Support et convolution des distributions
4.1 Les distributions ` a support compact
4.1.3 Structure des distributions ` a support dans un sin- sin-gletonsin-gleton
sup
x∈K
|∂βχ(x)|sup
x∈K
|∂α−βφ(x)|
ce qui entraˆıne le point (b) avecp=pK et C=CK max
|α|≤pK
X
β≤α
α β
sup
x∈K
|∂βχ(x)|.
Evidemment, toute distribution `a support compact peut ˆetre prolong´ee par 0 en dehors de Ω, de la fa¸con suivante.
D´efinition 4.1.6 (Prolongement d’une distribution de E0) Soient Ω ou-vert de RN etT ∈ E0(Ω). On d´efinit le prolongement T˙ de T par 0 en dehors deΩen posant
hT , φi˙ E0(RN),C∞(RN)=hT, φ
ΩiE0(Ω),C∞(Ω). Evidemment
T˙
Ω=T , et supp( ˙T) = supp(T).
4.1.3 Structure des distributions ` a support dans un sin-gleton
On a vu plus haut que la masse de Diracδx0 et ses d´eriv´ees successives sont toutes `a support dans le singleton{x0}.
R´eciproquement, les distributions `a support dans un singleton admettent une caract´erisation tr`es simple.
Th´eor`eme 4.1.7 (Distributions `a support dans un singleton) Soient Ω un ouvert de RN, un pointx0 ∈ Ω et une distribution T ∈ D0(Ω). Supposons que
supp(T)⊂ {x0}.
Alors il existe une suite(aα)α∈NN de nombres r´eels (ou complexes) telle que aα= 0 d`es que|α|>ordre de T
et
T = X
α∈NN
aα∂αδx0.
D´emonstration.D’apr`es la Proposition 4.1.5 (a), commeT est `a support dans le singleton{x0}qui est compact dans Ω, c’est une distribution d’ordre fini p.
Sans restreindre la g´en´eralit´e de la preuve, nous allons supposer quex0= 0
— cas auquel on peut toujours se ramener par translation.
SoitX ∈C∞(R) telle que X
[−1,1]= 1, supp(X)⊂[−2,2], 0≤X≤1.
Pour tout >0, on poseχ(x) =X(|x|/) ; par construction, la fonctionχ ∈ C∞(RN) est `a support dansB(0,2) et vaut identiquement 1 surB(0, ).
Pour toute fonction φ∈C∞(Ω), on a
hT, φi=hT, χφi+hT,(1−χ)φi
et le second terme au membre de droite de cette ´egalit´e est nul, car le support de (1−χ)φest inclus dans Ω\B(0, ) et donc ne rencontre pas supp(T) ={0}
— cf. Proposition 4.1.2 (b).
Etape 1.
Supposons maintenant que
∂αφ(0) = 0 pour toutα∈NN tel que|α| ≤p= ordre deT. Il s’agit de montrer que
hT, φi= 0. Notons
η=12dist(0, ∂Ω).
Ecrivons la formule de Taylor `a l’ordrep− |α|pour∂αφen 0 :
∂αφ(x) = (p+ 1− |α|) X
|β|=p+1−|α|
xβ β!
Z 1 0
(1−t)p−|α|∂β∂αφ(tx)dt , de sorte que
|∂αφ(x)| ≤Mp|x|p+1−|α| pour toutx∈Ω tel que|x| ≤η avec
Mp= (p+ 1) sup
|y|≤η
X
|β|=p+1
|∂βφ(y)|. Utilisons maintenant la propri´et´e de continuit´e deT :
|hT, φi|=|hT, χφi| ≤Cmax
|α|≤p sup
|x|≤2
|∂α(χφ)(x)|. D’apr`es la formule de Leibnitz
∂α(χφ) =X
β≤α
α β
∂βχ∂α−βφ . De plus, pour|β| ≤p
|∂βχ(x)| ≤Np−|β|pour toutx∈Ω tel que |x| ≤η,
avec
Np= max
|γ|≤p sup
|y|≤η
|∂γχ1(y)|. D’apr`es ce qui pr´ec`ede, l’hypoth`ese
∂αφ(0) = 0 pour toutα∈NN tel que |α| ≤p, entraˆıne donc que
|∂α(χφ)(x)| ≤ X
β≤α
α β
MpNp(2)p+1−|α|+|β|−|β|
≤MpNpQpp+1−|α|≤MpNpQp pour toutx∈Ω d`es que < 12η, avec
Qp= max
|α|≤p
X
β≤α
α β
2p+1−|α|+|β|≤22p+1. Ainsi
|hT, φi| ≤CMpNpQp ,
d’o`u on tire, puisque >0 peut ˆetre choisi arbitrairement petit, que hT, φi= 0
pour toute fonctionφ∈C∞(Ω) telle que
∂αφ(0) = 0 pour toutα∈NN tel que|α| ≤p= ordre deT. Etape 2.
Soit maintenantψ∈C∞(Ω) quelconque ; la fonctionψd´efinie par φ(x) =ψ(x)− X
|α|≤p 1
α!∂αψ(0)xα est de classeC∞ sur Ω et v´erifie
∂αφ(0) = 0 pour toutα∈NN tel que |α| ≤p.
D’apr`es ce qui pr´ec`ede
hT, ψi=hT, φi+ X
|α|≤p 1
α!hT, xαi∂αψ(0)
= X
|α|≤p 1
α!hT, xαi∂αψ(0) ce qui signifie pr´ecis´ement que
T = X
|α|≤p (−1)|α|
α! hT, xαi∂αδ0.
Nous verrons dans la suite de ce cours plusieurs applications de ce r´esultat.
En voici d´ej`a une, ´el´ementaire : il s’agit de donner une d´emonstration plus simple du Lemme 3.5.13, qui affirme qu’une distribution homog`ene de degr´e
>−N dansRN et `a support dans{0} est identiquement nulle.
D´emonstration du Lemme 3.5.13. En effet, une distribution `a support dans {0} est une combinaison lin´eaire finie de δ0 et de ∂αδ0 pour αd´ecrivant NN. Or on sait que δ0 est homog`ene de degr´e −N et ∂αδ0 est homog`ene de degr´e
−N− |α|: aucune combinaison lin´eaire finie de ces distributions ne peut donc ˆ
etre homog`ene de degr´e>−N, sauf la combinaison nulle.
Voici une autre application importante du Th´eor`eme 4.1.7.
Application : ´equation xmT= 0
Soient Iintervalle ouvert deRetx0∈I. On cherche quelles sont les distri-butionsT ∈ D0(I) telles que
(x−x0)mT = 0, o`um∈N.
Tout d’abord, remarquons que cette relation implique que supp(T)⊂ {x0}.
D’apr`es le Th´eor`eme 4.1.7 ci-dessus,T est de la forme T =
n
X
k=0
akδx(k)0 .
Substituons le membre de droite de cette formule dans l’´equation, et utilisons la formule de Leibnitz pour calculer
(x−x0)mδ(k)x
0 = (−1)mk!
(k−m)!δx(k−m)
0 sik≥m , = 0 sik < m.
On en d´eduit queak = 0 pourk≥m, de sorte que les solutions de l’´equation (x−x0)mT = 0 dans D0(I)
sont toutes les distributions de la forme T =
m−1
X
k=0
akδx(k)0 , o`u les coefficientsak sont quelconques.
Application : prolongement des distributions homog`enes
Revenons au probl`eme du prolongement `a RN des distributions homog`enes surRN \ {0}´evoqu´e au chapitre pr´ec´edent (section 3.5).
SoitT ∈ D0(RN\{0}) homog`ene de degr´e−N. D’apr`es la Proposition 3.5.11, cette distribution v´erifie la relation d’Euler
div(xT) = 0 dansD0(RN \ {0}).
Or les distributions xkT sont, pour tout k = 1, . . . , N, homog`enes de degr´e 1−N dansRN\ {0}: d’apr`es la Proposition 3.5.12, elles admettent un unique prolongement (xkT)˙∈ D0(RN) qui soit homog`ene de degr´e 1−N. Alors
div((xT)˙) =cδ0dansD0(RN).
(En effet, d’apr`es ce qui pr´ec`ede, div((xT)˙) est une distribution `a support dans {0} qui est de surcroˆıt homog`ene de degr´e −N : la conclusion d´ecoule donc du Th´eor`eme 4.1.7 ci-dessus, ainsi que du fait que les distributions ∂αδ0 sont homog`enes de degr´e−N− |α|.) La constante c est appel´ee “r´esidu en 0 de la distribution homog`eneT”.
Supposons queT admette un prolongement ˙T ∈ D0(RN) qui soit homog`ene de degr´e−N; ´evidemment, l’unicit´e du prolongement dans la Proposition 3.5.12 garantit que
(xkT)˙ =xkT ,˙ k= 1, . . . , N . de sorte que
div(xT˙) =cδ0 dansD0(RN).
Mais comme d’autre part ˙T est une distribution homog`ene de degr´e−N dans RN, elle doit, d’apr`es la Proposition 3.5.11, v´erifier la relation d’Euler dansRN, c’est `a dire que
div(xT˙) = 0 dansD0(RN).
On vient de donc de d´emontrer que pour qu’une distribution homog`ene de degr´e−N dansRN \ {0} admette un prolongement homog`ene, il faut que son r´esidu `a l’origine soit nul. En fait la r´eciproque est vraie :
Proposition 4.1.8 SoitT ∈ D0(RN \ {0})homog`ene de degr´e −N. Pour que T admette un prolongement T˙ ∈ D0(RN) homog`ene de degr´e −N, il faut et il suffit que le r´esidu de T en 0soit nul.
Admettons ce r´esultat, et voyons ce qu’il signifie pour une distribution d´efinie par une fonction f continue sur RN \ {0} homog`ene de degr´e −N. Une telle fonction est n´ecessairement de la forme
f(x) = 1
|x|NA x
|x|
, x∈RN\ {0}
avecA∈C(SN−1).
Soit φ ∈Cc∞(RN) fonction test radiale — de la forme φ(x) = Φ(|x|) avec Passons maintenant en coordonn´ees sph´eriques :x=rω avecr=|x|, de sorte que pour toute fonction testφradiale surRN, de sorte que
c= Z
SN−1
A(ω)dσ(ω). Autrement dit, la fonction homog`ene de degr´e−N
f(x) = 1
o`u A est une fonction continue sur SN−1, se prolonge en une distribution ho-mog`ene de degr´e−N surRN si et seulement si
Z
SN−1
A(ω)dσ(ω) = 0
c’est `a dire si et seulement siAest de moyenne nulle sur la sph`ere unit´eSN−1. Lorsque tel est le cas, le lecteur v´erifiera sans peine qu’on obtient un tel prolongement par la m´ethode de la valeur principale de Cauchy — cf. chapitre 3, exemple 3.2.8 :
De plus, toujours grˆace au Th´eor`eme 4.1.7 ci-dessus, on v´erifie ais´ement que tous les prolongements def dansD0(RN) sont de la forme ˙f+ Const.δ0.
4.2 Convolution C
c∞? D
0On a d´efini au chapitre 1 (section 1.3) le produit de convolution d’une fonction L1loc par une fonction de classe C∞ `a support compact. Pour tout u∈L1loc(RN) et toutφ∈Cc∞(RN), rappelons que
φ ? u(x) = Z
RN
φ(x−y)u(y)dy , x∈RN.
Cette d´efinition s’´etend sans difficult´e au cas du produit de convolution d’une distribution par une fonction de classeC∞`a support compact.
D´efinition 4.2.1 (Convolution Cc∞?D0) Pour toute distributionT ∈ D0(RN) et toute fonction test φ∈Cc∞(RN), on d´efinit
T ? φ(x) =hT, φ(x− ·)i=hT,(τx)∗φi˜ , pour toutx∈RN o`u on a not´eφ˜la fonction d´efinie par
φ(x) =˜ φ(−x) et o`uτx d´esigne la translation de vecteurx
τx: y7→τx(y) =y+x , c’est `a dire que
(τx)∗f(y) =f ◦τ−x=f(y−x), pour toutx, y∈RN. (Voir D´efinition 3.3.17 et Exemple 3.3.18).
L’analogie entre cette d´efinition et celle concernant les fonctions sugg`ere que la majoration habituelle du support du produit de convolution reste valable dans ce nouveau cadre.
Proposition 4.2.2 (Majoration du support) Pour toute distribution T ∈ D0(RN) et toute fonction testφ∈Cc∞(RN), on a
supp(T ? φ)⊂supp(T) + supp(φ). D´emonstration.Si x∈RN \(supp(T) + supp(φ)), alors
supp(φ(x− ·)) ={x} −supp(φ), donc supp(φ(x− ·))∩supp(T) =∅. D’apr`es la Proposition 4.1.2 (b), ceci entraˆıne que
T ? φ(x) =hT, φ(x− ·)i= 0. Par cons´equent,
T ? φ= 0 sur l’ouvertRN \(supp(T) + supp(φ)),
ce qui montre que cet ouvert est inclus dans le compl´ementaire du support de T ? φ:
RN \(supp(T) + supp(φ))⊂RN\(supp(T ? φ)). On en d´eduit l’inclusion annonc´ee par passage au compl´ementaire.
Comme dans le cas de la convolution d’une fonction localement int´egrable par une fonction test, on peut d´eriver au sens des distributions le produit de convolution d’une distribution par une fonction test en faisant porter la d´eriv´ee sur n’importe lequel des deux facteurs.
Proposition 4.2.3 (R´egularit´e de la convolution Cc∞?D0) Pour toute dis-tribution T ∈ D0(RN)et toute fonction test φ∈Cc∞(RN), le produit de convo-lution de la distribution T par la fonction test φ est de classeC∞ sur RN, et on a
∂xα(T ? φ) = (∂αxT)? φ=T ? ∂xαφ . D´emonstration.D’une part
(∂αT)? φ(x) =h∂αT, φ(x− ·)i= (−1)|α|hT, ∂α(φ(x− ·))i
=hT,(∂αφ) (x− ·)i=T ? ∂αφ(x) puisque
(−1)|α|∂yα(φ(x−y)) = (∂αφ) (x−y).
D’autre part, soitx0∈RN etχ∈Cc∞(RN) fonction plateau telle queχ= 1 surB(x0,1) — cf. Lemme 1.4.1. La fonction de classeC∞
(x, y)7→χ(x)φ(x−y) est `a support dans supp(χ)×(supp(χ) + supp(φ)). D’apr`es la Proposition 3.3.20 de d´erivation sous le crochet de dualit´e, la fonction x7→ hT, χ(x)φ(x− ·)iest de classeC∞surRN et
∂αhT, χ(x)φ(x− ·)i=hT, ∂xα(χ(x)φ(x− ·))i.
Sur B(x0,1), cette fonction co¨ıncide avecT ? φce qui montre que T ? φest de classeC∞ surB(x0,1) et que, pour toutx∈B(x0,1), l’on a
T ? ∂αφ(x) =hT,(∂αφ)(x− ·)i=hT, ∂xα(φ(x− ·))i
=∂αhT, φ(x− ·)i=∂α(T ? φ). On conclut en observant que ceci vaut pour toutx0∈RN.
Remarque 4.2.4 (ConvolutionE0? C∞) On d´efinit le produit de convolu-tion d’une distribuconvolu-tion `a support compact par une fonction C∞ par la mˆeme formule que dans la D´efinition 4.2.1 : pour S ∈ E0(RN) et ψ ∈ C∞(RN), on pose
S ? ψ(x) =hS, ψ(x− ·)i, pour toutx∈RN.
Le mˆeme argument que ci-dessus montre que
S ? φ∈C∞(RN)pour toutS∈ E0(RN)et toutψ∈C∞(RN) et que
∂α(S ? ψ) = (∂αS)? ψ=S ?(∂αψ).
La Proposition 4.2.3 sugg`ere que la convolution par une approximation de l’identit´e permet d’approcher toute distribution par une suite de fonctions de classeC∞.
Th´eor`eme 4.2.5 (R´egularisation des distributions) Soient T ∈ D0(RN) et(ζ)>0 une suite r´egularisante — c’est `a dire queζ(x) =−Nζ(x/)avec
ζ∈C∞(RN)`a support dansB(0,1), ζ≥0 et Z
RN
ζ(x)dx= 1. Posons T=T ? ζ. Alors, pour tout >0, on a
T∈C∞(RN)et T→T dans D0(RN)lorsque→0+.
D´emonstration.QueTappartient `a C∞(RN) pour tout >0 d´ecoule de la Proposition 4.2.3 ci-dessus.
Observons ensuite que, pour toute fonction testφ∈Cc∞(RN), hT, φi=
Z
RN
T(x)φ(x)dx= Z
RN
hT, ζ(x− ·)iφ(x)dx
=
T, Z
RN
ζ(x− ·)φ(x)dx
d’apr`es la Proposition 3.3.21 d’int´egration sous le crochet de dualit´e. Or Z
RN
ζ(x−y)φ(x)dx=ζe? φ(y), pour touty∈RN, de sorte que, pour tout ∈]0,1[,
supp(ζe? φ)⊂K o`u
K={x∈RN|dist(x,supp(φ))≤1}
est compact (car ferm´e et born´e) dansRN. D’autre part, d’apr`es la Proposition 4.2.3,
∂α ζe? φ
=ζe? ∂αφ
de sorte que, d’apr`es le Th´eor`eme 1.3.13, pour toutα∈NN,
∂α ζe? φ
→∂αφuniform´ement sur Klorsque →0+.
On vient donc de montrer que, pour toute suiten →0 lorsquen→ ∞et telle quen∈]0,1[ pour tout n∈N, l’on a
ζfn? φ→φdansCc∞(RN) lorsquen→ ∞.
Par cons´equent (cf. Proposition 3.2.10)
hTn, φi=hT,ζfn? φi → hT, φilorsquen→ ∞,
et comme ceci vaut pour toute fonction testφ∈Cc∞(RN), et toute suiten→0 lorsquen→ ∞telle quen ∈]0,1[ pour toutn∈N, on en conclut que T →T dansD0(RN) lorsque→0+.
Evidemment, le th´eor`eme de r´egularisation ci-dessus se localise sans difficult´e dans un ouvert deRN.
Th´eor`eme 4.2.6 (Densit´e de Cc∞(Ω) dans D0(Ω)) Soient Ω ouvert de RN et T ∈ D0(Ω). Il existe alors une suite (Tn)n≥1 de fonctions de classe C∞ `a support compact dans Ωtelle que
Tn→T dansD0(Ω) lorsquen→ ∞.
D´emonstration.Pour toutn≥1, on pose
Kn ={x∈Ω|dist(x, ∂Ω)≥1/n et|x| ≤n}, qui est compact (car ferm´e et born´e dansRN.)
D’apr`es le Lemme 1.4.1, il existe, pour toutn≥1, une fonctionχn ∈Cc∞(Ω) telle que
0≤χn≤1, χn
K
n = 1, supp(χn)⊂Kn+B(0,2n1 ). Remarquons que
Kn+B(0,2n1) = [
x∈Kn
B(x,2n1) est ouvert, et queKn+B(0,2n1)⊂K2n.
Soit d’autre part une fonctionζ∈Cc∞(RN) telle que supp(ζ)⊂B(0,1), ζ≥0 et
Z
RN
ζ(x)dx= 1. Posons
ζn(x) = (4n)Nζ(4nx).
La distribution χnT est `a support compact (inclus dans K2n) dans Ω ; on la prolonge par 0 en dehors de Ω, et on continue de noter par abus χnT son prolongement, qui est une distribution `a support compact dansD0(RN). Enfin, on pose
Tn= (χnT)? ζn∈C∞(RN).
Soitφ∈Cc∞(Ω) ; on notera encore φson prolongement par 0 en dehors de Ω. D’apr`es la Proposition 3.3.21 d’int´egration sous le crochet de dualit´e,
h(χnT)? ζn, φi= Z
RN
hχnT, ζn(x− ·)iφ(x)dx
=
χnT, Z
RN
ζn(x− ·)φ(x)dx
=hT, χn( ˜ζn? φ)i o`u on rappelle que ˜ζn(x) =ζn(−x).
D’apr`es la Proposition 4.2.3 et le Th´eor`eme 1.3.13, pour toutα∈NN
∂α( ˜ζn? φ) = ˜ζn?(∂αφ)→∂αφuniform´ement sur tout compact deRN lorsquen→ ∞; de plus, pour toutn≥1
supp(∂α( ˜ζn? φ))⊂supp(φ) +B(0,4n1 ).
Choisissons un entiern1>0 tel que supp(φ)⊂Kn1, puis un entiern2> n1
tel que, pour tout n > n2, l’on ait
Kn1+B(0,4n1
1)⊂Kn. Alors, pour tout α∈NN et toutn > n2
supp(∂α( ˜ζn? φ))⊂supp(φ) +B(0,4n1 )⊂Kn1+B(0,4n1
1)⊂Kn. Ainsi, pour toutn > n2
χn( ˜ζn? φ) = ˜ζn? φ , qui est `a support dans le compactKn1+B(0,4n1
1) de Ω.
On a donc
χn(˜ζn? φ)→φdansCc∞(Ω),
lorsquen→ ∞, de sorte que, par continuit´e s´equentielle des distributions (Pro-position 3.2.10)
hχn(T ? ζn), φi=hT, χn( ˜ζn? φ)i → hT, φilorsquen→ ∞.
La fonction testφ´etant arbitraire, ceci montre que Tn →T dansD0(Ω) lorsquen→ ∞.
Enfin par construction
supp(Tn)⊂supp(χnT) + supp(ζn)
⊂supp(χn) + supp(ζn)⊂K2n+B(0,4n1)⊂K4n
qui est compact dans Ω, de sorte queTn
Ω∈Cc∞(Ω) pour toutn > n2.
De mˆeme que la convolution par une fonction de classeC∞ transforme les distributions en fonctions de classeC∞, elle transforme la convergence au sens des distributions en convergence uniforme.
Proposition 4.2.7 (Convolution et notions de convergence) Soient une fonction testφ∈Cc∞(RN), et(Tn)n≥1une suite de distributions surRN conver-geant versT au sens des distributions. Alors, pour tout multi-indice α∈NN,
∂α(Tn? φ)→∂α(T ? φ)uniform´ement sur tout compact deRN lorsquen→ ∞.
D´emonstration. Sans restreindre la g´en´eralit´e, on supposera que T = 0.
D’autre part, il suffit de montrer que
Tn? φ→0 uniform´ement sur tout compact deRN
et d’appliquer cet ´enonc´e par r´ecurrence en changeant Tn en ∂αTn, puisque, d’apr`es la Proposition 4.2.3, ∂α(Tn? φ) = (∂αTn)? φ.
D’abord, pour tout x∈RN,
hTn, φ(x− ·)i →0 lorsquen→ ∞.
Posons alors
K=B(0, R) + supp( ˜φ)
qui est compact dans RN, d’apr`es le Lemme 1.3.6. D’apr`es le principe de bor-nitude uniforme (Th´eor`eme 3.2.16), il existeC >0 etp∈Ntels que
sup
|x|≤R
|Tn? φ(x)|= sup
|x|≤R
|hTn, φ(x− ·)i| ≤Cmax
|α|≤psup
z∈K
|∂αφ(z)|. Montrons que
sup
|x|≤R
|Tn? φ(x)| →0 lorsquen→ ∞.
Sinon, il existerait η >0 et une suitexn∈B(0, R) tels que
|Tn? φ(xn)|> η , n≥1.
CommeB(0, R) est compacte, il existenk → ∞telle que la sous-suite xnk →x∗∈B(0, R), pourk→ ∞.
Alors
|Tnk? φ(x∗)| ≥ |Tnk? φ(xnk)| − |Tnk? φ(xnk)−Tnk? φ(x∗)|
≥η−N|x∗−xnk| max
1≤j≤N sup
|y|≤R
|Tn? ∂jφ(y)|
≥η−N|x∗−xnk| max
1≤j≤NCmax
|α|≤psup
z∈K
|∂α∂jφ(z)|
≥η−C0|x∗−xnk| ≥η/2
avec
C0=N C max
1≤j≤Nmax
|α|≤psup
z∈K
|∂α∂jφ(z)|,
o`u la deuxi`eme in´egalit´e ci-dessus d´ecoule du th´eor`eme des accroissements finis, tandis que la troisi`eme est une cons´equence de l’estimation uniforme sur Tn? φ obtenue plus haut.
Par cons´equent
lim
k→∞
|Tnk? φ(x∗)| ≥η >0,
mais ceci est en contradiction avec le fait que Tn? φ(x)→0 pour toutx∈RN lorsquen→ ∞.
On en d´eduit que l’hypoth`ese ci-dessus relative `a l’existence du r´eel η est fausse, c’est `a dire que
sup
|x|≤R
|Tn? φ(x)| →0 lorsquen→ ∞.
Or cela signifie pr´ecis´ement queTn? φ→0 uniform´ement surB(0, R) pour tout R >0.