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Guy MARJOLLET, CA Gard, Spécialiste élevage

23/03/2012 A.14.1 Contexte

Guy MARJOLLET a connu 5 inondations : 1993, 1998, 2002, 2003 et 2005. En 1993 et 1998 , il n’y a pas eu d’élevage touché.

L’inondation de 2002 a concerné principalement les bords des Gardons. Il s’agissait d’une crue torrentielle très rapide et qui a duré entre 1 et 3 jours. 7 éleveurs ont été touchés, tous étaient mana- diers et certains possédaient aussi des troupeaux domestiques.

En 2003, l’inondation était plus lente mais a duré plus longtemps (jusqu’à 20 à 30 jours) et a sur- tout touché la Camargue gardoise. De nombreux élevages ont été touchés (entre 80 et 90), mais les éleveurs étaient mieux préparés. Quelques élevages ovins et caprins laitiers ont été touchés.

En 2005, la crue avait un courant moyen et a été de courte durée, centrée sur la Camargue gardoise principalement.

A.14.2 Dommages sur les animaux Perte d’animaux et possibilité d’évacuation

En 2002, tous les cheptels touchés par l’inondation ont été perdus. Du fait de la topographie et de la rapidité de la crue, il n’a pas été possible d’évacuer les animaux, d’autant plus que les éleveurs n’étaient pas habitués à ce genre d’événement. Il aurait fallu 2 jours pour permettre une évacuation.

En 2003 et 2005 les pertes d’animaux ont été plus importantes (entre 80 et 90 élevages touchés) mais proportionnellement moindres car les éleveurs étaient mieux préparés car plus habitués. Lors des évacuations, il arrive que des animaux soient blessés. Il s’agit donc de conséquences indirects de l’inondation. Les animaux blessés doivent généralement être abattus.

Lors d’une inondation avec un courant faible, le paramètre principal pouvant déterminer la perte d’animaux est la hauteur d’eau. A partir de 90 cm, les veaux sont atteints et il peut commencer à y avoir de la panique. Les animaux peuvent nager mais la présence d’obstacles (clôtures, arbres, etc.) rend difficile leur progression.

Évacuation La possibilité d’évacuer les animaux lors d’une inondation dépend de beaucoup

d’éléments : chemin d’accès inondable ou non, camions à disposition, nombre d’animaux, etc. Pour des agriculteurs préparés, il faudrait au minimum entre 6 et 12 heures pour permettre le sauvetage du plus important.

Reconstitution des troupeaux

Taureaux En 2002, la solidarité a permis aux éleveurs de récupérer des animaux rapidement. Tou-

tefois, les animaux donnés n’étaient pas forcément ceux avec un potentiel très élevé. On estime qu’il faut environ 10 ans pour qu’un élevage retrouve un rythme de croisière : le capital génétique s’ex- prime au bout de 4-5 ans et de la sélection peut donc être faite à partir de 6 ans seulement.

En 2003 et 2005, la solidarité n’a pas très bien fonctionné car les événements faisaient suite à celui de 2002.

Autres conséquences sur les animaux

Conséquences sanitaires Suite aux inondations, le stress provoque un grand nombre d’avortements.

Des traitements vermifuges sont généralement donnés en prévention aux animaux.

Il est difficile de relier l’événement d’inondation à des conséquences sur le développement d’autres maladies.

Conséquences sur la production Pour les caprins laitiers, la production s’arrête généralement après

l’inondation pour plusieurs raisons : stress et défaut d’alimentation. La production repart ensuite, une fois le rythme normal de l’exploitation retrouvé.

Évaluation des dommages

Le manque à gagner lié à la dégradation du capital génétique du troupeau est difficile à évaluer. Le manque à gagner financier lié dépend de l’activité de la manade. Si l’activité principale de la manade est à destination des touristes, les pertes seront faibles car le capital génétique du troupeau ne modifie pas ces activités. Si l’activité principale est la course camarguaise, les pertes seront plus importantes car les résultats dépendent justement du capital génétique des animaux.

A.14.3 Conséquences organisationnelles

En 2003, quelques troupeaux se sont retrouvés coincés sur des points hauts. La topographie et la décrue lente ne permettaient pas leur évacuation. Il a donc fallu les approvisionner en fourrage par des moyens adaptés : bateau, hélicoptère.

Il faut compter 1 an de non utilisation des prairies inondées (temps de ressuyage + réimplantation et pousse). Lorsque les éleveurs ne disposaient pas de prairies non inondées, les animaux ont été mis à pâturer dans d’autres endroits : stades, arènes, plaines.

A.14.4 Dommages matériels

En 2003 et 2005, il y a eu de nombreux dégâts sur divers types d’équipements : arènes, couloirs de gestion des animaux, etc.

Les clôtures sont endommagées lorsqu’il y a du courant. Avec du courant, l’inondation pourra coucher ou arracher les clôtures qu’il faudra alors remplacer.

Lors des épisode mentionnés, quelques outils ou machines ont pu être touchés mais leur remise en état n’a pas été problématique. Cela représente des coûts faibles par rapport à la perte des ani- maux.

A.14.5 Dommages aux stocks

Les stocks de fourrage, de grains et de paille ont parfois été inondés. Généralement ils sont entiè- rement perdus car même si seuls la partie basse est inondée, l’eau remonte par capillarité et humidifie tout le stock.

Les stocks de produits médicamenteux, s’ils sont touchés, sont aussi perdus.

A la différence des autres activités agricoles, en élevage les stocks sont présents toute l’année sur l’exploitation et généralement en grande quantité au début de l’hiver, période courante pour la sur- venue des inondations.

L’indemnisation des stocks de fourrage et de paille se fait sur la base d’une valeur moyenne de marché et non des factures réelles de rachat. Or le marché peut être influencé par l’événement d’inon- dation après sa survenue, et les prix peuvent s’élever rapidement. Les éleveurs sont donc rarement bien indemnisés.

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