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Aperçu des convergences bêta et sigma

Selon le modèle de Solow, “Parmi les pays ayant le même régime stabilisé, les pays pau-vres devraient connaître une croissance plus rapide que les pays riches.’’ Qu’est-ce que cela signifie du point de vue pratique? Les convergences « bêta » et « sigma » permet de le comprendre.

Convergence bêta:

- La convergence absolue des revenus est la tendance des pays pauvres à connaître une croissance plus rapide que les pays riches.

- La convergence conditionnelle des revenus est la tendance des pays pau-vres à connaître une croissance plus rapide que les pays riches lorsque l’on prend en considération les différences entre leurs régimes stabilisés.

Convergence sigma:

- La dispersion des revenus (ex: l’écart type du logarithme du revenu par habitant entre les différents pays) tend à disparaître avec le temps.

La convergence de la première catégorie (pays pauvres à croissance plus rapide) tend à générer une convergence de la deuxième catégorie (dispersion réduite), mais cela peut être annulé par de nouvelles perturbations qui renforcent la dispersion. L’exem-ple numérique simL’exem-ple ci-après contribuera à clarifier ces notions:

Exemple 1:

Groupe R Groupe P

Temps 0 10 000 dollars 2 000 dollars

Temps T 5 000 dollars 4 000 dollars

• 1

re conclusion: Le taux de croissance du groupe R est négatif: -50 %; celui du groupe P est positif: 100 %. Il y a convergence bêta.

2

e conclusion: La différence entre les groupes R et P s’est réduite pour tomber de 8 000 dollars au temps 0 à 1 000 dollars au temps T (l’écart type est tombé de 5 657 dollars à 707 dollars). On est en présence d’une conver-gence sigma.

Exemple 2:

Groupe R Groupe P

Temps 0 5 000 dollars 4 000 dollars

Temps T 10 000 dollars 2 000 dollars

• 1

re conclusion: Le taux de croissance du PIB réel du groupe R est positif (100

% entre les périodes 0 et T); le taux de croissance du groupe P est négatif (-50 % entre les périodes 0 et T). Il y a absence de convergence bêta dans cet exemple.

2

e conclusion: La différence entre les revenus par habitant a augmenté pour passer de 1 000 dollars au temps 0 à 8 000 dollars au temps T (et l’écart type a augmenté, passant de 707 dollars à 5 657 dollars entre les périodes 0 et T).

Il y a absence de convergence sigma dans cet exemple.

En conclusion, on peut affirmer que l’écart entre les revenus des groupes R et P ne peut pas se réduire, si le groupe P initialement pauvre ne connaît pas une croissance plus rapide que celle du groupe R initialement riche. En d’autres termes, la conver-gence bêta est une condition nécessaire de la converconver-gence sigma.

Exemple 3:

Groupe R Groupe P

Temps 0 10 000 dollars 5 000 dollars

Temps T 5 000 dollars 10 000 dollars

• 1

re conclusion: Le taux de croissance du PIB réel par habitant du groupe P est positif (100 %); le taux de croissance du groupe R est négatif (-50 %).

On est donc en présence d’une convergence bêta dans cet exemple.

2

e conclusion: La différence n’a pas changé: elle était de 5 000 dollars au temps 0 et s’est maintenue à 5 000 dollars au temps T (l’écart type est resté le même à 3 536 dollars entre les périodes 0 et T). Il y a absence de conver-gence sigma.

La conclusion que l’on peut tirer est que la convergence bêta n’est pas une condition suffisante pour une convergence sigma. Autrement dit, la fait que P croit plus rapi-dement que R ne suffit pas à garantir une réduction de l’écart du PIB par habitant dans la tranche représentative

À noter que les données empiriques concernant la convergence β absolue entre dif-férents groupes de pays sont insuffisantes, en raison des différences fréquentes entre les pays, s’agissant des paramètres structurels ci-après:

Type de technologies (cf. La spécification de la fonction production)

Caractéristiques démographiques (

n)

Paramètres techniques (

• ϕ)

Taux d’épargne (

s)

Enfin, et ce ne sont pas les moindres des paramètres, les facteurs qui

détermi-• nent le capital humain: paramètres scolaires, investissement dans la recherche et développement, ainsi que les facteurs qui favorisent l’esprit d’entreprise et l’intérêt de la population pour la science et la technique (Mussen, 2005).

Un système financier rationnel fonctionne comme le vecteur d’une croissance économique durable.

4.1. Introduction

L

a littérature économique soutient qu’une économie qui fonctionne bien a besoin d’un système financier qui assure le transfert des fonds des épargnants vers les investisseurs. Autrement dit, un système financier rationnel fonctionne comme le vecteur d’une croissance économique durable. Le lien entre le développement du système financier et la croissance a été initialement mis en évidence par Walter Bagehot (1873) et John Hicks (1969) qui ont souligné que l’industrialisation de l’Angleterre avait été rendue possible grâce à l’utilisation du système financier pour mobiliser le capital productif.

L’argument avancé par Bagehot, Hicks et aussi Schumpeter (1912), veut que les institutions qui fonctionnent correctement, notamment les banques, favorisent l’in-novation technique en prêtant leur concours aux entrepreneurs qui ont les meilleu-res chances de lancer des produits et des procédés de production novateurs. Levine (1997) passe en revue la littérature et démontre clairement que le développement des marchés et des organismes financiers joue un rôle important dans le processus de croissance d’un pays donné, ainsi que dans la prédiction des taux de croissance, de l’accumulation des capitaux, de l’évolution technique et du développement éco-nomique.

La théorie économique nous apprend que le rôle essentiel des marchés et des orga-nismes financiers consiste à limiter les coûts de l’information et de transaction.

Ainsi, les taux d’épargne, les décisions d’investissement, l’innovation technique et les taux de croissance à long terme dépendent directement du niveau de développe-ment financier. Dans la section suivante, nous présentons un résumé des argudéveloppe-ments puisés dans la littérature concernant la manière dont le système financier appuie la croissance économique1.Cette même section aborde également le rôle des systèmes financiers dans la croissance économique et analyse les liens entre la croissance et les fonctions du système financier. Ces fonctions consistent à faciliter le partage du risque, à allouer les capitaux, à suivre les gestionnaires, à mobiliser l’épargne et à faciliter l’échange de biens, de services et de contrats financiers.

1 Cette section s’inspire largement de Levine (1997).