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Méthode des études de prévalence de la synesthésie chez l’enfant

6. MÉTHODE DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT

6.2.2 Etude définitive

Tous les enfants inclus dans les résultats présentés ci-après ont réalisé deux fois au moins un de nos trois exercices, dans deux sessions différentes. Au moins quinze jours séparaient les deux sessions pour chaque enfant (écart moyen entre

les sessions 1 et 2 = 25.05 jours, Écart Type = 9.87 jours). Chacune d’entre

elles est composée de trois travaux correspondants à chaque synesthésie étudiée (i.e. la synesthésie graphème-couleur, la synesthésie graphème-personnalité et la synesthésie forme des nombres), quel que soit le niveau de l’enfant (i.e. GS, CP ou CE1). La passation se déroulait en classe entière mais chaque enfant pouvait répondre à son rythme. Les consignes étaient d’abord données à l’oral à tout le monde en même temps, rappelées à l’écrit en haut de la feuille d’exercice, et ré-expliquées ensuite individuellement si nécessaire. Aucune information sur la véritable nature de la recherche n’était transmise aux enfants avant la fin de la

2e session. Les élèves savaient que mon travail était de comprendre comment les

enfants s’imaginent les lettres et les chiffres ; il n’y avait donc pas de bonne ou de mauvaise réponse aux exercices, mis à part recopier les réponses des voisins : ce ne serait alors pas leur propre imagination. Chaque exercice était présenté sur sa propre feuille blanche au format A4. Les exercices 2 (interrogeant la synesthésie graphème-personnalité, Figure 6.3) et 3 ( concernant la synesthésie de forme des nombres, Figure 6.4) étaient distribués en premier aux enfants. Ils devaient y répondre au crayon à papier ou au stylo. Un aide-mémoire alphabétique était dispensé en même temps à chaque enfant (cf. section 6.2.1 page 156). Quand ces deux activités étaient terminées, l’enfant se voyait remettre l’exercice 1 (portant sur la synesthésie graphème-couleur, Figure 6.5) et un pot de douze crayons de

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Fig. 6.3: Consigne du 2e exercice, concernant la synesthésie graphème-personnalité.

Fig. 6.4: Consigne du 3e exercice, étudiant la synesthésie de forme des nombres.

Fig. 6.5: Consigne du 1er exercice, traitant de la synesthésie graphème-couleur.

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6. MÉTHODE DES ÉTUDES DE PRÉVALENCE DE LA SYNESTHÉSIE CHEZ L’ENFANT

exception faite du blanc4; cf. section 6.2.1, page 156 pour plus de détails sur l’ordre

de passation).

La passation d’une session durait en moyenne 2 heures (1/2 heure par exercice et 1/2 heure d’installation et d’explication des consignes).

Quand il restait du temps à la fin de la 2esession, des questions étaient posées aux

enfants pour interroger la constance et le caractère automatique de leur expérience synesthésique. Ces questions permettent de distinguer les synesthètes des

non-synesthètes parmi les adultes (Eagleman et al.,2007). Chez l’enfant, Simner et ses

collaborateurs (Simner et al., 2009a) ont pu utiliser le questionnaire pour attester

de la synesthésie d’un enfant par rapport à un participant qui aurait seulement bien mémorisé ses associations. Dans cette dernière étude, les questions étaient les suivantes :

1. « When playing the game, did you know for certain what the colours should be » (i.e. Lorsque tu jouais au jeu, étais-tu sûr de ce que les couleurs devaient être) ?

2. « When you see or think about letters or numbers, do you automatically have a colour for them » (i.e. Quand tu vois ou que tu penses à des lettres ou des chiffres, as-tu automatiquement une couleur à leur attribuer) ? 3. « Do your colours for letters or numbers stay the same » (i.e. Les couleurs

de tes lettres ou de tes chiffres restent-elles les mêmes) ?

L’enfant devait choisir une réponse de fréquence pour chaque question (jamais, presque jamais, pas très souvent, parfois, souvent, toujours). Dans notre étude, les questions étaient posées individuellement autant que faire se peut, mais en restant dans la classe de l’enfant, à son bureau. Certains élèves ont alors pu entendre et reproduire les réponses de leurs voisins. Le questionnaire a parfois été passé en classe entière et d’autres enfants n’ont pas répondu aux questions faute de temps

4. Les couleurs employées sont donc : noir, gris, bleu foncé et bleu clair, vert foncé et vert clair, rose, violet, rouge, orange, jaune, marron. L’utilisation de crayons de couleur pour collecter les alphabets colorés des synesthètes a déjà été employé par Day (2005) qui remarque que le choix de ces couleurs (Berlin et Kay,1969) permet aux synesthètes d’avoir une base sur laquelle s’appuyer pour définir leurs propres nuances. Day (2005) observe que le manque de rigueur scien-tifique qu’entraine l’utilisation de crayons de couleur est largement compensée par l’amusement qu’elle provoque, ce qui permet une certaine bienveillance des participants quant à de futures participations. J’ai pu effectivement observer que l’usage des crayons de couleurs mettait les enfants dans de bonnes prédispositions.

6.2. PROCÉDURE 163

(18,87% des enfants dans le 1er exercice, 19,69% dans le 2ıème et 19,11% dans le

3ıème). Nos cinq questions interrogeaient la constance et le caractère automatique de chaque type d’associations synesthésiques :

– pour la synesthésie lettre/chiffre-couleur :

1. « Étais-tu sûr de la couleur que la lettre devait avoir ? Cette couleur reste-t-elle tout le temps la même ? »

2. « As-tu des lettres colorées sur ton frigo ou dans tes jouets ? » 3. « As-tu utilisé la même couleur dans l’exercice ? »

Ces deux dernières questions font références aux études de Witthoft et ses collaborateurs démontrant une ressemblance importante entre les associa-tions graphème-couleur de certains synesthètes et les associaassocia-tions colorées

provenant d’un jeu pour enfant (Witthoft et Winawer,2006;Witthoft et al.,

2015; cf. section 3.3, page 97).

– pour la synesthésie lettre/chiffre-personnalité :

1. « Étais-tu sûr(e) que tel/le lettre/chiffre était un garçon/une fille ? Est-ce qu’il/elle peut changer ou est-Est-ce qu’il/elle est toujours un garçon/une fille ? »

– pour la synesthésie de forme des nombres :

1. « Est-ce que les chiffres sont rangés tout le temps de la même façon dans ta tête ? »

2. « Si oui, quelle forme prend ce rangement, comment sont-ils rangés ? » L’ensemble de la procédure décrite ci-dessus a pu être suivie dans son intégralité une seconde fois par certains enfants parmi les trois écoles revisitées la deuxième année. Cela a permis un suivi des associations de ces enfants, et ainsi de faire une étude longitudinale de ces enfants.

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Traitement des données des études