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Troisième chapitre : Panorama des traducteurs du Cantique des cantiques

I- Identification des traducteurs

5- Traductions collectives

5- Traductions collectives

Un dernier cas où l’on peut s’interroger sur l’identité des traducteurs du cantique est celui des traductions collectives de la Bible. Le fait qu’une Bible soit présentée comme traduction collective ne signifie pas que tous les traducteurs ont travaillé en commun sur tous les textes : bien souvent, c’est un traducteur unique qui s’est occupé de chaque livre. Partant de là, on peut tenter de déterminer qui, au sein d’un collectif, a traduit le Cantique des cantiques.

- La Bible dite de Lausanne219

paraît, pour l’Ancien Testament, entre 1861 et 1871 ; Les Hagiographes220

, dont le Cantique, paraissent en 1878. Les traducteurs et les éditeurs de cette Bible ne sont pas mentionnés dans les publications ; pour Frédéric Delforge, il s’agit « d’un travail collectif, d’abord animé par Louis Gaussen, ensuite par Louis Burnier »221

. Christian Cannuyer222

précise qu’Henri de la Harpe participe à la traduction de l’Ancien Testament. Il est difficile d’obtenir davantage d’informations sur l’identité des traducteurs des différents livres.

- L’Ancien Testament de la Bible annotée par une société de théologiens et de pasteurs223

(Neuchâtel, 1878-1900, [107]) est publié sous la direction de Frédéric Godet. Cannuyer écrit qu’il s’agit « d’un commentaire très élaboré du Texte Saint, préfigurant d’une certaine façon les notes de la Bible du Centenaire et accompagné d’une traduction qui était en partie nouvelle, en partie une révision des versions existantes »224. Il est probable que Frédéric Godet est lui-même auteur de la traduction du Cantique ; l’introduction au Cantique le mentionne en citant l’étude qu’il a consacrée à ce livre225

. - La Bible du Centenaire226

(Paris, 1913-1943, [130]) devait paraître en vue de célébrer le centième anniversaire de la Société Biblique de Paris. Les traducteurs ne sont pas mentionnés dans les différents volumes. Cannuyer cependant dresse la liste des contributeurs227

. D’après lui, le traducteur du Cantique est Tony André, de l’Institut Français de Florence.

- La Bible de Maredsous paraît en 1949228

(Namur, 1949, [151]). D’après Christian Cannuyer, « La conception et la plus grande part de la réalisation sont dues à dom Georges

218 Réponse du 29 novembre 2010 à une question posée au service de réponses à distance de la BnF (SINDBAD).

219 La Sainte Bible. Ancien Testament. Nouvelle version du texte hébreu, Lausanne, Georges Bridel Éditeur, 1861-1871. [78]

220 Les Hagiographes. Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques, Lausanne, Georges Bridel Éditeur, 1868. [78]

221 Frédéric Delforge, La Bible en France, ouvrage cité, p. 225.

222 Christian Cannuyer, dans Les Bibles en français : histoire illustrée du Moyen-Âge à nos jours, ouvrage cité, p. 179.

223 La Bible annotée par une société de théologiens et de pasteurs, Neuchâtel, Attinger frères éditeurs, 1889-98. [107]

224 Christian Cannuyer, dans ouvrage cité, p. 185.

225 Etudes bibliques, 5e édition 1900, Delachaux et Niestlé, libraires, Neuchâtel.

226 La Sainte Bible, dite Bible du Centenaire, traduction nouvelle d’après les meilleurs textes avec introductions et notes, quatre tomes, Paris, Société biblique de Paris, 1911-1947. [130]

227 Christian Cannuyer, dans ouvrage cité, p. 184.

228 La Sainte Bible, version nouvelle d’après les textes originaux par les moines de Maredsous. Namur, Éditions de Maredsous, 1949. [151]

Passelecq »229

. Dans la publication, il est cependant indiqué que la traductions est due aux « moines de Maredsous ».

- Dans le cas de la Bible de Jérusalem230 (Paris, 1956, [160]), avant d’être réunis en un unique volume, les différents livres paraissent dans des éditions séparées dans lesquelles sont précisés les noms des auteurs des traductions, qui sont également auteurs des commentaires. On sait ainsi qu’André Robert est traducteur du Cantique231

. - La Bible de la Pléiade232

(Paris, 1956-1971, [161]) est dirigée par Édouard Dhorme, qui d’après Christian Cannuyer233

« assura presque seul les versions du premier volume de l’Ancien Testament » ; le second, qui contient le Cantique, est traduit avec l’aide de Frank Michaëli, Antoine Guillaumont, Jean Koenig et Jean Hadot. L’introduction du Cantique est de Dhorme, sans que cela signifie qu’il est le seul auteur de la traduction. La traduction publié dans cette Bible n’est pas identique à celle que Dhorme publie dans une édition séparée en 1946234

.

- Les deux traductions « du Monde Nouveau »235

(New York, 1974, [181] et 1995, [215]) sont les versions françaises de la Bible anglaise des témoins de Jéhovah. Les publications elles-mêmes ne mentionnent pas les noms des traducteurs ; le catalogue de la BnF retient comme auteur le « New world Bible translation comittee ».

- La Traduction œcuménique de la Bible236

(Paris, 1976, [184]) est une entreprise doublement collective, puisqu’elle est non seulement produite par une équipe de traducteurs et d’exégètes, mais que la traduction de chaque livre est prise en charge par au moins deux traducteurs, un protestant et un catholique. Les péritextes de la TOB ne permettent pas de déterminer l’identité des traducteurs de chaque livre. Daniel Lys, collaborateur de la TOB, a effectué la traduction du Cantique publiée dans cette Bible ; la traduction est très peu de choses près identique à celle qu’il publie séparément237

. - La Bible dite « à la Colombe »238

(Paris, 1978, [187]) est une révision de la traduction de Segond, incluse cependant dans notre corpus à cause de l’importance des variations qui affectent le Cantique. Les auteurs de la révision ne sont pas nommés.

- La Bible en Français courant239

(Paris, 1982, [192]) est une Bible œcuménique, réalisée en collaboration par des traducteurs protestants et catholiques, sous l’influence des théories d’E.A. Nida prônant le recours à l’équivalence dynamique240

. La traduction de l’Ancien Testament, selon Cannuyer, est « confiée à trois traducteurs protestants (Christiane

229 Christian Cannuyer, dans ouvrage cité, p. 217.

230 Pour la publication en un volume : La Bible de Jérusalem, traduite en français sous la direction de l’école biblique de Jérusalem, Paris, les Éditions du Cerf, 1956. [160]

231 André Robert, Le Cantique des cantiques, Paris, les éditions du Cerf, 1951. [156]

232 La Bible, Paris, Gallimard, collection Pléiade. [161]

233 Christian Cannuyer, dans ouvrage cité, p. 245.

234 Le Cantique des cantiques. Introduction et nouvelle traduction du texte hébreu par Edouard Dhorme, Illustré de 15 compositions en couleur par Célestine Aboulker, Paris, Éditions du Sceau, 1946. [148]

235 Les Saintes Ecritures, Traduction du monde nouveau, traduites d’après le texte révisé de l’édition anglaise de 1971, mais en tenant régulièrement compte de l’hébreu, de l’araméen et du grec. Watchtower Bible and Tract Society, New York, 1974 [181] et Les Saintes Ecritures, Traduction du monde nouveau, traduites d’après le texte révisé de l’édition anglaise de 1984 (New world translation of the holy Scriptures), mais en tenant régulièrement compte de l’hébreu, de l’araméen et du grec. Edition révisée de 1995. Watchtower Bible and Tract Society, New York, 1995. [215]

236 Traduction œcuménique de la Bible, Paris, Alliance biblique universelle, 1976. [184]

237 Daniel Lys, Le plus beau chant de la création. Commentaire du Cantique des cantiques, Paris, Les éditions du cerf, 1968. [173]

238 La Sainte Bible, traduite d’après les textes originaux hébreu et grec. Nouvelle version Segond révisée avec notes, références et glossaire. Paris, Alliance biblique universelle, 1978. [187]

239 Traduction de la Bible en français courant, Paris, Alliance Biblique Universelle, 1982. [192]

240 Voir par exemple Eugene A. Nida, Toward a Science of Translating, with special reference to principles and

Dieterlé et les pasteurs Jean-Marc Babut et René Péter-Contesse) et à l’abbé Pierre Sandevoir »241

. Il est difficile de savoir qui est l’auteur de la traduction du Cantique.

- La Bible dite « du Semeur »242 (Méry sur Oise, 1992, [209]) est une traduction collective ; la notice FRBNF35554270 indique qu’Alfred Kuen est le traducteur de cette Bible, mais il n’est vraisemblablement pas le seul à avoir travaillé à cette traduction. En tout cas, la traduction du Cantique publiée dans la Bible du Semeur est très sensiblement différente de la traduction publiée par Kuen en 1983243

. Si Kuen est l’auteur de la traduction du Cantique dans la Bible du Semeur, alors il a sans doute effectué une nouvelle traduction.

- La Bible « Parole de vie »244

(Paris, 2000, [231]) est une traduction de la Bible en « français fondamental ». L’identité des traducteurs n’est pas précisée dans la publication. La Société biblique française détient le copyright de la traduction, des introductions, des notes et des cartes.

- La Bible dite « des écrivains »245

(Paris, Montréal, 2001, [232]) publiée chez conjointement chez Bayard et Médiaspaul est elle aussi une entreprise collective, mais contrairement aux traductions précédemment évoquées, elle indique le nom des traducteurs de chaque livre, qui sont pris en charge conjointement par (au moins) un écrivain et un bibliste. Il s’agit respectivement, pour le Cantique des cantiques, d’Olivier Cadiot et Michel Berder. Les « biblistes » sont des spécialistes de la Bible, maîtrisant impérativement les textes sources ; ils sont parfois religieux (Berder est professeur d’écriture sainte et prêtre ; Marc-Alain Ouaknin qui contribue à la traduction de Jonas est rabbin), mais ce n’est pas systématique.

- La Nouvelle Bible Segond (2002, [233]) est une énième révision de la traduction de Segond, suffisamment importante pour que nous l’incluions dans le corpus. La liste des membres de son comité de rédaction comprend Henri Blocher, Jean-Claude Dubs, Mario Echtler, Jean-Claude Verrecchia ; la liste des spécialistes consultés, fort longue, comprend notamment André LaCoque et Daniel Lys. L’identité du ou des auteurs de l’introduction, de la révision et des notes du Cantique des cantiques n’est pas précisée.

- La Bible expliquée246

(Villiers-le-Bel, 2004, [236]) est une mise à jour de la traduction de la Bible en français courant. La liste des membres du comité d’édition247

et celle des principaux collaborateurs sont données au début de l’ouvrage, mais l’identité de l’auteur des commentaires pour le Cantique n’est pas précisée.

La difficulté d’identifier le ou les traducteurs à qui on doit la traduction française du Cantique varie selon les cas. Globalement, on constate qu’il est plus difficile d’identifier les auteurs des révisions, qui n’ont pas le même statut auctorial sur la traduction. Cela dit certaines des Bibles, qui se constituent autour d’une traduction révisée, ont d’un point de vue de la réception par le public un statut de traduction nouvelle, ou en tout cas de Bible nouvelle

241 Christian Cannuyer, dans ouvrage cité, p. 244.

242 La Bible du Semeur, traduction collective de l’hébreu et du grec, Méry sur Oise, Société Biblique internationale, 1992. [209]

243 Alfred Kuen, Sagesse et poésie pour notre temps. L’Ecclésiaste, Job, Cantique des Cantiques et les

Proverbes, transcrits et présentés par Alfred Kuen, Braine-L’alleud Editeurs de Littérature Biblique, 1983. [195]

244 La Bible, parole de vie, Paris, Alliance Biblique universelle, 2000. [231]

245 La Bible, Paris, Montréal, Bayard, Médiaspaul, 2001. [232]

246 La Bible Expliquée, Ancien et Nouveau Testament, traduite de l’hébreu et du grec en français courant, Villiers-le-Bel, Alliance Biblique Universelle, 2004. [236]

247 « Des rédacteurs européens, canadiens et africains se sont associés pour le mener à bien, et il aura fallu sept ans de travail pour aboutir à la présente publication, à partir de la première ébauche du concept par Monseigneur Jean-Charles Thomas, évêque de Versailles, en 1997. Se sont joints à lui dans le comité d’édition de cette Bible

expliquée : Sylvia Barbu, Christian Bonnet, Jean-Claude Dubs, Elsbeth Scherrer, Robert Sommerville et

François Tricard en France, Jean-Louis d’Aragon, Alain Faucher, Jean Grou et Serge Rhéaume au Canada », dans La Bible Expliquée, ouvrage cité, p. v.

(un indice en est le fait qu’elles se voient parfois conférer un nom ou surnom : « Bible à la colombe », « Bible expliquée », etc.)

Quant aux Bibles dont la traduction est véritablement une traduction nouvelle, il est en général possible d’identifier les traducteurs lorsque les différents livres font l’objet d’une publication séparée (c’est le cas pour la Bible Lethielleux, la Bible de Jérusalem, la Bible des écrivains) ; à l’inverse le cas de la Bible de Maredsous peut sembler représentatif de la façon dont une communauté religieuse entière endosse la responsabilité de la traduction.