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Le soutien lors de la phase d’établissement 45 

Chapitre 4 Présentation et discussion des données 40 

4.2 La phase d’établissement et phase prénatale 41 

4.2.2 Le soutien lors de la phase d’établissement 45 

Au regard des données, seules ou accompagnées de leur mari, les femmes interrogées se tournent d’abord vers la famille transnationale (dans les cas où elle est accessible), les compatriotes puis les organismes communautaires pour les aider dans leur quête d’informations. À cet égard, comme le souligne l’étude de Deville-Stoetzel, Montgomery et Rachédi (2012), la phase d’installation est un moment où le réseau de soutien est stimulé, et « l’urgence de la situation - arriver dans un nouveau pays - et la nécessité de rétablir une routine, […], l’[la personne immigrante] engagerait plutôt dans un processus de quête de compétences, d’informations, et de ressources variées, dans lequel la capacité à reconstruire un réseau de relations efficaces peut jouer un rôle central » (2012 :81).

Par exemple, plusieurs participantes ont affirmé que ce sont des amis à elles ou à leur mari qui les ont aidés à trouver un logement ou l’ont loué pour elle. D’autres ont trouvé grâce au centre de recherche de logement du quartier, c’est d’ailleurs le cas de Fatima (35 ans, éducatrice en garderie) : « ce sont mes cousins qui ont trouvé l’appartement » et de Myriam : « Un ami a trouvé un logement et l’a loué avant notre arrivée. Il nous a tout montré ».

À ce stade, on constate donc que le soutien offert par le réseau de soutien et les professionnels (organismes communautaires, services de santé, compatriotes) est d’ordre informatif. La famille et les amis proches offrent, quant à eux, de l’écoute et du réconfort aux femmes.

Un autre facteur facilitant l’obtention du soutien a été identifié dans le discours des femmes. En effet, plusieurs d’entre elles ont souligné que vivre dans un quartier tel que celui de Côte-des- Neiges favorisait l’accès au soutien grâce à la présence visible de la communauté (mosquée, épiceries, associations, restaurants, etc). De plus, ce quartier héberge de nombreux organismes communautaires qui viennent en aide aux immigrants et ayant pour clientèle cible les enfants. Les participantes ont toutes affirmé avoir sollicité un organisme ou un professionnel de la santé lorsque cela fût nécessaire et qu’elles n’avaient pas eu de problèmes à en trouver.

Une seule barrière a été identifiée par les femmes qui sont arrivées en hiver : même si elles ont d’abord apprécié la neige et les flocons, elles se sont rapidement emmurées chez elles pour éviter le froid et tous les désagréments liés à cette saison. De ce fait, cette habitude les conduit à s’isoler. Cet obstacle est vécu comme un choc culturel (Susnjar, 1992) et une barrière à l’intégration immédiate, comme l’une des répondantes le mentionne : « C’est dur de s’intégrer et avec l’hiver c’est encore plus dur. C’était vraiment difficile les premiers mois, car je suis arrivée en janvier, j’ai aimé la neige mais le froid » (Assia). L’une des dames a ajouté que c’était difficile pour elle de gérer les enfants avec les vêtements d’hiver, la marche dans la neige et les transports collectifs. En somme, on constate que certaines caractéristiques du profil des femmes influencent l’accès au soutien lors de leur établissement, telle que la maîtrise de la langue ou la présence du mari, de membres de la famille ou de compatriotes déjà établis à Montréal. Le soutien peut également provenir de la famille transnationale. Le soutien obtenu lors de cette phase est surtout de nature informative, matérielle ou morale. Un facteur facilitateur et une barrière à l’obtention de l’aide ont été identifié, respectivement, le caractère multiethnique des deux quartiers et le climat hivernal.

4.3 Accouchement et phase postnatale

 

Cette section, consacrée à l’accouchement et au soutien postnatal, explore d’abord les valeurs, les normes et les attentes relatives à l’accouchement et aux soins entourant cette période dans le contexte culturel maghrébin. On y souligne l’importance de la maternité au Maghreb ainsi que l’importance du réseau féminin autour de la mère. On y expose aussi les données recueillies concernant les stratégies employées par les mères immigrantes afin de recréer un réseau féminin autour d’elles et obtenir du soutien. Ce chapitre expose également les types de soutien obtenus par chaque acteur du réseau de soutien et de leur rôle auprès des mères immigrantes. Puis, nous exposons certains constats qui émergent concernant la perception subjective que les participantes ont des membres de leur réseau de soutien et du soutien apporté pendant leurs relevailles. Enfin, c’est une discussion sur les objectifs de cette recherche et des pistes de réflexion qui clos ce chapitre.

4.3.1 Valeurs, normes et attentes selon le contexte Maghrébin

Lacoste-Dujardin (2008) mentionne l’importance de la maternité dans les pays maghrébins, celle- ci étant soulignée et encadrée par la religion, la politique et le droit. Chebel (1999), dans son ouvrage Le corps en Islam, affirme que « la natalité est une bénédiction divine, une sorte d’élection particulière, un traitement privilégié, l’accouchement est le moment le plus important de la vie d’une mère » (1999 :50). Plusieurs autres auteurs font mention de ce culte de la maternité en terre maghrébine dont Obermeyer (2000), Kuster et collègues (2002), et à nouveau Chebel (2013). Le discours de mes informatrices témoigne également de l’importance accordée aux enfants : « on vit pour les enfants », « tu dois vivre pour tes filles », « tu dois te mettre dans la tête que tu vis pour tes enfants et pour toi ». À ce propos une femme développe : « C’est la vie, c’est la tradition, c’est la vie musulmane, avoir un mari puis des enfants ».

La place importante accordée à la maternité et à la nouvelle maman est soulignée par les coutumes de maternage qui sont prescrites par les pratiques thérapeutiques remontant à l’époque