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O. M.S  Une action (trop) ecace 

3.2.9 L'informatique

Les années 1930 voient le développent exponentiel des sciences avec pour consé- quence l'ination des livres et des articles, en même temps que le gonement de la littérature et les empilements de textes et codes administratifs divers. Le problème quasi insoluble de la recherche exhaustive de l'information en l'absence de classement ou d'indexation able s'est alors posé. L'aaire paraissant sans issue lorsque l'informa- tique est apparue au tournant des années 1940.

L'informatique, qui n'aurait pas pu se développer telle que nous la connaissons sans l'électricité41, fait son apparition avec une nouvelle façon de coder l'information,

le codage binaire, que des machines peuvent traiter. Pendant la guerre de 39 - 44 apparurent les premiers calculateurs. L'ENIAC42 put fonctionner, avec dicultés, dans

les années 1945. Il servit notamment pour les calculs de premières bombes atomiques.

41. Il est possible de concevoir des ordinateurs hydrauliques et pneumatiques. Un tel appareil fonc- tionne à la Cité des Sciences à Paris.

Depuis les progrès ont été constants tant en matériels qu'en logiciels. Ce qui, au départ n'était qu'un simple calculateur donna naissances aux ordinateurs tels que nous les connaissons et qui vont révolutionner, et le mot n'est pas trop fort, le traitement de l'information, c'estàdire la conservation des données, le classement qui permet la consultation, la transmission et nalement le traitement automatique à l'aide d'outils dédiés : les logiciels.

Le dictionnaire de l'Académie, (neuvième édition) dénit ainsi l'informatique : Science du traitement rationnel et automatique de l'information. Quant à lui le TLF la dénit : Science du traitement rationnel, notamment par machines automatiques, de l'informa- tion considérée comme le support des connaissances humaines et des communications dans les domaines technique, économique et social.

De ces dénitions il ressort que l'information est devenue un matériau qui peut être traitée indépendamment de l'homme par des machines dédiées à certaines tâches (programmées) qui devront en gérer le recueil des données, leur conservation, leur clas- sement, pour en permettre l'exploitation et nalement la transmission.

Le recueil et la conservation des données

Le dicton populaire c'est écrit dans la pierre sous-entend la fragilité des autres sup- ports. Le papyrus, les peaux d'animaux, les écorces, en fait tous les supports biologiques, de même que les encres, résistent mal au temps et aux diverses pestes qui peuvent les détruire. Plus tard vint le papier, support pratique par excellence, qui ne se conserva bien que dans des conditions exceptionnelles. Tous ces supports étaient volumineux, pesants, diciles à transporter, contenaient relativement peu d'informations et étaient très coûteux. Le meilleur moyen, et le seul de conserver les ouvrages était de les recopier. Ce fut l'aaire des scribes. Ils se trompaient souvent, par négligence ou incompétence, ou parce que les textes à recopier étaient plus ou moins (il)lisibles, ils ajoutaient à l'occasion des commentaires de leur cru, ou des plaisanteries de bon ou de mauvais goût pour s'égayer lors des tâches ingrates. Cependant les auteurs continuaient de pro- duire des textes dans tous les domaines. Finalement l'ination des écrits provoquait l'augmentation du nombre des scribes sans pour autant que la connaissance y gagnât.

Figure 3.12  Les débuts de l'informatique. Le métier de perforateur de bandes était sans doute passionnant...(photo OMS).

L'invention de l'imprimerie tua leur métier43 et en même temps induisit une multi-

plication d'exemplaires et un ination de textes. Les bibliothèques se remplirent et de plus en plus d'ouvrages survécurent au temps car étant plus nombreux, plus dispersés, nombre d'entre eux bénéciaient de meilleures conditions de conservation . Malgré tout la conservation, dans son ensemble, restait soumise aux aléas du temps, du climat, des hommes eux-mêmes. Les autodafés de livres sont fréquents dans l'Histoire. Nous avons cité ceux de la bibliothèque d'Alexandrie, nous pouvons ajouter ceux initiés par l'Inqui- sition, les destructions des livres des Indiens d'Amérique, les saccages des bibliothèques lors des mouvements populaires, pendant la révolution française, ou plus près de nous les autodafés44 de livres perpétrés par les jeunesses hitlériennes.

43. Il reste encore quelques scribes, le meilleur exemple étant les scribes juifs (sôfer) qui recopient selon des normes strictes les rouleaux destinés au culte.

À ses débuts l'écriture, autrement dit un ensemble de signes conés à un support physique, très peu répandue, ne put porter un signiant qu'à une certaine classe de lecteurs, marchands, prêtres, autorités ou lettrés, pour des raisons intellectuelles, ma- térielles, physiques, ou de secret. En dehors des textes commerciaux, les textes écrits se trouvaient réunis dans des bibliothèques, souvent prestigieuses comme celle d'Alexan- drie. Les ouvrages étaient d'autant plus rares, donc importants par leur contenu, qu'ils étaient copiés à la main, et recopiés, car ils s'abîmaient avec le temps, sur des sup- ports ingrats. Les bibliothèques, réservoirs et sources du savoir, n'ont pas toujours été vues d'un bon ÷il par les gouvernements et les religions. Pour revenir à la bibliothèque d'Alexandrie, il est notoire qu'elle a subi les assauts de Jules César, et ce qui en restait, d'abord des Chrétiens puis des Musulmans car elle contenait des ouvrages qui n'étaient pas en accord avec les doctrines religieuses.

La somme des textes a augmenté à tel point que s'est posé le problème physique banal du manque de place et du rangement.

Les mémoires modernes ont pour partie remplacé les moyens traditionnels. Les pre- mières mises en conserve modernes des données date de l'invention du phonographe, un simple sillon tracé dans de la cire. Ce fut d'abord une curiosité perfectionnée par la suite. Puis l'on se servit de la photographie. Vint ensuite l'enregistrement sur bande magnétique. Le support était diérent, mais l'enregistrement se faisait toujours sous forme analogique. Il n'était pas facile de retrouver et de consulter un document. Ces techniques sont encore en usage.

Le développement du codage binaire de l'information qui permet d'enregistrer une grande quantité de données, facilement et rapidement accessibles dans des mémoires, est la base de l'informatique telle que nous la connaissons. Ces données sont accessibles, selon les besoins, via des logiciels. Ce sont les avancées technologiques des mémoires informatiques qui ont permis le développement fulgurant de tous les nouveaux produits utilisant l'électronique  ou l'informatique  du grille-pain à l'A 380, transformant ce qui était encore un produit de luxe il y a seulement quelques années en un produit de consommation courante aujourd'hui, en le mettant à la porté de chacun .

Primitivement les données fournies à l'ordinateur étaient entrées à la main (gure 12). De nos jours leur récolte est de plus en plus automatisée (par ex. capteurs auto- matiques de données météorologiques).

Les quantités de données stockées, scientiques, littéraires, démographiques, so- ciales, économiques, écologiques, individuelles dépassent l'imagination, d'autant plus que si certaines sont entrées manuellement d'autres sont recueillies automatiquement. Un tri est cependant nécessaire car les données doivent répondre aux critères d'exacti- tude, de loyauté, de nalité, de sécurité. En plus elles doivent, s'il s'agit des individus, respecter les Droits de l'Homme, et le droit à l'oubli. Leur consultation doit être trans- parente. Chacun doit pouvoir consulter les données le concernant, pouvoir les rectier ou les eacer.

Les données constituent des armes potentielles pour agir sur les individus, les cher en fonction des besoins, économiques, sociaux, ou politiques. Ce peut aussi être un moyen de discrimination. Lorsqu'elles sont stratégique il est essentiel de les protéger des intrusions malignes ou malveillantes. Leur acquisition illégale, s'agissant de l'industrie ou des États, participe de l'espionnage

Le classement

Au l du temps, devant l'abondance des documents, il est devenu de plus en plus dicile, de répondre à des questions telles que : j'ai déjà vu ça quelque part, mais où ?, qu'en dit Untel ? Si bien le chercheur nit bien souvent par renoncer à trouver ce qu'il cherche. La consultation des anciennes ches manuscrites ou des microches n'est qu'un pis aller, elles ne contiennent que très peu d'informations, souvent mal classées et dispersées. La vraie révolution de la recherche de l'information eut lieu avec l'indexation des données numériques, par programmes informatiques qui permettent de les retrouver facilement et rapidement en fonction des besoins.

La consultation, l'exploitation, des données

Puisque la machine contient des données indexées, il devient possible de les exploiter. C'est ce que font les programmes. Ces derniers sont construits dans des buts très divers : calculs, gestion d'entreprise, aide à la décision, simulations, commerce, statistiques, gestion des sociétés, médecine, espionnage...

Ce sont les données et les programmes associés, ayant un rapport aux sociétés ou aux hommes, qui posent le plus de problèmes de nature morale et éthique. De cette façon l'informatique s'est introduite dans le pilotage des sociétés, la gestion de la santé

individuelle ou collective, l'économie en général. Elle déborde de plus en plus sur l'in- timité des citoyens, sortant des études statistiques pour cadrer chaque individus. C'est ainsi que, dans nos sociétés de type occidental, l'anonymat devient un leurre car nous sommes suivis en permanence. Il est dicile de s'échapper. En France la loi Infor- matique et Libertés devrait nous protéger, mais ce n'est pas réellement le cas car les moyens de la contourner sont nombreux et ecaces, ne serait-ce que par le croisement de chiers. Imaginons comment un état totalitaire pourrait se servir des chiers et des données concernant chaque individu... Les mémoires peuvent être manipulées ou ea- cées à l'égale des autodafés selon les besoins politiques ou religieux. Donc, se pose le contrôle de la Mémoire des peuples. Internet permet de diuser la mémoire, de consti- tuer un nombre inni de bibliothèques pour éviter sa perte. La machine n'ayant aucun sens moral45en se servant de logiciels appropriés on peut en tirer tout ce que l'on désire,

aussi bien que de fausses informations...

L'informatique constitue aussi une arme économique et de guerre. Les exemples parus dans la presse d'espionnage économique sont nombreux (du moins de ceux qui apparaissent au grand jour ou qui sont avoués), le gouvernement iranien s'est plaint à l'ONU qu'un virus malveillant a semé le trouble dans ses centrifugeuses à uranium enrichi. Les pays disposent de services spécialisés pour épier les voisins et même ne s'en cachent pas.

La transmission

L'universalité de l'informatique a induit la conception, et la mise en place de ré- seaux qui s'étendent sur toute la terre, et dont certains sont accessibles au grand pu- blic, comme l'est Internet. Dans la grande tradition du secret le besoin de transmettre des données ou des résultats informatiques, à l'abri des regards indiscrets a engendré la science de la cryptologie moderne dont usent sans modération les Nations et les militaires ...

Si bien que le système actuel qui couvre l'ensemble de la planètet permet à quiconque qui se trouve aux antipodes de correspondre avec son voisin de la Pointe du Diable.