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R. Fage (1890) – Le diocèse de Tulle pendant la Révolution

Dans le document VINCENT le dix-septième Louis, Georges PLAS (Page 117-120)

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Archives nationales AF II-171.

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R. Fage (1890) – Le diocèse de Tulle pendant la Révolution.

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Le discours de Jacques Brival est reproduit, avec son intitulé, intégralement

ci-après. Il est suivi d’un éclairage personnel. Quant à Jumel, il est bon de signaler que son épouse lui donnera deux enfants, qu’il délaissera. Il finit ses jours comme curé de la paroisse de Saint-Léger-de-Foucheret dans le Morvan, malgré l’interdiction qui lui fut faite de reprendre la prêtrise. Entre temps il avait fait l’éloge de Napoléon, puis celui de Marie-Thérèse d’Autriche.

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C O P I E

DU DISCOURS, PRONONCÉ DANS LE TEMPLE DE LA RAISON, LE DIXIEME NIVÔSE DE L’AN 2° DE LA

RÉPUBLIQUE UNE ET INDIVISIBLE

Par le Citoyen B R I V A L, représentant du peuple,

à l’occasion du Mariage du Citoyen Jumel, ci-devant vicaire épiscopal, connu à Tulle sous le nom de Père Duchêne.

CITOYENS,

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Ne croyez pas qu’en montant à cette tribune, tinuellement en bute aux sarcasmes, aux Je vienne braver les opinions religieuses ; cette plaisanteries et aux dangers, sauvèrent la cons- chaire fut souvent occupée par des hommes titution en éclairant le peuple, et nous ont éloquents et vertueux (a), et je ne la souillerai amené à ce point où, prenant la raison pour pas par des propos contre les morts dont je ne guide, ils nous ont mis en état de nous passer reveillerai jamais les cendres ; mais je dirai d’eux ; c’est avec leur secours qu’il nous a avec celui qui par ses ouvrages a été le héros été permis d’élever un temple à cette divi- de la révolution, je dirai avec Jean-Jacques -nité, de voir par ses yeux, d’agir par ses que toutes les fois qu’on y a publié l’évangile conseils, d’envisager la nature dans toute sa dans toute sa pureté (b), on y donnait des simplicité, de suivre ses doux penchans et de, leçons de morale et de sagesse ; que toutes les nous livrer à ses attraits (c)

fois qu’on y débitait des momeries, que les Puisque cette divinité nous a appris que orateurs se dégradaient au point de se rendre les sermens, que les vœux contre nature sont les panégyristes du despotisme et de l’esclavage, criminels et que nous savons tous que ce- on y commettait un crime : je dirai que tous lui qui est coupable, parce qu’il jure de com- ceux qui, comme des acteurs du théatre nous mettre un crime, commet un nouveau crime y ont débité ce qu’ils ne pensaient pas, et ce en l’exécutant ; rendons hommage à ce citoyen qui n’était pas le fruit de leur génie, étaient qui long-tems enchaîné par un serment crimi- des perfides ou des plagiaires, et qu’ils ne mé- nel dans les liens de l’abstinance, aurait ritaient que du mépris; mais je dis ici que si souvent occasionné des fêtes à Gènes ou à l’Etre suprême veut un culte, celui qui s’alie Venise (d), s’il en eût été le Doge, et le mieux avec les vertues républicaines doit repandra bientôt dans le sein de notre conci- être le nôtre; je n’en désigne aucun. A Rome, toyenne le fruit de tant de privation. à Athènes, à Carthage les hommes étaient

payens, et toujours républicains ; en Suisse

les républicains sont catholiques ou protestans, (a) Les Mayearons, les Guédons, etc, etc. en France on sera ce qu’on voudra, pourvu (b) Rousseau dit dans ses œuvres que la qu’on ne cesse d’être républicains ; faisons à sublimité de l’évangile l’étonne.

cet égard ce qui convient à nos goûts, mais (c) Je ne parle pas ici de ces prêtres intriguans, ne soyons jamais ingrats envers ceux qui con- de ces égoïstes, ils ne méritent que nos mépris.

(d) A Gènes et Venise, on pèse tous les ans le Doge, et lorsqu’il paraît par le poids qu’il a

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Citoyens, c’est dans l’enceinte de cette citée à noire calomnie qui poursuivait ses pas, doivent jamais célèbre, de cette citée qui fut le berceau compter pour beaucoup. Il fait plus ce Nestor de la liberté et le tombeau des tyrans, que moderne, non content de détruire les préju- Jumel a pris naissance ; c’est là que cet hom- gés par ses discours et par ses écrits, il vous me, après avoir contribué à abattre l’édifice prouve que, si l’exemple d’un prédicateur fit que le despotisme éleva au milieu de Paris (a), perdre quelque fois le fruit du sermon, celui pour, du haut de ses tours, étendre ses chaînes d’un bon apôtre, comme lui, corrobore de plus sur toute la surface de la France ; qu’après en plus le fruit de ses discours.

avoir éclairé un million d’hommes par ses dis- Il faisait plus, citoyens, ce philosophe nou- cours révolutionnaires et patriotiques, cet autre veau, pour détruire à la fois tous les pré- Hebert, ce citoyen qui n’a d’autre patrie que jugés de l’un et l’autre sexe, il voulait faire la terre, d’autre heros que le genre humain, jouir une jeune Anachorète du fruit des ma- après avoir purgé son pays des monstres qui ximes qu’il ne cessait de répandre ; mais alors l’infestaient, nouvel Hercule, forma le projet consultant plus le bien qu’il pouvait faire dans de parcourir la terre, de porter au loin son l’opinion publique, que le sentiment qui l’ani- courageux patriotisme, son talent et sa vertu : mait, il présentait son cœur et sa main à une félicitons-nous, citoyens, de ce que les mon- victime à peine décloîtrée et qui meurt de tagnes qui nous entourent sont le terme où regrêt de l’avoir rebuté.

ce fils d’Alcmène pose les colonnes qui doi- Si certains obstacles empêchaient alors cette

vent fixer le terme de ses exploits. Réunion doublement philosophique, le public

ne lui en est pas moins redevable de son Citoyens, si jamais j’ai été assez heureux zèle et de son ardeur.

pour faire quelque chose pour cette ville, Rendu à lui-même par les circonstances, l’arrivée du Père Duchêne au milieu de nous, ce citoyen, totalement maître de son cœur et le glorieux et utile séjour qu’il y a fait malgré la de sa main, vient de les donner sous les

auspices de la déesse de la raison à une de ces

(a) La Bastille. patriotes formées à l’époque de la révolution.

Il sera gendre d’un père et d’une mère qui

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nous sont chers ; il aura pour frères deus dé- 18 siècles, seconde nos efforts, ne laisse plus fenseurs de la patrie, et qui ont versé leur obscurcir notre horison, entretiens dans les sang pour elle ; il trouvera encore dans cette cœurs des tendres époux que tu vois à tes famille un de ces ciclopes qui ne cesse de pieds, l’amour, l’égalité, l’unité, l’indivisibi- se rendre utile en forgeant les instrumens de lité de la république, et puisque l’aigle guer- carnage et de mort contre les tyrans et tous rière n’enfanta jamais la timide colombe, fais

nos ennemis. Qu’ils nous donnent promptement des descen-

Souviens-toi, nouvel époux, notre conci- dans, qui, élevés dans les principes du père et toyen, notre ami, notre frère, que si souvent des ayeux, serviront toujours la patrie, par leur tu as prêché contre ta façon de penser (b), courage, par leur plume, par leurs paroles, d’impérieuses circonstances t’y obligeaient. par leur action, par leur vertu ; c’est ce que je n’oublie jamais que tu as abjuré pour toujours vous souhaite, sous les auspices de la divinité le charlatanisme, et sache enfin que vingt que nous célébrons.

120 suivant les lois du Talion, que par vingt ans (b) Il a déclaré publiquement à la société et au

de vérité. département que jusqu’à ce jour il n’avait prêché

Et toi sur qui se sont fixé en dernière ana- que des erreurs dans la chaire qu’il appelait lyse les regards et les tendres vœux de ce phi- vérités.

losophe moderne, jouis long-temps de ton bonheur, goûte à long trait les plaisirs déli- cieux qui t’attendent dans les savoureuses étreintes que les demons de l’ancien régime

ne sauraient enchaîner. A TULLE,

Déesse de la raison, divinité sacrée, toi chez P.J.M. VACHOT,

qui a détruit dans 24 heures le préjugé de Imprimeur du Département

Archives départementales de la Corrèze Note : la pagination du discours

cote L 642A a été conservée, les anciennes terminaisons

Doc. portant le cachet : Mairie de Seilhac. « oient » ont été remplacées par « aient ».

Le « conventionnel » Jacques BRIVAL

Dans le document VINCENT le dix-septième Louis, Georges PLAS (Page 117-120)