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L’intégration financière et le rôle des banques étrangères dans les systèmes

et de l’intégration financière 4

4.5. L’intégration financière et le rôle des banques étrangères dans les systèmes

financiers nationaux

Les pays signataires d’accords d’intégration financière autorisent l’entrée dans leur marché, sous une forme ou une autre, d’institutions financières étrangères. La

pré-Des données récentes montrent que l’Europe affiche le degré d’intégration financière intrarégional le plus élevé.

sence des banques étrangères peut contribuer à rendre les banques nationales très compétitives.

Dans les années 90, on a assisté à des flux massifs d’investissements étrangers directs (IED) dans le monde entier. C’est ainsi que le montant de ces investissements vers les marchés émergeants est passé de 19,3 à 142,6 milliards de dollars et les investis-sements étrangers directs dans les services financiers des pays de l’OCDE ont repré-senté près de 25 % du montant total des IED. Dans le même temps, l’Amérique latine et l’Europe centrale ont été les principaux bénéficiaires des flux de capitaux internationaux destinés au secteur bancaire.

La présence des banques étrangères en Afrique est très faible. Les données les plus récentes montrent que l’Europe affiche le degré d’intégration financière intrarégional le plus élevé, qui est de l’ordre de 16 %, suivie de l’Afrique et du Moyen-Orient avec 7,7 %, alors qu’en Amérique latine l’intégration est au plus bas niveau avec 0,6 %.

Au niveau des régions, le principal bénéficiaire de la présence des banques étrangères a été l’Amérique latine où les pays de l’OCDE, l’Europe, les États-Unis et le Canada, détiennent 46,5 %, 28,2 % et 18 % respectivement, du montant total des actifs du système bancaire régional, alors que les banques européennes sont majoritaires parmi les banques étrangères présentes en Afrique.

4.5.1. Qu’est-ce- qui détermine la localisation des banques étrangères dans les marchés nationaux?

La localisation des banques étrangères à travers le monde est influencée par de nom-breux facteurs, notamment la rentabilité de l’investissement, le développement du système financier du pays où elles souhaitent s’installer et la nécessité d’appliquer la même stratégie que leurs concurrents et de préserver leur part de marché. Galindo, Micco et Serra (2002) soutiennent que la participation des banques étrangères aux marchés nationaux est renforcée par l’intégration du commerce, le flux des investis-sements étrangers directs et l’efficacité du système juridique local.

La base théorique de la relation entre l’intégration économique et l’arrivée des ban-ques étrangères réside dans le fait que les banban-ques internationales suivent leurs clients (sociétés transnationales) à travers le monde pour leur fournir des services financiers et mettre à profit les avantages en matière d’information nés d’une relation ban-quier – client tissée de longue date. En ce qui concerne le commerce, les entreprises peuvent également s’appuyer sur les banques internationales pour limiter les coûts des transactions internationales, en utilisant la même banque pour tous les types de paiement bilatéral. À l’aide d’un modèle gravitaire et s’appuyant sur des données bilatérales provenant de 176 pays, Galindo, Micco et Serra (2002) sont arrivés à la conclusion qu’une augmentation de 1 % du commerce renforçait la participation des banques étrangères de 0,7 %, ce qui signifie que l’intégration du commerce

La base théorique

est un déterminant important du développement de l’implantation des banques à l’étranger.

Les grandes sociétés transnationales établies à l’étranger dans le cadre des investis-sements étrangers directs préfèrent avoir affaire à des banques connues. Les ban-ques internationales qui suivent ces entreprises peuvent également mettre à profit ces associations pour la collecte d’informations. Les banques s’installent également à l’étranger car les entreprises transnationales ont besoin d’avoir accès à des capitaux en monnaies locales, afin d’éviter tout déséquilibre entre les revenus et les coûts.

Dans ce cas, la banque étrangère peut décider de s’installer dans le pays et transférer des fonds intermédiaires du marché local vers les entreprises transnationales. Pour des raisons de diversification des risques, les banques étrangères locales peuvent éga-lement assurer d’autres services bancaires pour les particuliers. Galindo, Micco et Serra (2002) ont constaté qu’une augmentation de 1 % des flux d’IED renforçait de 1,3 % la participation des banques étrangères.

L’existence d’un environnement propice dans le pays d’accueil favorise également la participation des banques étrangères. Lorsque les codes juridiques sont efficaces et la préservation du droit de propriété est assurée, le coût des études préalables à l’investissement et les dépenses de fonctionnement ont tendance à baisser, étant donné qu’il est possible de mettre à profit certaines économies d’échelle au niveau international. La Porta, Lopez-de-Silanes et Shleifer (1997, 1998) affirment que les banques préfèrent s’installer dans des pays étrangers avec lesquels elles partagent des codes juridiques similaires parce qu’elles savent que les droits des créanciers et des actionnaires seront préservés et que le cadre réglementaire est comparable à celui de leur pays d’origine. Les similitudes en matière de réglementation permettent égale-ment de réduire le coût de l’adaptation au nouvel environneégale-ment.

Galindo, Micco et Serra (2002) démontrent qu’il existe une relation étroite entre la similitude des codes juridiques et l’implantation des banques à l’étranger, en préci-sant que les pays reçoivent en moyenne 17 milliards de dollars des pays avec lesquels ils partagent les mêmes codes juridiques, contre 12 milliards de dollars seulement de ceux qui ont des codes différents. Ainsi, le taux d’implantation des banques dans les pays à codes similaires est supérieur de 26 % par rapport aux taux d’implantation dans d’autres pays.

La même recherche effectuée par Galindo, Micco et Serra (2002) montre que, lors-que les pays d’accueil ont des réglementations prudentielles et des méthodes de supervision similaires à celles des pays d’origine, l’investissement dans le secteur ban-caire augmente. Ils notent également qu’en moyenne, tous les pays d’accueil confon-dus reçoivent près de 21 milliards de dollars des pays d’origine qui ont les mêmes réglementations prudentielles, contre moins de 10 milliards de dollars des pays aux normes différentes. Ainsi, lorsque les méthodes de supervision sont similaires, la

Les informations

participation étrangère augmente de près de 19 %. Ce constat indique également que l’harmonisation des réglementations des différents pays favorise l’intégration financière des marchés, même au niveau régional, en renforçant l’intervention des acteurs locaux et étrangers sur plusieurs marchés à la fois.

4.5.2. Effets des banques étrangères sur les marchés intérieurs

La libéralisation financière améliore le fonctionnement du système financier, ce qui permet de renforcer la croissance et, sous certaines conditions, d’augmenter le volume des fonds disponibles. C’est ainsi que, durant les décennies écoulées, le processus de libéralisation financière a permis aux banques étrangères d’intervenir librement sur les marchés nationaux (figure 5.3)

Les données empiriques globales sur les effets des banques étrangères sur les marchés intérieurs sont rares. Cependant, les informations fragmentées dont on dispose indi-quent que l’internationalisation du système bancaire a des effets positifs, sachant que ces systèmes renforcent ainsi leur compétitivité et leur efficacité, en particulier lors-que les banlors-ques étrangères sont issues de pays plus développés. Toutefois, la lors-question de savoir si l’intervention des banques étrangères permet de réduire l’instabilité est quelque peu controversée. Certains auteurs soutiennent que les banques étrangères sont en mesure de stabiliser le crédit du fait qu’elles ont accès aux fonds externes et que, compte tenu de leur réputation (image de marque), elles peuvent stabiliser les dépôts locaux.

Par ailleurs, la présence de ces banques peut stimuler la concurrence et favoriser la prise de mesures garantissant la stabilité future grâce à des normes d’appel de fonds plus agressives et des coefficients de liquidité renforcés (Crystal, Dages et Goldberg, 2001). Par contre, certains économistes affirment que les banques étrangères sont plus vulnérables aux chocs de l’économie locale car elles peuvent remplacer les actifs locaux par des investissements à l’étranger auxquels les banques locales n’ont pas facilement accès.

4.5.3. Les banques étrangères, l’efficacité et les normes réglementaires

La plupart des banques étrangères qui cherchent à pénétrer d’autres marchés tendent à assurer une meilleure répartition des ressources et à être plus efficaces sur un plan général. Ces banques favorisent également la concurrence et la diffusion des nouvel-les technologies. En outre, elnouvel-les améliorent la qualité et la disponibilité des services financiers en introduisant de nouvelles compétences, ainsi que des techniques de

Les banques

gestion, des procédures de formation et une technologie novatrices. D’après Levine (1996), il semblerait que la présence des banques étrangères contribue à améliorer la qualité des organismes d’évaluation, des normes comptables et des agences de ren-seignements financiers chargés de collecter et de traiter l’information, et à renforcer le contrôle et le cadre juridique.

Les banques étrangères ont tendance à appliquer les normes prudentielles en vigueur dans leur pays d’origine. À cet égard, il importe de noter que, pour les banques étrangères des pays développés, ces normes sont plus strictes que celles des pays en développement. Ainsi, le renforcement de la sécurité inspiré par les banques internationales incite les banques locales, ainsi que les superviseurs, à adopter les normes internationales pour améliorer leur compétitivité, sachant que les épargnants potentiels sont à la recherche des institutions financières les plus sûres. La présence des institutions financières étrangères stimule également la concurrence et améliore le fonctionnement du marché local (banques nationales), ce qui permet de mieux répartir les ressources et d’accélérer la croissance économique. En outre, la concur-rence internationale réduit les marges des taux d’intérêt et la rentabilité des banques locales.

4.5.4. Les banques étrangères et la stabilité des marchés nationaux

Certains critiques se demandent si la présence des banques étrangères joue un rôle dans la stabilisation du crédit et des dépôts à l’échelon local. Certains d’entre eux pensent, qu’en raison de leur accès aux actifs étrangers, les banques étrangères sont moins sensibles à l’instabilité des dépôts locaux et peuvent, de ce fait, stabiliser le crédit dans le pays d’accueil. Par ailleurs, la bonne réputation de nombreuses ban-ques étrangères attire « les épargnants à la recherche de qualité » sur le marché local en cas de turbulences financières, ce qui permet de stabiliser à la fois les dépôts et le crédit.

D’autres prétendent que les banques étrangères réduisent leur exposition lorsque la situation du pays d’accueil se détériore, aggravant ainsi l’instabilité du crédit. En outre, ces banques peuvent répercuter les chocs de leurs pays d’origine, renforçant ainsi la contagion lors des crises financières. Les changements au niveau des créances d’une banque étrangère dans son pays d’origine, ou dans d’autres pays, peuvent se répercuter sur le pays d’accueil. Dans certaines régions du monde, la plupart des banques étrangères sont originaires de pays développés, de sorte que toute contrac-tion dans ces pays affecterait le marché local, non seulement par une contraccontrac-tion de la demande extérieure, mais aussi par la réduction du crédit local, amplifiant encore plus le cycle économique.

Les données empiriques concernant les effets des banques étrangères sur le volume des crédits aux PME des pays en développement sont rares et peu probantes.

La validité des deux points de vue est une question d’ordre empirique. Galindo, Micco et Serra (2002) ont étudié les comportements des banques en matière de crédit après un changement dans les dépôts ou dans les possibilités commerciales (évalué en tant que changement de la demande extérieure) et ont constaté que le crédit bancaire réagissait aux changements dans les dépôts mais cette réaction est moins marquée chez les banques étrangères. Le crédit des banques étrangères est moins sensible que celui des banques nationales, dans une proportion de l’ordre de 20 %, aux changements dans les dépôts locaux. En ce qui concerne la réaction des banques aux possibilités commerciales, à la suite d’une contraction de la demande extérieure, toutes les banques réduisent leurs prêts, mais cette réduction des crédits est inférieure de 50 % chez les banques nationales. Les résultats semblent indiquer que les banques étrangères renforceraient l’instabilité du crédit lorsque les chocs sont dus essentiellement aux changements au niveau des possibilités commerciales dans le pays d’accueil, mais la réduiraient lorsqu’elle fait suite au recul des dépôts dans ce pays. La question de savoir lequel des deux points de vue prédomine relève du domaine empirique.

4.5.5. Les banques étrangères et la segmentation des marchés

Comme indiqué dans les sections précédentes, l’entrée des banques étrangères dans les marchés locaux est potentiellement bénéfique, mais certains chercheurs soutiennent qu’une présence renforcée de ces banques dans les pays en développement pourrait réduire l’accès au crédit pour certains segments du marché, en particulier les petites et moyennes entreprises, qui sont très dépendantes du financement bancaire.

De manière générale, les banques étrangères sont des institutions financières aussi grandes que complexes qui éprouvent des difficultés à financer des petites et moyen-nes entreprises sur lesquelles elles ne disposent pas de beaucoup d’informations. Les petites entreprises tendent à traiter avec une seule banque avec laquelle elles ont développé une «relation informelle» qui compense le manque d’informations. Les grandes banques étrangères auront probablement du mal à entretenir des relations de ce type. S’il est peu probable que ces banques adoptent le même comportement que celui des banques locales, elles peuvent néanmoins introduire des innovations techniques susceptibles de faciliter l’octroi de crédits aux petites et moyennes entre-prises.

Les données empiriques concernant les effets des banques étrangères sur le volume des crédits aux PME des pays en développement sont rares et peu probantes. Dans une analyse du comportement des banques étrangères dans un certain nombre de pays, Clarke, Cull, Pería, et Sánchez (2002) ont constaté que ces banques octroyaient en général moins de crédits aux PME que les banques locales. Ils ont également

La libéralisation des

constaté que, dans les pays ayant un secteur financier bien développé, le volume des prêts accordés aux PME par les banques étrangères de moyenne ou grande envergure était plus important que celui des banques locales. Ces auteurs estiment que l’exis-tence d’un meilleur environnement institutionnel dans les pays avec des marchés financiers développés a permis aux grandes banques étrangères d’utiliser des métho-des d’évaluation par score pour augmenter le volume métho-des prêts accordés aux petites entreprises.

4.6. Enseignements de l’expérience de l’Union