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De la communication à l'information

O. M.S  Une action (trop) ecace 

3.2.8 De la communication à l'information

Parallèlement aux développements technologiques, une révolution, et ce n'est pas un vain mot, dans l'aventure humaine, et, qui est d'importance pour le moins égale à celle initiée par Gutenberg, est en train de surgir : c'est l'émergence32 de la communication

et de l'informatique.

Généralités - Des exemples de communication

La théorie des communications s'intéresse aux moyens de transmettre une informa- tion depuis une source jusqu'à un utilisateur. La nature de la source peut être très variée de même que le moyen de transmission. Nous en donnons ici un exemple, pris dans la

32. Nous utilisons ce terme d'émergence car nous avons la conviction que nous en sommes au tout début de l'ère de l'informatique et de la communication, que l'on peut comparer à l'impression de la première Bible par Gutenberg.

nature pour bien souligner que la communication n'est pas l'apanage de l'humain. Il en existe une quasi innité dans le monde vivant. On retrouve toujours le même schéma de base :

Autour de nous, tout le Vivant communique, que nous en ayons conscience ou non ; les végétaux, les animaux et mêmes les bactéries communiquent à des degrés divers, utilisant des signaux très variés pour faire passer une information. Il ne peut y avoir de communication que si ces signaux sont reçus par un récepteur apte à les recevoir, le moyen de communication important peu. Nous pouvons citer un exemple bien do- cumenté33, celui de l'acacia de Transvaal en Afrique du Sud qui émet de l'éthylène

(CH2=CH2)  une phéromone , véhiculé par le vent, pour prévenir arbres voisins

de la même espèce lorsqu'il est agressé par des koudous (sorte d'antilope). Les aca- cias voisins, en recevant cette phytohormone34 réagissent à leur tour en secrétant des

tanins qui repoussent les prédateurs. Le signal gazeux, l'éthylène est véhiculé par le vent de l'arbre émetteur aux arbres récepteurs. Cet exemple de communication végé- tale n'est pas unique35, et les communications entre végétaux, végétaux et insectes ou

animaux sont fréquentes. Ce sont des exemples de la complexité et de l'organisation extraordinaires de notre environnement vivant.

Jusque là il s'agissait de messages chimiques simples comprenant un émetteur, et un récepteur, la transmission s'eectuant par les mouvements de l'air ambiant, impliquant des organismes qui ne peuvent pas se déplacer pour assurer leur survie (les arbres, le maïs). Parallèlement, les animaux qui sont libres de se déplacer ont mis au point d'autres stratégies employant des couleurs, des formes, des mouvements, des odeurs, des émissions de sons plus ou moins architecturés, nécessaires à la pérennité de l'es- pèce, qui forment un langage généralement très spécique qui n'est que partiellement

33. http ://www.uicchampagne-ardenne.fr/Adaptation-et-information-chez-les Adaptation et infor- mation chez les plantes, UIC Champagne-Ardenne,

34. Littéralement : hormone végétale. Les phéromones sont des hormones véhiculées à l'extérieur de l'individu, contrairement aux hormones internes comme l'insuline.

35. Voir par exemple l'article publié par l'université de Neuchâtel du 4 aout 2009, concernant le maïs. http ://www2.unime.ch/jahia/site/presse/cache/oonce/pid/12032 ; jsessio- nid=1DOB877458192D7AE9C17C4D6809E318

compris (ou ignoré) par d'autres espèces36. Le degré de complexité est variable selon

les taxons. Parmi les primates l'homme a élaboré des systèmes de communication et d'information articiels  ou diérents, qui sont très loin des besoins naturels, fonda- mentaux et basiques des individus.

Information

La formulation des théories se rapportant à l'information sont très récentes. Elles ont vu le jour à partir de la seconde moitié du XXèsiècle. Alliée au transistor elles ont

bouleversé les société modernes certainement beaucoup plus que ne l'a fait l'imprimerie de Gutenberg.

Le dictionnaire de l'Académie Française, dans sa neuvième édition, fournit la dé- nition suivante de l'information, dénition reprise par le Trésor de la Langue Française (TLF) et le BOEN (Bulletin ociel de l'Éducation Nationale) : élément de connaissance traduit par un ensemble de signaux selon un code déterminé, en vue d'être conservé, traité, ou communiqué. Cette dénition très large est cependant restrictive car elle considère qu'il s'agit tout simplement de signaux en soi, qu'on peut mettre en boite pour une utilisation éventuelle.

L'information n'a donc aucune valeur si elle ne peut pas être communiquée dans le but d'une utilisation. Nous reproduisions ici le schéma classique :

Figure 3.11 

dans lequel l'Homme1 détient une information, par exemple comment faire du feu, la communique par le geste, la parole ou tout autre moyen à l'Homme2. Ce denier peut à son tour faire proter le suivant de l'information, etc. Autrement dit en langage moderne on a la chaîne :

SOURCE −→ CANAL −→ UTILISATEUR −→

36. Dans le même ordre d'idée ont peu indiquer la synchronisation des chaleurs dans les troupeaux par émission et réception de phéromones.

La source dans notre exemple premier est l'acacia, dont les feuilles sont mangées par les koudous, qui, traumatisé, code un signal, l'éthylène, lequel est véhiculé par le canal du vent. L'éthylène est reçu par un autre acacia qui dispose des récepteurs adaptés pour utiliser (décoder) ce signal an de provoquer une réaction de l'arbre. Il en est de même lorsqu'un cuisinier met au point un recette et l'écrit. Seuls ceux qui savant lire, donc qui possèdent la clé du code pourront la reproduire. Le schéma se complique ainsi :

SOURCE → CODAGE → CANAL → DÉCODAGE → UTILISATEUR

Mais le cuisinier a peut-être mal écrit et ou le papier est déchiré ou taché. On dit alors que le canal est bruité. Ce bruit peut être éliminé ou rendu acceptable si le récepteur dispose d'éléments susants comme par exemple le contexte37 relatif à cette

recette pour rétablir le texte original.

Dans ce cas on peut assimiler le contexte à une culture. Le cas de la traduction pose bien les dicultés pour passer d'un texte X à un texte Y sans perte de données car le contexte, le vécu et l'habileté du traducteur ont une très grande inuence sur son travail. Dans le cas de la traduction de type littéraire cela n'a que peu d'importance (et peut même constituer une nouvelle ÷uvre littéraire), alors que dans le cas de la traduction scientique les pertes d'information sont interdites38.

À un stade plus avancé on constate que l'information peut circuler dans les deux sens en quelque sorte en boucle. Il s'ensuit une conversation avec échanges, propositions, contre propositions. La rétroaction active ne survenant que si les interlocuteurs actifs partagent une culture et des concepts compatibles. Ce système de communication, très employé dans les milieux scientiques est particulièrement ecace et productif.

L'information brute, autrement dit le matériau, ne peut être utilisée que transmise, recueillie, conservée, classée pour pouvoir être extraite et traitée. A son tour le résultat du traitement fournit une nouvelle information susceptible de servir de base à d'autres traitements via des logiciels appropriés.

Puisque sans communication et échanges d'informations il n'y a pas de survie des individus et s'agissant de populations humaines, pas de progrès, on peut postuler que la communication est la base du développement des civilisations. Jusqu'au XIXesiècle

la communication non physiologique n'était qu'embryonnaire ; elle se faisait principa-

37. Voir dénition en annexe

lement par la voie orale car les populations étaient peu alphabétisées en dehors de quelques individus privilégiés. La mémoire humaine jouait donc un rôle primordial, mais elle avait le défaut d'être labile, instable, et les données qu'elle véhiculaient dis- paraissaient ou se polluaient, donnant naissance aux légendes et aux sagas, et pour partie aux religions. L'écriture, et donc l'alphabétisation, prit le relai de la mémoire, et, très vite, au moins cinq problèmes apparurent alors que la société demandait de plus en plus d'informations : la conservation, le recueil, le classement, la consultation, et la transmission des données.

Les avancées technologiques, la complexication croissante, exponentielle, des socié- tés ont eu pour conséquence une plus grande fourniture et demande d'informations qui ont induit le développement des technologies modernes de l'information, où la commu- nication ne se fait plus simplement d'homme à homme, mais aussi d'homme à machine, de machine à homme, et même de machine à machine. Il en est résulté une ination des données avec conséquemment la création de nouveaux langages associés à de nouvelles technologies.

La transmission (contiguë) horizontale et atemporelle (verticale). Les sys- tèmes de communication.

Transmission horizontale. La transmission de l'expérience est le fondement de la communication humaine. Elle a revêtu des formes variées selon les circonstances et les besoins. Au départ, c'était sans doute une transmission immédiate, entre deux, ou plusieurs individus. Puis cette expérience qu'on peut qualier d'horizontale car existant en des temps très courts a été enregistrée dans des mémoires humaines avant d'être transmise.

La parole et le geste étant d'une portée géographique très limitée, les hommes ont mis au point des stratégies de communication plus lointaines, les distances pouvant être parfois relativement importantes par rapport aux possibilités physiques humaines. Dans ce but les premières transmissions à des distances géographiques relativement im- portantes, mais quasi instantanées, ont été pratiquées à l'aide de moyens rudimentaires comme le son (tambour ou tam-tam, siements39), le feu, et la fumée ou la amme

durant la nuit, la position d'un objet. La transmission qui était très lente, à l'échelle

moderne, mais se produisant en un temps raisonnable par rapport à une vie humaine, pouvait être relayée, parcourir de grandes distances, mais les informations transmises ne pouvaient être que sommaires.

La circulation des données ne t pas de progrès remarquable avant le XVIIIesiècle.

La célérité d'une missive dépendait alors de la forme et de la santé du cavalier et de sa monture, de l'état des routes, des bandits et de la météo.

Dans le courant des années 1780 un inventeur Claude Chappe (1763  1806) mit au point le télégraphe optique qui porte son nom ; en haut de tours placées sur des sommets, des servants manipulaient des bras articulés selon un code. Les signaux étaient vus et captés par d'autres servants installés sur des tours à portée de vue, qui à leur tour les retransmettaient. De tour en tour l'information voyageait. Ainsi pour aller de Paris à Marseille il ne fallait que quelques heures. Ce système ne fonctionnait que de jour et par temps clair, ce qui limitait son emploi.

Transmission verticale. Les transmissions qui peuvent s'étager dans le temps ou verticales, c'estàdire en l'absence d'individus porteurs, soit parce que la distance physique est grande, soit parce que les émetteurs peuvent avoir existé des siècles aupa- ravant, ont proté de l'invention et de la mise au point de signes ordonnés qui traduisent la pensée. L'écriture est un de ceux là. L'écriture posée sur un support approprié peut voyager dans l'espace et dans le temps. Elle se trouve à la charnière entre la transmission horizontale et verticale. Dès l'apparition du commerce l'écriture devint indispensable. Elle accompagna d'abord les marchandises et les objets. Plus tard elle devint à la fois objet, support, et pensée.

La découverte de l'électricité donna un nouvel élan à la transmission de l'infor- mation. Quelques années après sa découverte, vers 1830, Samuel Finley Breese Morse (1791  1872) inventa un alphabet composé de traits et de points que l'on pouvait transmettre en utilisant une des propriétés de l'électricité40. Il devenait théoriquement

possible d'envoyer n'importe quelle information, à n'importe quelle distance, quasi ins- tantanément. Un dialogue pouvait s'établir car il était devenu possible de répondre par le même moyen. Le message, binaire, formé de traits et de points était codé au départ, transmis dans des ls conducteurs de l'électricité, et décodé à l'arrivée par un opérateur qui en connaissait le code.

Viendra ensuite le téléphone. Vers 1880 Alexander Graham (1847  1922) conçut le téléphone qui transmet la voix. Par la suite les perfectionnements furent nombreux sans être révolutionnaires. Le téléphone fonctionne dans les deux sens, ce qui permet un dialogue et donc des échanges d'informations en temps réel.

Un peu plus tard, Marconi (1874  1927), se basant sur les travaux de Hertz (1857  1894) mit au point la télégraphie sans l. Les nouvelles purent dès lors circuler à la vitesse de la lumière dans le monde entier. Cependant la diusion restait limitée à un certain public car les appareils étaient lourds, coûteux, d'un emploi dicile, gourmands en énergie par rapport aux quantités dont on pouvait disposer.

Durant les années 1920 naquit la radiodiusion telle que nous la connaissons. La parole et la musique sont alors diusées dans le monde entier, et chacun peut les recevoir sur des récepteurs bon marché, et sans posséder de connaissances particulières. Il sut de tourner un bouton pour ouvrir le poste. La radio devient rapidement un outil de marketing, de culture, de propagande. La communication se fait dans un seul sens.

La télévision n'est qu'une application de la radio, son seul intérêt est d'ajouter des images.