couleurs est susceptible de produire davantage d’associations similaires et pourra de ce fait être considéré comme un synesthète sans en être un. Pour éviter ces biais et calculer le niveau de hasard au plus proche de la pro-duction de l’enfant, nous avons donc utilisé des simulations pour estimer le niveau de hasard en fonction du nombre de fois où un inducteur (i.e. les lettres et/ou les chiffres selon la synesthésie interrogée) et un concurrent (i.e. une couleur, un genre ou une personnalité selon la synesthésie étudiée) sont présents, par session et par participant. Par exemple, si dans la session 1 de l’exercice 1 (i.e. interrogeant la synesthésie Graphème-Couleur), un enfant X écrit 20 lettres et les chiffres de 1 à 8, et utilise sept couleurs, et dans la session 2 seulement dix lettres en utilisant trois couleurs, il n’est pas évident de déterminer le modèle probabiliste permettant d’estimer le nombre de choix identiques apparaissant par hasard. Les simulations

ont été calculées par une méthode de type Monte Carlo1. Le principe des

statis-tiques Monte Carlo est de calculer un grand nombre de valeurs numériques par un procédé aléatoire. Nous avons donc établi ici le niveau d’associations prédit par le hasard pour chaque enfant, en fonction des lettres et des chiffres, des couleurs, des genres ou des personnalités, utilisés :

1. 50 000 tirages aléatoires sont effectués par participant à partir des associa-tions faites en S1. Si on reprend l’exemple de X, quand nous avons simulé sa session 1, un tirage correspond à l’attribution d’une des sept couleurs utili-sées à l’un des 28 graphèmes présents dans sa vraie session 1, en fonction du nombre de fois où il a employé chaque couleur.

2. La même méthode est employée pour produire 50 000 tirages aléatoires par participant à partir des associations faites en S2. Dans le cas de X, nous avons simulé l’association d’une des trois couleurs employées dans la session 2 à un des dix graphèmes présents dans cette vraie session 2, en fonction de leur fréquence d’apparition dans cette même session ; nous avons effectué l’opération 50 000 fois.

1. Les traitements des données ont été effectués grâce au logiciel Matlab. Cette méthode a déjà été employée dans d’autres recherches du domaine (Simner et al.,2011b;Wagner et Dobkins,

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7. TRAITEMENT DES DONNÉES DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT 3. La distribution du nombre d’associations similaires entre les 50 000 tirages de la session 1 et les 50 000 tirages de la session 2 du participant correspond à ce que prédit le hasard.

4. Le niveau de constance du participant entre S1 et S2 est calculé et comparé à cette distribution. Si le nombre d’associations similaires entre S1 et S2 est supérieur à 95% de la distribution aléatoire, l’enfant est considéré comme un synesthète potentiel.

Synesthésie Forme des nombres : critères visuels

Les productions graphiques de chaque enfant ont été confrontées visuellement

d’une session à l’autre. Un enfant est considéré comme synesthète potentiel2

visuel-lement lorsque ses productions graphiques sont identiques d’une session à l’autre, à 2 éléments près pour les formes géométriques classiques (i.e. cercle, triangle, rec-tangle ; Figure 7.3). Les Formes « sortant de l’ordinaire » (i.e. les nombres ne sont pas organisés en ligne droite de gauche à droite ; Figure 7.3 sous-figures c et d) et dont la forme se répète dans les différentes sessions ont elles aussi été considérées comme synesthésiques, même si les nombres n’étaient pas ordonnés exactement de la même manière.

7.1.2 Deuxième étape : La réponse au questionnaire oral,

cri-tère phénoménologique

Ce critère est le même pour toutes les synesthésies étudiées. Si un enfant ré-pond positivement à une des questions de l’entretien à la suite de la session 2 (mis à part les deux questions concernant la possession et l’utilisation des cou-leurs de lettres aimantées), il sera considéré comme synesthète potentiel de façon phénoménologique.

Pour rappel, les questions posées étaient les suivantes : – pour la synesthésie lettre/chiffre-couleur :

2. Dans le cadre des critères statistiques, visuels et phénoménologiques, le concept de

sy-nesthète potentiel sera employé pour parler des enfants qui paraissent sysy-nesthètes. Les enfants

employant des stratégies peuvent être inclus dans cette appellation. La question des stratèges est abordée en section 7.1.3 page 172.

7.1. SÉLECTION DES SYNESTHÈTES 171

(a) Session 1 (b) Session 2 (c) Session 1 (d) Session 2

Fig. 7.3: (a et b)Agencement des nombres de 0 à 25 dans l’espace par F342, une enfant de CP, selon la session. Dans les deux sessions l’agencement des nombres suit la forme d’un carré. Les changements de sens sont organisés de la même façon dans les deux sessions : de haut en bas de 0/1 à 8 puis de gauche à droite, puis de bas en haut, pour finir par revenir de droite à gauche. Le premier changement de sens est effectué au niveau du chiffre 8 dans les deux sessions, et est séparé de moins de 2 chiffres dans les autres (le deuxième angle est fait soit entre 14 et 15 soit à 16, et le troisième entre 19 et 20 ou à 19).Cet enfant est donc considéré comme potentiellement synesthète Forme des nombres. (c et d) Agencement des nombres de 0 à 25 dans l’espace de L610 (un enfant de CP) selon la session. Les deux figures ne sont pas totalement identiques mais restent proches. Ces deux enfants sont considérés comme des synesthètes potentiels.

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7. TRAITEMENT DES DONNÉES DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT 1. « Étais-tu sûr de la couleur que la lettre devait avoir ? Cette couleur

reste-t-elle tout le temps la même ? »

2. « As-tu des lettres colorées sur ton frigo ou dans tes jouets ? » 3. « As-tu utilisé la même couleur dans l’exercice ? »

– pour la synesthésie lettre/chiffre-personnalité :

1. « Étais-tu sûr(e) que tel/le lettre/chiffre était un garçon/une fille ? Est-ce qu’il/elle peut changer ou est-Est-ce qu’il/elle est toujours un garçon/une fille ? »

– pour la synesthésie de Forme des nombres :

1. « Est-ce que les chiffres sont rangés tout le temps de la même façon dans ta tête ? »

2. « Si oui, quelle forme prend ce rangement, comment sont-ils rangés ? » Comme certains enfants inclus dans l’analyse n’ont pas pu répondre aux ques-tions (cf. section 6.2.2, pages 160), le taux de synesthètes potentiels phénoméno-logiquement n’est pas effectué sur l’ensemble des enfants participants à chaque synesthésie, mais sur l’ensemble des enfants ayant pu répondre aux questions (par synesthésie). Pour certains synesthètes potentiels au niveau statistique, le critère phénoménologique n’a donc pas pu être vérifié.

7.1.3 Troisième étape : Suppression des « stratèges »

Dans cette étude, les enfants considérés comme synesthètes potentiels au ni-veau statistique (section 7.1.1, page 165) ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui sont potentiellement synesthètes phénoménologiquement (7.1.2, page 170). De plus, des enfants ont pu utiliser des stratégies (des exemples seront décrits et illus-trés à chaque type de synesthésie), permettant de leur ouvrir la porte du groupe des synesthètes potentiels, que ce soit au niveau statistique ou au niveau phéno-ménologique. En effet, l’utilisation d’une logique dans l’attribution du concurrent à l’inducteur permet à des enfants :

1. d’avoir un niveau de constance plus important que celui défini par le ha-sard (ces enfants sont alors statistiquement considérés comme synesthètes potentiels sans l’être réellement) ;

7.1. SÉLECTION DES SYNESTHÈTES 173

2. de répondre positivement aux questions posées sans être synesthètes (e.g. à la question : « Est-ce que tu associes tout le temps la même couleur aux lettres de l’alphabet ? », l’enfant va répondre positivement car il n’utilise qu’une seule et même couleur pour tous les graphèmes).

Dans la synesthésie Graphème-Couleur

Les règles suivantes ont permis d’exclure les enfants stratèges quel que soit le critère considéré pour l’inclusion des synesthètes (i.e. niveau de constance ou phénoménologique) :

1. Tout enfant ayant recours à une stratégie pour associer les couleurs aux lettres/chiffres dans l’une de ses deux sessions est supprimé de la liste des synesthètes potentiels. Sont considérées comme stratégies :

– le fait de colorer tous les caractères de la synesthésie étudiée d’une seule et même couleur (cette façon d’associer graphème et couleur est aussi un cri-tère d’exclusion du groupe de synesthètes dans l’étude de prévalence chez

l’adulte deSimner et al.,2006b). L’enfant qui associe tous les graphèmes de

l’exercice à une même couleur est déjà supprimé de la liste des synesthètes potentiels Lettre/Chiffre-Couleur lors de l’analyse automatisée),

– le fait d’utiliser une séquence de couleurs (e.g. utiliser deux couleurs en quinconce, une couleur par groupe de trois lettres, les douze couleurs les unes à la suite des autres et le répéter jusqu’à la fin (Figure 7.4.a, .b et .c), etc. Cet agencement est considéré comme stratégique même s’il peut se retrouver dans les alphabets de certains synesthètes (l’alphabet coloré

de la synesthète A.E.D. dans l’étude de Witthoft et Winawer, 2006, suit

une séquence particulière ; Figure 7.4.d). En effet, les alphabets des synes-thètes, et en particulier celui de la synesthète A.E.D., sont principalement interrogés par ordinateur. Cela permet un plus grand choix de couleurs et de présenter les graphèmes un par un. De même, couleurs et graphèmes sont affichés à l’écran dans un ordre aléatoire et différents à chaque test. Or, les enfants de cette étude ont écrit les graphèmes sur une feuille ; ils pouvaient, dans une même session, revoir les précédentes associations et colorer les graphèmes suivants en fonction. Cela augmente donc la

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7. TRAITEMENT DES DONNÉES DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT bilité qu’un enfant soit considéré comme synesthète de façon statistique, sans qu’il le soit pour autant.

7.1. SÉLECTION DES SYNESTHÈTES 175

(a) Session 1 de R675 (b) Session 2 de R675

(c) Associations rangées dans l’ordre alpha-bétique, Sessions 1 et 2

(d) Alpabet coloré de la synesthète A.E.D.

Fig. 7.4: L’alphabet coloré de R675(en CE1) selon la session (a et b). (c) Les illustra-tions permettent de mieux appréhender les séquences de couleurs utilisées par

R675en session 1 (en haut) et en session 2 (en bas) ; ces séquences lui permettent d’avoir treize graphèmes similaires entre les deux sessions. (d) Alphabet coloré de la synesthète A.E.D (Witthoft et Winawer,2006) basé sur une séquence de six couleurs.

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7. TRAITEMENT DES DONNÉES DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT – le fait de finir l’alphabet avec une couleur ou de l’utiliser très

majoritaire-ment (Figure 7.5).

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.5: Alphabet coloré d’un enfant de CP (L376) selon la session. Il a utilisé majoritairement le vert foncé dans les deux sessions, ce qui lui permet d’avoir onze graphèmes similaires entre ses deux sessions.

Ne sont pas considérées comme stratégies :

– le fait de colorer deux ou trois lettres de la même façon mais de manière isolée (Figure 7.6) ; cette technique peut se retrouver dans l’alphabet coloré de synesthètes adultes.

7.1. SÉLECTION DES SYNESTHÈTES 177

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.6: Production de S681 (CE1) selon la session. Cet enfant a parfois utilisé une même couleur pour plusieurs lettres qui se suivent (e.g. H I en session 1 ou encore Q R S en session 2. Il est tout de même considéré comme synesthète potentiel au niveau statistique.

– le fait de regrouper des caractères dans des ensembles en les entourant de la même couleur, si les lettres et les chiffres sont eux-mêmes écrits de diverses couleurs sans stratégie apparente (Figure 7.7).

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.7: Alphabet coloré d’un enfant de Grande Section de Maternelle (M168) selon la session. Certaines lettres ont été entourées, mais chaque lettre possède sa propre couleur. Le nombre d’associations fixes entre les sessions 1 et 2 (B F M O etR) est supérieur au hasard pour cet enfant ; il est considéré comme synesthète potentiel Lettre-Couleur au niveau statistique.

2. Si un enfant potentiellement synesthète Lettre-Couleur et Chiffre-Couleur se sert d’une stratégie dans une des deux catégories (lettres ou chiffres), il est

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7. TRAITEMENT DES DONNÉES DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT automatiquement supprimé de la liste des synesthètes potentiels relative à cette catégorie mais restera un synesthète potentiel pour l’autre catégorie (Figure 7.8). En effet, certains synesthètes adultes décrits dans la littéra-ture ne présentent qu’une des synesthésies étudiées ici (Lettre-Couleur ou Chiffre-Couleur ; 2.1.2, page 42). De même, si un enfant est potentiellement synesthète pour les lettres ou les chiffres et pour les graphèmes en géné-ral, utiliser une stratégie pour associer les couleurs soit aux lettres soit aux chiffres le supprime automatiquement de la liste des synesthètes potentiels Lettre/Chiffre-Couleur.

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.8: Production d’un enfant de CP, L387, considéré comme synesthète potentiel Lettre/Chiffre-Couleur (huit graphèmes communs entre S1 et S2) et Lettre-Couleur (5 lettres communes entre S1 et S2). La majorité de ses chiffres sont roses dans la session 1 ; il ne peut être considéré comme synesthète Chiffre-Couleur ou Lettre/Chiffre-Couleur. Il reste cependant dans la liste des synesthètes Lettre-Couleur.

3. Si un enfant est potentiellement synesthète de façon statistique dans une catégorie (e.g. en synesthésie Lettre-Couleur) mais pas dans une autre (i.e. Chiffre-Couleur), le fait de ne pas utiliser de stratégie dans cette autre caté-gorie ne lui permet pas d’être considéré comme synesthète dans cette autre catégorie (e.g. Chiffre-Couleur), même s’il paraît pouvoir l’être. Cette règle est vraie, que l’enfant soit considéré au final comme synesthète ou non dans la catégorie de départ (e.g. Lettre-Couleur). Elle est aussi vraie même si l’en-fant est considéré comme synesthète potentiel Lettre/Chiffre-Couleur (e.g.

7.1. SÉLECTION DES SYNESTHÈTES 179

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.9: Alphabet coloré de Y706, enfant considéré comme synesthète Lettre/Chiffre-Couleur et Lettre-Couleur de manière statistique. Il n’utilise aucune stratégie, que ce soit pour associer les lettres ou les chiffres à des couleurs. De plus, deux de ses chiffres sont associés à une même couleur en sessions 1 et 2 (4et9) ou à des couleurs proches (0-0,1-1et8et 8). Y706ne sera pourtant pas considéré comme synesthète potentiel Chiffre-Couleur, mais seule-ment comme synesthète potentiel Lettre/Chiffre-Couleur et Lettre-Couleur.

4. Si un enfant apparaît comme synesthète potentiel de façon phénoménolo-gique, il sera compté comme tel, qu’il fasse ou non des associations similaires

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(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.10: Production de C313 (CP) considérée comme synesthète potentielle Lettre-Couleur et Chiffre-Couleur de manière phénoménologique. Elle n’a pourtant aucune lettre colorée de façon similaire entre ses deux sessions (elle a cependant deux lettres aux nuances proches :a-A etp-P).

5. De même, quand l’enfant dit être synesthète et donne des exemples d’as-sociations, même si ces associations ne sont pas les mêmes dans ses deux sessions, l’enfant est considéré comme synesthète potentiel au niveau

phéno-ménologique (cf. J582, Figure 7.11).

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.11: Alphabet coloré de J. (CE1) considéré comme synesthète Lettre-Couleur et Chiffre-Lettre-Couleur de manière phénoménologique. Elle a donné comme exemple d’associations synesthésiques ses lettres M, R, A et J. Elle n’a pourtant que leAsimilaire entre ses deux sessions (M-MetR-Ret J-J).

Dans la synesthésie Graphème-Genre/Personnalité

Comme pour les deux autres synesthésies étudiées, l’utilisation d’une méthode systématique apparente dans l’attribution du concurrent à l’inducteur (i.e. de la personnalité ou du genre aux lettres, aux chiffres ou aux graphèmes) est un critère

7.1. SÉLECTION DES SYNESTHÈTES 181

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.12: Productions écrites de A18 (GS). Cet enfant n’est pas considéré comme un synesthète Lettre-Genre car, dans sa première session, il considère toutes ses lettres comme masculines. De même, le fait d’avoir classé tous ses chiffres comme féminins (dans la session 1) le supprime de la liste des synesthètes potentiels Chiffre-Genre.

d’exclusion de l’enfant du groupe des synesthètes. Chaque synesthésie est là aussi étudiée séparément.

Tout enfant ayant recours à une stratégie pour associer une personnalité aux lettres/chiffres dans l’une de ses deux sessions est exclu de la liste des synesthètes potentiels. Sont considérées comme stratégies le fait :

– de considérer tous les caractères de la synesthésie étudiée comme étant d’un seul et même genre (Figure 7.12 ; l’enfant qui associe tous les graphèmes de l’exercice à un même genre est déjà supprimé de la liste des synesthètes potentiels Graphème-Genre selon le critère de constance lors de l’analyse automatisée),

– d’associer un graphème sur deux à un même genre (synesthésie Graphème-Genre ; figure 7.13),

– d’associer graphème et personnalité dans l’ordre (i.e. alphabétique/numérique) (lettre/chiffre) et suivant l’ordre de présentation (i.e. ordre établi par le ta-bleau ; synesthésie Graphème-Personnalité ; cf. figure 7.14).

Si un enfant est considéré comme synesthète potentiel Lettre/Chiffre-Concurrent (e.g. Lettre/Chiffre-Personnalité) et qu’il utilise une de ces stratégies pour asso-cier soit ses lettres soit ses chiffres au concurrent, il sera alors supprimé de la synesthésie Lettre/Chiffre-Concurrent (e.g. Lettre/Chiffre-Personnalité), puisque

182 7. TRAITEMENT DES DONNÉES DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.13: Productions de Epilote, une élève ayant participé à l’étude pilote. Elle est considérée comme synesthète potentielle Lettre/Chiffre-Genre, Lettre-Genre et Chiffre-Lettre-Genre au niveau statistique. Pourtant elle n’est pas retenue dans le groupe final des synesthètes Lettre-Genre car elle considère une lettre sur deux comme féminine dans au moins une de ses deux sessions (ici cette enfant a utilisé cette stratégie dans les deux). Elle ne peut donc pas non plus être considérée comme synesthète Lettre/Chiffre-Genre car il faudrait que chiffre et lettre soient associés sans aucune stratégie à des genres. Il se trouve que cette enfant a utilisé la même stratégie pour associer les chiffres aux genres (elle a considéré un chiffre sur deux comme étant masculin) ; elle ne peut pas non plus être comptée parmi les synesthètes Chiffre-Genre.

(a) Session 1 (b) Session 2

Fig. 7.14: Production de Spilote à l’exercice 3 de l’étude pilote. Cette enfant est