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L'homme espèce envahissante, invasive

O. M.S  Une action (trop) ecace 

3.2.3 L'homme espèce envahissante, invasive

Nous reprenons la dénition d'une invasion biologique (IB) donnée par la Station Biologique de Rosco6 : Apparition brutale d'une nouvelle espèce dans une aire donnée

alors que cette espèce est connue dans une aire géographique généralement lointaine. On doit ajouter, son maintien et sa prolifération, souvent aux dépens des espèces indigènes. On distingue les espèces invasives introduites, des espèces locales natives ou indi- gènes prolifères. Pour qu'une espèce invasive prolifère, ou mieux dit pour qu'une espèce devienne invasive il faut qu'elle rencontre des milieux propices à son développement, ou qu'elle s'adapte. Souvent les espèces invasives ont été transportées volontairement ou non par les activités humaines. À la diérence des espèces exotiques qui sont généra- lement introduites, volontairement ou par accident, par l'homme, ce sont les hommes qui se sont introduits eux-mêmes, en se servant de leurs outils, devenant ainsi une es- pède invasive. C'est en partie par son développement démographique considérable que l'homme a pu essaimer et coloniser toute la planète, souvent aux dépens d'autres es- pèces. Dire que l'homme est une espèce envahissante, ou invasive - les deux termes sont admis - ne fait pas de doute. L'invasion d'un espace par une espèce donnée est d'autant plus facile que les facultés d'adaptation de cette espèce sont élevées.

L'adaptation

L'adaptation est le processus par lequel un être ou un organe s'adapte naturellement à de nouvelles conditions d'existence (TLF). Dans le cadre de notre étude il s'agit de déplacement et d'implantation, d'intégration, des hommes dans des milieux diérents de leur milieu d'origine, et de la persistance de leur reproduction. Certaines espèces s'adaptent mieux que d'autres. Pour clarier les choses nous distinguerons trois stades d'adaptation :

 Peu ou pas d'adaptation : l'environnement reste constant quel que soit le lieu géo- grapique. Les conditions de bases nécessaires sont que malgré le transport et le

déplacement, le milieu d'arrivée doit remplir les mêmes conditions - ou des condi- tions très voisines - de celles qui règnent dans milieu de départ : alimentation, environnement. L'absence de prédateurs favorise l'installation des espèces trans- plantées en dehors de leur habitat d'origine. Le cas de Caulerpa Taxifolia, encore appelée l'algue tueuse, illustre bien les requis. Comme le milieu d'arrivée présente pratiquement les mêmes caractéristiques que le milieu d'origine, qu'elle ne subit pas les attaques du ou des prédateurs de son milieu d'origine dans son nouvel ha- bitat, l'adaptation nécessaire pour prospérer n'est que faible importance ou même pas nécessaire. En fait elle est toujours chez elle et mieux encore en sécurité.  Adaptation moyenne : Les conditions requises sont moins strictes mais le dépla-

cement reste nécessaire. La nourriture peut varier quelque peu, et l'espèce peut s'adapter, dans certaines limites, à diérents climats et habitats et environne- ments. L'exemple est celui des lapins en Australie. La nourriture des lapins est naturellement très diversiée, ils se protègent dans des terriers, et enn ils n'ont pas ou peu de prédateurs sur ce continent.

 Adaptation majeure ou articielle illustrée par le cas de l'Homme : il s'agit d'une tricherie. Ce n'est pas l'homme qui s'adapte au milieu, mais l'homme qui adapte le milieu à lui même à l'aide des outils qu'il a su imaginer. Comble de l'adaptation il façonne son milieu à ses besoins. Il a froid, il se vêt ou fait du feu ; il a faim, il emporte ses graines qu'il cultive et des animaux qu'il mange ou domestique ; il se déplace avec des chars ou des bateaux ; il est malade, il invente la médecine. On comprend que dans ces conditions on le trouve sur toutes les surfaces de la pla- nète d'autant plus rapidement que le nombre des individus augmente la pression démographique. Lorsque les hommes deviennent trop nombreux sur un territoire donné ils entrent souvent en compétition avec d'autres espèces vivantes végétales ou animales. C'est une caractéristique d'une espèce invasive dans le sens de la dé- nition où une espèce invasive est une espèce exotique qui vient nuire à la variété des espèces locales là ou elle s'est établie. À la diérence des espèces exotiques qui sont en général introduites par l'homme volontairement ou par accident, ce sont les hommes qui se sont introduits eux-mêmes. La FAO7 a bien étudié les phéno-

mènes d'invasion biologique qu'elle considère comme une des grandes causes de

la régression de la biodiversité8 et des famines. Cette organisation (en dehors des

actions de l'espèce humaine) considère que les pertes occasionnées par les espèces végétales invasives s'élèvent à 314 milliards $ US9 par an (estimation de 2006).

On ne connait pas les pertes dues à l'action anthropique.

L'homme, a résolu par lui même et pour lui-même ses propres problèmes d'acclimata- tion. Partout où il est allé il a su transporter avec lui son climat (des HLM aux igloos), sa nourriture. Si bien que rien ne s'est opposé à sa dissémination reproductive. Ainsi répondant toujours à la dénition d'une espèce invasive, il élimine des forêts entières pour se nourrir, se chauer, bâtir des villes. On ne compte plus les espèces indigènes sont repoussées, soit directement par la chasse, soit indirectement par la dégradation des habitats (cultures, destructions des forêts pour l'agriculture ou l'élevage, incendies volontaires).

Non content de se répandre sur toute la surface de la terre, l'homme a disséminé de nombreuses espèces tant animales que végétales dans le but satisfaire ses besoins. Ces transferts sont devenues un problème environnemental majeur10.

Il ne faut pas confondre les migrations naturelles, que l'on voit régulièrement, de ci- gognes ou d'hirondelles, quand les oiseaux se déplacent d'un continent à l'autre avec des invasions. Très diéremment ce sont les animaux et plantes transportés par l'homme, qui trouvent en dehors de leur milieu d'origine des conditions susantes pour leur dé- veloppement, qui posent un problème. Le transport peut être volontaire et les animaux ou les plantes peuvent s'échapper de la surveillance et envahir des territoires entiers comme l'on fait les bovins, les chevaux et les porcins en Española. Les chèvres déposées dans les îles Galapagos se sont tellement multipliées qu'il a fallu organiser des bat- tues pour réduire leur population à une valeur acceptable pour l'environnement. Les transports involontaires se rapportent souvent à des espèces plus petites et diciles à gérer ou impossibles à éliminer. Elles accompagnent souvent les navires, soit accro- chées à la coque, soit dans l'eau des ballasts. Nous pouvons citer les crépidules11, les

moules zébrées12 originaires de la mer Caspienne qui ont envahi nombre de réseaux et

8. www.geopopulation.com 2005

9. http ://www.fao.org/newsroom/fr/news/2006/1000233/index.html 2010 10. www.geopopulation.com. On peut aussi se rapprocher du site de l'UNEP. 11. Crepidula fornicata

d'étendues d'eaux douces en suivant la route des navires. Les échanges internationaux sont de bons vecteurs d'espèces invasives. On peut citer les invasions de phylloxera13

et de doryphores14 en provenance de l'Amérique. La FAO surveille attentivement les

transports et implémentations de moustiques vecteurs de pathologies15. Les tortues de

Floride16, importées pour le plaisir de quelques amateurs, relâchées dans la nature en

France commencent à entrer en compétition avec les espèces autochtones.

Les espèces ne peuvent devenir invasives que si elles rencontrent les conditions adé- quates pour leur croissance, leur reproduction, leur alimentation, c'estàdire si elles ne rencontrent pas une barrière physiologique. Il leur faut aussi des conditions climatiques favorables et également l'absence de prédateur. On ne peut pas dire que, bien que très répandus sur la terre le blé, le riz, le maïs, les vaches, les cochons, les poules, etc. sont des espèces invasives, car, ils cessent de se reproduire dès qu'on ne s'en occupe plus, ou leurs eectifs sont directement sous le contrôle des hommes à quelques rares exceptions près17.

Le cas des criquets est quelque peu diérent ; on ne peut pas dire que ce soit une espèce invasive malgré les ravages faits aux cultures et les grandes distances parcourues. Leur dissémination s'apparente plus à des migrations qu'à la recherche d'implantations nouvelles. Il n'empêche que leur passage est une catastrophe18