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La Répétition de la scène

C. Les Foires aux vanités

D. 3. Le Temps absolu

Du même éternellement à l’éternel originel. Dans le chapitre précédent, nous avons évoqué les quatrièmes jours qui scandent La Part de l’eau. Le récit B donne à lire cette occurrence page 56 : « Le quatrième matin, comme les précédents, le fossé était comblé, […]. ». Ce quatrième jour se caractérise par un incident qui ne cesse de se répéter. Si le temps s’écoule, les jours ne se distinguent pas et leur enchaînement s’en trouve indifférencié : pas d’avant, ni d’après, ni de plus tôt ou de plus tard, mais un éternel même moment. Les indices temporels tendent également à confondre les différentes temporalités, dans La Morte saison : « Aujourd’hui encore, et comme précédemment alors que je cherchais le bureau de mon père, l’interdiction d’autrefois freinait mes pas, […]. » (I, 7, p. 51). Les indices que nous avons soulignés s’éloignent progressivement du présent sur l’axe diachronique. L’adverbe « encore » est redoublé dans sa valeur de persistance par la comparaison introduite par « comme ». Cette fusion des temporalités va de pair avec le déni de l’originel : l’ordre des événements se perdant, l’événement premier ne saurait faire date. Ainsi le récit montre-t-il une prédilection pour ce qui se répète, plutôt que pour l’incident premier. Que sait-on de la première fois où le stagiaire pénètre dans la cabane de Jeanne et de Tonio ? Pourtant, le narrateur-personnage rappelle : « Comme la première fois une fumée épaisse se mit à noyer le bas des murs. » (LPE, p. 135). Le lecteur connaît-il les menus incidents de l’intimité que vivent Martin et Marieka, dans les premiers jours de leur relation ? Le narrateur observe le présent avec les yeux de la mémoire et le lecteur apprend ces incidents à la seule

condition qu’ils se répètent : « Comme au début de notre rencontre, elle me dévisage avec des yeux de voyante qui cherchent à lire mes pensées. » (LMS, I, 8, p. 60). Il en est de même du rêve de Dune que fait Sven : sait-on comment la jument réagit la première fois ? On l’apprend partiellement grâce aux gestes qu’elle répète : « Elle lève la tête comme la première fois, et la secoue pour échapper au mors. » (p. 161). L’instant originel ne vaut que s’il se répète. Inversement, on peut se demander si l’événement répété ne tire pas parfois sa valeur uniquement en regard de l’événement premier. Par exemple, le transport du vieux gardien du phare de l’île des Wadden est décrit comme identique à celui dont il a fait l’objet le jour de son arrivée (p. 82). Celui-ci était demeuré sous ellipse. L’important semble résider, pour le narrateur, dans le fait qu’à l’arrivée comme au départ les actes restent les mêmes. La continuité passe par l’absence de changement. Comme si la réitération des gestes et des mouvements constituait un refuge pour l’être qui les effectue. Romain semble ainsi en user dans Quelques jours à Lyon : « Quand il eut fini, comme le jour de son arrivée à l’hôtel, il tira devant la fenêtre le fauteuil aux accoudoirs usés, […]. » (p. 214). Le geste réitéré, déjà exécuté, abolit comme dans un rituel le passage du temps, et dénie son écoulement.

Nombreuses sont les comparaisons simples qui établissent un rapport d’identité entre un procès qui appartient au présent de l’histoire et la fréquence de ce même procès. L’adverbe souvent indique qu’une action a eu lieu à plusieurs reprises. Lorsque le narrateur omniscient de Sven rapporte que l’enfant « se sent cerné de partout, comme souvent déjà. » (p. 75), il fait part d’un état psychique qui se manifeste de nouveau, de sorte que l’adverbe déjà qui complète l’indice temporel est redondant. Adoptant le point de vue de Romain, le narrateur de Quelques jours à Lyon remarque qu’Hélène « avait, comme souvent, les paupières légèrement plissées » (p. 22). Sémantiquement, ces comparaisons informent sur le temps et sur la manière. Le procès est-il remarqué et remarquable parce qu’il n’a pas eu lieu qu’une fois ? La fréquence de la répétition détermine-t-elle l’importance du geste. De plus, le geste réitéré peut être uniquement mentionné

comme tel et parce que tel, de même qu’il peut être l’objet de plusieurs énoncés. L’énonciation des événements entretient une relation particulière avec la répétition.

Ce qui se répète peut être signalé par la formule « comme toujours », qui exprime l’immuable. Le Dictionnaire Le Robert propose la définition suivante : « de même que dans tous les autres cas, les autres occasions ». L’adverbe toujours y exprime la permanence d’une action du fait de sa répétition dans la totalité du temps. Il conserve sa valeur temporelle et, associé à la conjonction comme, il dote la phrase d’une modalité appréciative. Cette modalité semble varier selon la place de la locution dans la phrase. En positions initiale et finale, on peut considérer que la modalité de cette locution adverbiale affecte tant l’énoncé que l’énonciation. En revanche en milieu de phrase, la locution apporte une modalité partielle à l’énoncé. Sa place intervient par conséquent sur le sens de l’énoncé et / ou de l’énonciation. Une seule occurrence, dans toute l’œuvre, apparaît en emploi absolu, dans une phrase minimale. Dès la deuxième page de

Mademoiselle, le narrateur-personnage met en relief la comparaison en l’isolant par une ponctuation

forte de son comparé : « Cette affirmation te rassérène, tu en oublies la dureté de mon accueil, c’est comme si je n’avais pas ouvert la bouche. Comme toujours. » (p. 9). La locution adverbiale porte sur la comparaison hypothétique qui achève la phrase précédente. Sa mise en valeur également prosodique achève de dénoncer l’annulation fréquente opérée par l’héroïne éponyme des propos tenus par son fils. Cette mise en exergue de la comparaison constitutive d’une phrase averbale et anomale contribue à l’expression du caractère systématique et prévisible des actions ou des faits ainsi complétés. Prévisible car appartenant à la façon d’être d’un personnage. Le dire du chef de chantier de la lagune ne peut être placé sous le signe de l’apitoiement sur son sort, car cela ne correspond pas à sa personnalité : « Comme toujours il ne se plaignait pas. » (p. 48). En osition initiale, la locution adverbiale est d’autant mieux mise en valeur qu’elle apparaît dans une

phrase d ation

p

e type négatif, tandis que l’itér ressortit tant à l’adverbe qu’à l’imparfait de second

plan. Plus loin dans le texte, la prestance physique de Tonio est associée à sa fierté morale : « Il était beau et orgueilleux comme toujours. » (p. 121). La comparaison temporelle ajoute au portrait

du personnage l’imago de l’éternelle jeunesse. Cependant, en position finale, la locution adverbiale donne libre cours au dépit du narrateur : la beauté sauvage de Tonio est innée et n’est pas le fait du mérite. Le chef de chantier détient aussi un maintien particulier qui le caractérise. Le soupçonnant de séquestrer sa fille, le stagiaire l’observe du coin de l’œil : « Il était impassible comme toujours, les paupières plissées, le casque noir et bouclé de ses cheveux enfoncé jusqu’aux oreilles. » (III, 4, p. 176). La locution adverbiale entre en résonance avec l’attribut du sujet « impassible », pour exprimer la permanence. Le portrait physique de l’écrivain, Simon Rivière, est également placé sous le signe d’un immuable qui le caractérise : « Il avançait, un peu voûté comme toujours, la main à plat contre la veste, les doigts engagés dans la poche. » (p. 104). Le personnage là encore se distingue par un maintien qui lui est propre. Le mode d’être au monde d’Anne-Sylvie appelle la comparaison dans Le Bleu des vitraux : « Comme toujours ma mère était ailleurs ; […] » (p. 107). L’attitude de la mère est sans surprise. Le narrateur se plaît à attirer l’attention sur la permanence du « hors champ » du personnage maternel, plutôt que sur son entrée sur scène. Anne-Sylvie n’est présente physiquement sur le « plateau » que pour mieux afficher son absence intérieure. Attitude réflexe encore de Yann lorsqu’on lui parle de sa mère :

« Elle aurait voulu que je devinasse son propos à demi-mot, mais moi, qui avait tout de suite compris qu’on me parlait de ma mère, je continuais de faire la bête, comme autrefois, comme toujours.» (p. 15).

La comparaison parachève la description du mécanisme de défense adopté et exprimé par le groupe verbal « faire la bête ». Ainsi, en position finale, la comparaison est-elle partielle et redondante avec le verbe continuer. Le balancement dû aux deux locutions temporelles

antithétiques (révolu « comme autrefois » / immuable « comme toujours ») placées en fin de

« Seulement ça ne durera pas, comme toujours

phrase contribue à l’expression de la permanence. Dans La Morte Saison, le bien-être de Marieka se transforme en mal-être invariablement. Ce changement est permanent et inéluctable : ! » (II, 3, p. 138). Le type exclamatif et la position finale de la comparaison participent à l’expression de la fatalité. On la reconnaît également dans

« Comme toujours, j’ai les mains ligotées en raison de mon amour pour toi. » (p. 33). L’inhibition est ce qui assure la continuité entre le passé et le présent. Le rêve peut remplir ce rôle dans

Quelques jours à Lyon : « Comme toujours, agissant sur ses pensées à la façon d’un baume et

effaçant l’angoisse, le rêve avait eu sur Romain un effet libérateur. » (p. 115). Ici, la locution adverbiale est développée par deux participiales. En revanche page 121, elle achève la phrase et complète un gérondif : « Il avait accueilli Romain les bras ouverts, en bouffonnant comme toujours. ». La permanence ressortit ici à la répétition. Il en est de même dans Sven avec la symbolique du vol des oiseaux : « Les goélands criaient comme toujours en tournant au-dessus du port. » (p. 222). L’immuabilité tient à la fois à la locution adverbiale et au mouvement circulaire répété. La répétition dans le passé peut se reproduire dans le présent onirique, comme le montre le rêve du retour de Simon à La Réunion post mortem : « Elle [Sonia enfant] sortit sans vérifier s’il la suivait, comme toujours. » (p. 58). La permanence de cette attitude de la jeune fille est le fait de son assurance. Cependant, il arrive que la locution serve l’ironie du narrateur. Tel est le cas lorsqu’elle donne la réplique au « j’ai failli ne pas te reconnaître ! » de la mère dans Le Bleu des

vitraux (p. 54). La valeur temporelle de permanence est maintenue, mais fait écho au sens figuré

du verbe reconnaître.

La Permanence de l’être-là. L’expression de la permanence n’est pas réservée exclusivement à l’évocation du mode d’être au monde des personnages. Elle affecte aussi leur être-là. L’emploi de la locution adverbiale dans l’ensemble de l’œuvre est éloquent à ce sujet. Dès

La Morte Saison, les personnages sont à demeure tels qu’ils sont. Le souvenir les trouve là où

réside leur permanence, dans leurs gestes, dans leurs lieux de prédilection, dans leur rôle, … Il en est ainsi d’Eléonore, page 15, « comme toujours pieds nus, toute droite dans sa robe blanche, nd par sa chevelure » (I, 1). Tel est le cas aussi de la nounou créole dans Le Bleu des voilée de blo

même

vitraux qui se dresse au milieu de sa cuisine (p. 47 et 164). Si sa présence n’apporte plus le

que l’ombre dont le crépuscule pluvieux emplit les pièces, éteignant de ses doigts d’ébène le cuivre de la lampe à pétrole dont la flamme ovale claircit [sic] le blanc de ses yeux » (p. 47). Le

verbe transitif « claircer »97 qui relève d’un emploi rare mérite une remarque. Synonyme de « clairée

en parlant du sucre clarifié »98, nous apprend le dictionnaire d’Alain Rey, il réalise une allusion implicite à la principale ressource économique de l’île. Ce sème permet de pressentir la profondeur de son emploi métaphorique dans ce portrait de la nénène créole. Immuable dans sa fonction et toujours sur le point de servir, Evnor contribue à la représentation du pouvoir et de la richesse des « grands blancs » : « Là-bas le chauffeur est prêt, comme toujours. » (p. 190). Page 21 de Quelques Jours à Lyon, c’est Michaël, le fils de Romain et d’Hélène, qui se trouve au premier plan d’une image d’Epinal auprès de sa mère : « Hélène était assise dans le canapé de rotin du salon, Michaël à ses pieds comme toujours, jouant avec ses petits soldats sur le carrelage ». La permanence de l’être-là ne manque pas d’affecter la figure maternelle, et cela dès l’incipit de

Mademoiselle : « […] bien sûr tu es là, comme toujours, où pourrais-tu être, surtout aujourd’hui ? »

(p. 7). En ce jour de commémoration, le présent reproduit le passé. La locution adverbiale conserve sa valeur temporelle et rappelle l’évidence du mater certissima.

L’expression de la répétition est aussi le fait de la locution temporelle « comme d’habitude ». Le substantif y désigne la « manière d’être », la « disposition acquise par la

répétition », pour reprendre l’acception proposée dans le dictionnaire d’Alain Rey99. Cette

locution n’est pas synonyme de la locution adverbiale « comme toujours ». Le sème du temps saisi dans sa totalité disparaît, tandis que le schème de la continuité est conservé. De l’inné induit par la locution « comme toujours », la narration en vient à l’acquis. La locution comme d’habitude peut supposer un apprentissage et soulever alors la question de l’écriture rituelle. Quelle est la nature de cet apprentissage ? Relatives au temps et à la manière, les deux locutions rejoignent la classe

erreur. Mais on peut l’analyser comme le fait d’une contamination du verbe « éclaircir » qui corrobore certaines des implications de l’image que le procès articule.

97 Verbe du premier groupe. Le morphème grammatical qui apparaît dans le texte peut être envisagé comme une 98 Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue, 2000, Paris, Le Robert, volume 1, p. 769.

des « adverbes d’aspect », selon la terminologie de Maurice Grevisse100. La plupart des occurrences scandent les récits de La Part de l’eau et de Mademoiselle, les romans liminaires de l’œuvre lodsienne. A l’exception de deux locutions, l’emplacement des occurrences est liminaire (en tête ou en fin de proposition ou de syntagme). En position initiale d’une proposition, la locution porte sur l’ensemble de l’énoncé. La répétition peut devenir l’inéluctable. La comparaison est alors synonyme de l’adverbe « immanquablement ». La modalité appréciative qu’elle exprime est une vérification. Ainsi le travail sur le chantier de la lagune permet-il, dans La

Part de l’eau, de vérifier le pouvoir de l’élément : « Travail illusoire : comme d’habitude, les parois

de sable à peine ouvertes, s’affaissaient et comblaient le fossé que nous venions de creuser. » (I, 3, p. 23). La répétition de la submersion est doublée par la reprise du chapitre en IV, 4 : « Comme d’habitude, les parois de sable s’affaissaient et comblaient le fossé que nous venions de creuser. » (p. 212). La vérification est à la fois celle de l’énoncé et celle de l’énonciation. La répétition tend à se faire ici attestation, même si cette surenchère semble dénoncer le fait que cela ne va pas de soi. Elle manifeste une modalisation101 de la part du narrateur à l’égard de son récit et qui reste à définir. Vérifiée également la disparition silencieuse de l’hôtelier, ainsi que l’ignorance quant à la façon de réaliser celle-ci :

« Comme d’habitude, le patron s’était dissipé avec la discrétion de la brume, à tel point que je ne savais pas s’il avait ouvert la porte pour sortir ou s’il était passé au travers. » (p. 41).

Un fait extérieur identique suscite une appréhension d’ordre intellectuel identique. La répétition vérifie ici le rapport de causalité. Parfois elle semble signifier l’échec du narrateur face à l’inéluctable : les choses ne peuvent se produire que d’une certaine façon, sans modification possible. Ainsi lorsqu’il semble vouloir défier l’élément : « Comme d’habitude, je tentais d’accrocher ma pancarte, mais le vent s’en saisit et me l’arracha. » (p. 196). La position initiale de la locution indique que l’expansion porte sur l’ensemble de la phrase. Par conséquent, le narrateur

100 Maurice Grevisse, Le Bon usage, grammaire française, Paris, Editions Duculot, 1991, § 965, p.964.

101 Cf. Catherine Kerbrat-Orecchioni, L’Énonciation, de la subjectivité dans le langage, « le degré d’adhésion (forte ou mitigée/incertitude/rejet) du sujet d’énonciation aux contenus d’énoncés », Paris, Armand Colin, 1997 (3ème édition), p. 118.

agit malgré sa connaissance de la situation. Plus que le vent, c’est cette connaissance que le stagiaire semble mettre au défi. Si l’habitude peut correspondre à la façon d’être d’un personnage, comme la loquacité du chef de chantier (p. 47), elle peut également participer au code qui s’instaure e

e raccomp euvième séquence du roman, page 117,

ntre deux amoureux. Tel est le cas du passage d’Anne-Sylvie devant René Toulec pour agner, dans Le Bleu des vitraux (p. 37). Dans la n

l

la locution est reprise en anaphore : la répétition apparente et son cortège de réconforts sont souhaités par le narrateur, mais demeurent absents. Ainsi la répétition est-elle souvent associée dans l’œuvre lodsienne au bon ordre des choses, aux événements familiers et rassurants. La tentative de descendre l’escalier avec sa démarche habituelle par le stagiaire malade le confirme, dans La Part de l’eau : l’habitude est le temps de la validité (p. 214). La Morte Saison donne à lire une occurrence qui se distingue des autres. En effet, un événement singulatif est présenté par Martin comme itératif, du fait de l’emploi de l’imparfait :

« Cela se passait après le petit-déjeuner, alors que Marieka était comme d’habitude sur la résolu de la même façon, de l’occupation de sa journée. » (II, 2, p. 130).

Le narrateur se renseigne auprès de Marieka sur l’itinéraire à suivre pour se rendre au sentier de Bellouve. La fausse itération de la demande semble infléchie par le fait qu’elle interrompt la jeune femme lors de l’un de ses « rituels » quotidiens. Page 136 (II, 3), la locution rejetée en fin de proposition exprime une fatalité : « A mi-pente la pluie me saisit

terrasse, assise à côté de ses chiens, face à l’étang, avec l’air de se poser le problème, toujours

’habitude

comme d . ». La phrase

ffirme que la situation dans l’espace détermine la tombée de l’averse. De plus, le verbe saisir peut

se lire a dre, s’emparer de quelque chose» et « surprendre ». Dans

Sven, l’ha e ’Emm

a

ux sens propre et figuré : « pren

bitude affecte surtout l père d anuel, régulièrement assis dans son rocking-chair et

d’un naturel entêté (p. 42 et 112). A propos de l’annonce de la venue d’Anne par son père, page

16, la locution fait écho à la mise en relief par extraction102 qui exprime la répétition « ce n’était

pas la première fois que ». La répétition du propos du gardien du phare appelle la répétition du silence d’Emmanuel. On observe deux occurrences de la locution dans Quelques Jours à Lyon, au

début du roman, pages 10 et 26, respectivement relatives à Romain et à sa femme, Hélène : elle sert à indiquer que le premier est aussi souvent en retard que la seconde est en avance, ce qui n’est pas sans refléter les personnalités des deux personnages (la proscratination de Romain et l’anticipation d’Hélène), ni sans annoncer l’incompréhension et les « décalages » affectifs qui sont sur le point de les séparer. Les événements du roman vont exacerber ce que révèle cette répétition, sans rien y changer. L’habitude affecte également la qualité de la présence au monde du personnage, en l’occurrence de la mère, exclusivement. Sa façon de se tenir en est l’objet, page