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La symbolique du rite

Islam Théologie et philosophie

II. Les éléments du rituel

II.4. La symbolique du rite

Considérées comme des pratiques surérogatoires par apport à l’observance religieuse canonique, quelle est la symbolique des rites consacrés aux saints du Maghreb ?

Alors que l’observance des prières canoniques prend valeur d’obéissance à la loi, les rites confrériques sont considérés par les mystiques comme des moyens privilégiés de transcendance de l’âme, base de toute pratique religieuse.

La faveur et l’enthousiasme qui les accompagnent sont alors considérés comme des signes de grande piété. Bien que souvent guidés par le désir d’entrer en contact avec des êtres surnaturels que sont les saints, la quête poursuivie est bien celle de Dieu.

La ziara implique aussi des contactes avec des personnes vivantes ; tout se passe comme si la relation avec le sacré ne se réalisait que dans le cadre des relations sociales mondaines.

Si la ziara est avant tout un acte rituel, elle n’en constitue pas moins une sortie, on rend visite aux saints comme on rendrait visite à un parent ou aux amis.

Toute ziara, se fait de préférence et dans la mesure du possible en compagnie des membres de la famille, d’amis ou de voisins. On considère que les demandes d’intercession aboutissent d’autant plus facilement qu’elles sont soutenues collectivement et que la baraka est d’autant plus importante. Même effectuée de manière individuelle, la ziara est un acte éminemment social qui est l’occasion d’expérimenter le sentiment d’appartenance communautaire.

Les repas offerts à l’intention du saint sont obligatoirement partagés avec les autres visiteurs. La baraka obtenue par chaque individu est communiquée à l’ensemble de l’assistance. La relation d’amour qui préside à la dynamique des différents rites imprègne les échanges entre les visiteurs qui deviennent tous « frère et sœurs par le ouali » ; même si cette famille est au demeurant symbolique et que les relations entre les visiteurs les uns aux autres se limiteront à l’espace de la manifestation.

Si ces pratiquent semblent jouer le rôle de cohésion et favoriser les occasions de réactualiser le sentiment d’appartenance communautaire, elles ne sont rendues possible que par l’existence dans les sociétés maghrébines d’espaces et de temps ou les modes d’échanges communautaires aussi bien sociaux que symbolique sont encore fonctionnels.

La pratique du culte de la sainteté s’inscrit donc dans le registre des coutumes familiales et prend place dans le champ des relations de sociabilité et de loisir.

Ces rites effectués dans le cadre des activités d’un groupe confrérique revêtent d’autant plus d’importance que la désorganisation des ordres mystiques a modifié leurs rapports dans le temps et dans l’espace. L’affiliation à un ordre entraine l’obligation morale de participer à un

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système d’échanges avec des supérieurs hiérarchiques d’une part et des frères spirituels d’autre part. La ziara collective et les moussems sont l’expression parfaite de l’occasion de renouer ces liens distendus et de retrouver même momentanément, ce sentiment d’appartenance à une communauté, la communauté du fondateur de l’ordre. Utilisant la métaphore de parenté pour désigner ces hommes qu’ils considèrent comme des hommes parfaits, placés au dessus d’eux et transcendant les contingences matérielles.

Conclusion

Les rites renvoient à la manière dont les individus définissent leurs appartenances cultuelles à travers un système singulier de représentations et de pratiques spatiotemporelles.

En Islam l’acceptation du mysticisme par la norme a fait admettre toute un répertoire de rites qui renvoient aussi bien aux confrérismes qu’au culte de la sainteté. Cette forme de pratique religieuse parallèle et complémentaire au dogme officiel a permis de diversifier les expressions du religieux mais a souvent était décrié comme hétérodoxe par des puristes qui n’y voyait qu’une déviation à la norme et une corruption de la véritable foi.

Le Maghreb se caractérise par une symbiose complexe entre la religion musulmane et les croyances ancestrales qui se rapportent aux personnes et aux lieux auxquels les populations attribuent un certain pouvoir surnaturel et avec lequel les fideles pactisent pour s’assurer les bienfaits de leur baraka. Pacte qui sera matérialisé par des rituels spécifiques, gestuelles d’invocation pour solliciter ces êtres qui ont la faculté d’intercession auprès du divin.

Que ces pratiques soient inscrites dans une temporalité extraordinaire — pèlerinages, commémorations symboliques, etc. — ou ordinaire et régulières, elles constituent toujours un carrefour de partage à travers lequel se cultive une mémoire.

Ces rites dont le lieu d’expression est principalement la zaouïa, sont multiformes et se référent toujours à une figure de sainteté à travers laquelle ils mettent en mitoyenneté deux

mondes celui des vivants et des morts par une symbolique particulière.

Ils peuvent être exprimés par des procédés rigoureusement codifiés tels que les rituels confrériques , prendre le temps d’une ziara, la forme d’une communion avec la sacralité à travers un principe circulaire d’échanges entre visiteurs et saints, ou révéler un caractère festifs ou le sacré et le profane se mêlent lors des zerdates .

CHAPITRE IV

LA ZAOUIA

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Introduction

Le religieux qui constitue un ciment et une ressource identitaire s‟inscrit toujours dans une historicité qui s‟articule à la notion d‟espace physique, comme cadre du souvenir, normatif et didactique ; des lieux matériels, à travers lesquels un « groupe » peut s‟identifier et ancrer ses valeurs.

La pratique religieuse et ses dispositifs rituels sont porteurs de ce rapport à l‟espace et nous informent de la relation qu‟entretien l‟homme avec ce dernier.

La symbolique de cet espace se rattache toujours à la notion de sacralité et s‟affirme comme une spécificité spatiale qui se détache d‟un environnement profane.

Si la représentation de l‟espace sacré en Islam reste établie dans l‟exclusivité de la mosquée, qui est le support du rituel de la prière, la zaouïa focalise et ancre les représentations du soufisme et de la mystique musulmane et constitue le cadre privilégié des pratiques d‟obédience spirituelle, complémentaires à ceux instituées et contenues dans la Norme.

Après avoir évoqué dans les chapitres précédents les notions propres au soufisme et à leurs rituels consacrés, nous allons aborder dans ce chapitre l‟espace de la zaouïa. Nous procéderons par une investigation historique pour comprendre sa genèse, une lecture spatiale pour interpréter sa symbolique ,une approche architecturale pour définir ses typologies et enfin une lecture territoriale pour saisir les composantes des trajectoires spirituelles qui se dessinent entre les zaouïas de même obédience confrérique.

I. La zaouïa, définition, histoire et origine.

I.1. La zaouïa.

La Zaouïa linguistiquement, le vocable prend racine dans le verbe “Inzaoua” qui veut dire se

retirer, prendre retraite, s‟isoler1. Il détermine ainsi un acte volontaire de retraite et de repli par

rapport à un environnement déterminé.

Siham Bestandji2 développera dans sa thèse la notion de zaouïa en ces termes « Le retrait s‟opère

par la distance physique ou psychologique qu‟observe la personne vis-à-vis de son entourage proche ou lointain, jusqu‟à ce que cela englobe l‟ensemble de la société ou de la microsociété pour devenir un statut attribué suite à un mérite et de manière consensuelle.

1 La source Mohamed Nacib, Zaouaya El Îlm wa El Qor’ân Fi El Djaza’ir, (Les Zaouaya du Savoir et du Coran en Algérie). Ed. Dar El Fikr, Alger, année inexistante, ouvrage en langue arabe, p27, cite Dar El Maarif El Islamiya, Vol.10, P 331. 2Siham Bastandji « Rites thérapeutiques et bien-être spirituel. Ancrages et résurgences. Pour un projet urbain de tourisme pèlerin. » Thèse de doctorat soutenue à l‟université Mentouri de Constantine, p84.

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L‟acte de retrait suppose un lieu de retraite. L‟éloignement de la personne va se doubler d‟un éloignement spatial lors de l‟élection par la personne d‟un lieu favorisant la condition d‟isolement. Sont choisis les lieux de dépouillement total, les accidents de relief, les montages, les itinéraires épuisants et ardus qui cautionneront un premier acte pèlerin sur le chemin et la voie de la vérité ». Plus tard, le terme sera associé aux confréries religieuses dont elle constituera le cadre de vie monastique mais aussi l‟espace privilégié de pratiques spirituelles. Sa valeur symbolique sera toujours appuyée par la présence d‟une figure de sainteté vivante ou enterré dans un mausolée, signifiant une bipolarité active entre deux mondes, celui des vivants et celui des morts, créant ainsi une situation différenciée dans l‟espace.

I.1.1. Problèmes de terminologie : Zaouïa, Mazar et Darih

la multiplicité de ces termes recouvrent des réalités différentes, mais durant la période coloniale française l‟ensemble des lieux en rapport avec la mystique soufie ou représentant des figures de sainteté , les lieux de pratiques populaires basées sur un fond de superstition et de magie, furent tous catégorisés et sériés en « les marabouts » et « le maraboutisme » incluant de ce fait des spatialités très différentes aux fonctionnalités distinctes. Il nous est paru important pour la suite de notre recherche d‟apporter des éléments de définition pour pouvoir différencier ces espaces qui reste néanmoins tous attachés à un concept fédérateur qui est celui du mysticisme et de la sainteté.

Le Mazar ou mazara est un terme général pour indiquer le lieu que l‟on visite. Maqam,

signifie, place, station et s‟applique à toutes sortes de « mémorials », édifices avec tombes, enclos, pierre…Il indique l‟endroit ou l‟on pense que le saint est passé, s‟est arrêté ou manifesté sa vertu3. Tel est le cas de nombreux maqams édifiés en l‟honneur de Sidi Abdelkader el Djillani , pensant que le saint est passé par là, alors qu‟il est mort à Bagdad sans jamais avoir quitté l‟Asie.

La zaouïa comme précédemment cité, est un édifice qui abrite principalement les pratiques

religieuses des confréries musulmanes4. Il comporte nécessairement dans son enceinte, le mausolée5 qui en constituera l‟élément central et invariable et qui abrite la sépulture Darih

du fondateur, ou l‟un de ses disciples dans une continuité lignagère. Il existe aussi des

3 Émile Dermenghem « Le culte des saints dans l‟Islam maghrébin »Edition Gallimard, Paris 1954, P113.

4Voire plus loin dans le texte, le rôle et les espaces de la zaouïa.

5 Le mausolée est un édifice funéraire, en Orient il a été conçu pour abriter les tombes d‟une même famille et prend la forme d‟édifice monumental quand il abrite la sépulture d‟un personnage important. Les mausolées plus modeste peuvent cependant exister .Au Maghreb cette tradition orientale n‟a guère pris racine, si ce n‟est quelques rares cas isolées au Maroc. Dans l‟ensemble du Maghreb, dans la majorité des cas, le mausolée abrite la dépouille d‟un saint .Selon l‟importance du personnage et les moyens des populations qui l‟édifient, les dimensions et le décor du mausolée seront riches ou modestes.

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mausolées, édifices principalement funéraires dédiées à des personnages vénérés, des saints, sans affiliation à une quelconque confrérie religieuse, édifiés en tant que construction isolée. On peut dénommer aussi le contenant par le contenu, Sidi est souvent usité pour designer un sanctuaire .L‟édifice dans un sens général, portera le plus souvent des noms en rapport avec sa nature et diverses appellations existent au Maghreb : Haouch ou Bit, maison, Houita enclos, mais le terme le plus courant et la construction la plus répandue est certainement la

Qoubaa, coupole qui désignera pour le commun, le mausolée du saint.

I.2. Évolution historique : Du ribat à la zaouïa

I.2.1. Le Ribat : Un couvent fortifié

Des diverses définitions qui sont données, elles tirent toutes leurs fondements de la racine

rabata : lier attacher, la plus raisonnable est celle qui s‟applique au verset du Coran :6

« Préparez contre eux (les infidèles) ce dont vous pouvez disposer comme relais de chevaux

ribat al-khayl »

Le ribat est primitivement, l‟endroit ou l‟on rassemble et entrave les montures pour les tenir prêtes à partir en expédition. Cependant le mot a désigné de bonne heure un genre d‟établissement à la fois religieux et militaire qui semble assez spécifiquement musulman.7

L‟institution du Ribat se rattache au devoir de la guerre sainte Djihad, à la défense du domaine et à l‟extension de celui-ci par les armes.8

Forteresse et lieu de concentration de troupes sur un point exposé de la frontière du pays d'Islam, le ribat joue le rôle d'avant-poste pour donner l'alarme à l'arrière-pays. En cas de danger, il offre refuge aux habitants de la campagne environnante.

La dévotion incitait à multiplier ces fondations, ainsi aux premiers siècles de l‟hégire il y avait une série de ribât’ depuis l‟océan Atlantique jusqu‟à l‟Indus9, qui étaient comme liés entre eux et reliés au territoire musulman.

Au Maghreb le premier fut celui de Monastir (179 de l‟hégire) puis suivit au IIIème siècle de l‟hégire, un âge d‟or ou les Aghlabides10 multiplièrent le long de la cote orientale les ribats

6 Le Coran (Sourate VIII verset 60).

7Encyclopédie de l‟Islam, Tome 3, édition C.Klinckseick, Paris, 1936, P1230.

8 Idem, Op.cit.

9 La source Edmond Doutté « Notes sur l‟Islam Maghrébin, les marabouts », op.cit, P30, cite « la Géographie » d‟El-Edrisi, édition, Jaubert, Paris, 1836, Tome I.

10La dynastie des Aghlabides (800 à 910) règne en Ifriqiya (la Tunisie actuelle) tout en reconnaissant l'autorité nominale du calife abbasside de Bagdad .Elle fut renversée par un soulèvement des tribus berbères Kutama. Pascal Bures « Califat Fatimides de Kairouan »in Encyclopédia Universalis 2010, version15.

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proprement dit et les mahras11.A cette époque le ribat de Sousse fondé par l‟Aghlabide Ziyadat Allah (en 206 de l‟hégire) pris une importance considérable, du fait que cette ville fut le port ou s‟embarquèrent les troupes pour conquérir la Sicile. (Fig1 et fig2)

Plus tard le ribât’ d‟Ibn Yassine où naquit la dynastie des almoravides12 était probablement comme tant d‟autres un couvent plus ou moins fortifié, point de départ du djihâd, par lequel ils préludaient à la conquête du Maghreb.

Les gens du ribat les Murabitun, était des volontaires, des hommes pieux qui faisaient vœux de se consacrer à la défense de l‟Islam. Leurs vies dans les ribats devaient être occupées par des gardes et des exercices militaires, mais aussi par des pratiques pieuses, ils se préparaient ainsi au martyr par des longues oraisons sous la direction d‟un cheikh vénéré.

Le double caractère militaire et religieux des ribats s‟exprimera dans l‟architecture13. Le ribat, dont les dimensions sont variables, comporte une enceinte fortifiée de plan carré ou rectangulaire avec des tours circulaires aux angles et semi-circulaires au milieu des courtines.

11. Le mot désigne une enceinte pouvant contenir une petite garnison ou une tour de guet.

12En 1048, des Berbères Sanhadja de l'ouest du Sahara (actuelle Mauritanie) se coalisèrent sous l'impulsion d'un prédicateur malikite marocain, Abdallah ibn Yasin, et d'un chef local. On les a appelés Almoravides, de al-murabitun, La première campagne des Almoravides (1054-1055) aboutit à les rendre maîtres de cet axe. Puis ils firent la conquête du Maroc et de l'Espagne musulmane, alors divisée entre de petits États, et arrêtèrent la reconquête chrétienne. Ils unifièrent donc un ensemble allant du Sénégal au centre de l'Espagne. Ils furent renversés en 1147 par un nouveau mouvement politico-religieux, surgi de l'Atlas marocain, celui des Almohades. Jean Boulègue « le mouvement almoravide » in Encyclopédia Universalis 2010, version15.

13Encyclopédie de l‟Islam, Tome. III, édition C.Klinckseick, Paris, 1936, P1231.

Figure 2 : Vue sur la cour du Ribat de Sousse. Source Google.

Figure 1: Vue sur l’enceinte du Ribat de Sousse. Source Google.

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À l'intérieur, une cour centrale est entourée de corps d'habitation à deux étages, avec des magasins d'armes et de vivres.14 Le long de la quatrième face s‟étend une salle pourvue d‟un mihrab, c‟est l‟oratoire du Ribat15.Une petite coupole qui émerge également au dessus des terrasses couronne comme dans les mosquées de l‟époque, l‟espace carré précédent le mihrab de l‟oratoire.

Cette expression du Ribat est conforme à son rôle défensif du territoire dans une situation de poste avancé. Il suppose des éléments de guet, des aires de concentration militaire et d‟entraînement permanent, mais aussi des structures d‟accueil pour les populations et de relais pour les troupes, ce qui dénote d‟un rôle militaire assez complexe. Le traitement architectural sera donc en adéquation avec les fonctions du lieu offrant l‟aspect d‟une austérité religieuse et d'une robustesse toute militaire.

I.2.2. Une évolution vers un rôle religieux et social.

A partir du VIème siècle de l‟hégire et peut être même plut tôt16, en orient, dans les pays ou les infidèles ne mettaient plus l‟Islam en péril, l‟institution du ribat changea de caractère et la discipline ascétique et les récitations pieuses-qui étaient déjà de pratique courante dans les ribats-avaient entièrement pris la place des exercices militaires.

Le développement du mysticisme et le groupement des soufis en communautés donna à ces casernes une nouvelle raison d‟être en faisant des couvents. De la perse ou elle avait pris naissance, cette évolution du ribat devait se répandre à travers le monde musulman.

En Orient le ribat devient rapidement, un couvent une khanaqah édifié dans les faubourgs des villes. Mais une distinction se fera entre le vocable khanqua ou tekkiya qui constituaient des établissements soufis et la zaouïa qui désignait la petite mosquée ou indifféremment tout édifice religieux de moindre importance que la mosquée.

Au Maghreb que la vague mystique orientale atteint au VIIème siècle de l‟hégire, le ribat perd peut à peu son rôle militaire et on évoquera plutôt une rabitat qui signifiait ermitage où se retire un saint avec ses disciples17. Très vite, les applications de ribat, rabita et zaouïa se recouvrirent. C‟est alors que le mot murabit (marabout) prit l‟importance et l‟extension qu‟il a en Afrique du Nord.

Le concept zaouïa revêt alors une dimension complexe. Il peut désigner une construction isolée, comme il peut intégrer un ensemble ou un groupement de constructions à caractère religieux.

14Idem, Op.cit

15 Idem, Op.cit.

16 Encyclopédie de l‟Islam, Tome.3, édition, C.Klinckseick, Paris, 1936, P1232.

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D‟autres dénominations ont été affectées aux zaouïas à leur naissance : dar el Karama18 dans la

région du Maghreb comme celle construite par le souverain Almohade Yakoub el Mansour à Marrakech. Les mérinides nommèrent leurs zaouïas dar Al-Dhouyouf19comme la célèbre zaouïa fondée par le souverain Abu Annan el Merini.

Plus tard la zaouïa fut reconnue au Maghreb comme une institution qui abrite les confréries religieuses et leurs adeptes dans le but d‟exercer leurs pratiques mystiques mais aussi comme lieu ou est prodigué l‟enseignement du coran et la théologie islamique aux étudiants désireux de l‟acquérir.20

Certaines zaouïas prirent tant d‟ampleur qu‟elles finirent par constituer de véritables principautés comme fut le cas de la zaouïa Senoussia en Libye.

Il est apparu aussi un autre type de lieu similaire à la zaouïa, mais qui n‟est ni une zaouïa ni un ribat et qui fut appelé Moua’mmara (localement Thama’mart, terme qui se rapproche de la colonie, colonisation) ; il se présente sous forme d‟école pour l‟enseignement du Coran et des sciences religieuses. Ce type d‟édifice a vu le jour dans la région de Bejaïa en Algérie, suite à l‟installation des réfugiés andalous. Ils édifieront également des écoles à Beni Yaâla, à Beni Waghlis. Ces Moua’mmarat jouiront d‟un large patrimoine habous, un règlement interne rigoureux, et connaîtront une large expansion notamment dans la région de la Kabylie (Algérie)21.