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Lester R Brown : Le plan B, pour un pacte écologique mondial

2.5 Approches individuelles

2.5.4 Lester R Brown : Le plan B, pour un pacte écologique mondial

mondial

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Lester Russell Brown (né en 1934) est un pionnier du développement durable. Il a fondé puis présidé pendant de nombreuses années le WWI (World Watch Insitute). Écrivain prolique, très inuent et souvent cité il a été traduit dans plus de 40 langues. L'ouvrage dont il s'agit ici est traduit de Plan B : Rescuing a Planet Under Stress and a Civilization in Trouble est paru en 2003.

Lester R. Brown frappe d'emblée l'imagination, et pose en même temps le problème en écrivant que le poids (en kg) des hommes représente 98% du poids de tous les mammifères. Il s'ensuit des consommations de nourriture et d'énergie considérables. La principale source d'énergie à l'heure actuelle est le pétrole dont le pic de production est prévu pour les années 2010. Au delà il faudra songer à la pénurie. Quant à produire un équivalent du pétrole à partir des végétaux, c'est une utopie, d'autant plus désastreuse que selon l'exemple qu'il donne à savoir que 32 millions de tonnes de maïs (soit de quoi nourrir 100 millions d'hommes par an) ne fournissent que 10.300 tonnes d'éthanol.

Le pétrole devenant rare, il devra être remplacé, par le nucléaire, ou le charbon, l'un ne vaut guère mieux que l'autre. Il faut alors se tourner vers le solaire, la géothermie, le vent. Toutes les récupérations sont bonnes à prendre.

L'eau pose un problème toujours lié à la démographie. Les nappes phréatiques super- cielles ne se renouvellent pas assez vite d'autant que les sols sont malades et les forêts détruites. Les nappes fossiles s'épuisent. L'agriculture est le plus gros consommateur : il faut 1.000 tonnes d'eau pour produire une tonne de blé.

Les activités humaines entraînent une augmentation de la température de l'air par eet de serre, dû au méthane, au gaz carbonique, et à d'autres autres gaz à eet de serre (voir Gaïa de J. Lovelock). Le niveau des océans s'élève par la fonte des glaces et sa dilatation, si bien que les zones côtières seront inondées, et ce sont les régions les

plus peuplées et productrices de denrées.

Les déforestations induisent une modication des climats, une destruction des sols. Il est prouvé que des civilisations antiques se sont eondrées à la suite de déforestations qui avaient entraîné une perte de la fertilité de sols, accompagnées de méthodes culturales destructrices de sols et de sur-pâturage induites par la poussée démographique.

Les océans se vident. On estime qu'ils ont perdu 90 % de leurs ressources.

En survolant le monde on se rend compte que la fracture sociale augmente  déséqui- libre entre suralimentés et faméliques  que de nouvelles maladies apparaissent, que les déchets s'amoncellent. Les conits pour l'accès aux ressources vitales et les migrations dues à la faim vont poser de graves problèmes. Il faut donc stabiliser le climat et réguler la population.

Lester R. Brown intitule la deuxième partie de son ouvrage : Les mesures à prendre, le plan B.

Éradiquer la pauvreté et stabiliser la population tel est l'intitulé du chapitre 7. Les moyens pour y arriver sont d'abord un accès universel à l'enseignement puisqu'il existe une forte corrélation entre l'instruction et le nombre d'enfants, et également investir dans le planning familial. Nous retrouvons ici les courbes de l'ONU. Le maximum supportable est de deux enfants pas couple. L'Iran l'a très bien compris (stérilisations et pilules) bien que ce soit un pays musulman. L'éducation a également un eet positif sur la santé.

Il faut ensuite remettre la planète en état en protégeant les forêts existantes et en reboisant, en modiant les pratiques agricoles et en gérant l'eau, en restaurant les pêcheries. L'enjeu est énorme. Il faudra sans doute aussi diminuer la pression démogra- phique.

Tout cela pour en arriver à nourrir correctement 7 milliards d'individus par de nouvelles pratiques agricoles, en augmentant l'ecacité de l'utilisation de l'eau, en augmentant la production de protéines  par exemple en ajoutant de l'urée81 aux

rations des bovins laitiers , ou en consommant du poisson au lieu du b÷uf.

En fait il faut agir sur tous les fronts, stabiliser le climat en recherchant des énergies propres, en concevant des cités moins énergivores, en faisant une innité de petites économies.

La troisième partie de cet ouvrage débute un chapitre optimiste : Une perspective enthousiasmante. Il faudrait créer un marché honnête qui tienne compte de tous les coûts directs, indirects, de renouvellement, d'épuisement, de transport, des dégradations environnementales, des pollutions. La scalité doit aussi jouer un rôle important en agissant sur la gestion de l'environnement, de l'énergie, du carbone, des pollutions, des dégradations, etc., en accordant des subventions aux techniques propres, et aux énergies renouvelables, en mettant en place des éco-labels. En plus il faut recycler le plus possible. En résumé il s'agit de promouvoir une nouvelle économie, une révolution environnementale.

Autrement dit mettre en place le développement durable pour pouvoir Nourrir cor- rectement 7 milliards d'individus (titre du chapitre 9)

2.5.5 René Dumont : L'utopie ou la mort

Un point de vue plus ferme, déjà visionnaire, se retrouve dans l'ouvrage de René Du- mont82, paru en 1973. Il est à remarquer que l'auteur, ingénieur agricole, a une grande

expérience des problèmes agricoles, notamment dans les pays en voie de développement. Dès les premières lignes René Dumont se réfère au Club de Rome (1972) qui expose clairement que la croissance ne peut pas durer indéniment dans un monde ni. Il se réfère au rapport Meadows dont le titre est Limits of growth traduit en français par Halte à la croissance.

Le Club de Rome distingue deux types de ressources, les ressources renouvelables, et les ressources non-renouvelables. Nous empruntons à ces dernières 98 % de l'énergie que nous consommons.

Les ressources renouvelables sont soumises à la pression démographique, soit direc- tement par le fait de la présence de l'homme, soit indirectement par ses consommations qui induisent des pratiques agricoles contestables, des déforestations, des pollutions diverses. Dans les pays pauvres la production agricole progresse moins vite que la po- pulation.

Les pays riches consomment la plus grande partie des ressources, et la loi du prot ne prenait pas en compte jusqu'à ces toutes dernières années, la sauvegarde de la planète.

Car il s'agit bien de sauvegarder la planète si l'on veut sauvegarder les hommes. Ce sont les riches des pays riches qui sont les responsables par leurs gaspillages.

La croissance mondiale doit être ramenée à zéro dès que possible. Il s'agit de savoir d'abord quand la majorité de l'opinion mondiale aura réellement pris conscience de la gravité des dangers qui menacent notre planète. Dans une décennie il sera déjà bien tard... La natalité baisse avec l'aisance et l'éducation, il faut donc favoriser l'éducation. L'avortement et les méthodes contraceptives sont à recommander à l'instar de ce qui se fait en Chine, et ne pas hésiter à prendre des mesures limitatives autoritaires. La planication familiale ne sert à rien. Ces mesures doivent commencer chez les riches avant d'arriver chez les pauvres.

Le gigantisme des conurbations pose des problèmes de plus en plus diciles à ré- soudre : pollutions, occupation des sols, transports, hygiène, paupérisations. Il est dif- cile d'augmenter les surfaces cultivées dans de bonnes conditions et la pauvreté règne en Afrique, en Inde, en Chine.

René Dumont propose diverses formes de socialisme intégrant l'indépendance natio- nale, avec priorité à l'agriculture (coopératives et autogestion), oces internationaux pour les matières premières, annulation des dettes des états, organisation progressive d'une économie planétaire mondiale et non un gouvernement mondial. Comme nous fonçons à toute allure vers un mur de ciment, mieux vaudrait freiner un peu trop tôt que beaucoup trop tard.

Les recettes sont simples, en voici les grandes lignes : changer nos habitudes envers les pays dominés ; croissance zéro dans les pays riches ; quotas de naissances, freiner l'urbanisation ; encourager la migration des populations vers les zones moins peuplées pour assurer un peuplement homogène83, taxation des produits somptuaires ; limitation

et suppression des armements ; redistribution des revenus, impôt international ; taxation du capital ; municipalisation des terrains ; ministère du blocus ; impôt sur l'énergie et sur les matières premières ; recyclage...

Au passage il juge que la télévision est maléque.

Toute une partie de son discours est un réquisitoire contre les pays riches. Il professe son admiration pour la Chine de 1970, de Mao. L'agriculture est au centre des débats et

83. Assure ainsi une répartition de la misère, un appel vers les pays riches ou qui vivent à la limite de la richesse, une incitation à augmenter les naissances puisque le facteur famine n'entre plus en ligne de compte.

prône une agriculture de qualité et de survie, pour une humanité limitée. René Dumont recommande l'emploi de la force animale pour l'agriculture84.

Dans la cinquième partie René Dumont écrit : halte à l'explosion démographique (sans laquelle toute notre utopie s'eondre) car elle accélère la venue pénuries et des pollutions insoutenables.... il nous faudra choisir entre le nombre et l'aisance.

En 1973 la population de 4 milliards d'habitants paraît déjà trop élevée à notre au- teur qui ajoute : Se résigner aux 7 milliards d'habitants pour l'an 2000, c'est vraiment ne pas se rendre compte des multiples conséquences de ce  lapinisme  d'irrespon- sables . Par ailleurs il indique qu'une population de 2 milliards, ou moins, lui paraît souhaitable.

Puis il poursuit son utopie en développant une approche socialiste de la gestion de la terre, se référant une fois encore au modèle chinois, tout en rejetant le communisme. Cependant les sociétés sont toujours sources de conits, de pulsions qu'il faudra orienter : la qualité de notre vie dépendra de nos cadres de vie et de nos relations d'hommes le jour où tous pourront se nourrir, se vêtir, se loger correctement ... et ce ne sera possible que si nous restons un nombre limité, et citant Raymonde Étienne85

il écrit : Raymonde Étienne me rappelle qu'une planication mondiale peut s'organiser au prot d'une minorité internationale de privilégiés, si elle n'est pas précédée d'une prise de pouvoir par les peuples...