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Perspectives théoriques de

3.2. Taux fixes contre taux flottants

3.2.1. Taux de change flottants

Le fait de laisser flotter le taux de change d’une économie présente des avantages certains du point de vue de la flexibilité par rapport aux contraintes potentielles d’un taux de change fixe.

Avantages

Les taux de change flottants permettent au pays de choisir la politique en

• la matière la mieux adaptée à ses objectifs de développement. À mesure que les économies se développent, les prix relatifs évoluent. Pour les pays en développement, ces changements de prix peuvent être importants. Il est donc très avantageux de pouvoir ajuster le taux de change en fonction des besoins.

Les réserves internationales du pays sont sécurisées. Dans les régimes de taux

• de change fixes, la perte de réserves a souvent été extrêmement coûteuse pour les pays concernés. Ce problème disparaît dans un vrai régime de taux

Plus généralement, les défenseurs des taux flottants soutiennent que ce régime favorise davantage l’intégration économique.

flottant, à condition que les gouvernements, ou les banques centrales dans le cas où ces institutions sont indépendantes, soient disposés à laisser la mon-naie s’ajuster automatiquement aux chocs extérieurs. Il y a cependant lieu de noter que ce n’est pas le cas pour les flottements « contrôlés », lorsque le pays pourrait avoir un objectif caché.

Enfin, et c’est peut-être le point le plus important, les taux flottants

permet-• tent au pays concerné de compenser les écarts d’inflation (condition PPP) et d’amortir les chocs extérieurs. Pour les petits pays en développement, qui sont vulnérables aux chocs du commerce international et aux chocs exté-rieurs (comme c’est le cas des pays africains), cela peut être un avantage déterminant par rapport aux taux fixes.

Plus généralement, les défenseurs des taux flottants soutiennent que ce régime favo-rise davantage l’intégration économique. En théorie, les taux flottants permettent de maintenir l’équilibre de la balance des paiements de l’économie mondiale. L’ex-pansion budgétaire et monétaire favorise donc la dépréciation du taux de change (et réduit ainsi les revenus réels); durant la période des ajustements structurels, l’analyse du FMI était axée sur le fait que la demande était excessive et les prix relatifs (en particulier le taux de change) sans rapport avec la réalité.

Les taux de change flottants étaient donc considérés comme le moyen de corriger ces déséquilibres. C’est ce qui explique également, dans une grande mesure, la position prise dans les années 70 par certains monétaristes, comme Milton Friedman (voir Mundell, 1999) en faveur des taux flottants. Ces économistes considéraient que ces taux étaient un moyen d’imposer au gouvernement une certaine discipline en matière de politiques expansionnistes (ou inflationnistes). De ce point de vue, les taux flottants protègent également les pays contre l’inflation importée.

Inconvénients

Cependant, dans la pratique, les taux flottants ne sont pas ce qu’il y a de mieux pour renforcer l’intégration de l’économie mondiale. D’après Stewart (1983), les taux flottants ne renforcent pas l’autonomie. Bien au contraire, ils entraînent une «dévia-tion défla«dévia-tionniste» de la politique macroéconomique au niveau mondial, de sorte qu’aucun pays n’est en mesure de maintenir la production et l’emploi à des niveaux maximum en raison des contraintes de la balance extérieure. La « théorie déflation-niste » indique qu’il serait téméraire pour un pays donné d’aller à contre courant de la déflation mondiale2.Ainsi, dans un régime de taux flottants, si les pays souhaitent maintenir l’équilibre extérieur de leur économie, les politiques budgétaires

devien-2 L’expérience du Gouvernement socialiste française de 1981-198devien-2 à cet égard car, en dépit d’une tentative de relance de l’économie par une politique ambitieuse d’expansion budgétaire, les déséquilibres externes qui s’en-suivirent ont compris l’ensemble de cette politique qui a fini par être abandonée.

nent relativement impuissantes» et ils sont donc forcés de s’appuyer davantage sur les taux d’intérêt3.

La «déviation déflationniste» comporte un autre aspect du point de vue de la poli-tique macroéconomique. Selon l’interprétation classique de la grille d’analyse de la politique macroéconomique de Mundell, la politique budgétaire a pour vocation de réaliser l’équilibre interne ou de réduire l’inflation, la politique du taux de change concerne la balance commerciale ou le compte courant et la politique monétaire porte sur les réserves de devises ou le compte de capital. Comme le souligne Bradford (2005:2), la déviation déflationniste implicite de cette répartition est évidente. Une politique budgétaire restrictive est nécessaire pour réduire l’inflation globale alimen-tée par la demande.

Une politique monétaire restrictive est également nécessaire pour maintenir les taux d’intérêt intérieurs plus élevés que les taux d’intérêt mondiaux, afin d’attirer les capi-taux étrangers. Les dévaluations du capi-taux de change, qui ont pour effet de restreindre les importations en dépit de l’augmentation des exportations, sont nécessaires pour réduire le déficit commercial. Ainsi, Bradford affirme que:

«S’il est vrai que ces politiques constituent des moyens efficaces d’assurer la stabilité financière, l’ensemble des instruments de politique macroécono-mique sont utilisés essentiellement pour éviter une inflation excessive et des déséquilibres externes, de sorte qu’il ne reste plus aucun mécanisme pour assurer la croissance et la création d’emplois.»

Par ailleurs, le système des taux flottants risque d’être particulièrement inadapté aux pays en développement et aux pays en transition, ainsi qu’aux petits pays indus-trialisés, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, ces pays ont tendance à être plus dépendants du commerce extérieur que les grands pays industrialisés comme les États-Unis, l’Union européenne ou le Japon, de sorte que les effets des fluctua-tions du taux de change sur leurs condifluctua-tions économiques, notamment les prix, la production et l’emploi, sont beaucoup plus marqués. Deuxièmement, leur taux d’endettement est plus élevé et une bonne partie de la dette est libellée en devises étrangères. Aussi, les fluctuations importantes leur causent de graves problèmes de service de la dette (CNUCED, 2001). En résumé, les taux flottants peuvent entraî-ner d’importants déséquilibres en important l’incertitude et l’instabilité des marchés extérieurs étrangers.

3 Cette situation a amené un ancien Premier Ministre britannique (Edward Health 1970-1974) à parler du danger de « marcher sur une seule jambe», autrement dit de s’appuyer excessivement sur la seule politique du taux de change.