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Le Temple en 1792 (BNF) L’auteur de cette estampe est inconnu

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De mars 1785, date de naissance de Louis-Charles, à juillet 1789 et la prise de la

Bastille, 4 ans et 4 mois se sont écoulés.

Le Temple en 1792 (BNF)

L’auteur de cette estampe est inconnu.

82 Chapitre IX

À la fin du mois de juin, Jacques Brival secrétaire du club des Jacobins et membre du Comité de sûreté générale, accompagne Robespierre au club des Cordeliers à l’invitation de Jacques-René Hébert délégué de la Commune. Collot d’Herbois le plus cordelier des jacobins, président de la Convention nationale, fait partie de la délégation. Les résultats de cette assemblée conduisent à l’épuration du club des cordeliers de ses membres les plus virulents et pour contrepartie à l’anéantissement de la « faction girondine » à la Convention1. Robespierre, venu surtout pour proposer une réforme du Ministère de la Guerre aux mains des hébertistes, est impuissant face au journaliste et n’ose l’affronter, n’étant pas en terrain propice. Les décisions pourtant urgentes quant à la réorganisation des armées, sont remises à plus tard. L’incorruptible vient de mettre un genou à terre devant celui qui incarne la toute-puissance de la presse. Lors de cette réunion seront évoquées les conditions de détention des prisonniers de la Commune. Il est un fait patent qu’à la Convention comme dans les clubs, l’intérêt porté à l’enfant du Temple et à sa famille ne se démentira jamais.

Brival et Hébert, deux hommes que tant de choses semblent séparer. L’hercule et le décharné, l’orateur brillant et le beau-parleur, le rédacteur cultivé et le démagogue obscène. Si tous deux se retrouvent sur un point : informer le peuple, Brival ne peut cependant ignorer que lorsque ses textes sont édités à quelques milliers d’exemplaires, ceux d’Hébert peuvent l’être à quelques dizaines de milliers, voire beaucoup plus. Les styles contrastent, mais les intentions républicaines demeurent et leurs vues quant au devenir de la France, sont singulièrement proches2. Les deux Jacques sympathisent et se

1 Les chefs de « la Gironde » (situés au centre gauche de l'assemblée) seront exécutés le 30 octobre 1793. Lors de l’anéantissement de la faction girondine, Jacques Brival, membre du Comité de sûreté générale depuis le 9 avril 1793, est chargé d’inventorier les papiers du ministre de l’Intérieur Roland et d’établir un rapport destiné à soutenir l’accusation qui conduira madame Roland à l’échafaud. Lanot, autre conventionnel corrézien, est également membre de ce comité.

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Deux extraits de leurs proses respectives :

- «... Citoyens, la justice que je rends aux Parisiens ne doit pas vous être suspecte ; jamais ils n'ont rien fait pour moi ; je n'attends ni ne veux rien d'eux ; je suis né parmi vous ; je veux y vivre et y mourir ; mais je dois à eux et à vous ces dernières paroles : il en est des corps politiques comme des corps physiques ; Paris est le cœur de la République ; les blessures faites au

83 retrouveront le 11 août, lorsque Hébert sera invité à présider la séance du club des Jacobins. Le rédacteur du « Père Duchesne » n’est qu’un élu de quartier, élu du peuple des sans-culottes de la capitale, agitateur sans scrupule. Brival est député, procureur-général-syndic de la Corrèze, homme d’ordre avant tout. Pourtant l’ascendant du journaliste sur l’homme politique est certain dès leur première rencontre et une réelle estime se fait jour entre les deux hommes, qui restera toujours vivace.

Le 13 juillet, coup de tonnerre dans un ciel bien peu serein, Marat est assassiné. « L’ami du peuple » n’aura pas survécu une année à la boucherie de septembre 1792, qu’il avait justifiée, peut-être provoquée et dont il s’était réjoui. La Commune de Paris est abasourdie par cet évènement, mais que dire de Simon bouleversé, faisant reprendre les habits de deuil à son jeune élève ? La Convention organise des obsèques grandioses. Enfin, peut se dire le père Duchesne, je n’ai plus de rival à ma mesure !

Fin août, alors que la situation économique se dégrade considérablement à Paris, que la révolte gronde, attisée comme il se doit par les « enragés » de la Commune, la Convention décide une nouvelle levée en masse. « Dès ce moment, jusqu’à celui où les ennemis auront été chassés du

territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées », proclame Barère. L’armée de la Convention va

désormais compter près d’un million d’hommes. Cette levée tombe au plus mauvais moment, alors que les paysans ont à peine commencé les moissons. Les travaux d’automne seront fortement perturbés, la vie sociale dans les villes et les villages, désorganisée.

Sur le plan climatique, les mois de mai et de juin ont été particulièrement froids. Puis début juillet, les grandes chaleurs surviennent,

cœur sont toujours mortelles, et tout le corps périt à l’instant. Tout à vous, Brival » 9 juin

1793.

- «...Comment se peut-il qu’un foutu palefrenier devenu général, ne soit pas content de son sort, qu’il veuille trancher du grand seigneur, en trahissant la république qui l’a tiré du fumier pour le mettre sur le pinacle ? Un Houchard vouloir singer un Dumouriez ? C’est bien l’occasion de dire que les petits chiens veulent comme les gros pisser contre les murs ! Mais pouvoit-on mieux attendre d’un misérable goujat qui ne s’est élevé qu’à force de bassesses en décrottant les bottes du général Moustache ? Tel maître, tel valet, foutre... » La grande colère

84 sèches, mais ponctuées par de violents orages. En journées, les températures sont caniculaires et restent très élevées pendant les nuits. Le vent est au nord, le ciel désespérément bleu et sans nuages. Les hommes et les animaux souffrent énormément, les plus faibles suffoquent et meurent. Les légumes et les fruits grillent sur place. Les végétaux en manque d’eau commencent à perdre leurs feuilles. Dans un tel contexte climatique, les moulins tournent au ralenti, l’approvisionnement des grandes villes se fait au quart de ce qu’il est habituellement. La famine menace sérieusement et avec elle, les émeutes.

Le mendiant, rebu de la société,