• Aucun résultat trouvé

La zaouïa de Sidi Abderrahmane, le saint patron d’Alger

ÉTUDE CONTEXTUELLE, ALGER PENDANT LA REGENCE

I.3. Architecture algéroise à l’époque ottomane : l’apport oriental

I.3.3. La zaouïa de Sidi Abderrahmane, le saint patron d’Alger

Figure 20 : Intérieur de Djamaa Ketchaoua. Figure 21 : Intérieur de Djamaa Ketchaoua. Source Missoum Sakina. « Alger à l’poque Ottomane ». Source Belakhal. Conférence Epau.2010

Tous les arcs, de forme brisée outrepassée, étaient supportés par de grosses colonnes à vastes chapiteaux bulbeux, ils ont leur partie supérieure meublés de feuilles d’acanthe et leur partie inférieure, de cannelures.44 (fig 20 et fi 21)

Ce plan est, lui aussi, étranger à l'Afrique du Nord, et il évoque celui des mosquées à grande coupole centrale si courantes en Turquie.

I.3.3. La zaouïa de Sidi Abderrahmane, le saint patron d’Alger.

Abou Zaïd 'Abderrahmane fils de Mohamed, fils de Makhlouf et-Tha'àlibi- appartenait à l'importante tribu arabe des Tha'âliba, qui occupaient la Mitidja. Il naquit vers l'an 1383, à Alger. Il est considéré comme le saint patron d’Alger, et sa zaouïa45 la plus illustre de la ville Bien que nous ne savons rien du tombeau où son corps fut inhumé en l’an 1470, ni si quelque construction fut immédiatement élevée en cet endroit, qui était déjà probablement un cimetière. Cent quarante-trois ans après, le rayonnement de ses mérites et n'ayant pas subi

43Lucien Golvin « Le legs des Ottomans dans le domaine artistique en Afrique du Nord In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, » N°39, 1985. pp. 201-226.

44Rachid Bourouiba “Apports de l’Algérie a l’Architecture religieuse Arabo-Islamique », OPU, 1986, P123.

45 Le mot comme on le sait désigne généralement dans l'Afrique du Nord, les maisons mères ou filiales des ordres religieux. La zaouïa dont il s’agit n’est pas de même nature, aucune confrérie religieuse n'avait pour siège le mausolée de Sidi 'Abd er-Rhamân. Cependant des séances de prière, des Hadra, s’y réunissaient, sous la direction d'un cheikh nonobstant à sa fonction d'hébergement des étrangers venus pour visiter le tombeau.

128

d'éclipse, mais au contraire ayant pris plus d'éclat avec le recul du temps, on décida d’abriter sa sépulture d'un mausolée plus digne de sa mémoire. C'était en 1621 (1020 l'hégire).(Fig 22)

Figure 22 : Vue en1830, depuis Bab el Oued sur le sanctuaire de Sidi Abderrahmane. Source Missoum Sakina. « Alger à l’poque Ottomane ».

Gorges Marcais46 essayera de restituer la configuration du mausolée de Sidi Abderrahmane avant les transformations qu’il subit en 1696 se basant sur des éléments architectonique de l’édifice et par une analogie faite avec des mausolées marocains de la même époque.

Dans la chambre sépulcrale où se trouve son tombeau se perçoit huit groupes de demi-colonnes engagées dans les quatre murs. Chaque faisceau comprend trois demi-demi-colonnes avec leurs bases et leurs chapiteaux taillés dans le même bloc de marbre blanc. Sur ces piliers retombent les arcs des quatre trompes qui enjambent les angles de la salle et font passer du carré intérieur à l’octogone de la coupole.

Marcais assure que ces arcs et ces piliers constituent une union mal assortie et que ces derniers n'ont pas été conçus pour le rôle de supports qu’on leur a fait jouer et qu’ils appartiennent à une ordonnance très différente de celle à laquelle ils sont maintenant incorporés. Il affirme que les colonnes sont antérieures aux arcs et qu'elles ont fait partie de l'édifice de 1611, il avancera même qu’elles ont été apportées du Maroc ou qu'elles furent sculptées par des artistes marocains.47(fig 23, fig 24 et fig 25)

46 Georges Marcais « Sidi Abderrahmane patron d’Alger et son tombeau »in Les feuillets d’El Djazair. www.alger-roi.net

47 Le musée de Fès contient un arc en marbre d'époque sa'adienne, provenant sans doute du palais dont les chapiteaux sont conformes au modèle que nous trouvons à sidi Abderrahmane. Georges Marcais « Sidi Abderahmane patron d’Alger et son tombeau »in « les feuillets d’El Djazair », op.cit.

129

Figure 23 : Faisceaux de colonnes et arc d’une trompe Figure 24 : Chapiteaux Figure 25 : Chapiteau du Source Marcais « les feuillets d’el Djazair » de la Quobba de 1611 musée de Fès

Il propose alors un plan inspiré par le tombeau d'El-Mançoûr48, mais cependant plus simple. Les huit supports nous donnent quatre alignements d'arcs, qui retombent sur quatre supports placés au croisement. Ainsi s'organise un carré central de 3m, 6o circonscrit par quatre grands arcs portant un plafond surélevé ou une coupole à stalactite et encadré de quatre galeries. Celles-ci sont enjambées par des arcs plus petits.49 (Fig.26 et fig.27)

Figure 26 : Coupe de la Quobaa de 1611. Figure 27 : plan de la Quobaa de 1611. Source Marçais « les feuillets d’el Djazair » Source Marçais « les feuillets d’el Djazair

48 Dans l'oratoire de la tombe d’el Mancour nous trouvons des chapiteaux tout à fait analogues à ceux du tombeau de Sidi 'Abd er-Rahman. Georges Marcais « Sidi Abderahmane patron d’Alger et son tombeau »in « les feuillets d’El Djazair », op.cit.

49 L’existence d'arcs et de supports intérieurs n’est pas une hypothèse gratuite. Nous savons que le tombeau avait d'autres qui ont trouvé leur emploi ailleurs à la porte même du vestibule d’entrée. Georges Marcais « Sidi Abderahmane patron d’Alger et son tombeau »in « les feuillets d’El Djazair », op.cit.

130

Le tombeau de Sidi 'Abderrahmane, et selon la restitution faite par Marcais nous apparaît ainsi conforme au type traditionnel de la qoubba maghrébine : c'est à- dire qu'il était couvert par un toit de tuiles vertes à quatre pentes comme les tombeaux du Maroc et de Tlemcen. En 1696, quatre-vingt-cinq ans après sa construction, le dey El-Hajj Ahmed EI-Atchi décida de modifier la conception du tombeau de Sidi Abderrahmane. Cette transformation procédait d'une nouvelle conception religieuse et attestait de l'introduction dans le pays d'un nouveau type architectural. (Fig.28 et fig.29)

La chambre funéraire deviendra une salle de prière50, elle fut donc pourvue d'un mihrâb, flanqué de deux colonnettes de marbre et garni d'un somptueux plaquage de faïences d'Asie Mineure. Elle fut débarrassée des quatre faisceaux de colonnes qui rendaient difficile l'organisation rituelle des rangs de fidèles derrière l’imam. Cela entraînait un remaniement

complet de l'édifice et en particulier du mode de couverture.

Figure 28 : Coupe de la Quobaa de 1696. Figure 29 : Coupe de la Quobaa de 1696. Source Marçais « les feuillets d’el Djazair ». Source Marçais « les feuillets d’el Djazair ».

Le type adopté fut celui de la salle à grande coupole octogonale peu élevée sur trompes angulaires, encadrée de nefs couvertes par des coupolettes juxtaposées, qui est vraisemblablement inspiré par des modèles de Turquie ou de l'Anatolie.

Tel fut le tombeau de Sidi 'Abderrahmane Et-Tha'âlibi transformé en mosquée et accosté d'un minaret pour l’appel à la prière.

50La zaouïa comporte nécessairement un oratoire, une salle où les assistants dé la hadra peuvent faire la prière en commun sous la direction de l’imam. C’est la chambre funéraire elle-même qui deviendra cet oratoire.

131

I.4. Les éléments architectoniques.

Après avoir donné un aperçu sur la conception des édifices de culte ottomans à Alger qui se distinguaient aisément des édifices antérieures par le choix fait en faveur des plans centraux et des couvertures en coupoles inspirés de leur patrie d’origine , nous allons a travers un bref inventaire mettre en exergue le éléments architectoniques usités à cette époque , ce qui constituera pour nous un référentiel stylistique pour l’analyse de la zaouïa de Sidi M’Hamed qui appartient à la même époque .