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Chapitre 2 Le cadre conceptuel 15 

2.5 Réseau de soutien 22 

 

C’est au sein d’un réseau social, et plus spécifiquement d’un réseau de soutien, que prennent place les comportements de soutien. Le réseau de soutien est défini comme étant le « répertoire de liens qu’un individu possède avec d’autres individus et qui sont susceptibles de lui procurer diverses formes d’aide ou de ressources » (Boucher et Laprise, 2001 :124). Vaux (1988) le définit comme « un sous-ensemble du réseau social, vers qui la personne se tourne (ou pourrait se tourner) pour obtenir de l’aide » (Vaux, 1988 cité dans Beauregard et Dumont, 1996 :58).

Dans le cadre de ce mémoire, le terme de réseau de soutien sera privilégié car, comme le mentionne Wellman (2008) avec pertinence, les concepts de soutien et de réseau se superposent sans toutefois converger. Ainsi, il peut y avoir présence de réseau chez une personne, mais celle-ci ne garantit pas celle de soutien. Dans certains cas, le réseau peut devenir un fardeau ou avoir une influence négative sur la personne. Par exemple, l’ingérence de la famille, de la belle-famille ou encore le fardeau économique que peuvent représenter les membres restés au pays (Battaglini, 2000). Donc, ce ne sont pas tous les membres du réseau d’une personne qui peuvent offrir du soutien. Par conséquent, dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons spécifiquement au terme de réseau en tant que réseau de soutien puisque nous nous intéressons aux membres qui apportent du soutien à la mère immigrante.

2.5.2 Les propriétés des réseaux de soutien

 

Beauregard et Dumont (1996) et Barrera (1996) rappellent que le réseau de soutien peut être étudié selon plusieurs angles d’approche. Pierce, Sarason et Sarason (1996) proposent d’aborder le concept de réseau de soutien selon trois dimensions, il s’agit du réseau de soutien (supportive

network), des relations de soutien ou des ressources du réseau de soutien (supportive relationships)

et de la perception du soutien social reçu (perceived social support). C’est à l’intérieur du réseau de soutien que les relations de soutien se concrétisent (Pierce, Sarason et Sarason, 1996). Ainsi, le réseau de soutien désigne plutôt la structure et les liens unissant les personnes tandis que les

relations de soutien désignent le soutien ou les ressources apportées par ces relations. Pour Vaux (1988, 1992), le réseau de soutien peut se traduire par les ressources offertes, il s’agit de la grandeur, de la structure et des caractéristiques relationnelles propres au réseau de soutien.

2.5.3 Les rôles du réseau de soutien

 

Pierce, Sarason et Sarason (1996) soulignent que les relations de soutien sont « those dyadic social bonds from which individuals are able to derive resources that may aid in coping » (1996 :435). Ainsi, les ressources qu’une personne peut obtenir proviennent des relations qu’elle entretient. De ce fait, ces ressources aideraient le ou la bénéficiaire dans ses stratégies d’adaptation. De ce point de vue, les relations de soutien apportent du soutien actif notamment lorsqu’une personne subit ou a subi une situation stressante. La littérature reflète lesmultiples facettes du soutien apporté par le réseau dans la vie quotidienne des femmes immigrantes. Selon Duval (1992), les réseaux d’entraide jouent un rôle essentiel pour le support, le contrôle des conduites, de médiation des conflits et de sociabilité.

Le réseau pourrait aussi jouer un rôle quant à l’adaptation de ces femmes à la société d’accueil. À ce propos, Bibeau et le comité de la santé mentale du Québec (1992) mentionnaient que la communauté ethnique ou d’appartenance peut être perçue comme une source de référence et de soutien. En effet, pour une personne immigrante, le fait d’aller vers une communauté qui partage la même langue, les mêmes valeurs ainsi que la même culture offre plusieurs avantages, dont le sentiment de sécurité, une aide quant à la recherche d’un logement ou d’un emploi. Ce groupe peut aussi être une source d’information à propos des divers systèmes scolaire, de santé, juridique et de revenus du pays d’accueil. Le travail de Battaglini et coll. (2002) souligne que « la place d’une personne immigrante dans un réseau détermine largement son accès à des ressources et à du soutien. » (2002 :44). Néanmoins, une nuance est apportée par les travaux de Bérubé (2004), elle avance que certains immigrés sont peu enclins à se tourner vers leur communauté, car ils jugent que cela peut nuire à leur intégration dans la société d’accueil.

L’intégration sociale est aussi utilisée par les chercheurs comme indicateur des ressources du soutien dont une personne peut bénéficier et des liens sociaux entourant celle-ci. À ce propos, Cobb (1976), Barrera (1986) et Streeter et Franklin (1992) avancent que les ressources de soutien équivalent aussi à l’intégration sociale, qui représente les liens ou contacts d’un individu avec les autres personnes significatives de leur environnement. Plusieurs mesures de l’intégration sociale ont été créées afin d’avoir un aperçu de ces liens sociaux. Par exemple, le statut matrimonial, le statut d’emploi, l’appartenance à des groupes formels ou informels ou la participation à des organisations communautaires (Beauregard et Dumont, 1996). Ces indicateurs peuvent aussi refléter les ressources potentielles auxquelles un individu peut accéder en cas de besoin.

2.6 La perception subjective du soutien

 

Cette dimension du soutien social découle des recherches faites selon la perspective des modèles cognitifs de stress et de stratégies d’adaptation. Pour Barrera (1986), « l’approche perceptive renvoie à l’évaluation cognitive, à la perception d’être connecté aux autres » (cité dans Boucher et Laprise, 2001 :129). Buchanan (1995) mentionne, pour sa part, que le soutien serait lié à une expérience personnelle plutôt qu’à un ensemble de circonstances objectives (cité dans Beauregard et Dumont, 1996 :60). En quelques mots, Beauregard et Dumont (1996) résument la portée de la perception au sentiment d’avoir suffisamment de soutien, la satisfaction à l’égard du soutien reçu, la perception selon laquelle les besoins sont comblés et peuvent être comblés, la disponibilité, la confiance et l’adéquation de l’aide apportée. Dans cet ordre idée, selon Pierce, Sarason et Sarason (1996), la perception du soutien social signifie « the general perception that others are available and desire to provide assistance should the individual need it. » (1996 :435). La perception du soutien social ne se limite pas au soutien reçu, elle englobe au-delà de l’aide, l’attitude de l’entourage, sa disponibilité et la confiance qu’il apportera de l’aide en cas de besoin. C’est ce qui est retenu dans le cadre de ce mémoire. Un exemple est apporté par Boucher et Laprise (2001), « une personne peut posséder un réseau social restreint et se voir offrir peu de soutien, tout en ayant une perception élevée de soutien » (2001 :129).