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5.4.1 Récapitulatif des étapes

Le « mode d’emploi » de la méthodologie de construction de fonctions de dommage est décrit dans la section précédente à travers l’illustration de la construction des fonctions de dommage na- tionales pour la typologie du RPG. La marche à suivre pour la construction de fonctions de dommage adaptées à un territoire et quelque soit les données d’occupation du sol utilisées, est récapitulée ici.

Tout d’abord les données d’entrée du modèle doivent être définies :

– Les données doivent être mises à jour pour utiliser des données récentes et adaptées à la zone d’étude. Il s’agit de collecter les superficies de cultures, les rendements, les prix de vente, les charges et les calendriers. Les sources de données possibles sont décrites dans les paragraphes précédents.

– La table de correspondance entre la typologie d’occupation du sol (RPG ou autre plus précis) et la typologie des données agro-économiques (SAA ou autre) doit être construites. Si plusieurs sources de données avec des typologies différentes sont utilisées, plusieurs tables de corres- pondance doivent être construites.

– Enfin, les classes de paramètres d’aléa (hauteur d’eau, durée d’inondation et périodes de sur- venue) doivent être définies en fonction des sorties du modèle hydraulique.

Ces données peuvent alors être intégrées au modèle. Le modèle floodam a été construit pour fonctionner avec le logiciel R. Tous les scripts et toutes les données de base nécessaire au calcul des fonctions de dommage sont disponibles sur demande auprès d’IRSTEA. Ils seront accompagnés d’une guide simplifié pour la prise en main du modèle.

Le modèle permet ensuite la création automatisée de tableaux constituant les fonctions de dom- mage. Ces fonctions peuvent alors être utilisées pour la réalisation d’une ACB.

Dans le cas où de nouvelles fonctions d’endommagement seraient créées localement pour les be- soins d’une étude, il est demandé aux porteurs de l’étude de fournir la description de ces fonctions au

Ministère en charge de l’environnement pour une étape préliminaire de validation. Si les auteurs l’au- torisent, ces fonctions pourront ensuite être intégrées au modèle global afin que les autres territoires puissent également les utiliser.

5.4.2 Évolutions à venir du modèle floodam

Comme annoncé dans l’introduction de ce rapport, la méthodologie présentée n’est pas totale- ment finalisée.

Tout d’abord, les fonctions d’endommagement de certaines cultures manquent. Elles pourront être ajoutées au fur et à mesure de la réalisation d’études dans le cadre desquelles elles auront été créées, ou selon les travaux menées par l’équipe à l’origine de cette méthodologie.

Les fonctions d’endommagement pour le matériel n’étant pas abouties, des fonctions de dom- mage prêtes à l’emploi pour les bâtiments agricoles n’ont pas pu être construites. Ce travail pourra être entrepris prochainement par l’équipe ayant produit cette méthodologie. Mais un certains nombre de données non disponibles à l’échelle nationale bloquent également l’avancement de cette tâche. L’ajout de ces fonctions devrait toutefois avoir lieu dans la prochaine édition de cette méthodologie.

Enfin, idéalement, pour consolider la méthodologie d’évaluation des dommages des inondations sur les activités agricoles, une phase de validation des fonctions avec des retours d’expérience d’inon- dations devrait être envisagée. Il serait ainsi intéressant de comparer les résultats du modèle avec les dommages réellement subis par les agriculteurs. Toutefois, ce travail est difficile à entreprendre du fait de la quantité de travail que cela représenterait, à la fois en termes de calcul des fonctions de dommage adaptées à chaque territoire étudié, et en termes de collecte des données de retour d’ex- périence. Finalement, on notera que, étant donné que cette méthodologie vise principalement à être utilisée dans des ACB permettant la comparaison de projets entre eux, plutôt qu’à servir d’outil pour le calcul de dommages en tant que tels, le manque de cette étape de validation n’est pas bloquant.

Troisième partie

Annexe A

Entretiens individuels avec les experts

A.1 Eric ALLARD, Chambre d’Agriculture de Hautes-Alpes, Spécialiste ar-

boriculture

22/02/2012

A.1.1 Expériences d’inondations

La dernière crue importante de la Durance a eu lieu en mai 2008. Suite à une fonte des neiges accélérée par le vent, le niveau de la retenue du barrage de Serre-Ponçon s’est élevé rapidement, dépassant le niveau d’alerte. EDF a donc procédé à un lâcher d’eau exceptionnel à partir du 27 mai (900 m3/s). Le débit dans le canal de la Durance étant limité (200 m3/s), le débit excédentaire a été dirigé dans la Durance, qui par endroit a vu son débit passer de 10 m3/s à presque 800 m3/s. La crue a atteint son maximum le 30 mai et les lâchers ont continué ensuite pendant une dizaine de jours en diminuant progressivement.

100 ha de vergers ont été inondés, principalement des pommiers (variété Golden majoritaire- ment) et un peu de poiriers (variétés Louisebonne et Williams). Selon la localisation des parcelles par rapport au lit de la Durance, l’inondation a pu se faire avec un fort courant, des hauteurs d’eau allant jusqu’à 2 m, et pendant une dizaine de jours (hors temps de ressuyage).

Des dégâts ont été causés sur des surfaces agricoles (vergers, céréales, un peu de maraîchage), et également sur des infrastructures (aménagements de lacs touristiques, stations d’épuration, etc.).

L’inondation précédente datait de 2003. Les conditions étaient globalement les mêmes mais l’am- pleur de l’inondation était moindre.

A.1.2 Pertes de matériel végétal

Arrachage Sur les 100 ha de vergers inondés, 20 ha ont disparu. Généralement, ils ont été ar-

rachés par le courant (avec plus d’1m50 d’eau par endroit), ou les parcelles ont été partiellement arrachées (sur les bords du lit), ou les quantités de limons, débris végétaux et cailloux déposés était trop importantes pour poursuivre (jusqu’à 30 cm). Lorsque le courant était fort, tout a été arraché : arbres, palissage, filets.

Asphyxie racinaire Les poiriers sont plus sensibles que les pommiers à l’asphyxie racinaire. Ceci

Les dépérissements d’arbres (poiriers surtout) du fait de l’asphyxie racinaire n’ont pu être obser- vés qu’au printemps suivant car les arbres ont redémarré sur leurs réserves. Même plusieurs années après l’inondation, des dépérissement sont observés, certainement dus à un affaiblissement suite l’inondation.

Les pommiers ont globalement bien résisté à l’asphyxie racinaire.

La hauteur d’eau n’influence pas le risque d’asphyxie. M. ALLARD n’a pas d’idée précise sur la durée à partir de laquelle il y a des effets de l’asphyxie racinaire.

Replantation Certains agriculteurs ont replanté leur verger, parfois en remplaçant les poiriers

par des pommiers, plus résistants. Lorsque les parcelles avaient été partiellement arrachées, les agri- culteurs ont généralement abandonné ces terres, voire leur activité.

Le délai d’entrée en production pour les pommiers est de 3-4 ans, 5-6 ans pour les poiriers.

A.1.3 Pertes de rendement

L’année même les poires n’ont pas pu être récoltées car elles avaient dépéri du fait des effets de l’asphyxie ou du fait du développement de phytophthora (champignon se développant avec l’humi- dité).

Les pertes de rendement sur les pommiers ont été relativement faibles, mais 2 types d’effets prin- cipaux ont été causés par l’inondation :

– lorsque la hauteur d’eau était importante, les pommes, déjà présentes avec un diamètre de 4 cm environ, ont été salies par les limons ;

– au moment de la récolte en septembre, les arboriculteurs ont pu constater que les fruits avaient un calibre plus petit qu’habituellement du fait du stress subi.

Le tonnage produit était légèrement inférieur du fait de la perte de calibre. Normalement les fruits ont un calibre de 80-85 vendu 80 cts/kg, en 2008 ils avaient plutôt un calibre de 70 vendu 65 cts/kg.

Pour le nettoyage des pommes, rien n’a été fait dans les vergers, mais le nettoyage a été effectué en station ensuite.

A.1.4 Variation de charges

Les charges opérationnelles ne varient pas après l’inondation. Pour la récolte des pommes, le coût est le même quelque soit le calibre des fruits. Les opérations de taille ne changent pas, ainsi que les traitements, fertilisation, etc.

Le temps du ressuyage, il était trop tard pour traiter contre le phytophthora qui s’était déjà déve- loppé et avait touché les fruits.

Les prises d’eau ont parfois étaient cassées. Certains agriculteurs n’ont donc pas pu irriguer jus- qu’à la fin de la saison. Cela a été une cause supplémentaire entraînant la diminution du calibre des fruits.

A.1.5 Remise en état / Dégâts au sol

Il n’a été possible de rentrer dans les parcelles qu’environ 1 mois ½ après le début de l’inondation pour attendre le ressuyage complet. Les opérations de remise en état n’ont donc généralement pas pu avoir lieu rapidement.

La crainte principale des agriculteurs lorsque leur verger était resté en place, était l’affranchisse- ment des pommiers ou des poiriers. Le porte-greffe émet des racines et dépasse d’environ quelques

il est nécessaire de nettoyer les collets des arbres. Cela peut être fait soit mécaniquement avec une décavailloneuse (5 h/ha), soit manuellement si le matériel n’est pas disponible (plus long).

Quand des limons s’étaient déposés en grande quantité, il a fallu passer une lame pour niveler le sol. Cela représente beaucoup de travail. L’entraide a généralement fonctionné pour aider ceux qui ne disposaient pas forcément du matériel nécessaire.

Les filets paragrêles ont été arrachés lorsqu’il y avait du courant. Le matériel d’irrigation (asper- sion sous frondaison principalement) a plutôt bien résisté. Les motopompes pour l’irrigation ont parfois étaient endommagées (prises d’eau ou retenues), il a fallu les changer.

A certains endroits, des déchets s’étaient déposés (plastiques, branchages). Il a donc fallu passer dans les vergers pour les ramasser et nettoyer.

Il n’y a pas eu de bâtiment agricole touché.

A.1.6 Contacts et références

Conseiller arboriculture du Gard aurait peut-être des informations intéressantes sur les fruits à noyaux.

Philippe JACQUES, conseiller du Haut-Rhin, saura dire s’il y a eu des dommages causés par des inondations sur les prunes et mirabelles (dans le Nord de la France).

La Chambre d’Agriculture du Vaucluse édite un ouvrage de référence recensant tous les coûts d’approvisionnement pour l’arboriculture : « Coût 2012 des approvisionnement en arboriculture », se renseigner auprès du GDA Arboriculture (04 90 71 10 31). Il en existe également un pour la viticulture.

A.2 Sébastien ATTIAS, CA Bouches-du-Rhône, Spécialiste élevage - tau-

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