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Nicolas SOURD, CA Aude, Spécialiste viticulture

02/08/2011

A.22.1 Expériences d’inondations

N. SOURD est conseiller viticulture à la CA de l’Aude depuis 10 ans. Il est le conseiller en charge du secteur du canton de Ginestas (Minervois est et Narbonnais) et s’occupe de l’animation technique de tout le secteur Est (de Carcassonne à Narbonne). Son travail consiste principalement en du conseil technique aux viticulteurs. Il a également été mandaté comme expert agricole par l’administration pour participer à des missions d’enquête faisant suite à des événements climatiques importants.

Il est arrivé à la CA de l’Aude après l’inondation de 1999. Les inondations qu’il a pu observer en tant que conseiller viticulture sont :

– Fin août 2001, il a été mobilisé en tant qu’expert suite aux inondations du Gard pour aider les techniciens locaux. Survenant peu avant les vendanges, cette inondation a causé beaucoup de pertes de récolte car les grappes ont été recouvertes de limons les rendant impropres à la commercialisation.

– Novembre 2009 : la rivière Berre a débordé à Tuchan. N. SOURD a participé à la mission d’ex- pertise. L’inondation a causé principalement des pertes de fonds et peu de pertes de récolte. – Avril 2011, suite à des pluviosités importantes (150 mm à Citou et 300 mm dans la Montagne

Noire), des inondations ont eu lieu dans la région de Citou et dans le Minervois. N. SOURD a été mandaté par la CA de l’Aude pour mener l’expertise nécessaire pour évaluer les dommages. Les phénomènes d’inondations sont fréquents dans le Narbonnais car la plaine reçoit toutes les rivières qui peuvent déborder après de fortes pluies par exemple. Ces inondations sont généralement peu rapides (peu d’érosion).

Remarques sur les supports d’entretien N. SOURD propose d’ajouter aux catégories de dom-

mages les pertes de foncier, c’est-à-dire lorsque tout le sol de la parcelle est érodé et donc que la parcelle ne peut même pas être remise en état.

Dans le cycle végétatif, la véraison est plutôt juillet qu’en août.

A.22.2 Pertes de matériel végétal

Arrachage Hauteur d’eau Pour N. SOURD, la hauteur d’eau est le facteur le plus important qui

détermine l’arrachage : quand la hauteur est supérieure à la hauteur des ceps, les débris flottants passent au dessus des vignes, sinon ils peuvent emporter les vignes.

Vitesse de courant Même pour des vitesse fortes il est peu probable que les ceps soient arrachés

juste du fait du courant. D’après N. SOURD, le courant n’est pas un paramètre embêtant s’il n’y a pas de déchets flottants et que la hauteur d’eau est faible.

Toutefois, les vignes jeunes qui sont moins bien enracinées peuvent être arrachées par le courant, même avec de faible hauteur (jusqu’à 3 ans). Dans ce cas, la prime de plantation peut-être perdue. Pour la toucher, il doit y avoir moins de 20 % des ceps qui ne prennent pas. Si l’inondation emportent plus de 20 % des ceps, la prime est perdue pour le viticulteur.

Si le courant arrive en charriant des gros débris (arbres par exemple), tout peut être emporté sur le passage. S’il y a un déchet encombrant dans la parcelle, en plus des ceps touchés, d’autres ceps devront être arrachés pour permettre le passage des outils jusqu’à l’objet à enlever.

Quand il y a arrachage, les ceps pourraient être replantées aussitôt et reprendre, mais souvent il est impossible de rentrer dans la parcelle immédiatement après l’inondation et si les racines sont restées à l’air libre quelques jours, la vigne ne repartira pas.

Asphyxie racinaire N. SOURD n’a jamais observé de ceps perdus par asphyxie racinaire. Il es-

time que la durée seuil doit être d’environ 15 jours.

A.22.3 Stratégie de replantation :

Un viticulteur choisira dans quasiment tous les cas de replanter les ceps perdus. Notamment car les caves coopératives imposent des cahiers des charges limitant le nombre de manquants (moins de 10% généralement). De plus, parfois les viticulteurs pourraient gagner du temps en arrachant tout et en replantant tout, mais comme l’indemnisation ne couvre que les ceps morts, ils préfèrent ne replanter que les ceps morts.

Ça n’est pas un problème que des ceps jeunes soient mélangés avec des ceps plus vieux. Les trai- tements devront être adaptés les première années car certains herbicides peuvent être incompatibles avec des jeunes ceps. Replantation préféré dans tous les cas car cahier des charges stricte (moins de 10 % de manquants).

Après replantation, la taille et l’entretien des jeunes ceps (désherbage, arrosage) génèrent des charges supplémentaires. D’autant plus que il y a concurrence créée par les ceps anciens (entrée en production au bout de 5-6 ans au lieu de 3 ans sans production). Dans le barème, la plantation plus les charges d’entretien pendant 4 ans sont évaluées à 15€/cep.

A.22.4 Pertes de rendement

Repos végétatif N. SOURD ne pense pas qu’il puisse y avoir des pertes de rendement causées

par une inondation survenant pendant le repos végétatif. Les pertes de rendement peuvent appa- raître à partir du mois d’avril.

Débourrement Si l’accès aux parcelles est impossible pendant plus de 10 jours, des traitements

risquent de ne pas être faits à temps et des maladies peuvent se développer du fait de l’humidité et de la chaleur (mildiou). Même si des traitements réalisés après peuvent limiter les pertes, il peut tout de même y avoir entre 10 et 50 % de pertes de rendement. Cela ne dépend pas de la hauteur d’eau.

Pas d’idée sur les éventuels effets du contact eau-feuilles.

Les inondations peuvent avoir des conséquences positives : la vigne pousse plus rapidement en- suite car l’eau n’est généralement plus limitante et le risque de sécheresse est éloigné.

Véraison Le risque de mildiou sur les fruits est faible mais si le champignon se développe cela

peut avoir une incidence indirecte sur la mise en réserve de la vigne pour l’année suivante car la chute des feuilles sera accélérée.

N. SOURD imagine que si les grappes trempent longtemps elles pourrissent (mais pas observé). Les grappes sont situées entre 50 cm et 1 m sur des vignes palissées. Elles peuvent pourrir à partir de 10 jours à peu près.

L’inondation peut surtout apporter des limons qui recouvrent les fruits et rendent les fruits im- propres à être vinifié.

Vendange Si les machines ne peuvent pas entrer dans les parcelles pour la vendange, les raisins

peuvent arriver à surmaturité (la fenêtre de vendange est d’environ de 3 à 6 jours). La cave coopérative peut alors les refuser et la qualité du vin produit sera moindre.

A.22.5 Variation de charges

Taille Les opérations de taille sont peu impactées après une inondation. Les lames peuvent

s’user légèrement plus vite du fait du limon sableux qui peut être présent sur les ceps. Une inondation n’a pas d’incidence sur les travaux en vert, ni sur l’opération de palissage.

Lorsque l’entrée dans la parcelle n’est pas possible, la date de taille peut être reculée jusqu’à mars. Toutefois il se peut que les salariés aient déjà été recrutés et ils devront donc être payés même s’ils ne peuvent pas travailler. Si l’inondation a lieu peu avant mars et que la taille n’a pas été faite, le viticulteur pourra être obligé d’engager des employés pour gagner du temps alors qu’il avait prévu de le faire seul.

Essimage Un essimage supplémentaire peut être nécessaire car la pousse végétative de la vigne

est plus importante après une inondation du fait de la disponibilité d’eau.

Labour et désherbage De nouvelles mauvaises herbes peuvent être apportées après une inon-

dation mais les passages de travail du sol habituels sont suffisants.

La date pour le désherbage chimique est assez flexible, il n’y a donc pas d’incidence.

Fertilisation Si des limons ont été apportés par l’inondation, la fertilisation annuelle peut être

économisée. Il n’y a pas besoin d’un travail du sol supplémentaire pour l’intégrer.

Traitements Suite à une inondation, des charges supplémentaires seront à prévoir car des trai-

tements seront réaliser pour limiter les risques de maladie (fongicides) : 1 à 2 traitements de plus sur 10 traitements.

Vendange Même en cas de pertes de rendement, il n’y a pas d’économie importante. La ven-

dange doit être réalisée dans tous les cas, sinon cela impacte la mise en réserve pour l’année suivante. Dans le département la vendange est fortement mécanisée. Il y aura donc peut-être une légère baisse des charges car les bennes n’ont pas besoin d’être apportées jusqu’à la cave coopérative si les grappes sont abîmées (économie de 80€ sur 400 €/ha).

Si l’entrée dans la parcelle n’est pas possible, on peut éventuellement envisager de faire une ré- colte manuelle qui peut se faire avant ressuyage complet (1 ha/jour, 10 personnes, 1200€ contre 4 ha/jour, 2 personnes, 400€/ha pour une vendange mécanisée)

La date de la récolte est généralement fixée par la coopérative, il est donc important de pouvoir vendanger à cette date précise sinon la cave peut refuser le raisin. Sinon la fenêtre de récolte est de 3 à 6 jours.

A.22.6 Remise en état du sol et du palissage

Palissage Il est difficile de redresser le palissage. Si les piquets sont penchés sans être tordus, le

palissage peut être relevé (2 personnes pour repousser le palissage puis planter des tiges dans le sol pour le bloquer). Sinon, il faut enlever les piquets, acheter des nouveaux piquets et remettre tous les

Débris Le dépôt de débris peut être dommageable pour la vigne. Le niveau de dommages lié

dépend du type de débris et de la quantité.

– paille et petit débris : il n’est pas forcément nécessaire de nettoyer, les débris seront éliminer petit à petit, un passage avec la machine à traiter vide faisant office de souffleuse peut toutefois être fait pour accélérer les choses ;

– branches, arbres et objets encombrants : rapidement il devient nécessaire de découper les fils et d’arracher les ceps pour permettre de dégager le passage pour les machines. Par exemple, si cela est possible, on tentera de découper l’arbre sur place (pas de coût précis mais main d’œuvre : 10€/h).

Après une inondation en juillet ou août, il est nécessaire de nettoyer les souches car sinon tous les petits débris peuvent se retrouver dans la vendange et altérer le vin (vendange mécanique).

Érosion

– S’il y a seulement de petites ravines de moins de 20 cm, la charrue suffit à remettre à niveau le sol.

– S’il y a des ravines > 20 cm il faut rapporter de la terre. Les opérations de remise en état sont plus compliquées si la terre n’est pas disponible à proximité. Les coûts à prévoir sont : location d’un tractopelle 550€/j, terre prise sur l’exploitation, en tout 2 à 15 jours de travaux. Il y a souvent de l’entraide entre agriculteurs ce qui permet de limiter les coûts.

Tant que les travaux ne sont pas faits, les autres opérations (traitements) ne peuvent pas être réalisées. S’il y a érosion, les ceps n’ont pas forcément été arrachés. Il peut y avoir les racines à nues mais non arrachées. Il est alors possible de remettre de la terre autour et si cela est fait rapidement la vigne repart. L’enherbement des inter-rangs pendant l’hiver permet de limiter l’érosion.

Perte de foncier La perte de foncier peut être dues à une érosion très forte qui emporte tout le

sol jusqu’à la roche mère ou à un effondrement des berges en bord de rivière. Quand la quantité de sol érodée est trop importante la parcelle est abandonnée. Il existe dans le barème un montant pour la relocalisation.

A.22.7 Conséquences sur la qualité

N. SOURD ne souhaite pas formuler des hypothèses sur la qualité de la production de vin obte- nue, sa spécialité n’est pas l’œnologie. Toutefois, après une inondation ayant dégradé le raisin (limo- nage par exemple), la coopérative pourra quand même accepter le raisin mais des opérations œnolo- giques seront nécessaires sur le vin pour corriger les défauts. Il ne dispose pas d’élément pour chiffrer les éventuelles répercussion sur le prix de vente.

Le comportement de la coopérative est très important car il existe un risque de conséquences à long terme. En effet, si le vin n’est pas bon une année, la clientèle peut ne pas revenir les années suivantes.

A.22.8 Analyse des courbes CA 30 Pertes matériel végétal

– Dubitatif sur le fait que le courant seul puisse arracher un cep. Par contre il est possible que l’arrachage soit du fait de l’érosion de la terre autour du cep qui part ensuite facilement, ou d’objets encombrants arrachant le cep sur leur passage (arbre, voiture).

– En repos végétatif, le seuil de 1 mois lui semble un peu long. Toutefois, il est vrai que la vigne peut supporter facilement 15 jours (dans certains secteurs de l’Aude, les viticulteurs submergent les parcelles de vignes pour drainer la salinité).

– La durée avant asphyxie dépend beaucoup du porte-greffe.

Pertes de rendement

– Pendant le repos végétatif, il est surprenant qu’il y ait des perte de rendement prévues, d’autant plus à partir de 10 jours et de 40 cm d’eau. Un explication serait peut-être l’effet des maladies qui peuvent se développer à ce moment là.

– En période végétative, les pertes à prévoir dépendent beaucoup du mode de conduite de la vigne (gobelet, palissée, étagée bas ou haut).

– A priori plus de risque d’asphyxie au moment de la récolte. Les pertes indiquées viennent sûre- ment du fait que la vendange ne peut pas se faire à temps.

A.22.9 Contacts

Seuils avant asphyxie racinaire : Aude Guain et Laurent Torré-Grossa de l’IFV. CA Gard : Jacques Oustrique.

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