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TYPOLOGIES D ’ INSTRUMENTS POLITIQUES À UNE PROPOSITION DE TYPOLOGIE

Chapitre 5 Des « méthodes » de conception et d’utilisation des typologies d’instruments politiques à quelques typologies d’instruments politiques à quelques

5.1 Des bases méthodologiques « éclatées »

Avant d’aborder les « méthodes » de conception et d’application des typologies telles qu’elles ressortent de la littérature spécialisée et de souligner l’existence de certains lacunes

167 Comment peut-on par exemple établir que telle politique utilise tel type d’instrument, si l’instrument réellement mis en œuvre peut être classé dans une catégorie ou une autre selon la perception subjective qu’en a le chercheur ?

« générales » auxquelles elles sont confrontées, nous allons, en guise de préambule, souligner une première insuffisance d’ordre méthodologique à laquelle nous avons été confrontée et qui n’a pas facilité notre démarche : la présence d’un cadre méthodologiques « éclatés ».

En effet, dans nos recherches, nous avons pu nous rendre compte – d’ailleurs assez rapidement – que la première lacune méthodologique était en réalité l’absence flagrante de fondements ou corpus méthodologiques solides, unifiés, communs, rigoureux, systématiques et éprouvés dans le domaine de la conception et de l’application des typologies d’instruments à l’analyse des politiques publiques, notamment dans le domaine des politiques de protection de l’environnement, mais pas seulement.

Pour commencer, nous noterons par exemple qu’il n’existe à notre connaissance aucun ouvrage consacré entièrement à la question des typologies des instruments politiques de protection de l’environnement qui proposerait une démarche globale et cohérente apte à intégrer dans la réflexion tant les modalités de conception de la typologie que ses modalités d’application et qui soit, dès lors, à même de pouvoir lever les lacunes méthodologiques auxquelles sont confrontées les typologies actuelles.

En effet, comme nous l’avons déjà souligné, la littérature sur le sujet qui nous occupe se trouve plutôt constituée d’une multitude d’essais, d’articles et de parties d’ouvrages ou d’ouvrages constitués d’un recueil de contributions de plusieurs auteurs, qui traitent souvent la question des typologies d’instruments de manière marginale.

Il ressort ainsi de ces différentes et multiples contributions que les questions d’ordre méthodologique inhérentes à la conception et à l’application des typologies :

• sont traitées de manière très hétérogène à la fois sur le niveau de l’analyse théorique que de l’application pratique ;

• sont le plus souvent traitées de manière implicite par les auteurs ;

• sont souvent issues d’une réflexion partielle, sans réflexion globale, et placées dans des cadres référentiels très souvent différents, tant sur plan théorique, que conceptuel ou pratique.

Par ailleurs, lorsque des lacunes sont identifiées, chaque auteur semble également développer ses propres pistes et réflexions méthodologiques, de manière « intuitive », sans se référer aux fondements méthodologiques pourtant connus et développés en sciences sociales (nous y reviendrons). Ceci nous amène à souligner que, parfois, la rigueur (scientifique) et la cohérence interne168 et externe des ces « passages » consacrés aux typologies nous ont parfois laissé très songeurs.

En résumé, nous dirons que la nature « éclatée » de la littérature spécialisée portant sur les typologies des instruments politiques (de protection de l’environnement), qui s’exprime en tout premier lieu par l’absence de réflexion globale et systématique sur la question, ne favorise pas l’émergence d’une méthodologie apte à appréhender une réalité instrumentale pourtant très complexe. Ainsi, nous avons également constaté que les deux étapes

168 Certaines typologies font par exemple côtoyer divers types d’instruments issus de niveaux analytiques différents.

(méthodologiques) que sont la conception et l’utilisation des typologies ne sont jamais traitées de manière « interactive » mais, au contraire, sont le plus souvent dissociées. Or, à notre sens, si ces deux étapes doivent être dissociées sur le plan pratique (il est nécessaire de concevoir une typologie avant de l’utiliser), ces deux questions d’ordre méthodologique sont étroitement liées et ne peuvent être pensées l’une sans l’autre sur le plan de la réflexion méthodologique (on ne peut penser la conception d’une typologie sans savoir comment va-t-on l’utiliser et on ne peut l’utiliser sans savoir dans quel but elle a été conçue). De même les lacunes que nous allons identifier par la suite ne peuvent être selon nous résolues sans cette perspective interactive ; il est ainsi difficile de parler de lacunes méthodologiques en dissociant la conception de l’utilisation car les deux sont intimement liés.

Or ce constat de « déficit méthodologique » peut nous apparaître surprenant, et plus encore dans le champ des instruments politiques, puisque la question des typologies est un objet traité en sciences sociales, tout particulièrement dans les travaux de Max Weber sur le pouvoir de l’Etat. Or ce n’est qu’à de rare exception que des références (d’ailleurs souvent erronées) sont faites à la méthode compréhensive idéaltypique. Nous contribuerons à « lever » cette lacune en fondant nos développements méthodologiques sur cette dernière.

Toutefois, et pour revenir sur le manque de référentiel théorique et méthodologique, nous pouvons avancer quelques pistes d’explication.

Ainsi, souvent issues (en plus ou moins grande partie) d’une connaissance « pratique » du chercheur dans un secteur particulier de l’intervention étatique, la justification théorique des typologies n’est le plus souvent pas explicitées, voir brille par son absence (cf. la méthode la

« génération spontanée » évoquée plus loin). Et, s’il est vrai que certains auteurs font reposer leur typologie sur une réflexion théorique préalable afin de pouvoir justifier le choix de leurs catégories169, les réflexions méthodologiques ne reste que peut poussées au regard du niveau de complexité de l’objet qu’elle se veule appréhender.

D’ailleurs pour anticiper quelques uns de nos propos, nous pouvons d’ores et déjà souligner le fait que toutes les typologies (toujours confrontées aux mêmes lacunes) sont à notre avis implicitement ou explicitement construites pour être destinées à classer les instruments au sein des catégories qu’elles définissent. Et cette idée – qui semble partagée par les chercheurs et qui ne semble jamais avoir été remise en question – pourrait ainsi expliquer le fait qu’aucun d’entre eux se soient réellement intéressés aux modalités d’utilisation des typologies, contribuant ainsi à ne pas mener de réflexion globale sur le sujet, notamment dans la perspective de résoudre certaines lacunes dont les problèmes de l’exhaustivité et de l’exclusivité170.

169 Citons ici notamment Hood (1983/1990), qui fonde sa typologie sur la théorie cybernétique, Klock (1995) qui base la sienne sur une théorie de l’action humaine reposant elle-même sur une théorie des ressources étatiques tirée de Knopfel, ainsi que Kaufmann-Hayoz et al. (2001) et Schneider et Ingram (1990a, 1997) qui font quant à eux théoriquement (et à juste titre) reposer leur typologie sur une théorie de l’action humaine, même si dans les faits leur typologie n’est pas issue de manière « systématique » de leur raisonnement théorique.

170 Prenons par exemple le fait d’amender une ancienne typologie en y ajoutant simplement une catégorie pour palier au défaut d’exhaustivité qui ne règle en rien le problème mais ne fait que le repousser un peu plus loin.

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