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Le passage réussi à une union monétaire exige des États membres qu’ils mettent en œuvre des politiques macroéconomiques et monétaires convergentes. C’est la raison pour laquelle le Traité de Maastricht de 1991 imposait un certain nombre de «critè-res de convergence» pour le passage au stade final de l’union monétaire. Ainsi, tout pays candidat à l’adhésion doit remplir les conditions ci-après:

1. Son taux d’inflation ne doit pas dépasser de plus de 1,5 % la moyenne des trois taux les plus bas des États membres de l’UE;

2. Son taux d’intérêt à long terme ne doit pas dépasser de plus de 2 % la moyenne des trois pays ayant les taux d’inflation les moins élevés;

3. Il doit avoir intégré le mécanisme de taux de change du SME et ne pas avoir subi une dévaluation durant les deux années précédant son entrée dans l’union;

4. Son déficit budgétaire public ne doit pas dépasser 3 % de son PIB et, dans le cas contraire, il doit être en baisse constante et sensible et se rapprocher de la norme de 3 %, sinon l’écart par rapport à la valeur de référence (3 %) doit être exceptionnel et temporaire et demeurer proche de la valeur de référence [art. 104c (a)];

5. Sa dette publique ne doit pas dépasser 60 % du PIB. Dans le cas contraire, elle doit «diminuer suffisamment et approcher la valeur de référence (60 %) à un rythme satisfaisant» (de Grauwe, 2005: 143).

Il est clair que les concepteurs du Traité ont pensé que le principal risque était que la politique budgétaire influe sur la politique monétaire. Par exemple, si un pays a des problèmes de service de la dette, la banque centrale pourrait être amenée à assou-plir la politique monétaire pour alléger le fardeau des intérêts supporté par le trésor public et prévenir ainsi une crise financière.

Mais la question essentielle qui se pose est de savoir si les critères adoptés en Europe étaient les bons. Les données empiriques indiquent clairement que l’on a accordé trop d’importance à l’inflation. Du simple point de vue théorique, dans un envi-ronnement à inflation zéro (et beaucoup de pays européens se sont rapprochés de ce critère), la rigidité des salaires risque de s’accentuer, ce qui rendra plus difficiles les ajustements aux chocs asymétriques et augmentera le taux de chômage. Les tensions étaient particulièrement évidentes entre les Gouvernements français et allemand sur cette question. En fait, comme on l’a vu auparavant, ces différences d’approche concernant la manière de concevoir une union monétaire sont antérieures au plan de Maastricht, avec l’Allemagne qui met, comme à son habitude, l’accent sur le main-tien de taux d’inflation faibles, si possible négligeables, ce qui s’est avéré très compli-qué avec les conséquences de la réunification de ce pays au début des années 90.

Intégration financière

L’intégration financière est un processus dans lequel les marchés financiers d’un pays donné sont liés ou intégrés à ceux d’autres pays ou à ceux du reste du monde. Dans des marchés pleinement intégrés, toutes les formes de barrières sont supprimées pour permettre aux institutions financières étrangères de participer aux marchés intérieurs.

Dans un tel environnement, les réseaux bancaires intérieurs, les bourses et autres types de marchés financiers sont liés à leurs équivalents étrangers.

Il existe plusieurs façons d’intégrer les marchés financiers d’un pays donné. Cela peut se faire par l’adhésion à une communauté d’intégration régionale où des procédures officielles ont été mises en place pour relier les marchés financiers des pays mem-bres. Dans ce cas, la communauté d’intégration régionale supprimerait ou limiterait les restrictions qui entravent la circulation des capitaux, et harmoniserait les règles, réglementations et taxes des pays membres.

L’intégration financière pourrait également intervenir par l’entrée d’institutions financières étrangères dans les marchés intérieurs en l’absence d’accords d’intégra-tion officiels. Ainsi, les pays développés autorisent la participad’intégra-tion étrangère aux marchés des banques et des assurances et aux fonds de pensions, et permettent aux sociétés locales d’échanger des actions à l’étranger et de faire des emprunts directs sur les marchés internationaux. Ces activités sont possibles, étant donné que les lois internes autorisent les institutions financières étrangères à intervenir sur les marchés intérieurs.

Qu’un pays donné choisisse d’intégrer ses marchés financiers officiellement ou offi-cieusement, il doit, dans tous les cas, instaurer un climat favorable pour attirer la participation étrangère. À cet effet, il pourrait notamment harmoniser les règles et réglementations régissant ses marchés financiers et établir des critères et normes de référence comparables à ceux des marchés internationaux.

Cependant, pour que l’intégration soit effective en Afrique, elle doit se faire par le biais des communautés économiques régionales. Une intégration financière officielle au niveau des CER permettrait aux petits pays africains de lier leurs économies au reste du monde. On pourrait, dans une communauté économique régionale afri-caine, harmoniser les normes et réglementations régissant les marchés financiers de sa région pour favoriser la participation étrangère. Ainsi, il serait possible de créer un vaste marché financier susceptible de renforcer le processus d’intégration régionale, en particulier dans le domaine du développement économique. De fait, étant donné que les petits pays africains ne sont pas en mesure de réaliser une telle entreprise par eux-mêmes, ils doivent nécessairement être reliés aux marchés financiers des com-munautés économiques régionales.

Le renforcement des marchés financiers internationaux par l’intégration aux mar-chés mondiaux permettrait également de favoriser et de renforcer les échanges et les investissements. La présence d’institutions financières étrangères dans les pays africains resserre les liens entre les pays concernés, sachant que les services financiers en rapport avec le commerce et les investissements sont facilités par ces mêmes ins-titutions financières.