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touristique ou quand le local rejoint le national 

Dans le document Le « local » dans l’histoire du cinéma (Page 154-166)

Pierre-Emmanuel Jaques

(Université de Lausanne)

Parler de cinéma local implique généralement l’absence d’éléments faisant référence au national. Les films locaux renverraient avant tout à une réalité circonscrite géographiquement. Mais souvent la tentation de ne prendre en compte que le référent occulte les aspects de leur dif- fusion et de leur réception. En s’arrêtant sur les vues locales et leur diffu- sion, il apparaît en effet nécessaire de ne pas se limiter à la seule vision des films. Au moment de la mise en place d’une promotion touristique nationale, le film et notamment certaines bandes très locales ont pu ser- vir un but plus large, au service de la nation.

Dans ce cadre, l’opposition entre local et national prend un sens tout particulier, notamment en ce qui concerne la définition du local. Nous voudrions revenir ici sur cette opposition en examinant comment des images dites locales ont pu servir une promotion de fait plus large, nationale. La circulation des films, notamment la diffusion par l’entre- mise de certains organismes, leur attache une valeur exemplaire. De même le contexte de projection a pu jouer un rôle non négligeable dans

. Le présent article s’inscrit dans le cadre de la recherche « Vues et points de vue : vers une histoire du film documentaire en Suisse, - », (Seminar für Filmwissen- schaft, Université de Zurich ; direction : Margrit Tröhler) soutenue par le Fonds national suisse de la recherche scientifique. Ma participation a été rendue possible grâce au sou- tien de Swiss Films (Zurich).

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l’attribution d’un rôle national à des films présentant pourtant avant tout une réalité centrée sur une région.

Vues locales — Lokalaufnahmen

La Suisse ne saurait être considérée comme un grand pays produc- teur : si l’on s’en tient au longs métrages de fiction, la production varie entre  et , la moyenne s’établissant autour de - longs métrages fic- tionnels par an. Ce chiffre s’élève de nos jours à un peu plus d’une ving- taine par an. Comme dans de nombreux pays, les premières images cinématographiques prises en Suisse sont dues à des opérateurs de pas- sage dans le pays. Ce sont ensuite les forains circulant à travers le pays, lors de foires et autres manifestations populaires, qui diffusent des images « locales », tournées par leur soin. Des actualités et autres docu- mentaires ont été tournés à l’initiative de certains propriétaires de ciné- mas, dont l’ouverture remonte, pour les plus anciens, à - dans les plus grandes villes, notamment Genève et Zurich. Certains exploi- tants se font une spécialité de ces « vues locales » qu’ils ne manquent pas de mentionner dans les annonces. À Lausanne, le Lux profite de l’oc- casion d’un changement de direction pour rappeler que « le confortable petit théâtre de la rue St-François offrira des spectacles de choix et du meilleur goût, qui comprendront parfois des vues de notre vie locale».

Ledit cinéma tient son engagement puisque que quelques semaines plus tard une annonce proclame : « Cet établissement présente cette semaine un certain nombre de vues très intéressantes, on admire sur- tout une vue locale due à l’opérateur du Théâtre, L’aspect de la rue St- François, à midi le ermars. » Quand les exploitants ne disposent pas

des compétences requises, ils font venir des opérateurs qualifiés, géné- ralement pour des événements exceptionnels.

Avant , plusieurs sociétés effectuent de véritables expéditions cinématographiques en Suisse, comme Pathé, Gaumont ou Éclipse pour la France, Croce ou Pasqualis pour l’Italie, Welt-Kinematograph pour l’Allemagne, entre autres. Certaines sociétés, comme la Compa-

. Gazette de Lausanne,  février , cité par François Langer, Per artem pro-

bam ad Lumen. Les débuts de l’exploitation cinématographique à Lausanne-

(Mémoire de licence de l’Université de Lausanne, ).

La Revue (Organe du parti démocratique et fédéraliste vaudois, Lausanne), jeudi

 février , [p. ]. . La Revue,  mars .

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gnie des Cinématographes Théophile Pathé, annonce même une série liée à la Suisse qui comprend : Lac Léman ; Les lacs ; Berne ; Les mon- tagnes. Si quelques titres démontrent l’ambition d’évoquer le pays

dans son ensemble, commeCelebri paesaggi della Svizzera (Paysages célèbres de la Suisse, Prod. : Milano Films, ) ou la Suisse merveilleuse

(Éclair, ), la plupart en évoquent des endroits déterminés : Raleigh et Robert annoncent Les Chutes du Rhin comme un « film à effets

superbes», Welt Kinematograph (Freiburg i. B.) propose unUeber die

Wengernalp (), par exemple. En l’absence d’indications sur leur dif-

fusion et leur réception, il n’est guère possible de savoir si ces bandes ont été vues comme relevant d’un niveau local ou au contraire perçues comme traduisant un aspect d’un ensemble plus vaste qui serait le pays, voire la chaîne des Alpes.

La mention de ces titres dans les programmes de villes fort éloignées incite cependant à prendre en considération la question de leur dif- fusion quand on s’interroge sur leurs caractéristiques locales. Quand Joseph Garncarz repère sur un programme du Phono-Kimematograph de L. Praiss à Düsseldorf le titre Der Schweiz. Truppenzusammenzug  : Das Schlussgefecht bei Urdorf. Defilieren des IV. Armeekorps am Spreitenbacherfeld etc. etc., cette vue perd de fait son aspect local, ayant

été tournée quelque part en Suisse tout en étant projetée dans une ville relativement lointaine. Elle pouvait, de plus, être vue comme relevant d’une institution fédérale.

Selon nous, bien plus que les aspects montrés dans ces vues, la desti- nation joue un rôle central dans la définition d’un cinéma local. Quand le propriétaire de salles et tourneur Willy Leuzinger de Rapperswil éta- blit une série de films d’actualités ou de reportages sportifs, leur dif- fusion se limite aux séances organisées par ledit exploitant, à de rares

. Ciné-journal, no,  octobre , p. . . Ciné-journal, no,  octobre , p. . . Der Kinematograph, no,  juillet .

. Voir Frédéric Delmeulle : « Gaumont : du dépaysement à l’enseignement, du film de voyage au film de géographie. Balade helvète en six étapes », (A.F.R.H.C.), « L’an-

née  en France » (numéro hors série), , p. - ; Roland Cosandey : « Tableaux pour une expédition cinématographique au pays du panorama :Captain Deasy’s Dar- ing Drive (Mutoscope & Biograph Co., Emile Lauste et W. R. Booth, GB, ) », Déca- drages. Cinéma, à travers champs (Lausanne), no, automne  (Dossier : train et

cinéma), p. -.

. « Der nicht-fiktionale Film im Programm der Wanderkinos » in U. Jung, M. Loiper- dinger (éd.),Geschichte des dokumentarischen Films in Deutschland. Band : Kaiser- reich-, Stuttgart : Reclam, , p. -.

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exceptions près. Ces images tant par leur diffusion que leur destina-

tion relèvent d’un caractère local. Au-delà de la sélection des sujets, le mode de diffusion et de réception constitue l’un des critères détermi- nants pour parler de cinéma local.

Au contraire, certains films dont la production indique une implica- tion locale peuvent être conçus en vue d’une diffusion plus large. À l’oc- casion d’événements considérés comme d’importance, certaines salles ont saisi l’occasion pour faire venir un opérateur d’une firme spéciali- sée. Cela sert d’ailleurs d’argument promotionnel : une annonce attire l’attention sur l’effort fourni par la salle et insiste sur la « primeur » dont elle jouit. Le Royal Biograph de Lausanne souligne la présence excep- tionnelle d’un opérateur Éclipse ayant filmé un défilé :

Très prochainement, grâce au directeur de l’établissement, accompa- gné par le plus habile opérateur — envoyé spécialement — de la grande maison d’éditions cinématographiques « Éclipse » de Paris, qui tous deux durant quatre jours, ont suivi toutes les péripéties des grandes manœuvres de la Ire division et pris également le défilé de jeudi, les nombreux habitués et spectateurs du « Royal Biograph » auront la pri- meur de ce film militaire et national, le premier qui sera aussi complet et qui sera projeté dans nombre d’établissements cinématographiques du monde entier.

La circulation du film est confirmée par une annonce parue dans le périodique corporatif parisien, Le Courrier cinématographique. Dans

les nouveautés présentées les , ,  novembre  par l’Agence Générale Cinématographique figure «Manœuvres Suisses, pl. air »

(Éclipse,  m.), qui est à n’en pas douter le film réalisé à l’initiative du Royal Biograph. Le film, tout en jouissant de caractéristiques locales,

peut ainsi se retrouver intégré dans un circuit qui s’avère lui faire perdre cette disposition à toucher un public circonscrit.

Une part importante des films tournés en Suisse avant la Première guerre s’apparentent au genre dit du « plein air » ou « vue d’après

. Mariann Lewinsky-Farinelli, « Schweizer-Cinema Leuzinger, Rapperswil (S.G.) : Aktualitätenfilmproduktion und regionale Kinogeschichte der Zentral- und Ost- schweiz, - », in Kintop. Jahrburch zur Erforschung des frühens Films, Nr.  (Lokale Kinogeschichten), , p. - ; Mariann Lewinsky-Farinelli : « Un trésor régional : les films Leuzinger » in : Rémy Pithon (éd.),Cinéma suisse muet. Lumières et ombres, Lausanne, Antipodes & Cinémathèque suisse, , p. -.

. Lausanne-Plaisirs, no,  septembre .

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nature » soulignant leur caractère d’enregistrement et de restitution exacte. Nombres de ces courtes bandes rendent compte des mœurs locales et donnent à voir des contrées et des paysages rendus fameux par les guides touristiques et les reproductions imagées antérieures (peintures, gravures, affiches, cartes postales, etc.). En suivant les voies touristiques les plus fréquentées, ces films offrent un voyage de substi- tution aux spectateurs des salles obscures.

Le film de promotion touristique

Mais au-delà de leur fonction d’offrir un voyage par procuration, les films ont pu servir plus concrètement à attiser le désir des spectateurs de se rendre en Suisse. La représentation cinématographique des pay- sages, qui s’accompagne souvent de la vision des installations permet- tant le séjour ou le déplacement des éventuels touristes, ainsi que des activités afférentes (sportives, avant tout), pouvait donner aux specta- teurs une idée concrète de ce dont ils jouiraient s’ils se rendaient sur place. L’engouement suscité par ces images prises dans les différentes régions de la Suisse a rapidement suscité l’idée d’un usage publicitaire. La structure politique et administrative du pays laissant une large part d’autonomie aux entités locales (cantons et communes), on a préféré, dans un premier temps, laisser à des initiatives régionales le soin d’as- surer la promotion touristique. Sociétés de développements, offices du tourisme, compagnies ferroviaires, pour ne citer que les plus impor- tants, ont été les premiers agents d’une publicité orientée en premier lieu vers l’étranger.

Plus que le contenu des films eux-mêmes, ce qui en fait des vec- teurs promotionnels du tourisme en Suisse est le contexte de projection. Une récente publication mentionne le cas d’un tourneur-opérateur,

Alfred Favier, organisant des séances dans des grands hôtels. Les images prises par ce dernier, dont certaines sont conservées par la Cinéma- thèque suisse, laissent penser qu’un usage promotionnel a pu en être fait, dans la mesure où elles consistent majoritairement en vues spor- tives et autres activités hivernales. Plusieurs laissent apparaître dans le fond de grands hôtels. R. Cosandey souligne avec pertinence l’impor-

. Consuelo Frauenfelder, Le temps du mouvement. Le cinéma des attractions à

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tance de la promotion touristique concernant des tournages en Suisse.

Les déclarations de Milton Ray Hartmann, le secrétaire (et principal ani- mateur) du Cinéma scolaire et populaire suisse, fondé en , laissent entendre que son père, directeur de l’Office du tourisme de l’Oberland bernois avant-guerre, avait fait venir des opérateurs anglais pour y tour- ner quelques films destinés à assurer la promotion de la région à l’étran- ger. Ces quelques exemples témoignent d’un usage du film à des fins

touristiques généralement à partir de vues locales, mais dans une pers- pective de diffusion large.

Un « Message du Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale concernant la participation de la Confédération à la création d’un office suisse du tourisme. (Du  mars ) » a contribué à modifier la situation en sou- tenant la création d’un Office national suisse du tourisme. Un article des statuts stipule explicitement l’usage du film dans les moyens pou- vant favoriser la venue de touristes en Suisse : l’Office devra se charger en effet de l’« Organisation de conférences, projections, représentations cinématographiques et réclames lumineuses à l’étranger ».

Les autorités fédérales se trouvent ainsi impliquées dans la propa- gande cinématographique, mais d’une façon indirecte en soutenant la création d’un organisme indépendant comme l’Office suisse du tou- risme (OST). D’autres organismes sous le contrôle de l’État, comme les Chemins de fer fédéraux ou les Postes, Télégraphes, Téléphones,

usèrent de même du film dans une perspective de promotion touris- tique.

L’Office suisse du tourisme et le film

Dès sa création, l’OST a recouru à des films, comme l’y engageaient ses statuts. Cela a consisté dans un premier temps à rassembler des films déjà existants et à en organiser la diffusion à l’étranger. L’impor- tance de l’OST apparaît cependant de façon évidente dans les débats agitant le champ cinématographique en Suisse, dans la mesure où la question de la diffusion à l’étranger y occupe une place centrale. Dès

. Roland Cosandey, « Tourismus und der frühe Film in der Schweiz (-) : Elizabeth Aubrey Le Blond, Frank Ormiston-Smith, Frederick Burlingham »,Cinema

(Zürich), vol.  (Landschaften), , p. -.

. Milton Ray Hartmann, Mein Lebenswerk.  Jahre Förderung des guten Films, Berne : Benteli, .

Le cinéma au service de la promotion touristique 

le début des années , de nombreuses voix se font entendre sou- haitant le développement d’une industrie cinématographique suisse. L’étroitesse du marché helvétique les mène à appeler de leurs vœux une production de films à visée internationale. Dès , une publica- tion soutenant le développement d’une production nationale, laRevue suisse du cinéma, interpelle les autorités en les accusant de négliger le

film comme moyen de propagande et en appelle à son usage dans le domaine du tourisme. Se sentant directement mis en cause par ces

articles, les responsables de l’OST se défendent de ne pouvoir faire plus, dans la mesure où leurs statuts les contraignent à mener une action tournée vers l’étranger. Mais, en filigrane, apparaissent aussi des posi-

tions divergentes sur le mode des films convenant à un tel engagement promotionnel. Les films privilégiés par les responsables de la promo- tion touristique s’apparentent en effet au documentaire (films indus- triels, films touristiques, films éducatifs), s’opposant ainsi aux souhaits des rédacteurs de laRevue suisse du cinéma. Ces derniers s’affirment en

effet d’avantage en faveur d’une production de fiction, dans la mesure où, à leurs yeux, un « grand » film de fiction s’adresse à un plus vaste public. Pour soutenir concrètement une telle tentative, laRevue suisse du cinéma lance un concours de scénario qui stipule :

Les principales scènes devront se dérouler sur les bords des lacs Léman, de Thoune, de Brienz, des Quatre-Cantons et dans le Valais, la Gruyère, l’Oberland bernois, Berne, Zurich, l’Engadine et le Tessin. L’auteur du scénario pourra évidemment mettre en relief le côté pittoresque de cer- taines coutumes suisses.

Ce concours fixe explicitement un programme aux films touristiques qui devraient permettre la vision des différentes parties de la Suisse en suivant une trame narrative. Aucun film n’est paru dans les années  qui correspondrait à un tel schéma. Par contre, plusieurs films ont été tournés dans des stations alpines et ont souligné les mœurs locales en insistant sur leur caractère pittoresque. Une part importante sont des

. « Par le Cinéma ferons-nous connaître à l’étranger les sites pittoresques de la Suisse ? »,Revue suisse du cinéma, no,  février , p. - ; Raoul Siegrist, « Cinéma

et tourisme »,Revue suisse du cinéma, no,  octobre , p. -.

. « Propagande par le cinéma », Revue suisse du cinéma, no,  octobre , p.  ; « Propagande par le cinéma », no,  octobre , p. - ; « Notre enquête sur le film

de propagande. L’opinion de M. Blaser, directeur de l’Office suisse du tourisme (succur- sale de Lausanne) »,Revue suisse du cinéma, no, - décembre , p. .

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coproductions. Ces appels en faveur du soutien d’une production de

fiction se répétèrent à plusieurs reprises dans les années  et se tra- duisirent dans les années  par la demande de la création de stu- dios destinés à accueillir des productions d’envergure internationale. Plusieurs voix s’élèveront contre ces propositions, notamment au nom d’une production éducative, donc documentaire, d’autre part en souli- gnant les risques d’échec d’un projet nécessitant de lourds investisse- ments.

La tâche de l’OST a donc constitué dans un premier temps à rassem- bler des films existants et à en assurer la diffusion à l’étranger. Dans unCatalogue de films économiques et industriels suisses établi en ,

l’OST recense environ  titres destinés à la promotion touristique. Sur ces  films, un tiers appartiennent directement à l’OST, le reste étant la propriété des C.F.F. et autres compagnies ferroviaires, d’offices du tourisme locaux ou des producteurs eux-mêmes. Il s’agit avant tout de courts métrages dont la longueur varie entre  et  mètres, seuls quelques titres dépassant les mille mètres.

La plupart des films recensés portent sur une région déterminée (l’Oberland bernois, le Valais, les rives du Léman, etc.), voire sur un lieu plus restreint (Schaffhouse, Leukerbad, etc.). Deux aspects appa- raissent de façon évidente : la prépondérance des sports d’hiver et l’im- portance des déplacements que traduisent les titres commeVon Bern nach Brig mit der Loetschbergbahn (prod. : P. Schmid pour l’OST) qui

suivent un parcours donné la plupart du temps par une ligne ferroviaire, prolongeant l’hypothèse proposée par R. Cosandey suivant laquelle l’iti- néraire emprunté par les films touristiques correspond aux voies de che- min de fer, notamment des trains de montagne. L’aspect pittoresque a

aussi été largement privilégié par ces films comme en atteste la récur-

. Hervé Dumont, Histoire du cinéma suisse. Films de fiction -, Lausanne : Cinémathèque suisse,  ; Rémy Pithon, « Cinema svizzero », in Gian Piero Brunetta (éd.),Storia del cinema mondiale, vol.  : L’Europa. Le cinematografie nazionali, t. ,

Torino : Einaudi, , p. - ; Gianni Haver, P.-E. Jaques, Le spectacle cinémato-

graphique en Suisse (-), Lausanne, Antipodes & Société d’Histoire de la Suisse

romande,  (histoire. ch).

. Thomas Pfister, Der Schweizer Film während des III. Reiches. Filmpolitik und Spiel-

filmproduktion in der Schweiz von bis , Hettiswil : beim Autor, , p. - ;

Thomas Kramer & Dominik Siegrist,Terra. Ein Schweizer Filmkonzern im Dritten Reich,

Zurich : Chronos, , p. - ; Roland Cosandey, « Le cinéma n’a pas d’odeur : “Mon- treux (Suisse) : Hollywood européen” (-) », Revue historique vaudoise, , p. -.

Le cinéma au service de la promotion touristique 

rence des fêtes locales et autres défilés costumés, ainsi que des activités artisanales typiques. Enfin si la prépondérance alpine est évidente, les grandes villes ne sont pas pour autant négligées comme Zurich, Genève, Berne ou Lausanne.

Dans cet ensemble de films figurant au catalogue de l’OST, seuls deux titres proposent une vision d’ensemble de la Suisse. C’est donc avant tout par la représentation des différentes régions de Suisse que l’OST a assuré la promotion du pays à l’étranger. Si des raisons d’ordre éco- nomique expliquent partiellement ce choix, il semble cependant que d’autres éléments ont joué un rôle prépondérant. D’une part, le décou- page proposé par ce catalogue épouse dans une large mesure ceux des principaux guides touristiques qui divisent généralement le pays en un nombre de régions relativement distinctes. D’autre part, ce rassemble- ment de films suivant des entités restreintes correspond certainement mieux à la structure politique du pays envisagée plutôt comme une alliance de cantons autonomes que comme une nation uniforme. La liste de ces films touristiques atteste du fait qu’on a préféré recourir à des représentations régionales, ou locales, plutôt que de susciter des films qui présenteraient une image globale du pays. C’est en fait le cata- logue de films touristiques qui se voit assigner un rôle centralisateur dans la mesure où il permet la combinaison d’aspects variés lors de l’or- ganisation de séances.

Ce souci de s’appuyer sur des éléments locaux se retrouve aussi de façon surprenante dans une série de films commandités à des produc- teurs étrangers. Pour permettre une plus large diffusion des films touris-

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