• Aucun résultat trouvé

Philippe CAILLOL, spécialiste maraîchage, et Benoît LESCUYER, responsable préven-

16/09/2011

A.6.1 Présentation de l’étude pour le SYMADREM Comparaison avec l’EGR

L’étude réalisée par la chambre d’agriculture du Gard sur la plaine du Fourques – Beaucaire pour le Symadrem est en partie basée sur l’étude globale sur le Rhône (EGR, 2003). Toutefois des modifica- tions ont été apportées dans le but de remédier à certains oublis.

Notamment l’EGR ne prenait pas en compte les dommages très forts en cas d’arrachage des vignes par exemple. Seules les pertes de récolte de l’année en cours et des 5 années suivantes étaient prises en compte, les frais de replantation et de remise en état du sol n’étaient pas inclus.

De plus, il est important de noter les autres différences principales entre ces deux études : – l’EGR a été réalisée à une échelle globale alors que l’étude de la CA 30 a été faite sur un territoire

restreint. Les niveaux de précision des 2 études sont de ce fait très différents ;

– la CA 30 a ajouté la durée de submersion dans les paramètres déterminants des dommages car elle est notamment importante pour prévoir les risques d’asphyxie racinaire en arboriculture ; – les seuils de vitesse ont été revus à la baisse en se basant sur la mise en correspondance des

dégâts observés en sortie d’une brèche où la vitesse a pu être mesurée ;

– les seuils de hauteur ont été retravaillés sur la base des retours d’expérience des techniciens et d’exploitants.

Précisions sur l’étude Symadrem

Les dommages pris en compte sont les dommages aux cultures et les dommages au matériel agri- cole.

Les dommages qui ne sont pas pris en compte sont ceux liés à la pollution, à la réfection des réseaux d’irrigation et de drainage, aux chemins d’exploitation.

Les références utilisées pour le calcul des dommages (rendements et prix de vente) sont issues du barème de dégâts aux cultures.

Dommages aux cultures Les dommages sont calculés par rapport à 3 niveaux : pertes de récolte

/ pertes de récolte et faibles travaux de remise en état / pertes de récolte, travaux de remise en état importants et replantation.

Les dommages sont considérés sur 3 années (pertes de récolte). Les dommages tiennent compte des contraintes pour rentrer dans les parcelles après la décrue jusqu’au ressuyage (pour les traite- ments par exemple).

Comme l’étude a été réalisée à une échelle fine, les particularités locales ont été utilisées : propor- tion de vignes palissées, répartition entre les différentes cultures arboricoles/maraîchères/céréalières, etc.

Les exploitations légumières et maraîchères ont été distinguées. Légumière = une seule culture sur une parcelle pendant l’année et présence non permanente de la culture sur la parcelle / Maraîchère = au moins deux cultures en rotation sur la parcelle et occupation quasi permanente de la parcelle.

Dommages au matériel Pour le matériel, des parcs moyens ont été considérés. Ils ne tiennent

pas compte des exploitants sur ou sous-équipés. Des parcs ont également été construits spécifique- ment pour les exploitations mixtes.

Là aussi 3 niveaux de dommages ont été considérés : réparations légères, réparations lourdes, remplacement (avec prise en compte de l’âge moyen du matériel).

Remarques sur le barème de calamité agricole

B. LESCUYER préconise de ne pas proposer les données du barèmes de calamité agricole parmi les sources qui seront fournies dans la méthodologie. Selon lui elles ne représentent pas la réalité agricole pour plusieurs raisons : échelle départementale et bientôt régionale trop imprécise, l’objectif de ces données n’est pas celui-là. L’objectif est le dédommagement des agriculteurs en cas de calamité agricole et le calcul de l’impôt au forfait.

Il vaut mieux lui préférer le barème des dégâts aux cultures (base pour les indemnisations en cas de construction d’ouvrage par exemple). Il est fait à l’échelle régionale ou pluri-régionale (LR-PACA par exemple). Il est également construit sur la base de niveaux de dommages. Il considère plusieurs niveaux de rendements.

A.6.2 Expériences d’inondations

3 inondations connues : septembre 2002 (Gardon), décembre 2003 (Rhône), printemps 2005 (Vistre). Décembre 2003 : salades, épinards, légumes racines (navets).

Septembre 2002 : salades, légumes racines (carottes, céleri, pommes de terre sur leur toute fin), tomates sur leur fin.

A.6.3 Pertes de récolte

Pour des raisons d’hygiène, dès qu’une lame d’eau touche les légumes, la CA considère qu’ils ne sont plus commercialisables.

On peut distinguer les cultures selon leur vulnérabilité aux inondations :

– Tomates et autres cultures palissées (aubergines, poivrons, concombres) : si les fruits ne sont pas touchés il n’y aura pas de pertes (les fruits sont situés entre 80 cm et 2 m pour les tomates, entre 20 cm et 1 m pour les autres) en l’absence de courant et en deçà d’une certaine durée. La sensibilité au courant est un peu accrue par rapport aux autres légumes car il y a une petite motte de racines et les plantes montent, plus un risque d’entraînement avec le palissage. Si l’eau ne stagne pas (eau arrive doucement et repart doucement en restant moins de 2-3 jours) il n’y aura pas de pertes. Dès que la durée dépasse 2-3 jours, il y aura des pertes, d’autant plus qu’après le sol ne ressuie pas de suite. Si les fruits sont touchés, les fruits sont perdus.

– Asperges : c’est une culture pérenne que l’on garde 7 à 10 ans, il peut donc y avoir des pertes de matériel végétal. Au delà d’1 semaine, il y a un risque de développement de maladie (fusariose). Les racines seront alors perdues et une fois que le champignon s’est développé dans le sol, la parcelle ne peut plus être replantée en asperges.

– Cultures basses (salades, épinards) : elles sont très sensibles car tout de suite souillées et in- commercialisables.

– Fraises : comme elles sont cultivées sur butte, si l’inondation est courte, les fraises ne sont pas touchées. Si elles sont touchées, elles pourrissent.

– Poireaux : ils sont plus résistants, ils peuvent rester 4 jours sous l’eau sans problème. Le risque qu’ils soient souillés existe tout de même.

– Courges : elles sont aussi un peu plus résistantes que les autres cultures basses. S’il y a une période de vent après, la culture pourra sécher et repartir. Cas des courgettes : si l’inondation ne dure pas longtemps (½ journée) et sans courant, les petites courgettes seront peut-être perdues mais d’autres pousseront ensuite.

– Légumes racines : ils ne risquent pas d’être souillés par de la boue, les dégâts dépendent donc de la durée (au delà de 4-5 jours il y a un risque d’asphyxie). La vitesse est également moins déterminante car le risque d’arrachage est faible sauf en cas de ravinement. La culture peut sembler saine à l’extérieur et lors de la récolte, les légumes sont pourris.

Dans tous les cas, les jeunes plants ou les semis tout juste germés sont beaucoup plus sensibles et ne repartent pas après une inondation.

Les conséquences sur une culture peuvent s’observer de suite ou à la récolte mais pour les lé- gumes de conservation elles peuvent aussi s’observer à plus long terme car les légumes se conserve- ront moins bien.

De manière globale, une culture sera entièrement perdue ou au contraire entièrement sauve. Sauf cas où l’inondation a lieu pendant la récolte, seuls les légumes encore non récoltés seront perdus. Pour certaines cultures, il peut tout de même y avoir une certaine progressivité dans les pertes : pour la tomate rien ne sera perdu après ½ journée, tout sera perdu au-delà de 3 jours, au bout de 1 jour seuls les plants les plus fragiles seront perdus (si pas de courant et pas de contact eau/fruits).

A.6.4 Dommages au matériel

Les tunnels peuvent être couchés ou tordus selon le sens d’écoulement de l’eau. Il existe peu de données sur la résistance des structures aux inondations. Pour réparer, le mieux est de reconstruire les structures ou si possible de détordre les arceaux.

Les serres chapelles risquent moins d’être endommagées si elles sont ouvertes pour laisser passer le courant et ne pas opposer résistance. La culture sera perdue mais la structure (très onéreuse) sera préservée.

Les tuyaux de goutte-à-goutte ne craignent rien, seulement d’être déplacés par le courant. Pareil pour les enrouleurs.

Les électrovannes sont prévues pour résister à l’eau.

Les pompes des systèmes d’irrigation sont fragiles. Si le moteur est inondé, il faudra soit des ré- parations importantes soit les changer dans la plupart des cas.

Idem pour le matériel électrique inondé, les programmateurs.

Les brûleurs et les citernes de fuel (serres chauffées) seront à nettoyer au minimum.

A.6.5 Dommages au sol

Si le courant est très fort, il peut y avoir de l’érosion. Il faudra alors rapporter du sol. Il n’y a pas de risque fort de tassement. Un travail du sol sera réalisé comme d’habitude.

Le risque de pollution existe aussi. Exemple d’un agriculteur qui a été inondé avec de l’eau pol- luée par des hydrocarbures. Il n’a rien pu replanter, la parcelle étant impropre à l’agriculture (rien ne poussait). Ce risque est difficilement observable lorsque les doses sont plus faibles car la pollution est encore présente plusieurs km plus loin mais pas visible. Pour le risque de pollution, tous les types de légumes sont exposés, y compris les légumes racines bien que légèrement moins exposés.

tion.

Si la culture est perdue, tout sera à refaire comme pour une nouvelle culture : la fertilisation ou l’amendement car il y a eu lessivage, le paillage.

Si la culture est de façon quasi-certaine perdue (cultures basses), on ne fera pas de traitement. Sinon, ce sont les même produits que ceux utilisés après les périodes humides. Pour les melons, si inondation sans perte, le traitement anti-taupin devra être refait.

A.6.7 Replantation

Dès qu’il y a plus de 50% de la culture perdue, l’agriculteur change de culture. Mais cette décision dépend aussi du stade : si l’inondation a lieu en début de culture l’agriculteur replantera dès 20% de pertes.

Si on est encore dans le créneau de plantation, l’agriculteur remettra la même culture mais il y aura certainement des baisses de rendement car la plantation sera tardive. De plus, il faut que l’agri- culteur puisse encore trouver des plants.

En dehors du créneau, il n’est pas forcement possible d’avancer la culture suivante du fait de la disponibilité des plants et des plannings de vente qui ne correspondront pas dans le cas de débouché en gros (pas de débouchés pour des légumes produits en dehors du planning de production prévu). L’agriculteur aura plus de flexibilité s’il est en vente directe.

A.7 Entretien avec Alain CARBONNEAU, SupAgro - IHEV, spécialiste viti-

Outline

Documents relatifs