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Tableau 9 : Noms formés par réduplication des racines des verbes

Racine du verbe Sens Nom Sens

bịa venir ọ́bịabīa arrivée

che penser échìché pensée

chọ désirer ọ̀chìchọ̀ désir

gba fusiller ọ́gbụgbà fusillade

ke créer òkìkè création

ku souffler ìkùkù vent

ree vendre orire vente

ri manger oriri fête

Les noms verbaux parmi nos créations incluent: mbanyé (engagement) du verbe ibanye (engager/entrer), mgbawa (rupture) à partir de igbawa (rompre).

Le TLFi définit l'idéophone comme une « [e]xpression imitative qui peut se substituer à une phrase, à un élément de phrase ou à n'importe quel mot plein autre que le substantif. » Les idéophones constituent donc une catégorie de mots employés pour donner une impression vive d’une forme, d’une couleur, d’un bruit, d’une action ou d’un mouvement (Weismann et al, 1986). Ils peuvent aussi symboliser un état, une impression sensorielle, une manière d’être ou de se mouvoir, une action qui n’est pas forcément un bruit. En igbo certains noms de description sont des idéophones, par exemple :

- gwom (son lourd/fracas) : Ọ dara gwom (Il est tombé avec un son lourd/fracas) ; - ọgbatimtim (ce qui fait le son timtim) : O nwere ọgbatimtim (Il a une moto).

En igbo, le nom, comme tous les autres mots, commence avec une voyelle : oche (chaise), ányá (œil), agụ (tigre), ou avec une nasale syllabique, m̄ma (couteau), ntụ (cendre). Seuls peuvent commencer avec une consonne les emprunts dọ̀ kìtà (docteur), moto (voiture), les

monosyllabiques di (mari), ji (igname), et les idéophones kukurukoo (chant du coq), gbamgbam (tôle ondulée), bịambịakwa ụdaobi (fréquence cardiaque).

La langue igbo, comme un certain nombre d’autres langues dont le chinois standard moderne (le mandarin), ne marque pas le pluriel au moyen de la morphologie, comme le font dans la majorité des cas l’anglais et le français par flexion de la forme du singulier, c’est-à-dire en ajoutant un s au singulier du nom. En igbo assez souvent, c’est le contexte qui permet de savoir si le nom est entendu au singulier ou au pluriel. Prenons, par exemple, les phrases suivantes avec le mot oche (chaise) :

1. Butere m oche. (Apportez-moi une chaise/des chaises.)

2. Butere m oche ka m nye onye ọbịà m. (Apportez-moi une chaise pour mon invité.) 3. Butere m oche ka m nye ndị ọbịà m. (Apportez-moi des chaises pour mes invités.) Rien dans la phrase no 1 ne permet de dire s’il s’agit d’une chaise ou de plusieurs chaises ; celui à qui est adressée la phrase doit s’en remettre au contexte pour la désambigüisation. Dans les phrases no 2 et no 3, le contexte permet de dire qu’il s’agit d’une chaise et de plusieurs chaises respectivement.

Tout ceci ne veut pas dire que l’igbo ignore toute notion de nombre grammatical car le besoin se fait sentir parfois de ne pas rester vague, de ne pas laisser au seul soin du contexte de communiquer cette information. Il existe effectivement un certain nombre de morphèmes (certains liés, d’autres libres) qui se combinent avec les noms cibles (avec ou sans soudure entre le morphème et le nom cible) pour exprimer la notion de nombre grammatical. Par exemple :

Ndị inyom gara ahịa. (Les femmes sont allées au marché.)

Ụmụ̀ agbọghọ gàrà ahịa. (Les jeunes filles sont allées au marché.)

Dans les exemples ci-dessus, on voit que c’est au moyen de ndi (ndiinyom = ndi + inyom) et de

ụmụ̀ (ụmụ̀ agbọghọ = ụmụ̀ + agbọghọ) que le nombre grammatical est véhiculé alors que le

nom de base dans les deux cas reste inchangé. Ainsi donc, la notion de pluriel n’est pas étrangère à la langue igbo comme on peut être tenté de le croire mais elle est exprimée au moyen de morphèmes comme dans les deux exemples ci-dessus par ndi un morphème, lié, ou par ụmụ̀

morphème libre. Par ailleurs, un autre morphème libre qui permet d’exprimer le pluriel est

ọ́tụ́tụ̀, par exemple dans ọ́tụ́tụ̀ ụ́lọ̀ (plusieurs maisons) ; ọ́tụ́tụ̀ ḿmadụ̀ (de nombreuses

2.2.2.1.2. Le syntagme nominal igbo

Les syntagmes nominaux sont des formations lexicales qui associent au moins deux nominaux. Comme nous le verrons (au chapitre 7), le domaine de la gynécologie-obstétrique est riche en termes correspondant à des syntagmes nominaux.

Dans le GN igbo, le nom peut être accompagné d’un déterminant et/ou d’un adjectif : Nwoke

iké ahụ (l’homme fort), où Nwoke = nom, ike = adjectif, ahụ = déterminant ; nwoke àhụ̀ (cet

homme) ; Nwoke ọ́ mà àhụ̀ (l’homme gentil), où Nwoke = nom, ọ́mà = adjectif = àhụ̀ =

déterminant.

2.2.2.1.3. La structure morphosyntaxique du nom

Un morphème peut être lié ou libre. Par exemple, dans nwàńné = nwà + ńné (frère/sœur),

nwàányị́ = nwà + ànyị́ (femme), tous les morphèmes sont libres.

C’est le cas aussi de ànyị (nous, notre) dans nwàányị́, ou chi (Dieu), nà (qui), ekè (créer) dans

Chineekè. Chi + na+ ekè: (« Dieu qui crée » ou « Dieu le créateur »). En revanche, dans nwàtàkị́rị́ (nwa + ta + kịrị = enfant), seul nwa peut fonctionner sans affixes ; ta et kiri sont liés.

2.2.2.2. Les constituants verbaux

Les verbes igbo sont classés en deux groupes, les verbes actifs et les verbes d’état (Emenanjo, 1987). Les verbes actifs expriment une action et peuvent être suivis de té/ta qui sont des variations phonologiques dans ibuté/ịbuta (apporter), ịgbata (venir vite). Ils peuvent être mis à l’impératif (par exemple buté/buta (= portez) ; zụté/zuta = (rencontrez)) et au passé (par exemple gbara ọsọ (= Il a couru)). Les verbes d’état permettent plutôt d’exprimer des qualités.

Par exemple, ịdị ọcha (être blanc/ être propre) ; ịji oji (être noir); ịma m̄ ma (être beau/ belle).

Le verbe commence toujours par une consonne lorsqu’il n’est pas à l’infinitif et peut combiner deux racines. La racine est toujours présente, avec ou sans modifications, et on peut la retrouver

en éliminant les affixes. En igbo, une racine peut être simple ou complexe. Une racine simple peut être utilisée seule sans affixe. Par exemple, –ga = va (du verbe ịga = aller), –we = prend (du verbe iwe = prendre) –ri = mange (du verbe iri = manger). Une racine complexe est une racine qui combine deux racines comme dans

gbuda (abat) : -gbu (coupe, du verbe igbu, couper) + -da (tombe, du verbe ịda, tomber)

kụwa (casse) : -kụ (bat, du verbe ịkụ, battre) + -wa (coupe, du verbe ịwa, couper) gafee (traverse) : -ga (va, du verbe ịga, aller) + -fee (passe, du verbe ife, passer)

weta (apporte) : -wè (prend, du verbe iwe, prendre) + -ta (mastique, du verbe ịta, mastiquer)

2.3.CONCLUSION

Nous arrivons au terme d’une brève description des éléments de la linguistique igbo—éléments du système phonologique/orthographique et éléments du système morphosyntaxique—que nous jugeons pertinents dans la création terminologique et la validation des termes créés. Il ressort que la langue igbo présente trois particularités qui ont une influence certaine sur la création de nouvelles dénominations : c’est une langue à tons, une langue flexionnelle et une langue agglutinante.

Chapitre 3

Les problèmes terminologiques