• Aucun résultat trouvé

Le traitement dépend de l'étiologie

O. M.S  Une action (trop) ecace 

2.7.3 Le traitement dépend de l'étiologie

Les diérents rapports signalent que tous les problèmes environnementaux pro- viennent de la présence d'un trop grand nombre d'hommes mais aucun ne dit qu'il faut l'amenuiser. Pourtant la solution passe par là si l'on veut que l'humanité ne soit pas réduite à quelques spectres faméliques.

Quels sont les instruments du traitement ? Le premier de tous est la Connaissance c'estàdire la prise de conscience à l'échelon mondial des dégradations environnemen- tales, de l'épuisement des richesses (énergies fossiles, forêts, sols), des modications de la composition atmosphérique, du réchauement climatique, de l'augmentation déme- surée de la population humaine ; les avertissements du WRI, de GRID/Arendal et de multiples autres sources sont portés à la connaissance de tous ceux qui ont une respon- sabilité sociale. Le deuxième est la Foi dans le sens d'engagement. Les acteurs d'une médecine de la terre et de l'humanité ont le devoir de s'engager dans leur action, sans relâche et de croire à leur action. Le troisième est la Volonté, c'est à dire la décision d'aboutir, de s'impliquer et d'agir, en utilisant tous les outils disponibles.

La Connaissance, chacun peut l'avoir, la Foi est partagée par beaucoup, la Volonté se heurte à tant de résistances...

Il existe un ambiguïté générale : d'une part l'ONU par l'intermédiaire de ses grandes conférences, renseignées notamment par le WRI/Grid Arendal et le GIEC est impliquée, d'une part dans la gestion de la dégradation climatique d'origine anthropique qu'elle déplore et cherche à atténuer, ou à réparer, d'autre part, par ses branches comme l'OMS, ou même le FNUAP qui favorise l'augmentation de la population humaine.

Le problème est, à priori, dicile à résoudre tant l'on se heurte à des rigidités so- ciales, politiques, religieuses, à des intérêts divers, à l'inertie, à l'inconscience, à une non-volonté d'action. Cependant les moyens d'action existent, il sut de les activer, et surtout de faire preuve de volonté. Mais qui a les pouvoirs, où sont-ils ? L'ONU n'est même pas capable de faire cesser des guerres interethniques en Afrique, alors com- ment imaginer qu'elle puisse prendre le problème de la surpopulation à bras le corps ? Beaucoup de structures ocielles et indépendantes, qui sont en place, pourraient être activées. il leur surait de mettre en ÷uvre les techniques connues. L'ONU tentaculaire par ses diérentes branches, ses structures, ses rapports avec les organisations interna- tionales, avec les gouvernements, a, en principe, les moyens d'agir. Par exemple elle peut mandater l'OMS, d'implantation mondiale, bien reçue par les populations, pour qu'elle incite fortement à la pratique du planning familialles dont les méthodes sont éprouvées, ecaces, sûres, inoensives, en même temps qu'elle fournit des vaccins et des conseils. Elle agirait aussi en accord avec le FNUAP, inciterait la Banque Mondiale à n'accorder ses faveurs qu'aux pays qui s'engagent dans la voie de la réduction des naissances, aidée en cela par le FMI, l'OMC, des fondations et ONG diverses.

On peut imaginer que le PNUD, l'UNESCO allient leurs eorts en vue d'une meilleure éducation des femmes... On peut imaginer que les grandes ONG, conscientes du pro- blème se penchent un peu plus sur la reproduction humaine et un peu moins sur celles des baleines et des tortues ; ce serait tout bénéce pour ces dernières.

Nous pourrions allonger la liste. Il est techniquement possible de réduire volontai- rement relativement rapidement la charge humaine sur terre en une centaine d'années, à moins que des catastrophes, ou l'épuisement des ressources s'en chargent auparavant. La méthode est simple, il sut de diminuer la natalité. On sait le faire chez les indi- vidus, mais dès qu'il s'agit de sociétés les dicultés surgissent. Moins d'hommes et les parts du gâteau seront plus grandes pour chacun. Mais n'est-il pas déjà trop tard ?

le CO2 sera en voie de résolution car il n'y aura bientôt plus de pétrole, en même temps

il y aura de moins en moins de surfaces cultivées ; faute de pouvoir produire des aliments en quantité sur des terres de plus en plus ingrates et de moins en moins fertilisées, les famines résoudront alors le problème de la surpopulation et de la pollution. Ce ne sera plus une régulation par le nombre des naissances, mais une régulation par la détresse alimentaire. Comme à toute chose malheur est bon, le jour, quand les gisements carbonés seront épuisés, et que les usines s'arrêteront aussi, la nature pourra respirer puisqu'il n'y aura plus d'émission de GES. Le risque est que le génie de l'homme trouve d'autres sources d'énergie, qui induiront de nouvelles pollutions directes ou indirectes.

La surpopulation, associée aux pollutions et aux famines, constitue le problème majeur à résoudre. Malgré les avertissements feutrés, des organismes supranationaux et des scientiques, ni l'ONU, ni ses liales n'ont rien fait pour faire baisser la pression anthropique : ils ont encouragé directement ou non l'augmentation des populations tout en s'eorçant de cacher la misère et en prônant la croissance qui devrait résoudre tous les problèmes.

Le développement durable ne pourrait se concevoir que dans le cas d'une autarcie à l'échelle mondiale avec la préservation des richesses. Pour cela la population devrait être fortement réduite pour vivre confortablement des seuls apports renouvelables. Est- ce possible ? En est-il encore temps ? Nous tenterons de donner des réponses dans la dernière partie de notre travail.

Chapitre 3

De l'Homme

3.1 Introduction

Au cours du chapitre précédent il a été constaté que la couche supérieure de la planète Terre, la biosphère, avait subi des modications physiques qui ne pouvaient pas s'expliquer à l'échelle des âges géologiques. Les études se rapportant aux paléoclimats attestent la présence passée de nombreux organismes vivants et des variations dans les paramètres des couches externes de la Terre ; mais en aucun cas des variations aussi rapides que les variations actuelles. Il semble bien que le seul élément nouveau qui ait pu intervenir est l'apparition, le développement d'une nouvelle espèce, l'homme accompagné de son industrie articielle, puissante au point qu'elle a pu aecter la biosphère.

Nous commencerons en situant l'Homme par rapport au restant des animaux, en en donnant d'abord une description physique, puis en invoquant quelques unes de ses qualités qui lui ont permis de prendre la place qu'il occupe aujourd'hui parmi les êtres vivants. Pour peu que les conditions environnementales soient adéquates, nourriture, cli- mat, absence de maladies, de parasites et autres prédateurs, les hommes se reproduisent comme n'importe quelle autre espèce animale. Ils s'assemblent aussi pour former des groupes, des tribus, des sociétés dans lesquelles peuvent régner l'ordre dur ou le laisser aller le plus laxiste ; ils ont appris le langage leur permettant de communiquer l'expé- rience, à mettre en commun leur savoir et leurs techniques.

Par ses outils l'Homme a pu asservir la nature, son environnement, gérer sa santé, 119

éliminant les grandes épidémies, s'imposant des normes d'hygiène, et nalement en développant une médecine ecace qui lui a permis de doubler son espérance de vie. Il a colonisé toutes les régions de la Terre, à l'exception du fond des mers, ou de la cime des montagnes les plus hautes. On trouve des hommes dans le Grand Nord, au voisinage des lacs andins à 4.000 mètres d'altitude ; d'autres survivent dans les déserts.

L'impact de l'homme sur la nature est très diérent s'il s'agit d'un individu isolé, d'une foule, d'une surpopulation, ou de l'homo mecanicus. Isolés, très peu nombreux, les hommes foulent sous leurs pas un peu d'herbe, vivent de ce que la nature leur octroie ; en foule, ils piétinent et détruisent leur environnement sur des surfaces de plus en plus grandes pour trouver de quoi subsister. Enn, au stade contemporain, par l'emploi d'outils de plus en plus perfectionnés et ecaces leur nombre s'accroît exponentiellement et ils blessent profondément la Nature1 qui n'a même plus le temps

de se cicatriser. Finalement l'Homme a multiplié son pouvoir destructeur individuel par son nombre, et ses technologies.

Toute une série de problèmes reliés à la surpopulation humaine surgissent : la faim, la dégradation de l'environnement, la boulimie de l'énergie. Jusqu'à présent, vaille que vaille, les hommes ont su, grâce aux technologies modernes, adapter les besoins alimen- taires au développement des populations. Cependant il semble que le point de rupture soit très proche, et qu'à la suite de la dégradation des sols et d'une manière générale de l'environnement on arrive à une limite de production malgré les progrès agricoles. Les cultures hors sols coûteuses et polluantes, les synthèses industrielles d'aliments, polluantes également, sont loin de répondre aux espoirs.

En parallèle, les développements de l'industrie, et du capital, qui a mis à la dispo- sition d'un nombre d'hommes de plus en plus grand des biens de consommation sans cesse plus perfectionnés a porté le coup de grâce à l'environnement car ils reposent sur l'instant et le lucre sans tenir compte des eets secondaires.

Au cours de cette partie nous nous arrêterons à dénir l'Homme, à le placer dans la Nature. Ensuite nous évoquerons à la fois les progrès technologiques tant industriels que biologiques qui ont marqué les 500 dernières années de notre ère. Nous verrons

1. Le mot Nature a quelque peu vieilli : il eure son romantisme. Nous l'utiliserons dans le sens de notre entourage, de tout ce qui était en place, vivant ou contient de la vie, les arbres, les animaux les plantes, les sols et même l'air, et, en équilibre dynamique avant l'arrivée de l'Homme.

qu'ils ont entraîné une augmentation explosive de la population, une vraie maladie2 de

l'environnement dont les conséquences, à moyen terme, sont redoutables.

3.2 Dénition de l'homme

3.2.1 L'homme animal

Ce propos peut paraître trivial mais nous croyons qu'il est bon de rappeler certains faits concernant l'Homme ou les hommes et tenter d'en donner une dénition car bien souvent l'on n'a pas conscience de notre poids dans ce monde. On ne fait pas autre chose lorsqu'il s'agit de traiter d'une plante alimentaire comme le maïs ou d'une maladie comme la èvre typhoïde, ou d'un anaimal. Malgré tous nos eorts, le regard que nous portons sur l'homme manque d'objectivité ; c'est normal, puis nous sommes Homme.

L'homme est un animal bipède de taille moyenne par rapport à l'ensemble des mam- mifères, très répandu sur la terre, pouvant atteindre debout deux mètres de hauteur. Sa peau relativement glabre est plus ou moins colorée allant du blanc (absence de pig- ments) au noir, avec toutes les nuances intermédiaires. La femelle est un peu plus petite que le mâle. Les caractères sexuels secondaires se manifestent surtout au niveau du cri plus aigu chez la femme que chez l'homme, de la pilosité, plus importante chez le mâle. Les sexes sont séparés. Il possède un langage, à la fois sonore et gestuel qui lui permet de communiquer avec ses semblables. Il est doté d'une faculté qui lui permet de proter de l'expérience de ses congénères, la mémoire. Sa durée de vie dans des conditions op- timales peut atteindre une centaine d'année. La maturité sexuelle dans les deux sexes survient aux environs de la treizième année et dure chez le mâle pratiquement toute sa vie. La femelle comme certains primates présente un cycle ovarien, avec menstruations, qui s'interrompt vers quarante cinq ans. La femelle donne généralement un petit par an.

L'Homme est un mammifère sociable qui vit en famille, en groupes, en tribus à l'égal de nombreux primates. Mais il dière de ses proches cousins génétiques en ce qu'il construit des abris durables avec des matériaux divers. La réunion de ces abris forme des villes. Il réunit les villes entre elles par des voies de communication...

En 2010 on estime sa population, à près de 7 milliards d'individus d'un poids moyen de 30 kg en comptant les jeunes, ce qui représente une masse de 21 x 107 tonnes, masse

très supérieure à celle de l'ensemble des autres mammifères ! Un tel nombre d'individus, par son piétinement, ses besoins de nourriture, de protection, et maintenant de biens divers, est une charge importante pour le milieu dans lequel il vit3. De même que c'est

la dose qui fait le poison, c'est la multitude d'une espèce qui génère des nuisances et provoque des dégradations et à la limite s'auto-intoxique.

Il semble, à la suite des dernières découvertes, que ce soit une espèce, du moins dans ses ultimes phylum d'apparition récente4, qui a végété pendant quelques centaines

de milliers d'années avant d'atteindre son développement actuel. En fait ce n'est qu'au cours des 500 dernières années que sa population et ses nuisances ont augmenté très rapidement, prenant l'allure d'une auto-catalyse chimique.

3.2.2 L'homme esprit

Faible animal, soumis aux lois de la nature l'homme n'eût pas pu survivre, se dé- velopper, envahir et endommager toute la surface de la terre sans la puissance de son intellect qui selon le point de vue auquel on se place est un défaut ou une qualité. Pour situer les raisons du développement explosif de l'humanité nous en évoquerons quelques caractéristiques qui bien que peut-être présentes aussi chez d'autres animaux, sont hypertrophiées chez l'homme5.

On a pour habitude de mettre l'intelligence en avant. C'est une notion très dicile à délimiter qui ne fait pas l'objet d'une dénition universelle mais à qui on peut attribuer les qualités ou caractéristiques suivantes : ingéniosité, aptitude à résoudre des pro- blèmes, facilité de prévoir, notre recours quand nous ne savons que faire (Jean Piaget), ce qui nous permet de deviner un nouvel ordre sous-jacent (anticipation). L'intelligence serait un sous-produit des structures cérébrales qui conduisent au langage, et aux mou- vements coordonnés, commandés et anticipés. La vie en groupe favorise la dispersion des expériences, le langage, leur conservation et leur diusion. Il semble donc que cette

3. Sans les techniques agricoles modernes la terre ne pourrait pas nourrir autant d'hommes. 4. Nick Patterson and al., Genetic evidence for complex speciation of humans and chimpanzees, Nature, n° 441 p. 1103, mai 2006.

Figure 3.1  Succession des diérentes espèces  hominina . (Source : institut démo- graphique de l'université de Paris 1, Professeur Alexandre Avdeev)

aptitude soit due à une mutation qui concerne le cerveau favorisant l'acquisition de la mémoire associée à la vie sociale.

L'homme a la faculté de se représenter une chose concrète ou abstraite sans support objectif, c'est le concept. C'est une faculté très partagée, un moyen de communiquer, à la condition de partager une représentation mentale abstraite et générale, objective, stable, commune de l'environnement. Il se perpétue dans la mémoire pour être utilisé selon les besoins. Chez les hommes, l'attribution du concept semble générale. Cette faculté existe, aussi, sans doute, chez d'autres animaux.

Nanti de ces deux attributs, l'intelligence et le concept, l'homme a acquis la possi- bilité de prévoir soit des faits, soit des actions qui se dérouleront dans un avenir plus ou moins proche, une anticipation basée sur le raisonnement à partir de faits ou d'ac- tions passées, présents ou même à venir. An d'anticiper de la manière la plus précise possible, les éléments nécessaires à la prévision doivent être de nature objective, mais c'est compter sans la complexité crée par les interréactions entre les actions et des faits

qui surviendront dans le futur, qui rendent la prévision d'autant plus incertaine qu'elle évoque une date éloignée.