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La pratique de la médecine au Nigeria

5.7. L E DEVELOPPEMENT DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE AU

NIGERIA

Le gouvernement fédéral du Nigeria a longtemps négligé la médecine traditionnelle et le rôle qu’elle pouvait jouer dans le développement du pays. Mais au fil des années, il a repensé sa position. Il a donc établi le Conseil de la Médecine Traditionnelle et a créé un cadre légal pour sa pratique. L’ancien Ministre de la santé, le professeur Lambo, dans un article du 16 août 2006, a parlé en faveur de la médecine traditionnelle en soulignant qu’elle était pratiquée partout en Afrique et que des Africains34y ont eu recours pour leur soins de santé (This Day August, 16, 2006, vol. 11, no. 4135). Parce que le gouvernement fédéral a reconnu l’importance de la médecine traditionnelle, dans certains états, les médecins traditionnels ont le droit de pratiquer côte-à-côte avec les médecins orthodoxes.

Un forum national, le National Traditional Medicine Forum and Expenditure of Council and

Traditional Medicine Disciplinary Tribunal a été créé pour surveiller et contrôler les activités

des systèmes médicaux traditionnels. Cette décision du gouvernement fédéral du Nigeria va dans le bon sens parce qu’elle recherche une complémentarité entre les deux systèmes médicaux. Par ailleurs, le gouvernement a établi une législation régissant le métier de praticien traditionnel et par la même occasion protégeant les malades contre les charlatans.

Les partisans du mariage des deux systèmes pensent que les patients y ont tout à gagner. La médecine orthodoxe bénéficiera des potentiels thérapeutiques des plantes, et de surcroît, on ne sera pas à court de médicaments dans les hôpitaux (Iginla 1983a : 7). De plus, si la Chine, les

deux Corées et le VietNam ont entièrement intégré la médecine traditionnelle dans leur système de soins, le Nigeria peut en faire autant.

La médecine traditionnelle a aussi contribué à la réduction de la mortalité en Afrique en l’occurrence au Nigeria :

La médecine traditionnelle a démontré sa contribution à la réduction de l'excès de mortalité, de morbidité et d'incapacité due à des maladies telles que le VIH / sida, le paludisme, la tuberculose, la drépanocytose, le diabète et les troubles mentaux. La médecine traditionnelle réduit la pauvreté en augmentant le bien-être économique des communautés et développe les systèmes de santé en améliorant la couverture de santé de la population (Elujoba et al. 2005 : 55). (C’est nous qui traduisons).

A l’heure actuelle au Nigeria, il y a des améliorations dans la pratique de la médecine traditionnelle. Adesina, 2015 dit :

Modern-day technology, innovations and education, have however made a lot of impact on the herbalist and on the practice of traditional medicine in Nigeria. The general populace now wants to compare the herbalist with the orthodox medicine general practitioner. Herbalists are now being encouraged to improve on the quality of their output and practice. Herbalists are being encouraged to identify correctly the medicinal plants and other ingredients used in the preparation of herbal products. They should be mindful of the sources of their raw materials and avoid adulteration, all in the bid to ensure safe medicines (Adesina, 2015)35.

5.8.SYNTHÈSE

En 1970, régnait l’euphorie. On pensait que la médecine moderne avait atteint un sommet, qu’elle seule était valable et que toutes les autres devaient être écartées ou ignorées. En l’an 2000, la situation est différente. Elle engendre malaise et inquiétude. Le temps, ce juge sans appel, a montré que la médecine (orthodoxe) qui a voulu imposer sa loi au monde ne peut, à elle seule, lutter contre les désastres sanitaires de notre époque.36

35 Source : http://www.onlinenigeria.com/health/?blurb=574 consulté le 18 septembre, 2015.

Les deux systèmes de santé (médecine orthodoxe et médecine traditionnelle) peuvent se compléter et ainsi leur coexistence ne peut donc qu’être bénéfique. Ce qui manque actuellement, c’est la recherche sur la médecine traditionnelle. Le compte rendu du FESTAC’7737 dans sa troisième résolution en appelle aux gouvernements des Etats africains et aux universités pour qu’ils l’encouragent et la financent.

That African governments and universities should encourage and finance research into traditional medicine by African multidisciplinary teams consisting of individuals with adequate African culture knowledge capable of penetrating and appreciating the total spectrum of traditional medicine which comprises physical aspects, the metaphysical dimension and the mystical components, and who will eventually compile the pharmacopoeia of African Traditional Medicine. (The Colloquium Proceedings 1977: 166).

En effet, les deux médecines doivent coexister et collaborer. Ce devrait être possible, puisque les praticiens des deux systèmes ont les mêmes objectifs, à savoir la prévention des maladies et la guérison des malades. Ils peuvent donc se compléter. Cette complémentarité ne pourra être atteinte que si les médecins traditionnels acceptent de pérenniser leur savoir en consignant sur papier les noms des plantes et des autres moyens utilisés pour le traitement des maladies mais aussi de consentir à former à leurs techniques d’autres personnes qui ne font pas partie de leur famille.

La collaboration entre médecine traditionnelle et médecine orthodoxe pourrait contribuer à l’avancement de la médecine en général puisque, comme nous le soulignions ailleurs, chaque

37 Le FESTAC (Festival of Arts and Culture) qui a eu lieu du 15 janvier au 12 février 1977 au Nigeria avait pour but d’encourager les valeurs culturelles, de promouvoir la civilisation de l’Afrique et du monde noir, d’inciter à la compréhension internationale et inter-raciale, d’encourager le retour au pays natal et de préserver le patrimoine culturel des peuples noirs (Fingasi, 1977 : 8).

système présente des avantages et des inconvénients ; l’idéal serait de chercher à retenir de chaque système ce qui fait sa force.

Enfin, la mise au point des médicaments et la nécessité de former des jeunes à la technique de la médecine traditionnelle devraient ouvrir de nouvelles perspectives pour la recherche.

Heureusement une nouvelle tendance émerge depuis quelques années dans la médecine traditionnelle comme l’affirment Elujoba et al.

La tendance actuelle dans la reconnaissance et le développement de la phytothérapie en Afrique par diverses organisations internationales plaide pour une réponse positive de tous les scientifiques de la recherche médicale et pharmaceutique d'origine africaine. Tout d'abord, les chefs d'Etats africains ont, depuis, déclaré les prochaines dix (10) ans (2001-2010) comme une période de développement de la médecine traditionnelle en Afrique et cela a été identifié comme la « Décennie de la médecine traditionnelle en Afrique ». Ainsi le 31 août chaque année doit être observé et célébré comme la Journée africaine de la médecine traditionnelle dans tous les pays du continent (Elujoba et al, 2005 : 60).

Au terme de ce chapitre qui a fait le tour des structures médicales (traditionnelles et orthodoxes) en place au pays igbo, nous ne pouvons qu’exprimer notre accord avec Auger (1984, 1995) : le système médical africain est un système pluriel où les différentes approches ne s’excluent pas les unes les autres, et on peut former le vœu que les deux systèmes principaux collaborent pour faire avancer la prévention et le traitement des pathologies.

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e

Partie :

La terminologie igbo de la