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Susan George : Le rapport Lugano

2.5 Approches individuelles

2.5.8 Susan George : Le rapport Lugano

Voici maintenant un ouvrage qui interpelle dont Susan George96 est l'auteur : Le

rapport Lugano.

Susan George, née en 1934, politologue, a présenté une thèse en sciences politiques à l'EHESS. Elle milite et est impliquée dans de nombreuses associations écologiques.

Cet ouvrage, une ction de plus de 350 pages, très documenté, dense, est présenté sous la forme d'un rapport demandé à des personnalités éminemment compétentes dans les termes suivants : Votre tâche consiste à dénir les données stratégiques qui permettront de maintenir, développer et renforcer l'emprise de l'économie capitaliste libérale de marché que résume ecacement le terme de  mondialisation .

Dans leur rapport les mandés commencent par identier les risques qui menacent le capitalisme : Nous sommes entourés de signaux de danger, et cependant ceux-ci ne sont pratiquement pas pris en compte dans les modèles économiques classiques. La nature est le plus grand obstacle pour l'avenir du système capitaliste ; or on ne saurait la traiter en adversaire. Le message doit être : la protéger ou périr.

En conclusion il y a trop d'hommes sur terre, Platon et Socrate ont déjà évoqué le problème des populations dans les cités. Il en résulte des transferts mondiaux de populations avec leurs conséquences. Cet accroissement de la population provoque une dégradation nuisible de l'environnement.

Le système libéral mondial actuel ne peut persister avec une population de plus de 6 milliards d'hommes, encore moins avec 8 à 12 milliards comme le laissent entendre les études démographiques. Il faut donc agir. Comme les hommes sont trop nombreux,

la solution qui reste est de diminuer la population. L'objectif serait de diminuer la population d'un tiers, en agissant à la fois sur la mortalité et la natalité.

Les préconisations des pseudo-auteurs du Rapport Lugano sont alors les suivantes97:

 répartir et distribuer diéremment les capitaux,

 Intervenir sur les réexes identitaires et culturels, par exemple en fomentant des guerres inter-ethniques,

 Mettre en place des éaux. Susan George reprend l'image des cavaliers de l'Apo- calypse : Le Cheval Blanc, la Conquête : manipulations d'idées, pouvoir exécutif international caché ; l'étalon Rouge, le Feu, la guerre avec le commerce des armes, etc. ; le cheval Noir, la famine (pouvoir d'achat et distributions) ; Le quatrième cavalier encore appelé la Mort : pandémies, avortements...

Dans sa conclusion S. George expose sa vue du capitalisme ; le mot capitalisme étant pris dans son sens général et non dans le sens qui lui a été donné après Marx. D'abord la croissance et l'ecacité du capitalisme priment tout, car la recherche de l'ecacité maxi- male du marché est le meilleur répartiteur de ressources ; de plus le marché est capable de s'auto-réguler. Les objectifs sont le prot et l'accumulation. L'emploi et la satisfac- tion des humains sont secondaires. La redistribution des biens est l'aaire du capital et non des gouvernants ; l'autorégulation naturelle des marchés récompense les forts. Les champions sont les multinationales de la production, des services ou de la nance qui peuvent faire des alliances entre elles pour vaincre la concurrence. Les conséquences sont le dégraissage. La gestion humaine des plans sociaux n'est pas l'aaire du capital. Les actionnaires sont les propriétaires. Le capitalisme induit une concurrence internatio- nale entre les travailleurs provoquant une baisse des salaire au Nord et délocalisations. L'ensemble des multinationales représente le quart de toute l'activité économique pro- duit avec moins de 10% de la main d'÷uvre mondiale. Les multinationales puissantes conduisent les plus faibles à la faillite pour prendre leur part de marché. On assiste à une concentration des moyens nanciers et des moyens de production.

Les conclusions politiques découlent des prémisses économiques. La démocratie, ré- servée aux perdants n'est plus qu'une façade commode dominée par le capital. Le 1/3 du commerce mondial se fait à l'intérieur de l'entreprise, 1/3 entre les entreprises, le

97. Elles sont angoissantess, même si elles sont irréalisables en totalité, bien qu'en partie déjà en cours avec plus ou moins succès et - nous l'espérons, inconsciemment.

tiers restant est le commerce national. Les néo-libéraux vantent les avantages du libre échange chapeauté par la l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Les fonds sont très mobiles contrairement à la main d'÷uvre et sont liés entre eux ; si l'un s'écroule il peut entraîner tous les autres98.

Se référant à l'écologie Susan George estime qu'il faut agir vite, et que l'histoire montre qu'il existe des possibilités de gestion. Certains assurent que la surpopulation est l'origine des maux. Mais comment la dénir ? Dans le système néo-libéral la population est considérée seulement en fonction des besoins, quel qu'en soit le coût humain.

Se rapportant aux individus, le capitalisme engendre des classes sociales : au sommet les propriétaires de capitaux et professionnels talentueux (vitesse et mobilité), en des- sous les lents, la classe des tortillards interchangeables ; encore en dessous : les perdants, sans réel avenir. Les défenseurs du néo-libéral leur promettent des jours heureux après bien des misères alors que ce ne sont que des mensonges. Qui a le droit de survivre ? Qui doit disparaître ? L'être humain est vu comme une denrée périssable.

Puisque le Capital, donc la tyrannie transnationale est la source des maux que faire ? Pour le combattre il faut inventer un nouveau totalitarisme. Le capitalisme est un sys- tème mondial cohérent et unié qui ne peut être démantelé que dans son intégralité. Parmi les pistes suggérées Susan George indique : la prise de conscience du pouvoir des entreprises locales et des masses, la reformulation des états, le renforcement de la démocratie, la création d'économies parallèles participatives, de coopératives, la valo- risation des économies locales, le commerce équitable. Parmi les suggestions on trouve encore, la création des groupes d'intérêt, la recherche de l'argent où il se trouve comme par exemple celui qui pourrait provenir de l'application de la taxe Tobin99. Il faut aussi

mettre la volonté populaire au centre des débats, créer un impôt vert : détaxer l'emploi et les revenus et taxer lourdement la pollution et les déchets.

98. Subprimes 2007, et désordres nanciers aux cours des années 2008, à titre d'exemple.

99. James Tobin, prix Nobel d'économie en 1981, enseignant à l'université de Yale, américain, pré- conise de taxer les transactions nancières pour décourager les spéculations.