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Les organismes communautaires 65 

Chapitre 4 Présentation et discussion des données 40 

4.3 Accouchement et phase postnatale 47 

4.3.7 Les organismes communautaires 65 

Les quartiers de Côte-des-Neiges et d’Ahuntsic-Cartierville sont desservis par divers organismes qui offrent des services aux populations immigrantes. Les services offerts ciblent les besoins des mamans avec leurs bébés, les enfants, la famille. Ils concernent les conseils juridiques et psychologiques pour les femmes, des ateliers et des cours afin d’informer les immigrants (notamment sur le marché du travail et les études) et les initier à la langue française. Certains services de santé sont dispensés par des infirmières dans plusieurs organismes.

Une limite plutôt identifiée par les femmes, au sujet des organismes communautaires, découle des heures d’ouverture durant lesquelles les activités et services sont offerts. La plupart des organismes ne sont ouverts que la semaine durant la journée, ce qui pénalise donc les femmes qui travaillent. Ainsi, le profil des bénéficiaires des organismes montre une forte représentativité des mères à la maison. Toutefois, dans les deux quartiers, certains organismes communautaires organisent des ateliers, des conférences ou des activités ponctuelles lors de la fin de semaine. Trois participantes ayant un emploi ont souligné qu’elles assistent uniquement aux activités organisées le soir ou la fin de semaine. La différence notée entre les femmes qui travaillent et celles qui ne travaillent pas est illustrée par les propos de Nora : « On fait les activités du Baobab la fin de semaine. Je ne connais pas les mamans du Baobab parce que je travaillais, je ne venais pas souvent. Je viens pas tous les jours ». La deuxième limite abordée par les mères immigrantes et rapportée par les intervenantes est le manque de ressources pour offrir du répit aux mères pour que celles-ci puissent prendre des cours, notamment ceux de francisation. Une troisième limite identifiée par les intervenantes de plusieurs organismes communautaires concerne la désinformation. Les intervenantes rapportent devoir déconstruire les informations fausses ou défraîchies véhiculées par le réseau de la personne. Ce travail d’information touche principalement les domaines du travail et des études au Québec ainsi que les soins au bébé. 

Les participantes apprennent l’existence des organismes communautaires et des services offerts par le biais du bouche-à-oreille entre amies ou voisines, par les infirmières ou les intervenantes du CLSC ou bien par hasard, lorsqu’elles sont à la recherche d’autres services. Par exemple, pour Naïma : « J’ai été jumelée à une marraine d’allaitement, c’est grâce à une infirmière du CLSC » ou pour Fatima : « La Fondation du docteur Julien, c’est tombé par hasard, je suis allée m’informer pour voir ce que c’était et j’ai pu inscrire ma fille. J’étais là pour le centre de recherche au logement dans la même bâtisse ». Aussi, « j’ai entendu parler du Baobab par une amie » (Amina). Puis Myriam raconte comment elle a guidé une amie, une femme nouvellement arrivée dans le quartier :  « son bébé jouait avec ma fille, on s’est rencontrées à la bibliothèque, on a parlé, et après je lui ai montré le Baobab pour la halte répit pour sa fille. Je lui ai montré comment s’inscrire. Maintenant, elle a inscrit sa fille au CPE, le même que ma fille ».  

Aussi, les participantes, autant en entrevues individuelles que lors des entrevues de groupe, ont été nombreuses à m’indiquer qu’elles ne ressentaient pas de gêne ou d’obstacles à se renseigner auprès des organismes pour du soutien. Une participante dans le quartier Côte-des-Neiges l’exprime en ces termes : « je n’ai pas de gêne à demander ou m’informer, je fonce » (Fatima).

Les participantes en entrevues individuelles et en groupe ont répondu aux questions suivantes :

Pourquoi fréquentez-vous un organisme? et Pour quels services fréquentez-vous un organisme?,

les participantes d’Ahuntsic-Cartierville fréquentant l’organisme de Concertation Femmes ont répondu : « Dans les organismes, tu peux enlever ton voile, allaiter, garder l’enfant avec toi ou le mettre en service de répit le temps de faire une activité » ou bien « faire des activités qui font du bien ».

Pour Naïma qui fréquente l’organisme Autour du bébé : « j’aime ça, ça me rassure, je peux poser des questions à l’infirmière qui pèse le bébé à chaque semaine. J’aime être entourée d’autres mamans ».

Pour Nora, c’est par curiosité et parce qu’« on est seule donc on cherche à qui parler. Quand j’ai eu des problèmes avec mon mari, comme tous les couples, moi je me sentais toute seule, je me sentais fragile émotionnellement, avec le bébé, j’avais besoin de parler. Alors je suis allée cogner à leur porte, on a parlé, on fait des sorties, on participe à des formations avec eux ».

Pour la majorité des répondantes des deux quartiers, la fréquentation des organismes communautaires tourne autour des besoins liés aux bébés ou aux enfants. Les services les plus cités sont ceux de répit, de garderie, d’activités physiques ou d’initiation à celles-ci : l’organisme la Joujouthèque et la Fondation du docteur Julien dans Côte-des-Neiges sont particulièrement sollicités et appréciés. La Fondation du docteur Julien a pour objectif d’offrir tous les services nécessaires dans une perspective de pédiatrie sociale afin que chaque enfant puisse se développer. Le témoignage d’une des participantes ayant eu recours à cet organisme : « J’ai rencontré le docteur Julien, car mon premier enfant avait un retard de langage, mais le docteur Julien m’a rassurée, que c’était normal, de ne pas s’inquiéter, que c’était normal pour les premiers enfants, et que c’est bien de lui parler en arabe » (Assia).

Les femmes vont aussi vers les organismes qui leur offrent des ateliers tels que les cours de couture, de cuisine collective ou de pâtisserie, les cours prénataux, ou ceux de zumba, etc. Pour Amina : « J’y vais pour les activités, la couture, les soupers, les déjeuners, la fête du 15e anniversaire, le répit. Le Baobab fait des activités pour les enfants et les mamans ». Enfin, pour Myriam : « Le Baobab, pour les sorties, le parc Jean-Drapeau, la cabane à sucre, les pommes, j’utilise le répit avant que ma fille rentre au CPE et le Baobouge ». D’autres raisons sont évoquées dans les groupes de discussion pour justifier la fréquentation d’un organisme : « ça fait du bien de sortir », « il y a un service de garderie ou de répit disponible », « il y a des intervenantes qui parlent arabe qui peuvent nous aider », et « les ateliers par les infirmières qui informent, c’est rassurant ». Certaines participantes mentionnent que les services offerts de répit ne sont pas suffisants : « les deux demi- journées par semaine, c’est pas assez » ou elles démontrent une certaine déception liée à l’attente : « il y a une liste d’attente pour certains ateliers ».

En résumé, les participantes fréquentent essentiellement les organismes communautaires dans le but de s’informer, de briser l’isolement et de recourir aux services offerts. Ce qui est le plus apprécié par les femmes rencontrées dans Côte-des-Neiges et d’Ahuntsic-Cartierville, c’est le service de répit et les activités organisées pour les enfants, les activités familiales et les cours. En plus de favoriser la création de nouveaux liens entre les mères immigrantes, la fréquentation de l’organisme est une stratégie employée par les répondantes pour combattre la déprime34 et la       

34 Lors de la collecte de données et des rencontres avec ces femmes, l’origine de la déprime ressentie par ces femmes

tristesse, un état qui semble affecter presque toutes les répondantes du quartier d’Ahuntsic- Cartierville rencontrées en entrevue de groupe. Ce sont donc le soutien moral et le soutien instrumental qui sont fournis par les organismes.