• Aucun résultat trouvé

UN MODÈLE GÉNÉRIQUE DE L’INTERFACE ORGANISATIONNELLE

1851 100,0%Total Interstice

n° Modalités racines Nbr. PTNbr. % moy max min écart type

1 Interstice 3 1851 76,0% 617,0 1796 23 833,7

2 Limite 9 583 24,0% 64,8 157 10 50,2

12 2434 100,0% 202,8 1801 10 482,5

Total frontière

Tableau 3. 23 : champ lexical de l'interstice et poids des lexèmes

Racines (lexèmes) Nbr. PT % % cumul.

1 entre 1796 97,0% 97,0%

2 inter- 32 1,7% 98,8%

3 milieu* 23 1,2% 100,0%

1851 100,0% Total Interstice

interactions frontalières, si bien que cette zone d’interaction s’autonomise par rapport aux entités en relation et au reste de l’organisation.

Par ailleurs, l’interstice renvoie, dans la littérature, à une conception de la frontière qui fait appel à une approche interactionniste de la frontière, dans laquelle l’accent est mis sur les dynamiques sociales entre entités et sur leur densité Grima (1997)555. Il correspond également à la notion de « zone frontière » développée par Churchod et al. (2007)556 à partir de travaux en géographie sur la

frontière. La zone frontière entre en contradiction avec les « bornes », c’est-à-dire les délimitations formelles instaurées par une autorité. Les auteurs analysent les oscillations des frontières en observant les écarts entre ces deux formes de frontières : les frontières effectives et les frontières formelles et prescrites. Ce dernier type de frontière coïncide précisément à la seconde modalité de la frontière : la limite.

3.1.3.1.2. L

A LIMITE

La frontière-limite, qui représente 24 % de l’expression sur la frontière, est sous-tendue par neuf lexèmes (tableau 3.24). Quatre (44 % des lexèmes) rassemblent 78 % de l’information de la modalité : “ligne*”, “(dé)limit*”, “fin*” et “domaine*”. Les trois premiers sont les plus significatifs, ils sont respectivement contenus dans au moins 20% des phases relatives à la modalité.

La frontière-limite est une notion topologique, elle délimite un espace où s’exerce un pouvoir, un territoire. Elle renvoie à une frontière conçue comme une barrière, une coupure, une protection qui permet de perpétuer un fonctionnement interne, une délimitation entre un dehors et un dedans. Elle rejoint la notion de « bornes », qu’une autorité pose pour créer une nouvelle entité ou modifier le périmètre d’entités existantes (Curchod et al., 2007)557. Cette conception de la frontière,

lorsqu’elle n’est pas associée à la zone-frontière, se retrouve notamment dans la conception classique de l’organisation et dans les approches contractualistes558.

La frontière-limite sera définie comme la délimitation socio-organisationnelle des entités. Elle circonscrit les entités de leur environnement, définit leur degré de liberté et apparaît dans toutes les dimensions phénoménologiques qui font les entités : spatiale, politique, praxéologique, économique, cognitive, temporelle, etc. Cette plasticité de la frontière a notamment été soulignée par Perroux (1975)559.

L’interstice et la limite constituent les deux formes de la frontière. Elles ne s’opposent aucunement, elles interviennent, comme nous le verrons dans la section suivante, dans des activités différentes : une limite pour former le cadre des entités, plastique et mouvant, autour duquel se développe un interstice, c’est-à-dire une zone d’interactions.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

555 Grima F., « Une lecture critique de la remise en cause apparente du concept de frontière », actes de la XVIe conférence

internationale de management stratégique, Association Internationale de Management Stratégique, Montréal, du 06 au 09 juin 1997, 22 p.

556 Curchod C., Rigaud E., Seraidarian F., « Interroger le concept de frontières… », op. cit. 557 Ibid., p. 8.

558 Cf. tableau 1.2. Approches théoriques de l’interface, p. 101. 559 Perroux F., Pouvoir et Économie, Dunod, 1975.

Tableau 3. 24 : champ lexical de la limite et poids des lexèmes

Racines (lexèmes) Nbr. PT % % cumul.

1 ligne* 157 26,9% 26,9% 2 (dé)limite* 120 20,6% 47,5% 3 fin 113 19,4% 66,9% 4 domaine* 65 11,1% 78,0% 5 porte(s) 52 8,9% 87,0% 6 bout 33 5,7% 92,6% 7 mur* 18 3,1% 95,7% 8 front* 15 2,6% 98,3% 9 barrière* 10 1,7% 100,0% 583 100,0% Total Limite

3.1.3.2.

L

A MIGRATION ET SES MODALITÉS

La notion de migration, empruntée à Chazal (2002)560, constitue le corollaire de celles de frontière

et de liaison. Elle signifie simplement le déplacement d’une personne, d’un objet, entre deux ou plusieurs entités. Si le déplacement est continu ou régulier, alors le déplacement fait place au flux. La frontière marque une différence et la différence, comme nous le disions précédemment, appelle généralement des flux régulateurs. Et ces flux, dont le plus cité est le flux d’informations, transitent par des liaisons : les interfaces assurent « des liaisons qui permettent aux formes de transiter

et à des touts de se constituer » (Chazal, 2002)561.

Dans notre base de données, la migration est la propriété de l’interface qui mobilise le moins d’expression : 1 143 phrases, soit 7,4 % de l’expression totale. Ces phrases s’articulent autour de 7 racines lexicales (5 % de l’ensemble des racines). Les principales, “pass*” et “transm*”, concentrent près de 87 % de l’information sur la migration (tableau 3.26).

Le regroupement des sept racines lexicales donne lieu à deux modalités : le franchissement et la transmission (tableau 3.27). La première est la plus significative, avec 67 % de l’expression autour de la migration.

Tableau 3. 27 : modalités de la migration - éléments descriptifs

Les deux modalités font référence à la traversée d’une frontière ; la différence entre elles réside en ce que le franchissement implique également le passage d’un obstacle. En contexte organisationnel, ces obstacles seront plutôt des conditions de passage des frontières, comme le respect de règles et procédures ou le niveau de qualification d’acteurs non membres de l’organisation dans le cadre de recrutements.

3.1.3.2.1. L

E FRANCHISSEMENT

Le franchissement est la modalité de la migration qui contient le plus de phrases, environ deux tiers. Cette modalité est sous-tendue par cinq lexèmes dont les fréquences d’utilisation sont fortement disparates. En effet, le lexème “pass*” (20 % des lexèmes) est contenu, à lui seul, dans 84 % des phrases de la modalité, soit 640 phrases, alors que les lexèmes qui font référence à l’entrée (“entr*”) et à la sortie (“sort*”) rassemblent ensemble plus de 12 % des phrases. Le poids du

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

560 Chasal G., Interfaces. Enquête sur les mondes intermédiaires, Éditions Champ Vallon, Collection milieu, 2002. 561 Ibid., p. 14.

Tableau 3. 26 : champ lexical de la migration et poids des lexèmes

%

Tableau 3. 25 : champ lexical de la migration - nombres-clés

n° Racines (lexèmes) Nbr. de PT % % cumul

1 pass* 640 56,0% 56,0% 2 transm* 349 30,5% 86,5% 3 sort* 71 6,2% 92,7% 4 transf* 32 2,8% 95,5% 5 entr* 21 1,8% 97,4% 6 travers* 20 1,7% 99,1% 7 contourn* 10 0,9% 100,0% 1143 100,0% Total

Modalités racines Nbr. PTNbr. % moy max min écart type

1 Franchissement 5 762 66,7% 152,4 640 10 244,7

2 Transmission 2 381 33,3% 190,5 349 32 158,5

7 1143 33,3% 163,3 640 10 224,0

lexème “pass“ est néanmoins à nuancer puisqu’il intervient fréquemment pour signifier l’idée de perte de temps, ce dont nous avons tenu compte dans l’interprétation des résultats.

Le franchissement désigne le fait de passer, avec effort, au-delà d’un obstacle ou de quelque chose qui constitue une limite562.

Le franchissement formel de la frontière est généralement organisé, par des règles et procédures, la mise en place de circuits d’information, des validations hiérarchiques, etc.,

et ce, pour deux motifs principaux, souvent complémentaires : d’une part pour adapter la forme qui traverse la frontière à l’entité qui la reçoit, comme un produit pour un client ou une information pour la direction, d’autre part pour contrôler les flux, comme la qualité des produits livrés par un fournisseur.

Le franchissement de la frontière est une des fonctions des acteurs situés à l’interface, ces derniers étant parfois qualifiés dans la littérature de « garde-barrière ». Cette fonction est généralement considérée comme une source de pouvoir (Grima, 1997)563, comme le font Crozier et Friedberg

(1977)564 avec l’acteur dit « marginal sécant », qui articule à son avantage les relations des différents

groupes entre lesquels il gère les frontières et d’où il tire des informations dont les autres acteurs n’ont pas connaissance. L'analyse des réseaux sociaux de Burt (1992)565 montre, d’ailleurs, que le

titulaire d'un rôle d'interface bénéficie de l'absence d'alter ego dans l'organisation.

3.1.3.2.2. L

A TRANSMISSION

La transmission implique également le passage d’une frontière mais ne souligne ni le passage d’un obstacle, ni l’effort qu’entraîne ce dernier. Elle est plus neutre de ce point de vue.

Elle cible simplement l’action de faire parvenir quelque chose à quelqu’un ou d’un lieu à un autre566. Cette différence est d’importance puisque, comme nous le verrons, le franchissement et la

transmission interviennent dans des activités d’interface distinctes. La modalité, qui représente 33 % de l’expression

autour de la migration, avec 381 phrases, est évoquée par les acteurs à travers seulement deux lexèmes : “transm*” et “transf*”. Le premier rassemble près de 92 % des phrases relatives à la transmission (tableau 3.29).

Cette modalité concerne essentiellement l’information et, plus globalement, les systèmes d’information. Cette transmission est d’ailleurs considérée par Le Moigne (1993)567 comme l’un des

éléments du système d’information d’un système-organisation, aux côtés de la computation et de

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

562 Le Trésor de la Langue Française Informatisé, http://atilf.fr/tlf.htm.

563 Grima F., « Une lecture critique de la remise en cause apparente du concept de frontière », XVIème Congrès de

l’Association Internationale de Management Stratégique, Montréal, du 06 au 09 juin 1997, 22 p.

564 Crozier M., Friedberg E., L’acteur et le système, op. cit.

565 Burt R.S., Toward a structural theory of action, Academic press, New-York, 1992, cité par Grima F., « Activités frontalières

aux frontières internes et externes de l’organisation : le cas des responsables de la formation continue en entreprise », Revue Sciences de Gestion, n° 38, 2003.

566 Le Trésor de la Langue Française Informatisé, http://atilf.fr/tlf.htm 567 Le Moigne J.L., La modélisation des systèmes complexes, Dunod, 1993.

Tableau 3. 28 : champ lexical du franchissement et poids des lexèmes

Tableau 3. 29 : champ lexical de la transmission et poids des lexèmes

Racines (lexèmes) Nbr. PT % % cumul.

1 pass* 640 84,0% 84,0% 2 sort* 71 9,3% 93,3% 3 travers* 20 2,6% 95,9% 4 entr* 21 2,8% 98,7% 5 contourn* 10 1,3% 100,0% 762 100,0% Total Franchissement

Racines (lexèmes) Nbr. PT % % cumul.

1 transm* 349 91,6% 91,6% 2 transf* 32 8,4% 100,0%

381 100,0%