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Julien RENON, Ferme expérimentale de Jalogny, CA Saône-et-Loire, Spécialiste élevage

17/11/2011 A.20.1 Contexte

La Grosne passe à proximité immédiate de la Ferme expérimentale de Jalogny.

La cour et les bâtiments de la ferme sont en zone inondable ainsi qu’environ 50 ha de parcelles principalement autour de la ferme et un peu en allant vers Cluny et au sud de la ferme.

L’ensemble des structures de l’exploitation sont rehaussées à 2 m ou 2,50 m pour être hors d’eau lors des inondations (stabulations, fosse à lisier, etc.).

Les parcelles sont en assolement prairies temporaires/céréales/maïs ensilage ou en prairies na- turelles. Les fauches d’ensilage ont généralement lieu en mai.

Les inondations peuvent se produire de 1 à 2 fois par an en moyenne, entre février et avril ou autour de novembre. L’inondation peut généralement être prévue 1 ou 2 jours à l’avance (selon la pluviométrie), et dure moins de 24 h (sauf dans les cuvettes où l’eau peut stagner quelques jours). Le courant peut être relativement fort, charriant beaucoup de débris végétaux.

Le dernier épisode d’inondations date de novembre 2009. L’eau est montée exceptionnellement vite : à 4h du matin, le personnel habitant près de la ferme a vu que l’eau commençait à arriver et à 6h les vaches avaient déjà les pieds dans l’eau (50 cm à 1 m d’eau).

A.20.2 Dommages sur les prairies

Globalement la principale conséquence des inondations sur l’herbe est la baisse de qualité. Du fait du courant moyen et de l’enherbement des parcelles, il n’y a pas de dommage causé par l’érosion.

Baisse de rendements

Les inondations peuvent causer des variations de rendement. Toutefois, les rendements étant in- fluencés par de nombreux facteurs et étant donc variables d’une année sur l’autre, ces baisses ne sont pas suffisamment significatives pour avoir été notée comme dues spécifiquement à une inondation. L’inondation peut également verser l’herbe ce qui rend la fauche plus difficile et donc les quantités récoltées légèrement moindres.

Les quantités n’ont jamais été modifiées de façon a modifier l’approvisionnement en fourrage distribué aux animaux.

Perte définitive de la prairie

Il n’a jamais été nécessaire de ressemer une parcelle ou une prairie après une inondation.

Baisse de qualité

L’inondation peut verser l’herbe qui se salit au contact de la terre. L’ensilage sera donc de qualité moindre.

Si une crue se produit début mai, le risque est que le planning de fauche soit décalé car il faudra attendre 2 à 3 semaines avant de pouvoir rentrer dans les parcelles. L’herbe aura alors dépassé le stade optimale (épiaison) et perdra de sa qualité énergétique.

La contrepartie financière peut être estimée par la perte de valeur énergétique due à une récolte à un stade de moindre qualité : on peut, à partir de la valeur énergétique de l’orge (1,09 UFL par kg de Matière sèche) à laquelle on applique une valeur de marché (200 à 250€ par tonne HT ), estimer par équivalence le coût de la perte de valeur alimentaire (on pourait passer de 0.8 UFL à 0.7 UFL par KG de matière sèche d’ensilage d’herbe avec un rendement de 5 tonne de matière sèche en ensilage) soit 5000 kg MS x 0.1 UFL x 0.25€ l’UFL d’orge = 125 € par hectare (sans considérer de perte de récolte, ça se discute).

Conséquences sur une prairie nouvellement semée

Lorsque des prairies sont semées, le semis se fait en automne (septembre). Une inondation pour- rait donc freiner le démarrage voir emporter les graines si l’inondation a lieu juste après le semis. Il faudrait alors soit ressemer si les délais le permettent soit attendre l’année suivante. Ce cas ne s’est jamais produit sur la Ferme.

Variation de charges

Après une inondation, la fertilisation minérale doit généralement être refaite.

Il n’y a pas de risque de maladies après les inondations, aucun traitement supplémentaire n’est fait.

A.20.3 Dommages sur les animaux Évacuation

Lorsqu’une inondation approche, les animaux sont sortis des parcelles inondables pour être mis soit dans des parcelles hors d’eau, soit dans les bâtiments. Il faut donc être capable d’anticiper ou d’intervenir rapidement si le risque n’a pas été prévu. La mise en sûreté des animaux à la Ferme de Jalogny, nécessite 1 journée, voir ½ journée minimum. Des remorques sont utilisées entre les sites.

Comme il faut généralement agir vite, il n’est pas donné priorité à une catégorie plutôt qu’une autre (sauf peut-être les veaux et leur mère).

En 2009, les animaux ont eu les pieds dans l’eau à 4h du matin car l’eau est montée de façon im- prévisible. Il était donc trop tard pour intervenir. Il a fallu attendre l’aide des pompiers le lendemain. Heureusement les vaches et leurs veaux s’étaient réfugiés sur une zone de la parcelle en léger dôme et il n’y a pas eu de pertes d’animaux alors que dans les zones en cuvette il y a pu avoir 1 m d’eau.

Les animaux peuvent nager un peu mais se fatiguent vite, surtout les veaux. A partir de 50 cm – 1 m il y a un risque que les veaux soient entraînés.

La gestion de la ferme est adaptée à ce risque d’inondation : les parcelles difficiles d’accès ou facilement inondables ne sont pas utilisées pendant les périodes à risque.

Conséquences sur les animaux

Développement de maladies Il n’y a pas de risque que les bêtes développent des maladies car elles

ne restent pas longtemps dans l’eau.

Toutefois, si les veaux ont le ventre qui trempent dans l’eau (50 cm) alors que leur nombril n’est pas cicatrisé, cela peut causer des infections potentiellement mortelles (fragilité des veaux jeunes).

Sur les vaches, si le ventre trempe dans l’eau, cela peut peut-être perturber leur digestion ou leur allaitement, mais au delà de plusieurs jours vraisemblablement.

Conséquences sur la production Sur les animaux à viande, il est très difficile de noter une variation

dans la production de viande. En effet, les animaux ont une capacité de compensation, et les facteurs influençant sont nombreux (ce n’est pas 1 jour dans le cycle qui peut faire varier radicalement la production de viande).

Variations de charges

Lorsque les animaux sont mis en bâtiments plus tôt que prévu, cela génère des coûts supplémen- taire en paille, en fourrage et en temps. C’est beaucoup de travail supplémentaire, il faut compter environ ½ journée pour changer les animaux de bâtiments, repailler, etc..

A.20.4 Dommages matériels

Les dégâts matériels sont nombreux : dégradation des clôtures et dépôt de débris principalement. L’inondation dépose généralement beaucoup de débris végétaux qui se coincent dans les fils des clôtures. Le nettoyage est alors long (nettoyage manuel, remplacement des fils cassés et des piquets). M. RENON évalue le temps de travail environ 4 ou 5 fois supérieur à l’inspection des clôtures qui est faite habituellement, soit 1 semaine maximum (en temps cumulé et non réalisé en une seule fois). Il y a peu de ferrailles ou de plastiques charriés par les inondations. Le coût d’installation de clôtures est de 7,50€/ml (clôtures électriques 2 fils), c’est le prix utilisé par les assurances. Sur 50 ha, il faut compter entre 5 et 10 kml minimum.

Dans les bâtiments, tout est rehaussé, il n’y a donc pas de dégât sur les installations.

A.20.5 Dommages aux stocks

Si l’herbe est déjà enrubannée et stockée soit dans les bâtiments soit encore dans les parcelles, l’inondation peut faire flotter les balles et les entraîner loin.

A.20.6 Contacts

Se renseigner dans les départements en bordure de Loire. En Saône-et-Loire, les crues de la Loire causent parfois des dégâts.

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