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Michel Husson : Six milliards sur la planète ; sommes-nous trop ?

2.5 Approches individuelles

2.5.2 Michel Husson : Six milliards sur la planète ; sommes-nous trop ?

Michel Husson, est un statisticien et économiste français né en 1949. Il travaille à l'institut de recherches économiques et sociales. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles. Six milliards sur la Planète : sommes-nous trop ? est un ouvrage fort intéres- sant que l'on peut trouver soit en librairie, soit téléchargeable sur Internet. Nous nous sommes procuré la version Internet.

Pour Michel Husson74 nous ne sommes pas trop nombreux sur terre. Il existe encore

de nombreuses ressources, et surtout le génie inventif de l'homme sauvera l'Humanité de la destruction, car l'espèce humaine n'est pas une espèce comme les autres. La terre peut supporter une population de 11 milliards d'hommes à condition de la bien gérer. C'est une vision fortement optimiste, qui prend ses racines dans un socialisme que l'on peut qualier d'utopique.

L'auteur donne d'emblée la couleur de son essai en citant en début de son texte cette phrase de Proudhon75 : Il n'y a qu'un seul homme de trop sur la Terre, c'est M.

Malthus.

Michel Husson décrit ensuite rapidement l'état de la planète : 38 % de la surface cultivable sont dégradés, l'air, la terre, l'eau sont pollués. Le réchauement lié à l'eet de serre va engendrer des catastrophes. Les pollutions sont exportées. Au passage il réfute Ehrlich76 qui écrit : il n'existe pas en pratique d'autre moyen[de survivre] que de faire

baisser la population. La gestion de l'énergie doit être mondiale en utilisant toutes les sources possibles, mais en rejetant le nucléaire. Il faut promouvoir l'écologie-industrielle et accorder un prix à l'environnement. Pour en revenir à une gestion économique il faudrait rendre les terres aux petits paysans qui les cultiveraient avec de meilleurs rendements.

74. Husson Michel, Six milliards sur la Planète : sommes-nous trop ?. Éditions Textuel, 2000 75. Pierre-Joseph Proudhon (1809-1855) économiste, sociologue, anarchiste. De lui cette phrase : La propriété c'est le vol.

Husson, se référant aux travaux de l'économiste russe Leonid Kantorovitch77, prix

Lénine (1965), Nobel (1975), développe les principes d'un calcul économique non mar- chand dans lequel il fait entrer le coût écologique, les conditions de travail. C'est pour- quoi la seule écologie possible est anticapitaliste. La logique du marché classique ne peut assurer le renouvellement du milieu naturel aussi apparaît la nécessité d'une pla- nication.

Michel Husson conclut que limiter la population à 9 milliards est raisonnable, qu'il surait de mieux répartir les richesses, de développer les recherches scientiques, de développer l'agriculture, et de favoriser les ux migratoires pour en arriver à la Grande Transition. Le but est donc de stabiliser la dépendance alimentaire par l'agriculture. Il faut abandonner totalement la conception ultra-libérale... et mettre en place une coopération internationale de gestion de l'écologie.

En résumé l'auteur pense que nous ne sommes pas trop sur terre , et qu'avec du socialisme écologique dirigiste, tout ira très bien. Et qu'il faut abandonner Malthus.

2.5.3 Jacques Véron : Population et développement

Jacques Véron démographe, directeur des relations internationales de l'INED dans un ouvrage intitulé Population et développement78 expose sa conception du dévelop-

pement dans le contexte d'une société socialiste.

Au départ la notion de développement est purement économique mais comme le souligne Jacques Véron : Ce concept s'est progressivement élargi. Le développement doit être social, associé à une réduction des inégalités, une amélioration des statuts ; humain, tourné vers la santé et l'éducation des populations ; et durable, soucieux de préserver l'environnement.

Jacques Véron passe en revue les écrits des diérents auteurs, Malthus et ses dérivés, Paul Ehrlich (la Bombe P), le rapport Meadows, et en prote pour les critiquer, arguant que ces modèles sont trop simplistes.

La population est-elle capable de s'auto-réguler ? Il fait état des espoirs mis dans

77. Leonid Kantorovitch (1912 - 1986), mathématicien et économiste soviétique, Prix Nobel d'éco- nomie.

78. Véron Jacques, Population et développement, que sais-je ?, PUF, Paris 1994, ISBN 2 13 0461103 4

la transition démographique, introduit les courbes issues du FNUAP et constate que le gros problème est celui de la sécurité alimentaire, la production de denrées augmente tandis que la quantité disponible par habitant diminue.

Il examine ensuite les rapports entre le capital et le travail. On comptabilise souvent la destruction comme une source de richesse, par exemple la destruction d'une forêt ou l'épuisement d'une mine, ce qui est un non sens capitaliste.

Après avoir indiqué que la santé est un tout, Jacques Véron émet l'hypothèse que les villes sont indispensables au bonheur et à la croissance économique par leurs structures et les proximités qu'elles orent, ce que contestent d'ailleurs d'autres économistes qui les perçoivent plutôt comme des sources de gâchis écologique.

Comme le monde est ni, des populations doivent détruire leurs sol pour survivre ; les destructions sont globales au Nord (pollutions) locales au Sud (stratégies de survie). Devant les atteintes écologiques l'auteur suggère de mettre en place une comptabilité du patrimoine mondial, de gérer des substitutions. Puis il met en avant l'action 21 ou agenda 21 de la CNUED (Conférence des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement) dont il souligne les principaux axes :

 le développement et la diusion des connaissances entre population et développe- ment durable ;

 la formulation de politiques nationales intégrées en matière d'environnement et de développement, en rapport avec les évolutions démographiques ;

 la mise en ÷uvre de programmes intégrés au niveau local, en rapport également avec les évolutions démographiques.

L'auteur n'envisage pas de réduire la population qui à la date de la mise en place de l'agenda 21 était déjà trop importante ; il constate que se dessine une mobilité internationale croissante, avec des migrations de la faim.

Quels systèmes de développement adopter ? Un modèle à suivre est celui du Kerala en Inde79, sans doute dû à un meilleur statut des femmes dont le rôle est primordial.

Pour cela il faut leur assurer une meilleure éducation et on constate que la fécondité varie en raison inverse le l'éducation.

Les politiques de santé sont également essentielles de même que l'introduction de modications culturales, la gestion de la transition démographique et la planication

de la natalité. Pour ce faire, le Nord doit aider le Sud.

En conclusion Jacques Véron constate que dans beaucoup de pays la croissance démographique constitue une contrainte.