• Aucun résultat trouvé

Les municipaux de garde au Temple se sont rendus dans la chambre du petit Charles. La pièce qu'il occupe depuis le juillet 179, dans l'appartement situé au

Dans le document VINCENT le dix-septième Louis, Georges PLAS (Page 126-130)

Membre du Comité de Sûreté Générale

3 Les municipaux de garde au Temple se sont rendus dans la chambre du petit Charles. La pièce qu'il occupe depuis le juillet 179, dans l'appartement situé au

1

Neuf heures du soir, heure du soleil. Mais en hiver, il fait nuit depuis 5 heures.

2

Document reproduit page suivante.

3

Les municipaux de garde au Temple se sont rendus dans la chambre du petit

Charles. La pièce qu'il occupe depuis le 3 juillet 1793, dans l'appartement situé au deuxième étage du donjon, attribué jadis à Louis XVI, est en travaux. La chambre dans laquelle se sont rendus les municipaux ne peut être que celle qui est située dans le logement des Simon. Ce logement, occupé précédemment par le gendarme Leclerc, est situé dans l'enclos du Temple au-dessus des écuries, donc hors de la première enceinte du Temple. De plus, depuis trois jours, le prisonnier n'est soumis qu'à une surveillance de pure forme. Quant aux gardes, une fois les constatations effectuées, ils ont regagné leur poste dans la salle des gardes.

128 Il fait nuit noire. Au loin, le bruit caractéristique produit par le cerclage de fer des roues d'une carriole, sur le pavé de Paris, n'est ponctué que par le claquement saccadé de sabots cloutés sur la chaussée. Un homme s'avance, une lanterne tenue à bout de bras. Dans son sillage un personnage massif tracte une charrette à bras, semblable à celles que les lingères utilisent dans la journée pour visiter leurs clients. Se tenant à côté de la charrette une femme corpulente avance péniblement, une main posée sur le rebord du véhicule semble soulager sa marche. Elle surveille attentivement la pile de linge sous laquelle on devine un enfant qui dort à poings fermés, bercé par les cahots de la voiture et soigneusement protégé du froid intense qui accable la capitale, car du Temple à la rue des Cordeliers sur l’autre rive de la Seine, le chemin est long. Les Simon et leur aide font là leur dernier voyage vers l’appartement. Ils en ont gros sur le cœur : devoir se séparer si vite du petit qui faisait le bonheur de Marie-Jeanne et tenait si bien compagnie à Antoine. Mais, puisque sa vie est menacée, il faut bien se faire une raison. Ils n'ont eu aucune peine pour sortir de l'enclos. La petite porte qui débouche sur la rue du Temple n'est pas surveillée et quand bien même l'aurait-elle été, les allées et venues de Simon tout au long de la journée ont anesthésié toute suspicion. De plus, les consignes laissées aux gardes par Chaumette équivalent à un sauf-conduit pour le cordonnier. Enfin, Hébert a convenu de fournir à Simon un

129 aide pour son déménagement et ils se sont accordés sur le choix d'un ami commun, qui cependant n'a pas été mis dans la confidence.

Le couple Simon n'a guère dormi cette nuit qui précède la séparation définitive d'avec leur petit Charles. L'appartement inoccupé depuis l'été dernier est resté glacial, malgré le poêle allumé qui n'a guère pu être activé pendant la journée. Ils sont en train de tout perdre : le logement de fonction, même si Simon aura toujours accès au petit appartement situé au-dessus des écuries ; le couvert fort copieux ; les émoluments et maintenant l'enfant. Il est bien difficile de se faire une raison. La Révolution qui leur avait tout donné, vient de tout leur reprendre. Lui va pouvoir oublier en étant davantage présent aux assemblées du peuple, mais pour sa femme, quel vide ! Son ami le « père duchesne » lui a bien fait comprendre que rien ne devait filtrer de ce qui s'était passé au Temple, sous peine de mort. Mais était-ce bien nécessaire d'énoncer de telles évidences ? Le petit dort profondément, ne se doutant pas que bientôt il quittera Paris pour une destination que lui le cordonnier, ne connaît pas. Dire qu'il aurait dû être roi ! Huit ans et demi et une vie de malheurs que l'on ne peut souhaiter à personne. Son père et sa mère guillotinés et maintenant sa sœur qu'il ne reverra probablement plus. A cet instant précis, les fils qui le reliaient encore à sa famille, viennent de se rompre. Chaumette est en passe d'avoir gagné, tout a été fait pour que Charles oublie ce qu'il est. Peut-il encore se souvenir de son enfance au château de Versailles ? Les violences révolutionnaires ont jeté un voile opaque sur sa mémoire.

Le chanoine et la jeune veuve qui doit prendre en charge l'enfant, sont arrivés le jour même du déménagement. Aussi, le lendemain matin est-il consacré à un repos bien mérité qu'ils ont pris dans l'appartement loué dans l'ancien couvent des Cordeliers il y a peu de temps, par la Commune. Peu après midi, Hébert qui a passé la fin de la matinée auprès des Simon et de l'enfant, s'annonce. Il informe l'homme, qu'il ne connaît que pour être le frère du député Brival, que demain à la première heure une berline confortable et légère les attendra dans la cour. Comme convenu, il met à leur disposition un postillon et un cocher. Ce dernier est un homme de confiance qui leur servira avant tout de garde du corps fortement armé. Les routes ne sont pas sûres et imposent de prendre toutes les précautions en vue de leur sécurité. Les sauf-conduits des trois voyageurs et des deux servants seront visés tout à l'heure par le Comité de sûreté générale et nul ne pourra les contester. Les étapes ont été soigneusement calculées par Jacques Brival, habitué aux longs et incessants déplacements. Elles tiennent compte de deux choses essentielles : la présence

130 d'un enfant qui limite la durée quotidienne du voyage ; les quatre chevaux qui ne seront remplacés pas plus à l'aller qu'au retour.

Hébert aurait préféré que le petit Capet ne passe pas une journée supplémentaire en dehors du Temple, avec les Simon. Les risques d'éventer le complot sont accrus d'autant. Aussi, les consignes ont été strictes, il n'est pas question que le couple et l'enfant sortent de l'appartement. Marie-Jeanne disposera donc d'une journée supplémentaire pour préparer le linge dont l'enfant aura besoin. Les repas leur seront portés. Le logement des Simon est resté inoccupé pendant près de sept mois et il y a tout lieu de se méfier des soupçons qui pourraient naître si les voisins percevaient les ébats d'un enfant. Simon pourra préparer le petit en présentant le voyage comme un nouveau jeu, lui parler des chevaux. Enfin, qu'il se débrouille pour l'occuper. La tension est à son comble ce premier Pluviôse de l'an second, tension à laquelle viennent s'ajouter les soucis consécutifs à l'absence du fils Capet au Temple. Certes, Chaumette veille sur place, mais sait-on jamais ! Hébert autorise le chanoine et la veuve, à visiter Charles et ses tuteurs en début de soirée. Il est bon que le petit fasse connaissance avec ceux qui vont dorénavant s'occuper de lui. Il s'est montré intéressé, surtout par la promenade en calèche. Ayant l'habitude de côtoyer beaucoup de monde au Temple : les Simon, les chefs de la Commune, les municipaux de garde renouvelés chaque jour, les fournisseurs, les serviteurs, les ouvriers, il est normal que plus aucune tête nouvelle ne l'étonne. Etre confié à deux personnes qu'il n'a jamais vues ne peut donc constituer un réel problème.

Le cordonnier Simon, gardien et “ instituteur ” de

Dans le document VINCENT le dix-septième Louis, Georges PLAS (Page 126-130)