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Madame de Bonchamp raconte ainsi dans ses Mémoires les derniers moments de son mari :

Dans le document VINCENT le dix-septième Louis, Georges PLAS (Page 101-104)

Le Mayençais – soldat de la République combattant sous les ordres du général Kléber

1 Madame de Bonchamp raconte ainsi dans ses Mémoires les derniers moments de son mari :

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Madame de Bonchamp raconte ainsi dans ses Mémoires les derniers moments

de son mari :

« M. de Bonchamp, après sa blessure, avait été transporté à Saint-Florent, où se trouvaient 5000 prisonniers renfermés dans l'église. La religion avait jusqu'alors préservé les Vendéens de représailles sanguinaires ; mais lorsqu'on leur annonça que mon infortuné mari était blessé mortellement, leur fureur égala leur désespoir ; ils jurèrent la mort des prisonniers. M. de Bonchamp avait été porté chez M. Duval, dans le bas de la ville. Tous les officiers de son armée se rangèrent à genoux autour du matelas sur lequel il était étendu, attendant avec anxiété la décision du chirurgien. Mais la blessure ne laissait aucune espérance. M. de Bonchamp le reconnut à la sombre tristesse qui régnait sur toutes les figures. Il chercha à calmer la douleur de ses officiers, demanda avec instance que ses derniers ordres fussent exécutés, et aussitôt il prescrivit que l'on donnât la vie aux prisonniers ; puis se tournant vers d'Autichamp, il ajouta : « Mon ami, c'est sûrement le dernier ordre que je vous donnerai, laissez-moi l'assurance qu'il sera exécuté. » En effet, cet ordre, donné sur son lit de mort, produisit tout l'effet qu'on en devait attendre ; à peine fut-il connu des soldats que de toutes parts ils s'écrièrent : « Grâce ! grâce ! Bonchamp l'ordonne ! et les prisonniers furent sauvés. »

102 « Testament » de Marie-Antoinette

« ce 16 8bre a 4 h 1/2 du matin (16 octobre)

C’est à toi, chère sœur, que j’écris pour la dernière fois. On ne m’a pas condamnée à une mort honteuse, elle ne l’est que pour des criminels, mais à rejoindre ton frère. Je suis calme comme on ne peut l’être que lorsqu’on a une conscience pure. Innocente comme le roi, j’espère que je serai digne comme lui jusqu’à la fin.

Ma plus grande douleur est d’abandonner mes pauvres enfans. Tu sais que ce n’est que pour eux que j’ai vécu et pour toi, ma bonne, ma tendre sœur. J’ai

appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de toi. Hélas ! La pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre. Je ne sais même pas si celle-ci te parviendra. Reçois pour eux deux ici ma bénédiction.

Espérons qu’un jour, quand ils seront plus grands, vous pourrez vous réunir et qu’ils pourront jouir de tes tendres soins. Qu’ils se souviennent tous deux de ce que je n’ai cessé de leur enseigner, que les principes et l’observation des devoirs sont la base fondamentale de la vie, que l’amitié et la confiance qu’ils auront l’un pour l’autre les rendra heureux. Que ma fille comprenne que, étant l’ainée, elle devra toujours aider son frère, que mon fils rende à sa sœur tous les soins, tous les services dont elle aura besoin. Qu’ils sentent, enfin, tous deux, que ce n’est que la concorde qui puisse vraiment les rendre heureux. Qu’ils prennent exemple sur nous : combien de consolation nous a valu notre amitié. Peut-on avoir des amis plus sincères que la famille ? Que jamais mon fils n’oublie les dernières paroles de son père. Qu’il ne tâche jamais à venger notre mort.

J’ai à te parler d’une chose bien pénible en mon cœur. Je sais combien cet enfant doit t’avoir fait de la peine ; pardonne-lui, ma chère sœur ; pense à l’âge qu’il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas. Un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de tes bontés et de ta tendresse pour tous deux. Il me reste à te confier encore quelques pensées. J’aurai voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais, outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps.

103 Je meurs dans la religion catholique, apostolique et Romaine. La religion de mes ancêtres dans laquelle j’ai été élevée. Comme je ne peux pas compter sur les consolations de la religion, ne sachant pas même s’il existe encore des prêtres de cette religion et que l’endroit même où je me trouve les mettrait en danger s’ils venaient me voir, je demande pardon à Dieu de tous les péchés que je puis avoir commis durant ma vie. J’espère que dans sa bonté il exaucera mes dernières prières, me faisant participer à sa miséricorde et à sa bonté.

À toi, chère sœur, comme à tous ceux que je connais, je demande pardon de toutes les peines que sans le vouloir j’aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis tout le mal qu’ils m’ont fait et je dis un dernier adieu aux tantes et à tous mes frères et sœurs. J’ai eu des amis. La pensée d’être séparée d’eux pour toujours me cause des souffrances que je prendrai avec moi en mourant. Qu’ils sachent au moins que ma dernière pensée aura été pour eux.

Adieu ma bonne et tendre sœur. Puisse cette lettre te parvenir. Ne m’oublie pas ! Je t’embrasse de tout mon cœur comme les pauvres chers enfans. Mon Dieu ! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu ! Adieu ! Je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels ; comme je ne suis pas libre dans mes actions ont m’ammenera peut-être un prêtre... mais je proteste icy, que

je ne lui dirai pas un mot, et que je le traîterai, comme un etre absolument etranger."

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ce 16

8bre

a 4 h

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du matin

Dans le document VINCENT le dix-septième Louis, Georges PLAS (Page 101-104)