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D'abord un bref résumé de l'état des lieux

2.7 Conclusion et commentaires

2.7.1 D'abord un bref résumé de l'état des lieux

La genèse de l'inquiétude se rapportant à notre environnement est assez oue et progressive. Ce sont sans doute les démographes, les statisticiens, les spécialistes de l'air, de l'environnement dans son ensemble qui ont été les premier à donner l'alerte. Historiquement, déjà Malthus, au milieu du XIXe siècle avait entrevu que la popula-

tion humaine augmentait plus vite que le production agricole, mais pendant plus d'un siècle les faits l'ont démenti, car l'agriculture a énormément progressé pendant cette pé- riode. Ce n'est que quelques 150 ans plus tard, après la mise au point des instruments d'analyse, que l'on apprécia la justesse de ses prédictions relatives à l'accroissement de la population et à la raréfaction relative de la nourriture. À son époque la population mondiale était de moins d'un milliard d'hommes, et l'industrie très peu développée dans les pays occidentaux, et quasi embryonnaire dans le reste du monde. Il ne lui était donc impossible de prévoir les eets secondaires dus à l'accroissement de la population liée à une technologie avancée, c'est à dire une dégradation généralisée de l'Environnement.

Les rapports du WRI/GRID Arendal, du GIEC, que l'on ne peut pas mettre en doute étant donné leurs sources et leur sérieux, sont éloquents. Nous ne nous étendrons pas sur l'état des lieux, c'estàdire l'état de l'air, de l'eau, des sols, de la température, des destructions de l'environnement. Nous y reviendrons à la n du chapitre suivant, en précisant les conséquences sur le terrain (famines locales, manque d'eau, inondations, modication du climat, pollutions diverses, exode vers les villes, exodes internationaux, émeutes de la faim) Le rappel que nous présentons ici le relie aux critiques que nous formulerons.

 L'air,

Les analyses concernant la composition de l'air, montrent un accroissement de la concentration du CO2, du méthane, des oxydes d'azote, des oxydes de soufre avec

une augmentation des taux plus plus marqués à partir de la n du XVIIesiècle.

En même temps l'on constate une augmentation de la température moyenne de l'atmosphère. Tous les scientiques impliqués dans l'étude de l'atmosphère consi- dèrent que l'augmentation du taux de dioxyde carbone est un marqueur de l'ac- tivité humaine. Le gaz carbonique, le méthane, et d'autres gaz issus de l'activité humaine sont des gaz à eet de serre, qui contribuent à accroître la température de l'air.

 Les océans, les mers, l'eau,

En même temps que l'air se réchaue le niveau des mers augmente pour plusieurs raisons qui sont liées. L'air en s'échauant échaue les mers qui se dilatent. De plus comme l'air est plus chaud les glaciers fondent et font monter le niveau des mers. Les régions côtières situées dans le delta du Nil ou les côtes du Bengladesh seront les premières atteintes et leurs populations verront les terres cultivables envahies par les eaux.

L'eau de bonne qualité est nécessaire aussi bien pour l'agriculture que pour la consommation humaine. Or sa répartition mondiale change en même temps que les besoins s'accroissent.

 Les sols,

Les sols sont le support de la vie, ce sont eux qui supportent les cultures qui nour- rissent les hommes. Malheureusement ils se dégradent rapidement, d'autant plus rapidement qu'on retire le couvert végétal, surtout forestier qui les protégeait des intempéries. Des sols sont contaminés par des résidus industriels, ou agricoles. Ne serait-ce qu'en Europe 12% de la surface est soumise à l'érosion, 45 % des sols ont une faible teneur en matière organique, surtout dans le sud de l'Europe111; cela

dans une région au climat tempéré, où les agriculteurs sont des gens responsables et informés, où la pression démographique n'est pas trop forte. Dans d'autres régions, en Afrique sahélienne par exemple, la conjonction de l'agriculture et du surpâturage détruisent chaque année des dizaines de milliers d'hectares de terres agricoles, tandis que la population y augmente rapidement.

 Les réserves énergétiques,

Les réserves de pétrole et de gaz de pétrole qui sont très sollicitées s'épuisent

rapidement. Le charbon, plus abondant que le pétrole a été relativement peu exploité. Le sol en contient encore des gisements importants, susants au rythme d'extraction actuel, pour durer encore deux cents ans. L'utilisation du charbon est sale. Restent les sables bitumeux. Là encore l'industrie est polluante. De même les stocks d'uranium s'épuisent. On pourrait également songer à utiliser les réserves de méthane contenues dans l'océan ou dans le permafrost. Mais à force d'utiliser les ressources naturelles carbonées on charge l'atmosphère en CO2ce qui augmente

l'eet de serre. De nos jours, en dehors des réserves énergétiques, dont l'uranium, seul le rayonnement solaire, un peu d'éolien peuvent apporter de l'énergie pour faire tourner les machines et fournir le minimum nécessaire pour faire fonctionner la civilisation actuelle.

 Les produits chimiques, les déchets, les résidus,

On ne parle pas beaucoup des déchets et des résidus. Ce sont des productions humaines qui sont de vrais poisons écologiques. On peut citer les pesticides, cer- tains à courte durée d'action, d'autres qui restent ecaces pendant des dizaines d'années que l'on retrouve dans les sédiments ou au sommet de la chaîne alimen- taire. Les déchets industriels dont les boues toxiques posent de gros problèmes. Les déchets, les ordures diverses, les résidus parsèment toute la terre.

 Notre environnement proprement dit,

L'environnement est notre bien commun à tous. Il n'a pas de frontière. On y puise allègrement, mais certains plus avidement que d'autres. Il y a de plus en plus de bouches à nourrir, on installe de plus en plus d'usines, on roule de plus en plus en voiture, on téléphone de plus en plus. Et puisqu'il faut nourrir de plus en plus d'hommes, on défriche des régions fertiles, on abat des forêts. On vide les mers de leurs poissons. On piétine sans remord.

En résumé tout ne va pas si mal que cela : un milliard d'hommes sourent de la faim, deux autres milliards vivent dans la pauvreté. Ceux qui sont vraiment nantis sont au plus un milliard, ce sont eux qui parlent de sauver le monde ou de prolonger son agonie. Ce ne sont pas les peuples faméliques, dont la seule préoccupation est de trouver de quoi vivre jusqu'au lendemain qui s'alarment. La prise de conscience des problèmes humains et environnementaux vient des pays nantis car ce sont eux qui disposent des ingénieurs, des chercheurs, de la

technologie nécessaire, de (leur) éthique ; elle est relativement récente.

Devant les signes réellement alarmants des modications de notre environnement nous assistons à l'ébauche d'une réexion mondiale. Comme tout bon gestionnaire d'une entreprise agricole on doit prendre en considération l'état présent de notre entreprise et également de son état futur, autrement dit de sa pérennité.

Les gestionnaires de la Terre c'est tout le monde. Lorsque l'humanité n'était compo- sée que de quelques individus, ceux-ci vivaient en bon accord avec la Nature et comme n'importe quels autres êtres vivants ils y avaient leur place, et cela durerait encore si les hommes n'étaient pas devenus aussi nombreux et gourmands.

Malheureusement, en plus de leur nombre, ils ont développé des outils, qui ac- croissent la pression sur l'environnement. De la hache en pierre à l'automobile, en passant par l'agriculture, l'élevage, leur consommation d'environnement s'est tellement accrue que ce dernier n'a pas le temps de réparer ses blessures. Il est en train de s'écrouler. Les forêts sont l'indicateur majeur de ce désastre. Les sols naissent d'elles, et disparaissent avec elles112. La famine s'installe.

La Terre dans sa sagesse a séquestré ses richesses et ses toxiques dans son sol. Les hommes les ont trouvés, et en font mauvais usage.