• Aucun résultat trouvé

Tableau 21 : Matrice terminologique des termes anglais de notre base de données

Forme du terme Exemple

1. N pubis

2. N + N female pelvis

3. N + Prép + N infundibulum of oviduct 4. N + Prép + Art + N prepuce of the clitoris

5. Adj + N vaginal artery

6. Adj + N + N complete breech presentation 7. Adj + N + Prép + N artificial management of labour 8. Adj + N + Prép + Art + N vaginal portion of the cervix

9. V + N ciliated cells

La quasi-totalité des matrices terminologiques dans les trois langues concerne des substantifs, ce qui n’est pas étonnant car « la catégorie grammaticale privilégiée du domaine de la terminologie est celle du substantif » (Guilbert 1981 : 188). Il y a 34 matrices terminologiques pour la langue igbo, 21 pour la langue française et 9 seulement pour la langue anglaise. Nous

pensons que cette profusion de matrices terminologique en igbo tient au fait que les termes médicaux igbo sont plus descriptifs que les termes français et anglais.

Certains termes sont complexes en igbo mais ne le sont pas en anglais et en français, par exemple, cystocele en anglais vs. cystocèle en français vs. ọgbakpụrụkpụrụ keakpamamịrị en igbo alors que d’autres sont simples dans les trois langues, par exemple polyp (anglais) vs.

polype (français) vs. akpụ (igbo). Un terme simple peut avoir la structure d’un seul mot, par

exemple akwara (artère). Mais il peut aussi être le résultat d’une dérivation, par exemple

mkpukọta (coagulation) qui est dérivé de ịkpukọta (coaguler) ou d’une composition, par

exemple, ọkpụkpụukwu (pelvis) obtenu par la combinaison de ọkpụkpụ + ukwu (os + hanche).

Certains termes sont des éponymes en anglais et en français, par exemple pouch of Douglas,

cul de sac de Douglas mais pas en igbo, le terme igbo étant nsụpịaikeafọ.

Les termes igbo sont souvent plus longs que leurs équivalents français et anglais, ceci sans doute parce qu’ils ont été créés tout récemment mais aussi parce que l’igbo paraît beaucoup plus descriptif dans sa démarche générale en matière de dénomination que ne le sont l’anglais et le français :

7.7.LA SEMANTIQUE DES TERMES

Dans cette section, nous nous intéressons seulement à deux relations, l’hyponymie et la synonymie, car ce sont celles que nous avons pu identifier dans notre travail.

7.7.1. L’homonymie

Dans notre travail, nous avons pu isoler un seul cas d’homonymie : akwara (artère) qui désigne en même temps le muscle, les nerfs, le vaisseau sanguin, l’artère, la veine et le capillaire.

Au cours de nos entretiens avec les spécialistes traditionnels, d’autres propositions ont été faites suivant la fonction de ces parties du corps. Nous avons donc proposé les termes qui nous semblent plus précis :

Nous proposons de retenir le terme akwara pour ‘artère’ parce que les autres notions qui partageaient le terme ont reçu des dénominations qui reflètent mieux leur sens : aghịrịgha

akwara (traduction littérale : petites artères) pour ‘capillaires’ ; ụtakụ akwara (traduction

littérale : chair solide ou musculaire) pour ‘muscles’ ; akwara ozi (traduction littérale : veine-messager) pour ‘nerf’ ; akwara ọbara (traduction littérale : artère du sang) pour ‘vaisseau sanguin’ ; et akwara ojii (traduction littérale : artère noire), formé en s’appuyant sur la couleur du sang acheminé pour ‘veine’.

7.7.2. La synonymie

L’existence de la synonymie va à l’encontre de l’univocité prônée par beaucoup de terminologues. Cependant, dans la pratique, une réalité ou un concept nouveau ne reçoit pas toujours, de façon systématique et définitive, un seul terme. Plusieurs dénominations peuvent voir le jour et coexister. Certaines peuvent finir par disparaître parce qu’elles sont moins adéquates, moins bien intégrées linguistiquement ou moins adaptées socialement. Lorsqu’une seule dénomination survit, il y a monosémie mais lorsque plus d’une survit, il y a alors synonymie et d’après Rondeau (1984 : 72), il existe des synonymes terminologiques, « à des degrés variables, dans tous les domaines ».

C’est le cas des dénominations euphémistiques qui sont employées par pudeur. En igbo ahụ

nwaanyị est un terme euphémistique et est synonyme de ọtụ (vagin), et ahụ nwoké est un terme

euphémistique synonyme de utu (pénis). D’autres synonymes dans notre base de données sont :

kansa / awaeto, (cancer)

ịmụozunwa / mmugbunwa (enfant mort-né)

ịmụnwa ezughiezu / ịmụnwa akaghiaka (prématuré/naissance avant terme)

ọrịa nwáànyị / nsi nwáànyị (maladies sexuellement transmissibles)

ọrịa mkpụrụ ukwuamụ / ọrịa prosteti (prostatite aiguë)

ọrịa mmịnwụ / ọrịa AIDS (SIDA)

isimgbaka ọmụgwọ / ịdamba n’obi n’ ọmụgwọ (puerpérium)

ọwanwa / ọwa ikpù (conjugué obstétrical)

uzeni / uhe (spermatozoïde)

Soubrier (2005 : 288) note que « la construction du sens s’envisage rarement de la même façon dans deux langues différentes et la langue scientifique, malgré l’universalité de son objet, reste soumise à cet état de fait ». L’analyse des termes dans notre base de données nous conduit à partager cet avis.

7.8.LA CONSTITUTION DU LEXIQUE

Nous sommes partie d’un lexique anglais parce qu’à notre connaissance il n’existait ni lexique de la gynécologie-obstétrique en igbo ni même de documents écrits en igbo dans le domaine. Ensuite nous avons effectué une enquête sur le terrain pour recueillir les termes igbo et enfin nous avons procédé à la création de termes pour combler les lacunes constatées. Nous nous sommes donc servie de deux sources pour renseigner les colonnes française et igbo de notre lexique trilingue : les ouvrages de la gynécologie-obstétrique en français pour notre recherche d’équivalents français de termes anglais et notre enquête ethnographique. Nous avons complété le lexique par la création de termes pour combler les lacunes constatées, pour les équivalents igbo. Nous avons dans la mesure du possible résisté à la tentation du recours aux emprunts parce que si la langue igbo doit être enrichie, il est préférable que soit en recourant avant tout à ses ressources internes. Toutefois, cela n’a pas été toujours possible et nous avons parfois dû

recourir aux emprunts, que nous n’avons pas manqué de phonologiser, par exemple : zygote se dit ziagọtụ.

7.9.PRESENTATION DU LEXIQUE

Le lexique contient environ 400 termes dans chaque langue, organisés en 14 parties représentant chacune un sous-domaine de la obstétrique. Le domaine de la gynécologie-obstétrique est très vaste et le chiffre de 400 termes peut paraître dérisoire mais compte tenu du fait que nous avions un calendrier à respecter et que les moyens à notre disposition étaient limités nous ne pouvions pas faire plus.

Nous présentons dans l’annexe K les termes du domaine de la gynécologie-obstétrique en trois colonnes.

7.10.CONCLUSION

Nous avons utilisé la composition, la dérivation, l’emprunt et la traduction dans la création des termes. La composition s’est révélée la plus fréquemment utilisée, sans doute parce qu’elle permet d’obtenir des termes assez transparents. De nombreuses lexies composées issues de ce travail de création terminologique ont été créées à partir de trois ou quatre lexèmes.

Notre lexique contient environ 400 termes dans chaque langue. Les termes de la partie igbo du lexique sont soit tirés des dictionnaires igbo existants soit obtenus à la suite de notre enquête sur le terrain soit créés par nous-même. Dans ce travail de création de termes, nous avons fait appel à toute la panoplie des procédés de création terminologique, tout en nous appliquant à travailler dans le respect du génie de la langue igbo. A la suite de l’analyse de la structure des termes proposés à la création, on a pu constater que ceux-ci empruntent des schèmes variés : n + n ; n + prép. + adj. ; v + n + adj. ; etc. On note en particulier, comme dans toutes les terminologies, la prédominance du substantif sur les verbes et les adjectifs.