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Premier chapitre : Définition du corpus

II- Méthode de recherche bibliographique

1- Localisation des publications contenant une traduction du Cantique des cantiques

Le point de départ de la prospection bibliographique est la consultation des catalogues des bibliothèques, et tout particulièrement des bibliothèques à dépôt légal dans les pays francophones.

Des recherches dans les catalogues de la Bibliothèque nationale de France, de la Bibliothèque royale de Belgique, de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, de la Bibliothèque de Genève ont été menées, en croisant les critères de recherche dans les bases de données. Nous avons eu recours à la recherche par titre, par sujet et par mots avec comme mots-clés « cantique des cantiques », mais aussi « shir hashirim », titre hébreu du texte par lequel il est fréquemment appelé, et également, entre autres « cinq rouleaux », « livres de Salomon », titres possibles de recueils contenant le Cantique. À partir des notices proposées dans les catalogues nous avons établi des listes de cotes et avons consulté les ouvrages consacrés en tout ou en partie au Cantique. Nous avons élargi le cercle des explorations bibliographiques aux Bibles intégrales, qui contiennent une traduction du Cantique. Nous avons également cherché à voir si les cotes voisines des ouvrages consultés correspondaient à des volumes consacrés au Cantique88

.

La première phase de recherche des publications contenant des traductions du Cantique des cantiques s’est donc faite à partir de l’exploitation des catalogues des bibliothèques nationales conservant les ouvrages du dépôt légal. La deuxième phase a consisté à exploiter les références bibliographiques de ces publications. Nombreuses sont en effet celles qui citent des travaux précédents touchant de près ou de loin au Cantique. La consultation des ouvrages cités est capitale dans la mesure où elle permet de se rendre compte des lectures préliminaires du traducteur. Elle aboutit essentiellement à la constitution de la bibliographie secondaire. Cependant il peut arriver que soient mentionnées des traductions qui n’avaient pas été relevées lors de la consultation des catalogues des bibliothèques : il s’agit alors de publications dont le titre n’a pas de rapport avec le Cantique des cantiques, qui ne sont pas conservées dans les bibliothèques nationales ou encore qui ont été publiées au sein de périodiques et n’ont pas donné lieu à une entrée séparée dans les catalogues.

Ce dernier point a révélé la nécessité de dépouiller les périodiques dans lesquels on pouvait vraisemblablement trouver une traduction du Cantique. Ont été consultées les tables de la Revue Biblique, du Correspondant, de la Revue du monde catholique, des Études Bibliques, périodiques auxquels faisaient référence les publications consultées. Pour les autres périodiques, la Bibliographie biblique de Paul Langevin89

a été utilisée pour la période 1930‑1983.

Les répertoires bibliographiques ont été utilisés d’une part pour s’assurer du dépouillement maximal des catalogues, et d’autre part pour obtenir sur les publications consultées des renseignements de l’ordre de la bibliographie matérielle. La bibliographie de

88 C’est ainsi que nous avons découvert l’ouvrage de Bruston intitulé La Sulammite, qui contient une traduction dramatique du Cantique qui nous avait échappé dans une première exploration des fonds de la BnF parce que son titre ne comprenait pas les mots que nous avions utilisés.

89 La Bibliographie biblique de Paul Lagevin comporte trois tomes. Le tome 1 couvre les revues catholiques parues entre 1930 et 1970 (Québec, les presses de l’université Laval, 1972) ; le tome 2 couvre les revues sans limite confessionnelle entre 1930 et 1970 (Québec, les presses de l’université Laval, 1978) ; le tome 3 est une mise à jour des volumes précédents et s’étend jusqu’à 1983 (Québec, les presses de l’université Laval, 1985).

Bettye Chambers90

, qui recense les Bibles publiées en français du quinzième au dix-septième siècle, a été d’une grande aide afin de ne pas manquer de consulter les Bibles françaises conservées à l’étranger. Le répertoire des Bibles conservées à Paris91 édité par les éditions de la Bibliothèque nationale de France a également été utilisé, notamment parce qu’il recense, outre les Bibles françaises, les traductions séparées de livres bibliques, les compilations, et surtout les éditions bibliques en hébreu, grec, latin conservées à Paris, et susceptibles d’avoir servi de sources aux traductions françaises. Ce répertoire couvre les éditions publiées du seizième au dix-huitième siècle ; il ne prend pas en compte systématiquement les paraphrases ou les commentaires bibliques contenant le texte biblique, son objet est en effet de proposer un catalogue des exemplaires conservés à Paris des éditions de textes bibliques, quelque soit leur langue. Certaines publications ayant paru à cette époque et incluses dans notre corpus (essentiellement des éditions séparées du Cantique commentées), ne figurent pas dans ce catalogue ; elles n’auront pas correspondu, pour les auteurs du catalogue, à la notion d’édition du texte biblique92

. L’absence de répertoire consacré aux dix-neuvième et vingtième siècles a été compensée par la consultation des nombreux ouvrages consacrés à l’histoire de la Bible et comprenant une bibliographie faisant état des nouvelles parutions de Bibles intégrales93. Par ailleurs, nous avons exploité les annexes de l’ouvrage que Max Engammare a consacré au Cantique à la Renaissance94

, qui comporte un répertoire bibliographique décrivant aussi bien des éditions françaises du texte que des éditions de ses sources. Pour les siècles ultérieurs, aucun ouvrage consacré au Cantique des cantiques n’a visé à l’exhaustivité de l’étude bibliographique, que ce soit des éditions, des traductions ou des commentaires du Cantique.

Le croisement des critères et des méthodes de recherche bibliographique vise à établir un relevé aussi exhaustif que possible des publications contenant une traduction du Cantique des cantiques. L’exhaustivité, si elle est visée, ne sera sans doute pas atteinte, pour plusieurs raisons. Le principe d’un dépôt légal est que sont conservés par la Bibliothèque nationale des exemplaires de chacune des publications légales. Il est cependant difficile de se fier aveuglément aux dépôts légaux pour établir un relevé bibliographique des traductions du Cantique. Tout d’abord, il existe des publications antérieures à la fondation du dépôt légal95

, qui s’il a été instauré dès 1537 en France, n’existe que depuis 1968 au Canada ; et a été suspendu entre 1594 et 1965 en Belgique96

. Pour les publications antérieures, on ne peut qu’espérer qu’une consultation minutieuse des catalogues des principales bibliothèques

90 Bettye Chambers, Bibliography of French Bibles. Fifteenth- and Sixteenth- Century French-Language

Editions of the Scriptures, Genève, Librairie Droz, 1983, et Bibliography of French Bibles. Seventeenth Century French-Language Editions of the Scriptures, Genève, Librairie Droz, 1994.

91 Martine Delaveau et Denise Hillard (éd.), Bibles imprimées du XVIe au XVIIIe siècle conservées à Paris, éditions

de la Bibliothèque nationale de France, 2003.

92 De fait l’introduction du catalogue précise : « Outre les publications qui s’en tiennent exclusivement au texte de l’Ecriture, le catalogue contient en effet un certain nombre de paraphrases, parfois fort éloignées du texte ; de même, du texte annoté on passe insensiblement au texte accompagné d’un commentaire de plus en plus important, au point de l’emporter totalement. Si bien qu’en dépit de nos efforts, le choix de retenir telle édition ou d’écarter telle autre pourra parfois apparaître arbitraire ou du moins pas toujours en adéquation avec les attentes de tel groupe de chercheurs. En principe, seuls ont été retenus les ouvrages ou le commentaire n’était pas plus important que le texte ». (Dans Bibles imprimées du XVIe au XVIIIe siècle conservées à Paris, ouvrage cité,

p. xv).

93 Voir notamment Pierre-Maurice Bogaert (dir.), Les Bibles en français : histoire illustrée du Moyen-Âge à nos

jours, Turnhout, Brepols, 1991.

94 Max Engammare, Qu’il me baise des baisiers de sa bouche. Le Cantique des cantiques à la Renaissance, étude et bibliographie, Genève, Droz, 1993.

95 Le dépôt légal a été instauré en France dès 1537 par l’ordonnance royale de François Ier du 28 décembre. La législation touchant au dépôt légal a fortement évolué depuis sa création.

96 Voir « Principes directeurs pour l’élaboration d’une législation sur le dépôt légal », de Jules Larivière, étude publiée par l’UNESCO, Paris, 2000.

permettra d’établir un relevé le plus exhaustif possible. Quant à la Suisse, elle ne possède pas de dépôt légal national ; les cantons sont libres de légiférer en la matière. Le canton de Genève a instauré un dépôt légal en 1967.

Il faut par ailleurs être conscient que les dépôts légaux ne contiennent pas nécessairement l’ensemble des publications nationales97

.

2- Choix des publications retenues dans le corpus

Une fois les catalogues dépouillés et une fois constituées les listes de publications susceptibles de contenir des traductions françaises du Cantique des cantiques, ces publications sont consultées. Chaque ouvrage contenant une traduction du Cantique fait l’objet d’une fiche, et se voit brièvement décrit dans le répertoire bibliographique.

Le nombre de publications consultées est bien supérieur au nombre finalement retenu dans le corpus. Ont été exclus du corpus plusieurs types d’ouvrages. D’abord, les ouvrages consacrés au Cantique, mais n’en donnant pas de nouvelle traduction, soit qu’il s’agisse d’un commentaire ou d’une étude sur le Cantique qui n’en donne pas le texte, soit que la traduction incluse dans l’ouvrage ait déjà été publiée98

, et qu’elle ne soit donc pas nouvelle. Les publications ne contenant qu’une traduction très partielle du Cantique, par exemple d’un seul livre, n’ont pas été prises en compte. Figurent néanmoins dans le corpus des traductions non exhaustives, à partir du moment où la traduction rend compte au moins de la majeure partie du texte. L’inclusion dans le corpus des paraphrases et des adaptations a été problématique ; la définition de ces versions du texte fera l’objet d’un développement ultérieur. La bibliographie générale mentionne plusieurs éditions du Cantique des cantiques qui n’ont pas été retenues dans le corpus parce que le texte français qu’elles contiennent provient d’une traduction antérieure du Cantique, mais qui méritent de figurer dans la bibliographie, afin notamment d’en identifier le traducteur.

Au final, le corpus sur lequel se fonde cette étude est constitué de deux cent cinquante publications, pour un total de deux cent soixante cinq textes français considérés, au sens large, comme des traductions. La non coïncidence de ces nombres tient au fait que plusieurs publications contiennent plus d’une version du Cantique99

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97 Notamment, l’impossibilité après la révocation de l’édit de Nantes de publier des Bibles protestantes françaises a conduit, d’une part, à la production d’éditions clandestines non déposées, et d’autre part à l’impression de Bibles françaises hors des frontières du royaume. Frédéric Delforge, dans La Bible en France et

dans la francophonie : Histoire, traduction, diffusion, s.l., Publisud/ Société Biblique de France, 1991, montre

l’importance des effets de la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, sur la diffusion de la Bible en France : « Le roi ordonne la suppression de tout exercice public du culte, la démolition des temples, le bannissement des pasteurs dans un délai de quinze jours, l’obligation pour les protestants de faire instruire leurs enfants dans la religion « Catholique, apostolique et romaine » […]. Dans ces conditions l’impression des Ecritures en France par les Églises de Réforme devient impossible. […] Le protestantisme français devra attendre le Consulat (1799-1804) pour imprimer à nouveau les textes bibliques dont il a besoin », p. 166.

98 Bon nombre d’ouvrages récents utilisent par exemple la traduction de la Bible de Jérusalem. C’est le cas notamment de l’ouvrage de commentaire du dominicain Benoît Lacroix, avec des lithographies d’Albert Carpentier : Le Cantique des Cantiques et son interprétation, Saint-Hippolyte, les éditions du Noroît, 1994. C’est également le cas de la première édition œcuménique de la Bible, qui ne contient pas de traduction nouvelle, mais reprend le texte de la Bible de Jérusalem : Le Trésor spirituel de l’humanité. La Sainte Bible.

Première édition œcuménique, Paris, éditions Planète, 1965.

99 Les ouvrages de Cotin [30], du traducteur anonyme de 1717 [47], de Voltaire [57] , de Renan [80)], de Taoussi [132], de Junès [141], d’Albert Hazan [145] et de Pringle [211] contiennent deux versions françaises du Cantique ; ceux de Hersent [22], du traducteur anonyme de 1690 [37] et de Le Blanc d’Ambonne [87] en contiennent trois.