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Techniques et collecte de données 31 

Chapitre 3 L’approche méthodologique 30 

3.3 Techniques et collecte de données 31 

La première étape du processus de recrutement a été de distribuer des affiches approuvées par le comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval annonçant le projet de recherche, celles-ci décrivant brièvement le projet et le profil des femmes recherchées (annexe 5). Ces affiches ont été posées dans plusieurs lieux publics, tels que les centres communautaires, les différents organismes, les piscines, les cafés Internet se trouvant sur les artères des deux quartiers visés par l’étude. Les organismes communautaires ont largement contribué à faciliter le recrutement des participantes. Un organisme dans Côte-des-Neiges et deux organismes à Ahuntsic-Cartierville ont fourni une liste de noms de participantes intéressées répondant aux critères de la recherche. Chacune des femmes a été contactée par téléphone afin de confirmer leur intérêt à participer à la recherche et de prendre rendez-vous pour l’entrevue.

Suite au déroulement des premières entrevues, puis à la présence fréquente de l’étudiante chercheure dans les organismes, certaines femmes interrogées ont donné le nom d’amies ou de connaissances dans la même situation qu’elles, qui pouvaient être intéressées à participer à notre

recherche. Ce recrutement par bouche-à-oreille a permis de recruter deux femmes qui ne participaient pas aux activités des organismes communautaires.

3.3.2 Entrevues individuelles semi-dirigées

La première méthode de collecte de données utilisée est l’entrevue individuelle semi-dirigée. En tout, dix-sept entrevues individuelles ont été menées dans les deux quartiers. Plus précisément, douze mères immigrantes et cinq intervenantes d’organismes communautaires ont été interrogées. Les entrevues se sont déroulées dans les locaux des organismes et au domicile des répondantes lorsque celles-ci n’étaient pas en mesure de se déplacer. La durée des rencontres a varié entre soixante et quatre-vingt-dix minutes.

Les entrevues réalisées dans le cadre de cette recherche ont permis aux mères immigrantes d’exprimer leurs opinions et leurs pensées relatives à leur parcours migratoire, leur expérience de maternité ainsi que toutes informations concernant leur réseau de soutien. J’ai retenu cette technique, car, elle est appropriée lorsque la chercheure tente de saisir « l’analyse du sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux événements auxquels ils sont confrontés (représentations sociales, systèmes de valeurs, leurs repères normatifs, etc.) », également parce qu’elle permet « la reconstitution de processus d’action, d’expériences ou d’événements du passé » (Van Campenhoudt et Quivy, 2011 :172). Concrètement, l’entrevue individuelle permet aussi d’interroger une personne qui ne pourrait pas, par sa condition, remplir un questionnaire, d’autant qu’en soumettant une question à la fois, ce type d’entrevue permet de clarifier les questions lorsque le répondant ne comprend pas ou qu’il ne répond pas complètement à celle-ci (Russell Bernard, 2013 :256).

3.3.3 Groupe de discussion

Selon Schensul et coll. (1999), le groupe de discussion peut être formel, informel et guidé à différents degrés selon la volonté du chercheur qui conduit le groupe. Les questions peuvent être ouvertes, semi-ouvertes ou fermées. D’ailleurs, l’un des avantages des groupes de discussion est celui de pouvoir interroger plusieurs personnes à la fois, et de permettre au chercheur d’observer les interactions de plusieurs personnes qui échangent sur un même thème. Les groupes de discussion présentent une limite à la collecte de données, car « quality and validity of the informations may be influenced or hampered by the composition of the group and the interaction of the personalities within it » (Schensul et coll., 1999:112).

À l’automne 2013, en complément des douze entrevues individuelles avec des mères immigrantes, « un partenariat » a été créé avec un organisme d’Ahuntsic afin de réaliser des groupes de discussion comprenant dix autres femmes. Pour ces groupes, un questionnaire écrit a été élaboré à partir des questions posées en entrevues individuelles afin que les mères puissent le remplir au début ou à la fin de la rencontre (Annexe 9). Les questions posées avaient pour objectif de connaître davantage la situation individuelle des répondantes selon leur parcours migratoire, leur réseau, les personnes sur qui elles pouvaient compter, les formes de soutien auxquelles elles avaient accès, les attentes envers celles-ci, etc. La première rencontre a eu comme thème leur expérience de grossesse à Montréal et le soutien dont elles ont bénéficié suite à cette expérience. Les facteurs qui facilitent et ceux qui entravent la recherche et l’accès au soutien ont été mis en lumière. Pendant cette rencontre de nouveaux thèmes ont aussi émergé du discours des femmes, ce qui a influencé les sujets discutés lors de la deuxième rencontre. Par exemple, la dépression, la solitude, le soutien du conjoint, la fréquentation d’un organisme sont des thèmes qui ont été soulignés par les femmes. Ainsi lors de la deuxième rencontre, nous avons abordé les moyens que prennent les femmes pour combattre leur déprime, ce qui fait plaisir à une femme après avoir accouché, les endroits qu’elles fréquentent et les motivations à fréquenter un organisme communautaire. Aussi, ce fut une occasion de rencontrer des réfugiées, dont quatre femmes provenant de la Syrie. Puis, la troisième rencontre a eu pour thème les valeurs des femmes et les valeurs québécoises. Entre six et dix femmes, ont participé à chacune des rencontres, la majorité d’entre elles proviennent de pays arabes dont les pays du Maghreb. Ce sont les mêmes femmes qui revenaient à chaque groupe.

3.3.4 Construction du schéma d’entrevue

 

Le schéma d’entrevue a été bâti avec la perspective d’identifier la composition de l’entourage des participantes ainsi que les formes de soutien souhaitées et reçues lors de leur expérience de maternité. Les questions se sont donc articulées autour des thèmes des valeurs des femmes, de la présence des aidants et du soutien apporté à diverses périodes de leur maternité (prénatale, l’accouchement et postnatale). Les questions étaient posées de façon ouverte. Au fil des entrevues semi-structurées individuelles et de groupes, le questionnaire a été bonifié par itération. Nous avons donc discuté de leur parcours migratoire, de leurs attentes, de leur intégration à la société d’accueil et des formes de soutien présentes, absentes ou espérées.

Un journal de bord a été tenu tout au long de la collecte de données, de la période de recrutement, des entrevues individuelles avec les participantes et les intervenantes et lors des groupes de discussion. Ce journal a permis de transcrire des observations et des pistes de réflexion dans le but de bonifier les questionnaires et l’analyse des données.

3.4 Échéancier de la recherche

 

La collecte de données a commencé au printemps 2013, suite à l’approbation du comité d’éthique de l’Université Laval, dans les deux quartiers ciblés soit Côte-des-Neiges et Ahuntsic-Cartierville. Elle s’est échelonnée jusqu’à la fin du mois d’octobre. Puis, au fil des rencontres de nouvelles portes se sont ouvertes. Au début de l’automne, j’ai pu réaliser des entrevues avec des femmes qui présentaient un profil que je n’avais pas encore rencontré (soit des femmes ayant été acceptées au Canada avec le statut de réfugiée) ainsi qu’animer les groupes de discussion. La retranscription des entrevues s’est déroulée au fur et à mesure de leur déroulement et s’est poursuivie jusqu’en décembre 2013. L’analyse de ces données a commencé dès le début du terrain et s’est intensifiée à partir de janvier 2014 et s’est poursuivie en même temps que la rédaction du mémoire.