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Alexandre LARRUHAT, CA Var, Conseiller élevages laitiers

12/10/2011 A. LARRUHAT est conseiller élevage, et plus particulièrement en charge des élevages

laitiers caprins, ovins et bovins.

A.13.1 Inondations de juin 2010

Dès le 16 juin, la préfecture a contacté la Chambre d’Agriculture pour avoir un recensement des éleveurs sinistrés, une estimation des animaux perdus, les risques sanitaires encourus, et la localisa- tion des troupeaux au jour de l’inondation.

56 élevages ont déclaré un sinistre (bâtiments, stocks, clôtures, animaux ou habitation). Plusieurs types d’élevage ont été touchés : ovins et équins surtout, caprins (2 élevages) , volailles.

Après le retrait des eaux, la priorité a été d’enlever les cadavres d’animaux morts pour des raisons sanitaires. La chambre a aidé en travaillant en partenariat avec les services vétérinaires et l’équarris- sage. Ce travail a été long car souvent les brebis étaient peu accessibles (dans des arbres par exemple). Après l’inondation, le risque d’abandon est fort : sur 56 éleveurs, 15 ont abandonné leur activité.

A.13.2 Exposition des animaux Localisation des animaux

A la date de l’inondation, il y avait déjà quelques troupeaux en transhumance mais la plupart des transhumants étaient en préparation au départ. Le départ en transhumance se fait habituellement vers le 15 juin. Du fait des conditions climatiques habituelles durant ce mois, les éleveurs parquent les brebis dans les endroits les plus frais et les moins secs (près des cours d’eau).

Tous les troupeaux sédentaires (dont les laitiers) étaient également présents.

La chambre du Var possède un atlas des zones pâturées avec les éleveurs les utilisant et les dates auxquelles ils les utilisent. Cet atlas date de 1996 et est en cours d’actualisation. La présence sur le terrain des conseillers élevage a permis de tisser une relation de confiance avec les éleveurs du dépar- tement. Il n’a pas été très compliqué de recenser les troupeaux touchés grâce à ce réseau de relations. Pour les brebis, les dommages ont été très différents entre les élevages laitiers et les autres. Pour les laitiers, les troupeaux sont à proximité de l’exploitation et l’éleveur est présent, les dégâts ont donc été moindres que lorsque les brebis étaient en prairie parfois proches des cours d’eau.

Possibilité d’évacuation

Pour les élevages laitiers, l’éleveur présent a généralement mis le troupeau sur le quai de traite en hauteur. Le temps pour réagir a été tout juste suffisant. Sur les parcours, les éleveurs ont tenté de faire évacuer les bêtes vers les points hauts. Le temps pour réagir a été très court notamment pour les prairies en bord de cours d’eau (quelques heures dans l’après-midi). Exemple d’un agriculteur dont le troupeau était au fond d’un vallon, il a été impossible d’intervenir.

Les brebis ne nagent pas. Les chèvres non plus. Les chevaux peuvent nager un peu. Les volailles ne peuvent pas nager et leur évacuation est généralement impossible. Quoi qu’il en soit, de nombreux témoignages indiquent que les inondations se sont traduites par plusieurs vagues de plus de 2 m de haut dans les cours d’eau, qui ont tout arraché sur leur passage.

Lorsqu’il faut procéder à une évacuation, tout se fait dans l’urgence, il n’y a donc pas de bêtes prioritaires.

A.13.3 Dommages aux animaux Morts d’animaux

Les dommages ont été très hétérogènes d’une exploitation à l’autre : de quelques brebis perdues (1 ou 2) à 1000 sur un seul troupeau par exemple.

La vitesse du courant (débit et vitesse de montée des eaux) a été le paramètre principal qui a causé la mort d’animaux. La température de l’eau, le type de sol (formation de vase ou non), la présence d’obstacles (clôtures, arbres. . . ) et la hauteur d’eau ont également influé.

Autres conséquences sur les animaux

Il n’y a pas eu de blessure ou de problème sanitaire immédiat sur les troupeaux du fait de l’inon- dation.

L’inondation a certainement eu des impacts non estimés en termes de stress, avec des consé- quences sur la production laitière en année n. Pas de conséquence l’année suivante ni sur la quantité ni sur la qualité du lait (pas de répercussion sur la transformation fromagère).

Il peut y avoir des répercussions sur les animaux en viande du fait que certains agneaux ont perdu leur mère, que ce sont parfois les meilleures prairies qui ont été touchées, et que la qualité du foin a changé (foin de remplacement). Certains éleveurs, notamment dans la plaine de Roquebrune sur Argens, soupçonnent une pollution des prairies dans le mois qui a suivi l’inondation : ils attribuent la mort d’agneaux à une pollution du foin récolté dans les zones inondées (par une listéria ou des hydrocarbures ?), mais aucune donnée objective ne permet de confirmer ces hypothèses.

Remplacement des animaux

Selon leur trésorerie, les éleveurs ont pu reconstituer leur cheptel plus ou moins rapidement. Gé- néralement les éleveurs ont racheté le même nombre d’agnelles que de brebis perdues sauf quand leur outil de production était endommagé (bâtiment, prairies).

Toutefois, la sélection génétique qu’ils avaient opérée pendant plusieurs années est perdue. Pour les éleveurs très motivés, il faut compter au moins 10 ans avant de retrouver un troupeau équivalent à leur troupeau initial.

Les aides PAC dépendent du chargement en brebis à l’hectare et représentent environ 60% des re- venus pour les éleveurs. Les éleveurs ont donc racheté autant que possible des animaux lorsqu’ils ont subi des pertes. Les rachats ont parfois été étalés ou certains éleveurs conserveront plus d’animaux de renouvellement mais sur plusieurs années (notamment lorsqu’ils n’ont pas été indemnisés).

Pour les chevaux, les éleveurs attendent que les bâtiments soient réparés.

A.13.4 Contrainte de localisation des troupeaux Prairies

Il a pu y avoir de l’eau pendant 15 jours sur certaines prairies. Les éleveurs ovins disposaient d’autres prairies qui n’avaient pas été inondées pour mettre leurs troupeaux en attendant le départ en estive.

Certaines prairies étaient situées en bord de cours d’eau. Avec les inondations, elles ont parfois été partiellement emportées par le courant (perte de foncier), par exemple une bande de 10 m sur 300 m de longueur. Les éleveurs n’ont pas racheté de foncier pour compenser (nous sommes dans le Var, le foncier agricole est très rare et cher). La perte est embêtante car ces prairies étaient intéressantes :

Beaucoup de débris se sont déposés dans les prairies (débris végétaux, ferrailles, etc.). Le temps passé pour déblayer les prairies a été fonction de l’accessibilité du terrain et de la disponibilité du matériel.

Bâtiments

Ce sont les bâtiments les plus fragiles qui ont été endommagés : box pour chevaux, poulaillers, petits bâtiments. En brebis, peu de bâtiments ont été touchés. En chevaux, lorsque les box ont été détruits, les chevaux ont été mis en pension dans d’autres écuries en attendant que les travaux soient réalisés. En volailles, une salle de conditionnement des œufs a été touchée mais l’agriculteur disposait d’une 2nde salle.

A.13.5 Contraintes d’alimentation Dommages aux stocks

Les stocks de foin de certains élevages laitiers ont été touchés. L’eau a généralement touché le bas des stocks mais l’eau est remontée par capillarité. Lorsque le foin a été mouillé, il a fallu laisser sécher le sol avant de pouvoir restocker du foin.

Les troupeaux transhumants sont partis peu de temps après l’inondation et pour les autres éle- vages, les stocks de foin ont été reconstitués assez rapidement, notamment grâce à la solidarité na- tionale.

Les éleveurs n’ont pas eu à modifier les rations des animaux du fait d’un manque de foin.

Prairies

Les prairies inondées n’ont pas été utilisées l’année dernière, elles n’étaient pas encore produc- tives cette année. Elles ont soit été ressemées, soit laissées se régénérer seules, soit abandonnées.

A.13.6 Dommages au matériel

Du petit matériel a été endommagé, ainsi que des voitures. Les éleveurs ont dû les remplacer. Aucune fromagerie et aucune machine à traire n’a été touchée.

Les abreuvoirs ont peut-être pu être pollués parfois mais cela était difficilement observable et aucun effet visible n’a été observé.

Le nettoyage et le remplacement des clôtures lorsque cela était nécessaire a pris environ 2-3 jours de travail.

Les éleveurs inondés ont également perdu leurs données administratives parfois irremplaçables : registre d’élevage, factures d’achat ou de vente, données comptables,. . .

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