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Thierry PIANETTI, CA Gard, Spécialiste grandes cultures et prairies

28/06/2011

A.17.1 Expériences d’inondations

– Septembre 2002, crue du Gardon : gros orage localisé à l’origine de ruissellement et d’excès d’eau. Cultures d’hiver pas encore implantées. Maïs encore sur pieds.

– Novembre 2003 et décembre 2005, brèche dans la voie navigable au sud du département : pluie modérée entraînant débordement et eau stagnante. Cultures d’hiver juste implantées, peu de dégâts au sol.

Des grandes cultures et des prairies ont été touchées lors des 3 événements.

Pour les grandes cultures : 2002 cultures non implantées ou 2003 et 2005 juste implantées donc champs remis en état et ressemés soit avec la même culture si travaux faits rapidement soit semis décalé en été. En 2002, les dégâts ont principalement été des pertes de fonds importantes pour les ex- ploitations touchées avec du courant (érosion des sols et matériel), sinon semis classique en octobre.

A.17.2 Grandes cultures Cycles culturaux

– Cultures d’hiver semées de septembre à Novembre, récolte en juin-juillet. – Cultures d’été semées en mai. Maïs récolté en octobre-novembre.

= 2 périodes principales de risque : automne et début printemps (avril, mai)

Pertes de rendement Céréales d’hiver

Stade maturité L’épi ne tolère pas d’être submergé, quelques pluies peuvent suffire à faire ger-

mer les grains.

Exemple du riz : si les pieds trempent plusieurs jours, lors des opérations après récolte (pour passer du paddy au riz blanc), on pourra obtenir 50% de déchets au lieu de 15-20%.

– Vitesse/courant. Si culture couchée, récolte perdue car développement de moisissures et même s’il était possible de récolter avec la moissonneuse-batteuse, ça n’est pas envisageable pour la qualité (risque sanitaire).

– Hauteur. Si l’épi ne trempe pas, attente que l’eau se retire puis on poursuit (moisson de 100%). Si épi trempe, perte de 100% même si 1 jour (orge germe facilement).

– Durée. Pas de problème d’asphyxie racinaire car plante a fini son cycle. À ce stade les pertes sont visibles presque immédiatement.

Stade semis à levée

– Vitesse/courant. Si peu de courant la culture reste en place. Le risque vient surtout de l’érosion et donc du mode de travail du sol plutôt que de l’enracinement. S’il y a du courant qui décape la terre, les plantes partent aussi.

– Durée/hauteur. Entre semis et levée, gradient de sensibilité en décroissant. Si abat d’eau juste après semis, grain pourris immédiatement (même si temps humide sans inondation : mauvais ressuyage de la parcelle). À levée (stade gaine-1 feuille), tolérance 1-2 jours si sol gorgé d’eau, 0 jour si plante sous l’eau.

Levée à 3 feuilles

– Vitesse/courant. Idem précédent. – Hauteur. Idem précédent.

– Durée/hauteur. À 2 feuilles, tolérance 1 semaine avec sol gorgé d’eau et 1 journée sous l’eau, avec un gradient entre les 2.

Si la culture n’est pas entièrement détruite lors d’une inondation entre levée et 3 feuilles, les pertes peuvent commencer à être estimées au stade 3 feuilles (début décembre) car avant la plante continue sa croissance sur ses réserves avant de régresser (à moins qu’elle ait déjà pourrie)

3 feuilles

– Vitesse/courant. Idem précédent. – Hauteur. Idem précédent.

– Durée. Plantule de céréales avec 3 feuilles peut rester sous l’eau 3-4 jours avec 0 perte, au bout d’1 semaine toute la culture est perdue. Entre les deux, les pertes sont graduelles.

Si inondation à 3 feuilles, 15 jours suffisent pour observer les écarts entre plantes perdues ou non.

Avant semis S’il n’est plus possible d’attendre pour semer et que la terre n’est pas encore com-

plètement ressuyée, le semis peut se faire dans une terre humide dans une certaine limite. Après le 1erdécembre, le rendement diminue dans la zone de l’arc méditerranéen, après le 1ernovembre pour le nord du Gard. La PAC n’impose pas de limite, après cette date pas la peine de semer du blé dur par exemple (notion de rendement seuil, à partir duquel les charges de production ne sont pas couvertes par le produit de la récolte).

Remarques

– Pertes dépendent aussi du temps suivant l’épisode pluvieux ou l’inondation. Temps sec favorise la reprise.

– Classement des cultures selon leur tolérance aux aléas climatiques (dont pluies et inondations), de la moins tolérante à la plus tolérante : blé dur, blé tendre, orge.

Céréales de printemps et d’été Stade maturité

– Vitesse/courant. Si la culture est couchée, la récolte est perdue. En dessous, pas de problème. – Hauteur. Si l’épi ne trempe pas, attente que l’eau se retire puis on poursuit (moisson de 100%).

Si l’épi trempe, maïs résiste mieux que céréales d’hiver, le grain sèche facilement (2 jours max sous l’eau, après perte de 100%).

– Durée. Pas de problème d’asphyxie car culture a fini son cycle. Maïs risque de développer des mycotoxines = dégradation de la qualité même si récolte possible = surcoût pour traiter après.

Autres stades Pour les autres stades, la sensibilité aux inondations est similaire à celle des cé-

Ressemis ou réimplantation d’une culture Pour les céréales d’hiver

– Pour une inondation ou un épisode pluvieux en automne ou hiver, l’agriculteur attendra jus- qu’au 15 décembre pour décider ce qu’il fait :

– Si les pertes sont partielles (30-40%), il y a généralement une fenêtre de temps sec en dé- cembre lui permettant d’effectuer un pétassage ou un ressemis et de poursuivre la culture. – Si les pertes sont trop importantes (> 40%) ou qu’il y a trop de travaux à faire, il attendra

février pour prendre sa décision (reprise de végétation) : semis d’une nouvelle culture ou gel. L’agriculteur peut également effectuer un pétassage en décembre et changer d’avis en février pour mettre une nouvelle culture.

– Pour un épisode pluvieux après le mois de mai, il n’y a plus guère de temps de repréparer les sols et de semer une culture d’été : les pertes sont donc de 100%.

Il y a tout de même une grande élasticité pour ressemer tant qu’il n’y a pas de dégât au sol. Ex : agriculteur à Quissac ayant semé du colza fin août qui n’a pas levé à cause de la sécheresse, a ressemé du blé en octobre mais il a estimé qu’il n’allait pas être rentable non plus car beaucoup de pluie (trop de mouillères), il a rechangé pour du tournesol au printemps.

Lorsque l’agriculteur décide de changer de culture, son objectif est d’atteindre une balance à 0, c’est-à-dire que la récolte couvre les frais de mise en culture engagée des 2 cultures. S’il n’y a pas de récolte, les charges engagées correspondront à une perte sèche. L’agriculteur peut également faire une nouvelle culture au printemps uniquement pour toucher les aides de la PAC.

Critères de décision pour implanter une nouvelle culture Dans l’ordre, les critères de décision

pour implanter une nouvelle culture (après du blé dur par exemple) sont les suivants :

– pourcentage de l’exploitation touché et surface à remettre en culture : pour installer une nou- velle culture, il faut que la surface disponible soit suffisamment grande pour valoir le coup ; – charges déjà engagées : si les charges engagées sont déjà importantes (semences certifiées par

exemple) mais que les pertes sont trop grandes pour poursuivre, l’agriculteur ne voudra pas se risquer à perdre plus et préférera mettre en gel ;

– qualité de la terre (séchante ou avec une bonne réserve d’eau/une possibilité d’irriguer) : si la terre est bonne ou pourra installer du tournesol, sinon une culture de printemps (pois chiche ou pois de printemps) ;

– débouché potentiel pour la nouvelle culture (marche déjà existant, coopérative à proximité) ; – assolement du reste de l’exploitation : beaucoup d’exploitations sont en polyculture, il est peu

probable que la culture choisie ne soit pas dans l’assolement habituel (on pourra installer une culture dont il reste des semences par exemple).

Exemple : Pour un blé dur, les charges déjà engagées pour l’installation de la culture sont d’envi- ron 350€. Le rendement de rentabilité à atteindre pour un blé dur est de 25 qx (prix bas) ou en dessous de 20 qx (prix hauts). Le pois chiche ou le tournesol peuvent rapporter de 0 à 300€ de MB (20qx en moyenne sur le Gard). Si la terre n’est pas très bonne : au delà de 30%, l’agriculteur choisira un gel (décision difficile à prendre car souvent les pertes sont diffuses). Si la terre est bonne (réserve en eau suffisante) : au-delà de 10 à 20% de perte de rendement prévu (moins de 30 qx) on bascule sur du tournesol.

Modification de l’itinéraire technique de la nouvelle culture L’ITK de la nouvelle culture n’est pas

exactement identique à celui réalisé s’il n’y avait rien eu avant : pas de labour à refaire mais seulement un travail de surface (désherbage + travaux surface ou juste travaux surface), pas d’engrais de fond à

apporter de nouveau sur la parcelle mais seulement un amendement léger. Il n’y aura a priori pas d’opération en plus à réaliser s’il n’y a pas eu de dégât à la structure du sol.

Variation de charges

Pas de variation de charges car la surface à exploiter ne change pas (traitements, moissonneuse- batteuse). La PAC impose également de poursuivre l’itinéraire technique correctement (pas de mau- vaise herbe notamment).

Si l’agriculteur choisi de conserver la culture en place sans ressemis car les charges déjà enga- gées sont importantes, il pourra porter une attention plus grande aux tâches à réaliser pour tenter d’atteindre une balance à 0 à la fin.

Conséquences sur la qualité

Avant maturité : pas de conséquence sur la qualité du grain car les maladies fongiques pouvant apparaître font soit perdre du rendement ou des plants, soit les traitements habituels permettent de neutraliser.

À maturité : l’inondation peut causer la germination ou une baisse de qualité. Le grain peut être vendu mais rapidement et sa qualité est moins bonne (grain vitreux), le prix est donc inférieur. La production peut également être hors norme. Les baisses peuvent être d’environ 20€/t de moins (si plus de 40% de mitadin par exemple). Pour 40 qx/ha cela représente 100€/ha. Pour l’exprimer en pourcentage, cela dépend du niveau du prix cette année là (entre 110 et 300€/t environ).

Dégâts au sol

S’il y a des dégâts au sol relativement importants, l’agriculteur peut perdre 1 année de culture du fait du temps de travaux pour enlever les déchets, remettre en état, rapporter du sol, ou s’il ne dispose pas d’une trésorerie suffisante pour effectuer ces travaux la 1èreannée.

Érosion Les dégâts au sol par érosion dépendent, dans l’ordre :

– de la vitesse de courant ;

– du mode de travail du sol : si le sol a été travaillé finement, la hauteur travaillée sera entraînée vite, s’il y a eu un labour il faudra une vitesse un peu supérieure (les mottes doivent se gorger d’eau avant d’être entraînées), et encore plus s’il y a seulement eu un décompactage. Si le sol n’a pas été travaillé (semis direct), par exemple avec du blé au stade 3 feuilles (enracinement limité), le sol ne partira pas.

– de l’enracinement des plantes.

On peut définir plusieurs niveaux d’érosion, avec des temps d’opérations de remise en état liées : – Érosion de la couche superficielle (10 cm) sur la parcelle : 2 h/ha de travail du sol avec un outil

à disque, que l’agriculteur peut réaliser lui-même.

– Érosion localisée sur 20 cm sur une seule raie par exemple (labour) si sur une seule raie : 2-3 h/ha de labour par l’agriculteur lui-même.

– Érosion importante formant plusieurs ravines de 2-3 m avec un volume de terre perdue im- portant : 2-3 h/ha de travaux la 1èreannée pour aplanir un peu et pouvoir semer, puis l’année suivante apport de terre en quantité (soit récupérer la terre qui a été entraînée si elle est en bout de parcelle, soit en acheter) nécessitant plusieurs trajets de tractopelle : 1 camion = 30 min pour 6 m3. Si ravine de 100 m sur 10 m = 200 m3 = 30 camions = 2-3 jours au moins de chantier (1

S’il n’y a pas le temps ou l’argent disponible pour remettre en état les parcelles avant le semis, les parcelles peuvent être semées partiellement (là où il n’y a pas de ravine) et les travaux seront effectués l’année suivante. En 2002, certaines parcelles ont attendues 2 ans avant d’être ressemées (pas d’aide calamité agricole si les dégâts sont supérieurs à la valeur foncière).

Le principal facteur limitant à la réalisation des travaux sera la disponibilité sur l’exploitation ou à l’extérieur de l’équipement nécessaire.

S’il y a érosion, les plantes situées sur les zones touchées sont perdues.

Perte de matière organique S’il y a érosion de la couche superficielle, la terre mis à jour en dessous

est généralement plus minérale et nécessite donc un apport de MO étalé sur plusieurs années (2-3 ans) si l’agriculteur a les moyens ou s’il ne les a pas une mise en prairie qui restaurera un taux de MO plus satisfaisant au bout de 5 ans.

Si l’eau a stagné sans érosion, elle apporte généralement des alluvions (limoneuses) intégrées dans le sol lors des travaux, qui ne perturbe pas la poursuite de l’ITK.

Débris On peut définir plusieurs niveaux de dégâts pour les débris selon la nature et la taille des

déchets :

– Dépôt de pailles et résidus de cultures : pas gênant pour poursuivre la culture, s’il les quantités apportées n’écrasent pas la culture en place.

– Apport de branches ou de petits arbres en nombre limité : il faudra attendre que la terre sèche pour pouvoir entrer dans la parcelle sans faire de dégât autour (vers février) et enlever les branches (après tronçonnage éventuellement) = 1 jour pour tronçonner et sortir.

– Apport d’arbres, d’embâcles, de cailloux : culture probablement recouverte donc difficile de poursuivre ou de semer = 3-4 jours pour tout pousser ou plus si embâcles dispersés.

Pollution Le risque peut exister (cuve de carburant par exemple) mais M. PIANETTI n’en n’a jamais

eu d’exemple.

Le problème d’apport par l’eau de graines de plantes envahissantes est par contre plus vraisem- blable, et nécessiterait des traitements herbicides supplémentaires à effectuer.

Commentaires sur les courbes d’endommagement CA30 OK :

– Pour le blé, la sensibilité décroit du semis au tallage, puis au printemps lors du redémarrage sensibilité redevient forte (après montaison, normal que le seuil soit inférieur) + sensibilité au couchage avec courant.

– Courbes de sensibilité idem pour culture d’été.

– Culture d’été, pas le stade de repos végétatif donc une phase de moins.

Corrections :

– Pour v+/-, ça n’est pas pris en compte mais la nature du travail des sols intervient.

– Ajouter un stade Épiaison avec hauteur qui intervient : épi trempe ou non. Culture d’hiver plus sensible si l’épi trempe à la germination que les cultures d’été.

A.17.3 Prairies Pertes de rendement

– Hauteur. Pas d’influence.

– Durée. Pendant l’hiver, prairie de graminée tolère jusqu’à 1 semaine sous l’eau (idem céréales d’hiver), au-delà tout est perdu. Légumineuses beaucoup plus sensibles : 2-3 jours seulement. Au printemps, idem céréales en montaison : tolérance assez faible pour les graminées et les légumineuses.

Problème surtout si destruction de la prairie et que l’exploitant ne peut pas ressemer de suite = perte de 2 ans au lieu d’1 (car la 1èreannée, la prairie donne moins de toute façon).

Réimplantation

Si stagnation d’eau sans ressemis, risque que la flore naturelle reprenne le dessus. Elle est souvent moins intéressante pour les bêtes. Donc on considérera souvent un ressemis par-dessus la prairie touchée.

Variation de charges

Pas de variation de charge.

Conséquences sur la qualité

Si inondation sur luzerne en mai juste avant la fauche, les plantes sont couchées ce qui retarde la fauche. Le foin devient alors un peu trop mur, et sa qualité est moindre (voire pourri). S’il destiné à de l’autoconsommation et pour de la viande, pas besoin de complément. S’il est destiné pour des ani- maux pour le lait (brebis AOC) : des compléments seront nécessaires (autres cultures de l’exploitation par exemple).

Dégât au sol

Érosion Il n’y a pas de risque d’érosion sur une prairie déjà implantée, même avec du courant. Débris Si cailloux ou embâcles importants déposés dans la prairie, la fauche n’est plus possible et il

faut réimplanter la prairie en entier. On ne peut pas envisager de fauche partielle de la parcelle. Si petits débris, peut poser des problèmes. Ex : petit débordement, l’exploitant ne fait rien et au moment de la fauche la machine prend un bidon ou un plastique. Embêtant si le foin est vendu.

Perte de fonds

Difficile de considérer les prairies comme les cultures pérennes car pas vraiment de valeur de fonds. Mais un peu à mi-chemin quand même. . . ( ?)

Remarques

Pour les prairies : prévoir plusieurs parcelles dont certaines non inondables. Pour les animaux : prévoir des zones de retrait.

A.17.4 Contacts

Conseil d’aller voir dans à la CA Aude, son homologue Jean-Michel GILLOT. Plusieurs inondations du côté de Narbonne.

A.18 Jérôme POULARD, Coopérative UniRé, et Thierry MASSIAS, conseiller

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