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Les professionnels de la santé 62 

Chapitre 4 Présentation et discussion des données 40 

4.3 Accouchement et phase postnatale 47 

4.3.6 Les professionnels de la santé 62 

les mamans immigrantes. Lorsque la famille et le conjoint des participantes ne sont pas disponibles, celles-ci se tournent vers les professionnels de la santé et les organismes communautaires.

4.3.6 Les professionnels de la santé

 

Les professionnels de la santé sont une source importante de soutien aux yeux des mères immigrantes. Précisément, plusieurs femmes mentionnent que la contribution des infirmières en période postnatale équivaut à celle des conjoints.Toutefois, il faut nuancer, car le soutien apporté par les infirmières est plus souvent cité chez les femmes qui ont peu d’amies et aucun membre de leur famille au Québec, donc qui n’ont aucune autre possibilité de soutien. Les infirmières sont aussi citées lors de la première grossesse et sont remplacées par les amies chez les participantes qui ont, par la suite, l’opportunité de s’être reconstruit un réseau de soutien. Ainsi, le soutien apporté par l’infirmière vient pallier, en partie, l’absence d’aide de la part du réseau féminin. Pour Amina, « Pour mon premier, il n’y avait que mon mari et l’infirmière, ensuite je me suis fait des amies » ou pour Myriam, « Les infirmières sont très gentilles, elles te donnent du soutien, car j’ai eu de la difficulté la première semaine (après l’accouchement) ». Une autre participante en entrevue de groupe indique : « c’est le CLSC qui m’a le plus aidée ».

Les réponses des répondantes en entrevues individuelles et de groupe soulignent l’appréciation du soutien informatif, moral et instrumental que les infirmières leur procurent. Par exemple,

« j’ai demandé à l’infirmière du CLSC, s’il y avait des ressources pour moi ici, elle m’a répondu que je devais appeler une infirmière et lui dire que j’étais enceinte. Eux, font le suivi avec les femmes, et j’ai fait un suivi avec une infirmière à tous les deux mois, c’est la même qui est venue chez moi, pour enlever les agrafes car c’était une césarienne. […] mais niveau santé c’est mieux ici [à Montréal]. Moi je trouve que le personnel, ici, est plus attentif, plus doux » (Myriam).

En entrevues de groupe, les participantes ont souligné la perte ou la diminution du soutien de la part des infirmières du CLSC lorsque celles-ci apprenaient que la belle-famille ou le mari de la

participante habitaient à Montréal. Cette diminution se traduit notamment par la réduction des visites effectuées par l’infirmière au domicile de l’immigrante. Mais comme les femmes en témoignent, la présence d’un réseau ne garantit pas l’accès à du soutien : « tu as moins d’aide de la part des infirmières, mais ta famille n’est pas disponible ». À propos de leur belle-famille, « je peux les appeler, mais ils ne sont pas disponibles » ou bien « ils ne sont pas disponibles parce qu’ils travaillent ». La présence de certains membres de la belle-famille devient donc un obstacle à l’obtention de soutien nécessaire lors des relevailles même si ceux-ci par leur emploi du temps ne sont pas disponibles pour assurer le soutien nécessaire à la mère immigrante.

Un autre obstacle que les participantes rencontrent est leur méconnaissance du système de santé québécois et des services offerts en périnatalité. Les propos d’une participante traduisent cette réalité :

« Le CLSC, au début, des infirmières venaient, après elles sont parties, et moi je savais pas que je pouvais demander de l’aide, parce que je venais d’arriver. J’ai accouché la première année que je suis arrivée. Je savais pas qu’elles pouvaient venir m’aider. Je savais pas qu’il y avait un service pour ça. J’avais de la difficulté à prendre ma douche, j’étais toute seule à la maison. Je me disais comment font les gens ? Je restais sale et je trouve pas comment faire » (Nora).

Les propos des femmes en entrevues de groupe et en entrevue individuelle mettent en lumière un autre rôle que les infirmières remplissent, qui est celui de tremplin vers les autres ressources communautaires ou du réseau de la santé. Une participante raconte : « En faisant les ateliers, j’amenais toujours l’ainée, car je ne trouvais pas de garderie, une des intervenantes m’a dit qu’ici même il y a des organismes qui font la halte-répit. Ils m’ont donné une liste : le Baobab, la Joujouthèque, le CIARI, Les Femmes du Monde, donc je me suis inscrite à la Joujouthèque et au Baobab » (Myriam).

Peu de propos ont été émis au sujet des autres professionnels de la santé. Néanmoins, les témoignages des femmes démontrent la confiance qu’elles ont envers le système médical québécois et envers le personnel y travaillant. Ces observations appuient les données obtenues par la récente étude de Fortin et Le Gall (2007) et collègues (2014) auprès des familles maghrébines de Montréal. Parallèlement, les trois participantes qui ont été les plus volubilessont celles quiont eu des grossesses problématiques. L’une d’entre elles, qui avait transité quelques années par la

France mentionne qu’elle a préféré le système de santé français. Elle raconte : « mais le système médical, c’est zéro, comparé à la France. J’ai pas trouvé de médecin, j’étais à un stade avancé de grossesse quand je suis arrivée. J’ai menti au médecin en disant que je saignais pour pouvoir en voir un. C’est difficile d’avoir le suivi avec un même médecin, c’est toujours des différents qui ne connaissent pas ton dossier » (Naïma).

Une autre participante témoigne de la difficulté de se trouver un médecin pour le suivi de sa grossesse : « Ici, il parait que c’était difficile de se trouver un médecin, mais tous ont dit non, complet, je suis allée à la clinique, mais il n’acceptait personne. J’ai demandé qu’est-ce que je devais faire, car je suis immigrante, j’étais à bout, et je ne savais pas comment faire pour avoir un médecin » (Myriam).

Outre l’obstacle de se trouver un médecin, les mères immigrantes interrogées dans les deux quartiers ont été unanimes sur la qualité des soins et leur satisfaction à l’égard des professionnels de la santé lors de leur accouchement. Toutefois, un aspect du suivi de grossesse a été discuté lors d’une entrevue de groupe. Il s’agit de la relation entre la future mère et le médecin. Plusieurs femmes ont déploré l’absence d’un lien de confiance entre le médecin qui les accouche et elles. En effet, comme elles le mentionnent, pendant les neufs mois de leur grossesse, elles tissent une relation avec le ou la médecin mais ce n’est pas nécessairement lui ou elle qui aide à accoucher. Pour ces femmes, en l’absence de cette confiance, le médecin est un ou une simple inconnu(e). D’autres questions ont été posées concernant les soins et la langue, tout d’abord, Avez-vous

rencontré des difficultés liées à la langue lorsque vous étiez à l’hôpital? Puis selon la réponse

obtenue, une seconde question était posée : Avez-vous cherché à rencontrer un médecin qui parlait

l’arabe plutôt que le français ou l’anglais? Toutes les participantes rencontrées ont indiqué ne pas

avoir cherché en arabe, car elles étaient très bien servies en français. Myriam témoigne : « [C’était] en français à St-Mary’s, je n’ai pas cherché en arabe, mais mon médecin est égyptien et parfois on parle en arabe. Au moins, je comprends ce que l’autre dit, même si je parle pas si bien que ça ». Finalement, un autre point a été discuté lors d’une entrevue de groupe concernant plutôt la logistique cette fois, est l’absence d’hôpitaux à proximité pour les femmes du quartier Ahuntsic- Cartierville. Les participantes ont indiqué qu’il est difficile de s’y rendre. Cependant, les femmes

vivant dans les deux quartiers peuvent compter sur la présence de nombreux organismes communautaires et CLSC qui fournissent des services et des soins.