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et de l’intégration financière 4

4.4. Intégration financière

L’intégration financière est un processus par lequel les marchés financiers d’un pays donné sont plus étroitement intégrés à ceux d’autres pays ou à ceux du reste du monde. Cette intégration suppose la levée de tout ou partie des restrictions impo-sées aux institutions financières internationales par certains pays (ou tous les pays), s’agissant des opérations ou des services financiers internationaux, ainsi que l’établis-sement de liens entre les banques, les bourses et autres types de marchés financiers.

Il existe plusieurs façons d’intégrer les marchés financiers, notamment les parte-nariats officiels entre pays membres d’un dispositif d’intégration régional. Cette forme d’intégration pourrait consister à lever les restrictions aux opérations trans-frontières menées par les entreprises des pays membres du même groupement régional et à harmoniser les procédures, les taxes et les réglementations des diffé-rents pays membres.

On peut également parler d’intégration régionale même en l’absence d’accords offi-ciels. L’intégration sous différentes formes, comme l’entrée des banques étrangères sur le marché intérieur, la participation étrangère au marché des assurances et aux fonds de pension, l’échange d’actions à l’étranger et le recours aux marchés interna-tionaux de la part des entreprises locales pour leurs emprunts directs, peut exister en l’absence d’accords officiels. Dans la plupart des pays en développement, cette forme

L’intégration financière officielle au niveau régional peut renforcer les liens entre les pays de la région et le reste du monde.

d’intégration s’est manifestée avec l’arrivée des institutions financières internationa-les du monde développé.

Il y a lieu de noter que ces deux formes différentes d’intégration sont liées par cer-tains aspects. Les arrangements officiels en matière d’intégration financière néces-sitent l’harmonisation de certains règlements qui régissent les marchés financiers de tous les pays concernés. De même, afin de s’intégrer effectivement aux marchés financiers du monde, le pays concerné pourrait être contraint de redéfinir son propre cadre réglementaire pour se rapprocher des normes internationales, et devenir ainsi plus attractif pour les institutions financières internationales, même en l’absence d’un accord explicite.

Les deux formes d’intégration financière en question doivent être considérées comme étant complémentaires plutôt qu’interchangeables. L’intégration financière officielle au niveau régional peut renforcer les liens entre les pays de la région et le reste du monde. Ainsi, un groupe de petits pays pourrait décider d’harmoniser les normes et les réglementations pour attirer les institutions financières de la région et du reste du monde. Toutefois, si ces mêmes mesures sont prises à titre individuel par chacun des pays concernés, elles seraient moins efficaces en raison de l’étroitesse des marchés intérieurs et de la nécessité d’organiser de multiples opérations dans le cadre de sys-tèmes réglementaires différents.

Les pays en développement liés par un arrangement d’intégration peuvent espérer bénéficier d’une plus grande intégration (renforcement des liens) aux marchés finan-ciers mondiaux. Les banques étrangères qui ont ouvert des filiales ou des agences dans les pays en développement ont contribué à renforcer les relations financières entre les pays concernés et à faciliter les services financiers en rapport avec les flux de commerce et d’investissements, en utilisant la même institution aux deux extrémités de la chaîne.

Dans le passé, on considérait dans les accords internationaux que le commerce et la finance étaient deux domaines distincts. Cependant, depuis quelques années, des dispositions régissant les «services commerciaux et financiers» sont de plus en plus présentes dans les accords commerciaux. Cette évolution fait suite à l’accélération du rythme des fusions et des acquisitions transnationales dans le secteur financier et l’émergence de marchés et d’organismes financiers sophistiqués. Les règles commer-ciales des services financiers définissent clairement le degré d’accès au marché et le traitement national accordé par les pays signataires dans les domaines de la banque, de la bourse et des assurances.

De manière générale, depuis le début de leur intégration au système commercial, les services financiers sont traités séparément des autres services. Il y a lieu de noter que les services offerts par le système financier sont différents de ceux que proposent le

L’intégration peut

secteur du tourisme ou celui du transport aérien, et les pays doivent donc faire preuve de prudence lorsqu’ils s’agira de libéraliser leur industrie des services financiers.

Encadré 4.1

Évaluation de l’intégration financière

La littérature spécialisée propose plusieurs moyens pour évaluer le degré d’intégration finan-cière dans une région donnée. Cependant, le moyen le plus usité consiste à évaluer le degré actuel d’intégration dans différents marchés financiers comme ceux des devises, des obliga-tions, du crédit et des valeurs boursières, ou à examiner les obstacles ou barrières qui entra-vent le processus d’intermédiation (opérations bancaires) dans les différents pays qui compo-sent la communauté économique régionale.

L’un des indicateurs les plus courants servant à évaluer l’intégration financière est fondé sur la disparité des prix ou du retour sur investissement dans différents pays de la commu-nauté économique. Cet indicateur se fonde sur la « loi du prix unique » en vertu de laquelle les actifs financiers à niveau de risque similaire devraient générer le même retour sur investisse-ment indépendaminvestisse-ment du lieu d’origine ou de l’identité des propriétaires. Ainsi, les instruinvestisse-ments financiers de la même catégorie de risques originaires de pays d’une communauté financière-ment intégrée devraient générer des flux de liquidités identiques et s’échanger au même prix.

Les marchés sont donc considérés comme étant intégrés lorsque le facteur d’actualisation stochastique, autrement dit le taux auquel les flux de liquidités sont actualisés, est identique sur tous les marchés.

Sur la base de la «loi du prix unique», la dispersion transversale des écarts entre les taux d’intérêt s’accentue, ou alors, les écarts entre les retours sur investissement peuvent être utili-sés comme indicateur de l’intégration financière et, plus l’écart est faible, plus l’intégration est forte. Le degré d’intégration financière peut également être déterminé en analysant les fluc-tuations ou variations des prix des actifs ou des rendements d’un pays à l’autre. Le degré de pénétration étrangère dans les marchés financiers intérieurs sert également à évaluer l’intégra-tion financière. Les statistiques utilisées pour cette mesure portent sur le nombre d’institul’intégra-tions financières étrangères, la liste de référence des entreprises étrangères présentes sur le marché boursier intérieur, les actifs étrangers détenus par les investisseurs locaux, etc.

L’intégration des systèmes financiers comporte plusieurs avantages, notamment la mise à profit des économies d’échelle, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. Elle peut également lever certaines contraintes liées au crédit dont se plaignent les investisseurs, étant donné que les marchés et les organismes financiers sont mieux équipés pour gérer les risques liés au crédit. En vertu de la loi des grands nombres, le risque lié au crédit est atténué à mesure que le nombre de clients aug-mente. Ainsi, l’intégration à des marchés plus larges, ou même l’élargissement des marchés, est bénéfique à la fois pour les entreprises et pour les marchés et les orga-nismes financiers.

Parmi les autres avantages plus spécifiques aux accords officiels d’intégration finan-cière, on peut citer l’indépendance au plan réglementaire et l’inutilité du recours à l’arbitrage dans ce domaine. Cependant, cela pourrait être difficile à réaliser dans les pays moins développés car, lorsque le système financier est restreint et que des liens

L’intégration financière permet effectivement aux entreprises et aux ménages de partager les risques financiers et, ce faisant, de faciliter la consommation.

directs existent entre les régulateurs et les banques, la supervision n’est généralement pas guidée par des politiques indépendantes. L’intégration officielle peut atténuer ce risque, dans la mesure où elle augmente le nombre des participants et des intérêts régissant le système financier. En outre, dans un système intégré, les principes de régulation sont régis par des principes supranationaux qui sont moins susceptibles de subir l’influence des intérêts locaux.

Pour que le processus d’intégration réussisse, il faut harmoniser les politiques, les procédures et les normes régissant la réglementation, la comptabilité et la vérifica-tion des comptes dans tous les pays concernés. Cette condivérifica-tion est indispensable pour garantir la transparence et la comparabilité dans tous les secteurs financiers.

Il est tout aussi important d’harmoniser les critères d’évaluation des risques liés aux actifs bancaires. Toute différence dans l’évaluation des risques peut donner lieu à des méthodes totalement différentes de comptabilisation du montant des capitaux requis pour assurer la protection contre les chocs et l’arbitrage de régulation. Idéale-ment, les marchés et les organismes financiers de tous les pays membres d’un dispo-sitif d’intégration devraient obéir à des réglementations financières similaires. Cette harmonisation permet non seulement une intégration entre les pays membres, mais aussi d’attirer des opérateurs étrangers et, peut-être, d’améliorer la stabilité du sys-tème financier.

Par ailleurs, les marchés financiers pourraient être mieux intégrés si l’information était partagée entre les pays. Une telle intégration pourrait être renforcée davantage, en harmonisant les procédures qui régissent les informations relatives au crédit et aux registres des garanties et en autorisant l’échange d’information entre les pays.

Toute politique susceptible de faciliter l’échange d’informations entre les pays, ou de l’améliorer dans tous les domaines intéressant les marchés financiers, peut contribuer à favoriser les échanges de services financiers.

4.4.1. Avantages de l’intégration financière

L’intégration financière permet notamment de multiplier les possibilités de partage et de diversification des risques, de mieux répartir les capitaux entre les investisseurs et, dans une certaine mesure, de renforcer la croissance économique.

Partage des risques: L’intégration financière permet effectivement aux entreprises et aux ménages de partager les risques financiers et, ce faisant, de faciliter la consomma-tion. Grâce au partage des risques, l’intégration financière donne lieu à une spéciali-sation de la production dans les différentes régions. Elle favorise également la diver-sification des portefeuilles et le partage du risque idiosyncrasique entre les régions du fait de la présence de nouveaux instruments financiers.

Amélioration de la répartition des capitaux: L’intégration financière permet aussi une meilleure répartition des capitaux, sachant que, dans un marché financier inté-gré, tous les obstacles, quelle que soit leur nature, susceptibles d’entraver les échanges d’actifs financiers et de capitaux sont éliminés, ce qui assure une répartition efficace des ressources financières pour l’investissement et la production.

Croissance économique: L’approfondissement de l’intégration financière favorise également la croissance économique du fait que les ressources financières sont mises à la disposition des activités économiques par suite du développement du système financier. Gianetti et al. (2002) démontrent que l’intégration financière facilite l’ac-cès aux possibilités d’investissement et renforce la concurrence entre les institutions nationales et étrangères. L’efficacité des institutions financières est améliorée, étant donné que les ressources financières sont libérées pour les activités productives. Par ailleurs, l’intégration financière permet de multiplier les possibilités d’investissement par le biais des intermédiaires et renforce, par la même occasion, la croissance éco-nomique.

Les arguments ne manquent pas dans la littérature spécialisée pour étayer le fait que l’intégration financière ou le développement du système financier renforcent la croissance économique. C’est ainsi que Levine (1997), affirme que, dans toute économie, la fonction des institutions financières permet notamment de: (a) réduire l’incertitude en facilitant l’échange, la couverture, la diversification et le partage des risques; (b) répartir efficacement les ressources et (c) mobiliser l’épargne. Les effets de ces fonctions sur l’activité économique sont induits par l’accumulation du capital et de la technologie.

Levine souligne que les possibilités de partage des risques permettent de financer des projets à hauts risques potentiellement très rentables, étant donné qu’elles ren-forcent les marchés financiers et permettent aux investisseurs peu enclins à prendre des risques de se protéger contre les chocs négatifs. L’intégration financière permet également aux porteurs de projets, qui ne disposent pas de capitaux importants au départ, de recourir à un intermédiaire pouvant mobiliser l’épargne pour couvrir les dépenses initiales. On voit donc bien qu’il existe une relation très forte entre les ins-titutions financières et la croissance économique.

4.5. L’intégration financière et le rôle des