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Quatrième chapitre : éditeurs et diffusion des traductions du Cantique des cantiques

II- Rapport de la traduction à l’appareil péritextuel

5- Éditions bilingues

nous catégorisons néanmoins la version du Cantique qu’elles contiennent comme une paraphrase, dans la mesure où il s’agit d’une version intégrale du Cantique, dépassant néanmoins en longueur le volume du texte de départ, à travers l’insertion d’éléments exégétiques463

. Nous incluons néanmoins ces textes dans notre corpus, puisqu’ils rendent compte, malgré cette insertion, de l’intégralité du texte de départ ; il y ainsi tout de même un transfert linguistique qui s’opère. C’est d’autant plus flagrant lorsque la paraphrase française figure aux côtés du texte latin, dont elle est manifestement la version464

. Il n’est certes pas impossible que les paraphrases restantes n’aient pas été effectuées depuis un texte en langue étrangère, et ne relèvent donc pas de la traduction en tant que transfert interlinguistique ; mais dans l’impossibilité de prouver qu’elles ont été rédigées en partant d’un autre texte français, dans la mesure où elles rendent compte de l’intégralité du Cantique, nous les incluons dans le corpus.

Nous analyserons dans le dernier chapitre de cette étude des cas de versets dans lesquels s’entremêlent paraphrase et traduction.

5- Éditions bilingues

D’après les relevés dont fait état le répertoire bibliographique, notre corpus comprend soixante-trois éditions bilingues ou multilingues. Il s’agit des publications suivantes :

- Livres de Salomon édités par Estienne (1552, [6]) : traduit de l’hébreu ; publie la version latine de Pagnini.

- La Terrasse (1617, [18]) : traduit de la V. ; avec texte de la V.

- Rodolphe Le Maistre (1628, [21]) : traduit du latin, inclut une nouvelle version latine.

- Saincte Marie (1653, [28]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Jean Desmarets (1656, [29]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Cotin (1662, [30]) : traduit de la V. ; avec texte de la V.

- Attribué à Bourdaille (1689, [35]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Attribué à Aurat (1689, [36]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Anonyme Paris (1690, [37]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Innocent Le Masson (1692, [38]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Port-Royal édition séparée (1694, [39]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Port-Royal édition intégrale (1700, [40]) : traduit de la V. ; avec texte de la V.

3 l’arôme de tes parfums, de Tes ineffables vertus est exquis ; ton nom, qui désigne Ton être, est une huile qui

s’épanche et imprègne mon être à moi,

c’est pourquoi il gagne tous les cœurs et les jeunes filles, les âmes pures, t’aiment.

461 C’est le cas des ouvrages de Lancelot de Carle (1562, [10]) ; de Champvallon (1601, [16]) ; de Geuffrin (1618, [19]) ; de Marcellus (1840, [69]).

462 Ainsi fonctionnent les ouvrages de M. de la Terrasse (1617, [18]) ; de Desmarets (1656, [29]) ; d’Avrillon (1714, [46]) ; du traducteur anonyme de Paris (1733, [50]) ; de Duguet et d’Asfeld (1754, [56]) ; de l’Abbé anonyme (1865, [91]) et de l’Abbé Boileau (1891, [110]).

463 Une des manifestations les plus flagrantes en est l’explicitation de la nature divine des interlocuteurs (l’âme et le Christ, ou l’Église et le Christ se substituent aux figures féminine et masculine du Cantique)

464 Dans les ouvrages de M. de la Terrasse (1617, [18]) et de l’anonyme de Paris (1733, [50]), le latin de la Vulgate figure dans la publication.

- Bellegarde (1701, [41]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Hamon (1708, [43]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Bonnodière (1708, [44]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Anonyme Paris (1708, [45]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Avrillon (1714, [46]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Anonyme Paris (1717, [47]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Calmet (172, [48]) : traduit de la V. ; avec texte de la V.

- Robert Morel (1730, [49]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Anonyme (1733, [50]) : traduit de la V. ; avec texte de la V.

- Armand de Gérard (1767, [58]) : traduit du latin et publie texte de Pagnini. - Genoude (1820, [62]) : latin de la V en note de bas de page.

- Verdure (1823, [63]) : accompagné de vers latin. - Cahen (1831-1851, [64]) : traduit du TM ; avec le TM. - Glaire (1835, [65]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Dargaud (1839, [66]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Guillemin (1839, [67]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Delaborde (1842, [71]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Richelet (1843, [72]) : avec texte latin, qui n’est pas la V.

- Mallet de Chilly (1854, [76]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Fretin (1855, [77]) : traduit le texte latin de Houbigant ; latin cité. - Wogue (1860-1869, [79]) : traduit du TM ; avec le TM.

- Docteur B** N** (1873, [96]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Arnaud (1874, [99]) : traduit de la V. ; avec texte de la V.

- Amélie Bauche (Albert Fornelles) (1885, [103]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Abbé Brevet (1890, [108]) : traduit de la V. ; avec texte de la V.

- Vivier (1892, [112]) : traduit de la V. ; avec texte de la V.

- Polyglotte de Vigouroux (1898-1909, [117]) : traduit de la V. ; avec texte de la V., des LXX et du TM.

- Rabbinat (1899-1906, [118]) : traduit du TM ; avec le TM.

- Athanase Taoussi (1919, [132]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Vulliaud (1931, [140]) traduit du TM ; avec le TM.

- Pirot et Clamer (1935-1956, [145]) : édite la V., traduit du TM. - Claudel (1948, [150]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Buzy (1950, [153]) : édite la V., traduit du TM.

- Debon (1959, [162]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Grégory (1962, [166]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Monléon (1969, [175]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Grad (1970, [179]) : traduit du TM ; avec le TM.

- Blua (1975, [183]) : traduit de la V. ; avec texte de la V. - Magdalith (1976, [185]) : traduit du TM ; avec le TM.

- Mariel (1977, [186]) : traduit de l’hébreu non massorétique, l’édite. - Benn (1989, [202]) : traduit du TM ; avec le TM.

- Cherpillod (1989, [204]) : traduit du TM ; avec le TM. - Nouss (1989, [206]) : traduit du TM ; avec le TM.

- Keustermans (1991, [208]) : contient des traductions en anglais, allemand, néerlandais.

- Wyler (1994, [214]) : traduit du TM ; avec le TM. - Carlo Suarès (1995, [219]) : traduit du TM ; avec le TM.

- Pierre (1996, [221]) : contient le texte français, hébreu, allemand et anglais - Boncompain (1999, [224]) : contient le Cantique en français, anglais et espagnol

- Calame, Grand livre du Cantique (1999, [225]) : traduit du TM ; avec le TM. - Calame (2000, [228]) : traduit du TM ; avec le TM.

- Dehem (2004, [240]) : traduit du TM ; avec le TM.

La répartition dans le temps de ces éditions, ainsi que l’évolution de la langue du texte jouxtant la traduction française, sont riches d’enseignements. La proportion représentée par les éditions bilingues ou multilingues par siècle est la suivante :

XVe et XVIe siècle : 1/ 15 : 6,66% XVIIe siècle : 11/25 : 44% XVIIIe siècle : 10/ 20 : 50% XIXe siècle : 18/59 : 30,5% XXe siècle : 22/112 : 19,6% XXIe siècle : 1/15 : 6,66%

On note globalement une hausse de la part des éditions bilingues du début de notre période jusqu’au XVIIIe siècle, période à laquelle elles représentent la moitié des publications comprenant une traduction du Cantique ; du début du XIXe siècle à nos jours la part des éditions bilingues diminue sensiblement. Cela dit, la nature du texte en langue étrangère, ainsi que les motivations qui poussent auteurs et éditeurs à réaliser une publication bilingue, varient considérablement au cours de la période étudiée. On note ainsi plusieurs tendances, dont rendent compte diverses déterminations historiques qui rendent difficile une unique périodisation. Nous analyserons ainsi la répartition des éditions bilingue en fonction des langues incluses dans les publications, en essayant à chaque fois de rendre compte du contexte historique qui a permis leur émergence.

La présence de l’original dans la même édition que la traduction a des conséquences évidentes sur la lecture des textes, mais aussi, dans une certaine mesure, sur le travail du traducteur – et cela est commun à la traduction biblique et à la traduction littéraire. La traduction française ne peut, dans une édition bilingue, se substituer à l’original ; sa nature seconde est soulignée par la présence du texte traduit dans l’édition. Le lecteur peut de ce fait contrôler la traduction, pour peu que la langue du texte source lui soit familière ; et réciproquement, la traduction lui est également une voie d’accès au texte original. Pour les textes littéraires, ce type d’éditions, plus fréquent pour la poésie que pour la prose, témoigne d’une volonté de mettre l’original à portée du lecteur, dans le cadre d’éditions souvent plus savantes que la moyennes, et/ou destinées à l’apprentissage d’une langue ou à l’accès à une littérature étrangère dans le cadre scolaire et universitaire ; les éditions bilingues ne sont pas non plus sans dénoter une méfiance, ou du moins un soupçon, vis-à-vis de la traduction. Dans le cas des textes bibliques, s’ajoute à cela la spécificité propre au statut du texte sacré selon les différentes Églises. Dans le judaïsme, c’est le texte hébreu qui est sacré ; sa traduction ne l’est pas. Pour le catholicisme tridentin, la Vulgate est version authentique, ce qui a pour conséquence que le texte latin, qui est lui-même une traduction, devient à son tour texte de source de référence. Dans ce contexte, produire le texte source en même temps que la traduction peut donner le sentiment que la traduction n’est que la béquille permettant au lecteur francophone ne comprenant pas l’hébreu ou le latin d’accéder au texte sacré, alors qu’évidemment il n’y aurait pas eu de publication sans la production d’une nouvelle traduction. Néanmoins, le fait de publier également le texte source renvoie la traduction à son statut de texte second, contingent, perfectible : il n’y a de sacré que le texte source.

Quarante-six publications du corpus contiennent un texte en latin. Dans les quarante cas suivants, il s’agit du latin de la Vulgate465

.

La Terrasse (1617, [18]) ; Saincte Marie (1653, [28]) ; Jean Desmarets (1656, [29]) ; Cotin (1662, [30]) ; Attribué à Bourdaille (1689, [35]) ; Attribué à Aurat (1689, [36]) ; Anonyme Paris (1690, [37]) ; Innocent Le Masson (1692, [38]) ; Port-Royal édition séparée (1694, [39]) ; Port-Royal édition intégrale (1700, [40]) ; Bellegarde (1701, [41]) ; Hamon (1708, [43]) ; Bonnodière (1708, [44]) ; Anonyme Paris (1708, [45]) ; Avrillon (1714, [46]) ; Anonyme Paris (1717, [47]) ; Calmet (1724, [48]) ; Robert Morel (1730, [49]) ; Anonyme (1733, [50]) ; Genoude (1820, [62]) ; Glaire (1835, [65]) ; Dargaud (1839, [66]) ; Guillemin (1839, [67]) ; Delaborde (1842, [71]) ; Richelet (1843, [72]) ; Mallet de Chilly (1854, [76]) ; Docteur B** N** (1873, [96]) ; Arnaud (1874, [99]) ; Amélie Bauche (Albert Fornelles) (1885, [103]) ; Abbé Brevet (1890, [108]) ; Vivier (1892, [112]) ; Athanase Taoussi (1919, [132]) ; Pirot et Clamer (1935-1956, [145]) ; Claudel (1948, [150]) ; Buzy (1950, [153]) ; Debon (1959, [162]) ; Grégory (1962, [166]) ; Monléon (1969, [175]) ; Blua (1975, [183]).

À ces textes s’ajoute la Bible polyglotte de Vigouroux (1898-1909, [117])466 , qui contient en plus de la Vulgate une édition du texte grec des Septante et du texte massorétique hébreu.

On remarque plusieurs choses dans ces éditions. Tout d’abord, une forte concentration de publications du corpus comprenant le texte du Cantique dans la version de la Vulgate entre 1650 et 1735. Pendant cette époque, nous identifions vingt-quatre publications comportant une version du Cantique en français ; dix-huit d’entre elles comportent également le texte de la Vulgate. Sur les six publications restantes, trois sont des traductions protestantes de la Bible. À cette époque ainsi, la quasi totalité des traductions catholiques du Cantique comprennent le texte de la Vulgate. Le fait que la Vulgate soit le texte biblique seul déclaré authentique par l’Église catholique explique certes qu’il soit fréquemment édité en vis-à-vis des traductions ; mais la date de la quatrième session du concile de Trente est bien antérieure467

au début de cette vague d’éditions bilingues des textes bibliques ; de même, ce n’est qu’en 1893 avec l’encyclique Providentissimus Deus puis en 1943 avec l’encyclique Divino Afflante Spiritu que le recours aux textes hébreux est autorisé, puis prescrit pour la traduction de la Bible. L’importance de publications reprenant le texte de la Vulgate à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle répond à une logique autre que seulement déterminée par les injonctions conciliaires. Le catalogue Bibles imprimées du XVIe au XVIIIe siècle conservées à Paris468

expose dans l’introduction l’importance, la signification et l’évolution des livres bibliques ou des Bibles intégrales bilingues français-latin à cette époque :

Il nous a paru en effet évident qu’à quelques exceptions près, le texte latin avait été ajouté à la langue vernaculaire afin que le lecteur puisse s’y reporter en cas de doute sur la traduction, sur son exactitude ou son orthodoxie, aussi peut-être pour mieux situer un passage, dans un latin plus ou moins su par cœur qui lui restait en mémoire. Les éditions bilingues, français-latin, le montrent bien par l’évolution de leur

465 Nous faisons ici référence au texte latin de la Vulgate, dans ses différentes éditions ; nous ne tenons pas compte ici des variations éditoriales qui peuvent intervenir (insertion des noms des locuteurs ou disposition en lignes, par exemple).

466 La Sainte Bible polyglotte, contenant le texte hébreu original, le texte grec des Septante, le texte latin de la

Vulgate et la traduction française de M. l’abbé Glaire, Paris, A. Roger et F. Chernoviz, 1903.

467 La Vulgate est déclarée authentique en 1546 lors de la quatrième session du Concile de Trente.

468 Bibles imprimées du XVIe au XVIIIe siècle conservées à Paris, catalogue collectif édité par Martine Delaveau et

présentation : de deux colonnes de même taille au début, on passe insensiblement à une colonne plus petite pour le latin, qui va se rétrécissant jusqu’à mettre la Vulgate « à la marge ». Les titres se transforment également, au point de ne plus indiquer la présence du latin, alors qu’il existe bien en texte intégral.469

Le Cantique des cantiques témoigne de cette évolution de la mise en page dans l’édition du texte latin, qui tend à mettre en valeur la traduction française. Cela dit, l’inclusion du latin, quand bien même elle se fait plus discrète, reste un point d’ancrage et de référence important.

Si les publications bilingues connaissent un pic à la fin du XVIIe siècle et au début du

XVIIIe siècle, elle ne disparaissent pas pour autant de notre corpus après 1735 ; elles restent proportionnellement relativement importantes aux XIXe et au début du XXe siècle. L’importance du statut spécifique de la Vulgate pour l’Église catholique est ici particulièrement perceptible. Bon nombre des auteurs de ces publications sont d’ailleurs des ecclésiastiques catholiques. Notons enfin quelques cas intéressants qui sont, dans une certaine mesure, représentatifs de l’évolution du rapport de l’Église catholique à la Vulgate. La Bible polyglotte de Vigouroux est, d’après son titre même, une Bible « contenant le texte hébreu original, le texte grec des Septante, le texte latin de la Vulgate et la traduction française de M. l’abbé Glaire »470

. Or cette traduction est faite sur la Vulgate. L’abbé Fulcran Vigouroux, qui n’est pas l’auteur d’une nouvelle traduction mais qui réédite celle de Glaire, choisit donc une traduction française effectuée depuis la Vulgate, ce qui peut surprendre dans le cas d’une Bible dont l’intérêt premier est tout de même l’accès synoptique aux versions anciennes ainsi que, surtout, aux texte massorétique. Cette édition de fait témoigne bien de la tension entre légitimité de la critique biblique et du recours à l’hébreu rendu possible par l’encyclique Providentissimus Deus de 1893, et le statut inchangé de l’authenticité de la Vulgate, qui reste le texte de référence, donc le texte traduit. Publier des nouvelles traductions effectuées sur la Vulgate, malgré la connaissance de l’hébreu par les traducteurs, relève alors d’une forme d’apologétique de la vieille version authentique. La situation est différente, mais tout aussi intéressante, dans les deux éditions de la traduction du Cantique par Buzy, dans la Bible intégrale de Pirot et Clamer471, puis dans l’édition séparée du Cantique au nom de Buzy472. La traduction du Cantique – et de l’ensemble de l’Ancien Testament – y est en effet faite depuis l’hébreu, mais c’est le texte de la Vulgate qui est édité. C’est là, avec la Bible de Crampon, le seul exemple de Bible intégrale catholique traduite de l’hébreu en français avant l’encyclique Divino Afflante Spiritu de 1943.

Dans les six cas suivant, c’est un texte latin différent qui est édité en même temps que la traduction française du Cantique :

- Livres de Salomon édités par Estienne (1552, [6]) : la traduction est effectuée sur l’hébreu, la publication contient une édition du texte latin de Pagnini.

- Rodolphe Le Maistre (1628, [21]) : la traduction est effectuée sur le latin, la publication inclut une nouvelle version latine du Cantique, effectuée sur l’hébreu ; Le Maistre en est sans doute l’auteur.

469 Ibid., p. xvii.

470 La Sainte Bible polyglotte, contenant le texte hébreu original, le texte grec des Septante, le texte latin de la

Vulgate et la traduction française de M. l’abbé Glaire. Avec les différences de l’hébreu, des Septante et de la Vulgate ; des introductions, des notes, des cartes et des illustrations, F. Vigouroux (éd.), Paris, A. Roger et F.

Chernoviz, 1898-1909. [117]

471 La Sainte Bible, texte latin et traduction française d’après les textes originaux avec un commentaire

exégétique et théologique, Paris, Letouzey et Ané, éditeurs, 1935-1956. [145]

- Armand de Gérard (1767, [58]) : la traduction est effectuée sur le latin, la publication contient une édition du texte latin de Pagnini.

- Verdure (1823, [63]) : la traduction jouxte une version en vers latin du Cantique effectuée par Verdure.

- Richelet (1843, [72]) : la publication contient un texte latin, qui n’est pas la Vulgate. - Fretin (1855, [77]) : la traduction est effectuée sur le texte latin de Houbigant qui est édité dans la publication.

Inclure un texte latin autre que la Vulgate présente de multiples significations. Globalement, cela témoigne d’un souci de fournir un texte latin fiable au lecteur, dans la mesure où potentiellement, ni le lecteur ni le traducteur n’ont accès à l’hébreu, et ce, sans utiliser la Vulgate, qui est la version de l’Église catholique. L’édition genevoise par Robert Estienne des livres attribués à Salomon473

comporte ainsi une édition de la traduction latine de Sante Pagnini474

(alors qu’elle réédite la traduction d’Olivétan faite sur l’hébreu). Le latin de Pagnini est également repris, et c’est plus surprenant, par l’Abbé Armand de Gérard475

, opposant de la traduction du Cantique par Voltaire476. Fretin utilise quant à lui la traduction latine de Houbigant477

. Fretin plaide dans la préface pour une lecture littérale du Cantique et en rejette la lecture allégorique traditionnelle. Ne sachant pas l’hébreu, sa position non-confessionnelle explique sans doute qu’il recourt à une version latine autre que la Vulgate. Les cas de Rodolphe Le Maistre478

et de Louis Verdure479

sont spécifiques : ces traducteurs du Cantique sont manifestement les auteurs de la version latine contenue dans les publications ; la publication de la source de la traduction n’a pas de visée consultative, mais est un des intérêts de la publication, le traducteur illustrant ainsi sa virtuosité dans l’art des vers latins.

La part des publications comprenant le Cantique selon la version de la Vulgate tend s’amoindrir à mesure que se développent les publications comprenant le texte hébreu.

Les seize publications suivantes contiennent le texte du Cantique dans l’hébreu massorétique480

.

Cahen (1831-1851, [64]) ; Wogue (1860-1869, [79]) ; Polyglotte de Vigouroux (1898-1909, [117]) ; Rabbinat (1899-1906, [118]) ; Vulliaud (1931, [140]) ; Grad (1970, [179]) ; Magdalith (1976, [185]) ; Benn (1989, [202]) ; Cherpillod (1989, [204]) ; Nouss (1989, [206]) ; Wyler (1994, [214]) ; Carlo Suarès (1995, [219]) ; Pierre (1996, [221]) ; Calame

473 Les Proverbes de Salomon. L’Ecclesiate. Le Cantique des cantiques. Le livre de la Sapience.

L’Ecclesiastique, Genève, De l’imprimerie de Robert Estienne. 1552. [6]

474 Voir Biblia Habes in hoc libro prudens lector utriusque instrumenti novam translationem aeditam à

reverendo sacre theologiae doctore Sancte Pagnini (...) necnon & librum de interpretamentis Hebraicorum, Aramaeorum, Graecorumque nominum, sacris in literis contentorum (...), duas Joannis Francisci Pici Mirandulae (...) epistolas ad eundem, Impressa est autem Lugduni per Antonium du Ry impensis Francisci

Turchi, & Dominici Berticinium, & Jacobi de Giuntis. Anno Domini 1527. 1528.

475 Abbé Armand de Gérard, Le Cantique des cantiques, idylle prophétique, le Pseaume XLIV, et la célèbre

Prophétie d’Emmanuel, fils de la Vierge, aux chapitres VII, VIII et IX d’Isaïe, Interprétés sur l’Hébreu, dans le sens littéral, La Rochelle, Paris. 1767. [58]

476 Voltaire, Précis de l’Ecclésiaste et du Cantique des cantiques en vers, Liège, chez J. F. Bassompierre, [57].

477 Charles-François Houbigant, Biblia Hebraica cum notis criticis et versione latina ad notas criticas facta

accedunt Libri Graeci, qui Deutero-canonici vocantur, in tres classes distributi, Lutetiae-parisiorum, apud

Antonium Briasson, & Laurentium Durand, 1753.

478 Rodolphe Le Maistre, Cantique des cantiques de Salomon. François, & Latin suyvant l’Hebreu, Paris, chez Claude Cramoysi, 1628. [21]

479 Louis Verdure, Le Cantique des cantiques de Salomon, traduit en vers latin, avec le français en regard, Châteauroux, imprimerie de Migné, 1823. [63]

480 C’est-à-dire avec la vocalisation des massorètes ; les ṭe‘amim ne sont pas reproduits par toutes les publications concernées.

Grand livre du Cantique (1999, [225]) ; Calame (2000, [228]) ; Dehem (2004, [240]). À ces publications il faut ajouter la traduction de Mariel481

, effectuée sur l’hébreu non massorétique. Les premières publications de notre corpus comprenant le texte hébreu sont sans surprises les premières traductions juives de la Bible482