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Synthèse et propositions d’orientation vers une « nouvelle » approche méthodologique des typologies d’instruments politiques méthodologique des typologies d’instruments politiques

TYPOLOGIES D ’ INSTRUMENTS POLITIQUES À UNE PROPOSITION DE TYPOLOGIE

Chapitre 7 De la nécessité de ternir compte de la complexité instrumentale instrumentale

7.4 Synthèse et propositions d’orientation vers une « nouvelle » approche méthodologique des typologies d’instruments politiques méthodologique des typologies d’instruments politiques

Pour tenter de résumer nos développements, nous avons jugé utile de dresser une liste des principales lacunes méthodologiques que nous avons identifiées sous la forme de quelques conditions qu’une typologie d’instruments politiques devrait remplir pour être fructueuse sur le plan théorique et pratique.

Pour bon nombre d’auteurs (voir notamment De Bruijn et Hufen, 1998, Klock 1995, Salamon, 1989, 2002, Salamon et Lund, 1989, Pal, 1992, Kaufmann-Hayoz et al., 2001, Lascoumes et Galès, 2004), une typologie d’instruments devrait ainsi permettre :

1. de définir un « menu » d’instruments à disposition ;

2. de définir de manière exhaustive un nombre de catégories mutuellement exclusives (critères de l’exhaustivité et de l’exclusivité mutuelle des catégories) ;

3. une systématicité évolutive (typologie non statique, large, systématique, ouverte et intégratrice) ;

4. de classer (nous dirons quant à nous comparer) les instruments, tant en fonction de leurs différences que de leurs similitudes ;

5. d’appréhender la nature fondamentale des instruments (dimensions/caractéristiques/critères…) ;

6. de prendre en compte les acteurs cibles (typologie orientée acteur) et d’être liée à (nous dirons d’être fondée sur) une théorie de l’activité humaine ;

7. une analyse rigoureuse de la question du choix des instruments par la possibilité offerte d’opérationnaliser la variable type d’instruments ;

8. un « travail de déconstruction via les instruments » (Lascoumes et Galès, 2004, p.

13) ;

9. d’appréhender la diversité et la complexité des instruments.

En ce qui nous concerne, nous ajouterons les quelques conditions supplémentaires suivantes.

Une typologie d’instruments devrait également pouvoir :

10. reposer sur une base méthodologique cohérente, systématique et prenant en compte de manière indissociable modalités de conception et d’application ;

11. permettre de dissocier les niveaux théorique (types d’instruments ; exhaustivité et exclusivité) et empirique (instruments concrets, complexité) ;

12. permettre un travail de reconstruction à même de rendre compte de la complexité instrumentale ;

13. reposer sur des bases conceptuelles cohérentes, praticables et d’un niveau théorique équivalent (par exemple, remplacement du concept de contrainte par celui de coercition) ;

14. fournir des étalons de mesure aptes à opérationnaliser la variable type d’instrument par une démarche comparative qui abandonne la quête improbable qui consiste à tenter de classer une réalité instrumentale beaucoup trop complexe dans des catégories

(abandon de la tentation classificatrice).

L’ensemble de ces conditions peut être brièvement résumé sous la condition unique suivante : 15. une typologie d’instruments politiques devrait pouvoir être apte à gérer la

complexité instrumentale qu’elle se veut appréhender.

Afin de remplir les conditions énumérées ci-dessus et tenter de lever les nombreuses lacunes que nous avons identifiées auparavant, nous proposons de nous émanciper de la tentation classificatrice que nous avons identifiée comme la lacune principale pour nous orienter vers une nouvelle démarche méthodologique et conceptuelle.

Nous proposerons ainsi par la suite d’appliquer la méthode compréhensive wébérienne (idéaltypique) afin de dresser une typologie des instruments politiques qui soit conçue sur des fondements méthodologiques solides. Aussi, et dans l’optique de permettre l’opérationnalisation de la variable types d’instruments, nous prônerons, en conformité avec la méthode compréhensive, une approche comparative (comparaison types d’instruments / réalité instrumentale) et un abandon, sans concession, de la démarche classificatrice. En effet, la méthode comparative permet selon nous de dépasser le choc inhérent de la confrontation entre une théorie par nature simplificatrice (rationalisation réductrice) et une réalité par nature complexe.

Nous voyons ainsi dans la méthode compréhensive une alternative efficace pour la gestion de la complexité instrumentale et la définition de concept rigoureux qui permettra dès lors de dissocier clairement niveaux théorique (conception des (idéaux)types d’instruments, domaine de la rationalisation en finalité, de la réduction/caractérisation) et empirique (instruments concrets, domaine de la complexité sociale). En d’autres termes, nous proposons de laisser la complexité là où elle se doit d’être, à savoir au niveau de la réalité, et de construire des types sur le plan où ils se doivent d’être, à savoir au niveau de la rationalisation théorique. Nous voyons également l’approche idéaltypique (processus de rationalisation en finalité) comme permettant une mise en perspective des types d’instruments qui implique de manière indissociable les deux étapes méthodologiques que sont les modalités de conception (mise en relief de l’objet, de concept instrument en fonction de caractéristiques) et d’application (analyse) de la typologie, dans la mesure où elle se veut une proposition méthodologique englobant ces deux dimensions.

Notons également que cette démarche permet de dépasser les problèmes d’exhaustivité et d’exclusivité dans la mesure où l’exclusivité se mesure sur le plan de la rationalisation théorique (entre types idéaux et donc au niveau théorique uniquement ; la rationalisation de types d’instruments mutuellement exclusifs n’ayant une pertinence qu’au niveau conceptuel) et que l’exhaustivité se mesure quant à elle par la comparaison entre types d’instruments concrets et types théoriques. Nous pensons ainsi lever l’exigence posée par beaucoup d’auteur, mais jamais remplie, du critère des classes mutuellement exclusives en la (re)plaçant sur le niveau théorique et méthodologique.

D’autre part, cette approche compréhensive nous permettra également de définir les caractéristiques fondamentales des instruments qui permettront, à leur tour, de définir les types d’instruments (nos étalons de mesure) au sein d’un processus d’exercice de rationalisation en finalité. Cet exercice sera d’ailleurs issus de manière directe et systématique de l’élaboration d’une théorie (basique) des l’activité humaine (questionnement de départ, postulats de départ) – car les instruments, faut-il le rappeler, sont fondamentalement destinés à modifier les comportements humains197 – qui permettra parallèlement d’obtenir des

« catégories » d’instruments relevant d’un niveau théorique et conceptuel identique.

Cette perspective méthodologique nous mène ainsi à tracer une démarcation claire entre, d’une part, la notion de typologie idéaltypique d’instruments (méthode compréhensive wébérienne, construction d’idéauxtypes d’instruments, approche comparative) et, d’autre part, les classifications et autres catégorisations d’instruments (classes, familles, catégories, etc.) qui sont irrévocablement associés à une approche classificatrice dont nous voulons absolument nous défaire.

Ainsi, avec la typologie d’instruments que nous nous proposons de concevoir et d’utiliser au sein de notre recherche, nous pensons posséder un instrument de compréhension à grande valeur heuristique qui puisse permettre également l’opérationnalisation (la mesure) de la variable type d’instruments par une approche comparative (étalon de mesure conceptuel / réalité instrumentale). A cette fin et pour pouvoir dépasser le seul niveau compréhensif, nous proposerons également d’accommoder la méthode compréhensive wébérienne d’une combinaison de deux méthodologies empruntées à l’évaluation des politiques publiques (proposition pour une méthode idéaltypique + « pan-phy »

) et qui consistera à faire mesurer les instruments du domaine étudié au regard des types d’instruments que nous aurons définis par un groupe d’experts.

En conséquent, nous pensons que l’approche que nous proposons peut s’avérer une voie prometteuse dans le dessein de permettre aux typologies d’instrument de pouvoir gérer la complexité instrumentale (la perte compréhensive découlant de l’exercice de caractérisation des types d’instruments étant rattrapée par l’exercice de comparaison entre types d’instruments et réalité instrumentale).

Enfin, nous relèverons ici qu’en scellant les fondements théoriques et conceptuels de notre typologie d’instruments sur une théorie (basique) de l’activité humaine, nous pensons mettre l’accent sur une approche des instruments politiques qui veut également appeler à l’ouverture de notre champ d’investigation à l’impérieuse nécessité de l’interdisciplinarité, voire de la transdisciplinarité, dans une perspective de développement durable198.

197 En d’autres termes, les instruments sont fondamentalement construits sur des hypothèses comportementales découlant de la question fondamentale qui est de savoir comment modifier les comportements humains ?

198 Voir sur ce point de la dernière partie « synthèse & de conclusion » de notre travail de recherche.

Ainsi, et en parfait accord avec Kaufmann-Hayoz et al. (2001) ou Bürgenmeier (2005, 2008), nous sommes en effet persuadés que la régulation socio-environnementale (et à plus forte raison la régulation sociale) ne peut être comprise d’un point de vue disciplinaire mais que les réponses à apporter incombent à l’ensemble des sciences sociales et de la nature. Aussi, si nous espérons que la typologie que nous proposerons puisse constituer une avancée, ne serait-ce que minime, dans serait-cette direction, nous souhaitons qu’elle puisse permettre de jeter un regard nouveau sur les instruments des politiques publiques.

Chapitre 8 La méthode compréhensive de Max Weber et ses

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