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Equations de transport ` a coefficients variables

Dans de nombreuses situations, la vitesse de propagationvn’est pas constante, mais peut varier avec la position ou mˆeme avec le temps. (Pensons par exemple

`

a la propagation de la lumi`ere dans un milieu d’indice variable : la vitesse de la lumi`ere est inversement proportionnelle `a l’indice du milieu, et les rayons lumineux sont alors courb´es.)

On va donc ´etudier l’´equation de transport

tf(t, x) +V(t, x)· ∇xf(t, x) = 0, 0< t < T , x∈RN,

o`u V : [0, T]×RN →RN est un champ de vecteurs admettant des d´eriv´ees partielles d’ordre 1 par rapport aux variablesxj pour j= 1, . . . , N et v´erifiant les hypoth`eses suivantes :

(H1) V et∇xV sont continues sur [0, T]×RN,

et il existeκ >0 tel que

(H2) |V(t, x)| ≤κ(1 +|x|), pour tout (t, x)∈[0, T]×RN. La notation∇xV d´esigne, pour le champ de vecteursV, la matrice

xV(t, x) =

x1V1(t, x) . . . ∂xNV1(t, x)

... ...

x1VN(t, x) . . . ∂xNVN(t, x)

.

Autrement dit, le j-`eme vecteur colonne de la matrice ∇xV est ∂xjV, d´eriv´ee partielle du champ de vecteursV par rapport `a laj-i`eme coordonn´ee dex, ce qui se traduit encore par la formule

(∇xV(t, x))ij =∂xjVi(t, x), i, j= 1, . . . , N .

Comme le champ de vecteurs v´erifie l’hypoth`ese (H1), le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz entraˆıne l’existence locale d’une unique courbe int´egrale deV passant par le point x`a l’instantt. (Voir cours de C. Viterbo, Th´eor`eme 2.1.)

D´efinition 2.2.1 Soit γ la courbe int´egrale de V passant par x `a l’instant t, c’est `a dire la solution de

ds(s) =V(s, γ(s)), γ(t) =x .

On appellera la courbe deR×RN param´etr´ee pars et d´efinie par s7→(s, γ(s))

“courbe caract´eristique de l’op´erateur ∂t+V · ∇xpassant par x`a l’instantt”.

On veut exploiter la notion de courbe caract´eristique pour l’op´erateur de transport `a coefficients variables∂t+V(t, x)· ∇x afin d’aboutir `a une formule semi-explicite pour les solutions de l’´equation

tf(t, x) +V(t, x)· ∇xf(t, x) = 0,

comme dans le cas o`u V = Const. ´etudi´e plus haut. Pour ce faire, on aura besoin de quelques propri´et´es fondamentales de ces courbes caract´eristiques, r´esum´ees dans la proposition suivante. (Dans le cas o`uV = Const. ces propri´et´es sont v´erifi´ees trivialement car l’´equation diff´erentielle donnant les courbes ca-ract´eristiques est r´esolue de mani`ere explicite.)

Proposition 2.2.2 (Flot caract´eristique) Supposons que le champ de vec-teurs V satisfait aux hypoth`eses (H1)-(H2).

Alors, pour tout (t, x) ∈ [0, T]×RN, la courbe int´egrale s 7→ γ(s) de V passant par x`a l’instant t est d´efinie pour tout s∈[0, T]. Dans toute la suite, on notera s7→X(s, t, x)cette courbe int´egrale, c’est `a dire la solution de

sX(s, t, x) =V(s, X(s, t, x)), X(t, t, x) =x .

L’application X : [0, T]×[0, T]×RN → RN ainsi d´efinie, appel´ee flot ca-ract´eristique de l’op´erateur ∂t+V · ∇x, v´erifie les propri´et´es suivantes : (a) pour toust1, t2, t3∈[0, T] etx∈R3

X(t3, t2, X(t2, t1, x)) =X(t3, t1, x) ;

(b) pour tout j = 1, . . . , N, les d´eriv´ees partielles secondes ∂sxjX(s, t, x) et

xjsX(s, t, x)existent pour tout(s, t, x)∈]0, T[×]0, T[×RN et se prolongent en des fonctions continues sur[0, T]×[0, T]×RN; de plus, pour toutj= 1, . . . , N, on a

sxjX(s, t, x) =∂xjsX(s, t, x) pour tout(s, t, x)∈[0, T]×[0, T]×RN; (c) pour tous s, t∈[0, T] l’application

X(s, t,·) : x7→X(s, t, x)

est unC1-diff´eomorphisme deRN sur lui-mˆeme pr´eservant l’orientation ; (d) le flotX appartient `aC1([0, T]×[0, T]×RN;RN).

Avant de donner la d´emonstration de cette proposition, expliquons le rˆole de l’hypoth`ese (H2). Consid´erons le cas o`uN = 1 et o`uV(t, x) =x2 : cet exemple ne v´erifie ´evidemment pas (H2). Alors le flot caract´eristique X de ∂t+x2x v´erifie

sX(s, t, x) =X(s, t, x)2, X(t, t, x) =x .

Cette ´equation diff´erentielle s’int`egre explicitement : on trouve que X(s, t, x) = x

1−(s−t)x.

Ainsi, lorsque x > 0, la fonction X(s, t, x) n’est d´efinie que pour s < t+ 1x, tandis que, pourx <0, elle n’est d´efinie que pours > t−1x. Donc l’application (s, x)7→X(s, t, x) n’est d´efinie sur aucun voisinage de (t, x) de la forme [a, b]×R.

Autrement dit, l’hypoth`ese (H2) sert `a d´efinir le flotXde fa¸con globale — c’est

`

a dire pour toutttel que le champV(t,·) soit d´efini et de classeC1.

D´emonstration. Soit (t, x) ∈ [0, T]×RN et soit γ la solution maximale du probl`eme de Cauchy

ds(s) =V(s, γ(s)), γ(t) =x .

On notera I ⊂ [0, T] l’intervalle de d´efinition de γ, qui est ´evidemment un L’in´egalit´e de Gronwall1implique alors que

|γ(s)| ≤(|x|+κT)eκ|s−t|≤(|x|+κT)eκT pour touts∈I .

Supposons que I 6= [0, T] : d’apr`es le “lemme des bouts” (voir cours de C.

Viterbo, Proposition 4.2), on aurait

|γ(s)| →+∞pours→inf(I)+ ou pours→sup(I).

Or ceci est exclu par l’in´egalit´e pr´ec´edente : donc la solution maximale γ est d´efinie surI= [0, T].

(a) Remarquons que, pour toust1, t2∈[0, T] et toutx∈RN, les applications t37→X(t3, t2, X(t2, t1, x)) ett37→X(t3, t1, x)

sont deux courbes int´egrales de V passant par X(t2, t1, x) pour t3 = t2. Par unicit´e dans le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz, elles co¨ıncident donc sur leur intervalle maximal de d´efinition, c’est `a dire pour toutt3∈[0, T], d’o`u l’´egalit´e

emonstration.La fonctionψefinie par ψ(t) =A+B En int´egrant sur [0, t] chaque membre de cette in´egalit´e, on trouve que

lnψ(t)lnψ(0) = lnψ(t)lnABt d’o`u

φ(t)ψ(t)AeBt, pour toutt0.

(b) D’apr`es le th´eor`eme de d´erivation des solutions d’´equations diff´erentielles par rapport `a la condition initiale (cf. cours de C. Viterbo Th´eor`eme 2.2, et Proposition 5.6), pour tout instant initial t ∈[0, T] fix´e l’application (s, x) 7→

X(s, t, x) admet une d´eriv´ee partielle∂xjX(s, t, x) pour tout (s, x)∈[0, T]×RN et toutj= 1, . . . , N. De plus, cette d´eriv´ee partielle est l’unique solution d´efinie pour touts∈[0, T] de l’´equation diff´erentielle lin´eaire

sxjX(s, t, x) =∇xV(s, X(s, t, x))∂xjX(s, t, x),

xjX(t, t, x) =ej

o`uejest lej-i`eme vecteur de la base canonique deRN. Enfin la d´eriv´ee partielle (s, x)7→∂xjX(s, t, x) est continue sur [0, T]×RN pour toutj= 1, . . . , N.

On d´eduit alors de l’´equation diff´erentielle lin´eaire ci-dessus que, pour tout j= 1, . . . , N, la d´eriv´ee partielle seconde

(s, x)7→∂sxjX(s, t, x) est continue sur [0, T]×RN.

D’apr`es (H1) l’application partielle V(s,·) est de classe C1 sur RN, ainsi que l’application X(s, t,·), dont on a vu qu’elle admet des d´eriv´ees partielles

xjX(s, t,·) continues sur RN pour tout j = 1, . . . , N. Ainsi le membre de droite de l’´equation

sX(s, t, x) =V(s, X(s, t, x)), (s, x)∈]0, T[×RN.

est-il de classe C1 en la variable xet le th´eor`eme de d´erivation des fonctions compos´ees entraˆıne que, pour toutj= 1, . . . , N,

xjsX(s, t, x) =∇xV(s, X(s, t, x))∂xjX(s, t, x) =∂sxjX(s, t, x) pour tout (s, x)∈[0, T]×RN — la deuxi`eme ´egalit´e ci-dessus ´etant pr´ecis´ement l’´equation diff´erentielle lin´eaire v´erifi´ee par la d´eriv´ee partielle∂xjX.

(c) D’apr`es le (b), pour tous s, t ∈ [0, T], l’application X(s, t,·) admet des d´eriv´ees partielles par rapport `a toutes les variables xj pour j = 1, . . . , N, et ces d´eriv´ees partielles sont continues en tout pointx∈RN : donc l’application X(s, t,·) est de classeC1surRN.

Appliquons d’autre part le (a) avect3=t1=sett2=t, puis avect3=t1=t ett2=s: on en d´eduit que

X(s, t,·) est une bijection deRN surRN d’inverseX(s, t,·)−1=X(t, s,·). Comme la bijectionX(s, t,·) et son inverse X(t, s,·) sont de classeC1surRN, c’est unC1-diff´eomorphisme deRN sur lui-mˆeme.

Consid´erons enfin le d´eterminant jacobien

J(s, t, x) = d´et(∇xX(s, t, x)).

Le point (b) entraˆıne que l’applications7→J(s, t, x) est continue de [0, T] dans R; d’autre part J(t, t, x) = 1 et J(s, t, x) 6= 0 pour tout s ∈ [0, T], car c’est

le d´eterminant jacobien du diff´eomorphismeX(s, t,·). Le th´eor`eme des valeurs interm´ediaires implique alors que J(s, t, x) > 0 pour tout s ∈ [0, T], ce qui

´

equivaut `a dire que le diff´eomorphismeX(s, t,·) pr´eserve l’orientation deRN. (d) D’apr`es le (b), l’application (s, t, x) 7→ X(s, t, x) admet des d´eriv´ees par-tielles continues par rapport aux variables xj pour tout j = 1, . . . , N et tout (s, t, x)∈[0, T]×[0, T]×RN, ainsi ´evidemment que par rapport `a la variables puisque, par d´efinition,∂sX(s, t, x) =V(s, X(s, t, x)).

Montrons queX admet aussi une d´eriv´ee partielle continue par rapport `a la variablet. Pour (s, x)∈[0, T]×RN fix´e, le pointX(s, t, x) est l’unique solution y(t) de l’´equation

F(t, y(t)) = 0 o`u on a pos´e

F(t, y) =X(t, s, y)−x .

L’application F : [0, T]×RN 7→ RN est de classe C1, et, pour tout temps t ∈ [0, T], la matrice ∇yF(t, y) = ∇xX(t, s, y) est inversible — en effet, on a d´ej`a vu que d´et(∇yF(t, y)) =J(t, s, y)6= 0. D’apr`es le th´eor`eme des fonctions implicites (voir cours de C. Viterbo, Th´eor`eme 1.4), la solution t 7→ y(t) est donc d´erivable et on a

dy

dt(t) =−∇yF(t, y(t))−1tF(t, y(t))

=−∇xX(t, s, X(s, t, x))−1V(t, X(t, s, X(s, t, x)))

=−∇xX(t, s, X(s, t, x))−1V(t, x).

Cette derni`ere formule montre que l’application∂tX est ´egalement continue sur [0, T]×[0, T]×RN.

Comme l’applicationXadmet des d´eriv´ees partielles continues en tout point de [0, T]×[0, T]×RN, elle y est de classeC1.

Expliquons maintenant comment on r´esout le probl`eme de Cauchy pour une

´

equation de transport `a coefficients variables grˆace `a la connaissance de son flot caract´eristique. Ainsi, le Th´eor`eme 2.2.3 ci-dessous se sp´ecialise en Th´eor`eme 2.1.2 lorsqueV = Const.

Th´eor`eme 2.2.3 Soit V un champ de vecteurs v´erifiant les hypoth`eses (H1) et (H2), et soitfin∈C1(RN). Alors le probl`eme de Cauchy pour l’´equation de transport

tf(t, x) +V(t, x)· ∇xf(t, x) = 0, 0< t < T , x∈RN, f(0, x) =fin(x), x∈RN,

admet une unique solution f ∈ C1([0, T]×RN). Cette solution f est donn´ee par la formule

f(t, x) =fin(X(0, t, x))

o`u X est le flot caract´eristique du champV — c’est `a dire ques7→X(s, t, x) est la courbe int´egrale du champV passant par x`a l’instantt.

D´emonstration.Commen¸cons par l’unicit´e, et pour cela, proc´edons par condi-tion n´ecessaire.

Soient doncf ∈C1([0, T]×RN) etz∈RN fix´es ; on va consid´erer la fonction φ: s7→φ(s) =f(s, X(s,0, z)). Cette fonction est de classeC1sur [0, T] comme compos´ee def et de l’application

s7→(s, X(s,0, z))

qui est de classeC1 d’apr`es la Proposition 2.2.2 (d). Calculons sa d´eriv´ee dφ

ds(s) =∂tf(s, X(s,0, z)) +∇xf(s, X(s,0, z))·∂sX(s,0, z)

=∂tf(s, X(s,0, z)) +V(s, X(s,0, z))· ∇xf(s, X(s,0, z)). Par cons´equent, si f est solution de l’´equation de transport

tf(t, x) +V(t, x)· ∇xf(t, x) = 0, 0< t < T , x∈RN,

on a dφ

ds(s) = 0 pour touts∈]0, T[,

de sorte que la fonction φ est constante sur l’intervalle [0, T]. En particulier, pour touts∈[0, T],

φ(s) =f(s, X(s,0, z)) =f(0, X(0,0, z)) =f(0, z) =φ(0) =fin(z). Faisons le changement de variablesx=X(s,0, z) ce qui, d’apr`es la Proposition 2.2.2 (a)-(c) ´equivaut `az=X(0, s, x). On trouve alors que

f(s, x) =fin(X(0, s, x)) pour tout (s, x)∈[0, T]×RN. R´eciproquement, montrons que la formule

f(t, x) =fin(X(0, t, x))

d´efinit une fonction de classe C1 sur [0, T]×RN, qui est solution du probl`eme de Cauchy pour l’´equation de transport.

D’abord,f ∈C1([0, T]×RN) comme compos´ee de fin qui est de classeC1 sur RN, et de l’application (t, x) 7→ X(0, t, x), de classe C1 sur [0, T]×RN d’apr`es la Proposition 2.2.2 (d).

D’autre part, f(0, x) =fin(X(0,0, x)) =fin(x) pour toutx∈RN. Enfin

tf(t, x) =∇fin(X(0, t, x))·∂tX(0, t, x),

xjf(t, x) =∇fin(X(0, t, x))·∂xjX(0, t, x), de sorte que

tf(t, x) +V(t, x)· ∇xf(t, x)

=∇fin(X(0, t, x))·

∂tX(0, t, x) +

N

X

j=1

Vj(t, x)∂xjX(0, t, x)

. Le r´esultat annonc´e d´ecoule alors du lemme suivant.

Lemme 2.2.4 Le flot caract´eristiqueX v´erifie

tX(0, t, x) +

N

X

j=1

Vj(t, x)∂xjX(0, t, x) = 0 pour tout(t, x)∈[0, T]×RN.

D´emonstration.Partons de la relation (a) de la Proposition 2.2.2 : X(t3, t2, X(t2, t1, x)) =X(t3, t1, x)

pour toust1, t2, t3∈[0, T] et toutx∈RN.

D´erivons chaque membre de cette ´egalit´e par rapport `a t2 : comme le flot caract´eristique X est de classe C1 sur [0, T]×[0, T]×RN, le th´eor`eme de d´erivation des fonctions compos´ees entraˆıne que2

tX(t3, t2, X(t2, t1, x)) +

N

X

j=1

xjX(t3, t2, X(t2, t1, x))∂sXj(t2, t1, x) = 0, ou encore

tX(t3, t2, X(t2, t1, x)) +

N

X

j=1

xjX(t3, t2, X(t2, t1, x))Vj(t2, X(t2, t1, x)) = 0. Posant t3= 0 ett2=t1=t, on aboutit `a la relation annonc´ee.

A nouveau, remarquons que la formule

f(t, x) =fin(X(0, t, x))

garde un sens mˆeme sifinn’est pas d´erivable, et on aimerait pouvoir dire qu’elle d´efinit une solution en un sens g´en´eralis´e de l’´equation de transport

tf(t, x) +V(t, x)· ∇xf(t, x) = 0.

Toutefois, pour donner un sens `a un tel ´enonc´e, on devra avoir recours `a la th´eorie des distributions, pr´esent´ee dans la suite de ce cours.

2.3 Equations aux d´ eriv´ ees partielles non lin´ e-aires d’ordre un : ´ etude d’un exemple

L’´equation de Hopf — ´egalement appel´ee ´equation de Burgers sans viscosit´e

— intervient dans diff´erents contextes, comme par exemple la dynamique des

2Dans tout ce qui suit

sX esigne la d´eriv´ee deXpar rapport `a sa premi`ere variable,

tXesigne la d´eriv´ee deX par rapport `a sa seconde variable.

gaz sans pression, ou encore en tant que mod`ele (propos´e par Ya. B. Zeldovich) pour l’´evolution `a grande ´echelle d’amas de galaxies.

L’´equation de Hopf, d’inconnueu≡u(t, x)∈R, s’´ecrit

tu(t, x) +u(t, x)∂xu(t, x) = 0, t >0, x∈R.

Autrement dit, u est la solution d’une ´equation de transport dont la vitesse de propagation au point xet `a l’instant t est la valeur u(t, x) de l’inconnue.

Cette ´equation est non lin´eaire `a cause de la pr´esence du terme u∂xu qui est quadratique enu.

Appliquons `a cette ´equation la m´ethode des caract´eristiques. Supposons donc que u est une solution de l’´equation de Hopf de classe C1 sur [0, T[×R. Soit X ≡X(s, t, x) le flot caract´eristique de l’op´erateur de transport∂t+u(t, x)∂x, c’est `a dire que

sX(s, t, x) =u(s, X(s, t, x)), 0< s < T , X(t, t, x) =x .

(L’existence et l’unicit´e locales deX d´ecoulent du th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz puisque uest de classe C1.) Alors la fonction s7→u(s, X(s, t, z)) est de classe C1comme compos´ee de fonctions de classeC1 et on a

d

dsu(s, X(s, t, z)) = (∂tu+u∂xu)(s, X(s, t, z)) = 0.

La fonctions7→u(s, X(s, t, z)) est donc constante sur [0, T[, de sorte que u(s, X(s, t, z)) =u(t, X(t, t, z)) =u(t, z), 0< s < T .

Injectons cette information dans l’´equation diff´erentielle v´erifi´ee par le flot X :

sX(s, t, z) =u(s, X(s, t, x)) =u(t, z), 0< s < T , X(t, t, z) =z ,

de sorte que

X(s, t, z) =z+ (s−t)u(t, z), 0≤s < T . En particulier

X(s,0, z) =z+su(0, z), 0≤s < T .

Cette formule montre que le flot caract´eristique X ≡ X(s, t, z) se prolonge `a toutR×R×Ren une application de classeC1.

Ecrivant `a nouveau que la solution uest constante le long des courbes ca-ract´eristiques de l’op´erateur de transport∂t+u∂x, on trouve donc que

u(s, z+su(0, z)) =u(0, z), 0≤s < T , z∈R. En se basant sur cette ´egalit´e, on aboutit au r´esultat suivant :

Th´eor`eme 2.3.1 Soituin∈C1(R), born´ee surR ainsi que sa d´eriv´ee(uin)0. (a) Le probl`eme de Cauchy pour l’´equation de Hopf

tu(t, x) +u(t, x)∂xu(t, x) = 0, t >0, x∈R u(0, x) =uin(x), x∈R, admet une unique solution de classe C1 sur[0, T[×R, o`u

T = 1

supz∈R(max(0,−(uin)0(z)))

avec la convention1/0 = +∞. Cette solution est d´efinie par la relation implicite u(t, z+tuin(z)) =uin(z), (t, z)∈[0, T[×R.

(b) Siu∈C1(R+×R)est solution de l’´equation de Hopf sur R+×R, alors la donn´ee initialez7→u(0, z)est croissante sur R.

D´emonstration.(a) Pour s≥0, posons

φs(z) =z+suin(z), z∈R. La fonctionφsest de classeC1surRN et

φ0s(z) = 1 +s(uin)0(z)>0 pour tout (s, z)∈[0, T[×R, par d´efinition deT. Commeuin(z) =O(1) pour|z| →+∞,

φs(z)→ ±∞pourz→ ±∞.

Par cons´equent φs est une bijection croissante de R sur lui-mˆeme pour tout s∈[0, T[, de classeC1 ainsi que sa r´eciproqueφ−1s .

Enfin, en appliquant le th´eor`eme des fonctions implicites (voir le cours de C. Viterbo, Th´eor`eme 1.4) `a l’´equation

F(t, z) :=z+tuin(z)−x= 0

dont l’unique solution estz=φ−1t (x), on v´erifie que l’application Φ : (t, x)7→Φ(t, x) =φ−1t (x)

est de classeC1 sur [0, T[×R, avec

tΦ(t, x) =− uin(Φ(t, x)) 1 +t(uin)0(Φ(t, x)),

xΦ(t, x) = + 1

1 +t(uin)0(Φ(t, x)).

Fig. 2.3 – Apparition d’une onde de choc dans la solution de l’´equation de Hopf. Le graphe de la donn´ee initialeuinest transport´e par les caract´eristiques.

Or les caract´eristiques issues de P et Q se coupent `a l’instant T. Le graphe deuintransport´e par le flot caract´eristique cesse donc, en temps fini, d’ˆetre le graphe d’une fonction. La figure montre l’´evolution d’une donn´ee initiale dont le graphe est une courbe croissante puis d´ecroissante. A l’instant t1, le graphe deuin transport´e par le flot caract´eristique est encore le graphe d’une fonction

— pr´ecis´ement de x 7→ u(t, x). En revanche, `a l’instant t2, le graphe de uin transport´e par le flot caract´eristique n’est plus le graphe d’une fonction.

Donc la fonction

u(t, x) =uin(Φ(t, x))

est de classeC1 sur [0, T[×Rcomme compos´ee de fonctions de classeC1. Enfin

tu(t, x) = (uin)0(Φ(t, x))∂tΦ(t, x) =−(uin)0(Φ(t, x))uin(Φ(t, x)) 1 +t(uin)0(Φ(t, x)) ,

xu(t, x) = (uin)0(Φ(t, x))∂xΦ(t, x) = + (uin)0(Φ(t, x)) 1 +t(uin)0(Φ(t, x)), de sorte que

tu(t, x) +uin(Φ(t, x))∂xu(t, x) = 0.

Commeuin(Φ(t, x)) =u(t, x), on en d´eduit queuest bien solution de l’´equation de Hopf (la condition initiale ´etant ´evidente, puisque Φ(0, x) =φ−10 (x) =x.)

L’unicit´e provient de l’application de la m´ethode des caract´eristiques rap-pel´ee avant l’´enonc´e du th´eor`eme. En effet, toute solution de l’´equation de Hopf de classeC1sur [0, T[×Rv´erifie

u(t, z+tu(0, z)) =u(0, z), (t, z)∈[0, T[×R, c’est `a dire

u(t, φt(z)) =uin(z), (t, z)∈[0, T[×R. En faisant le changement de variablesφt(z) =x, c’est `a dire

z=φ−1t (z) = Φ(t, x), on trouve que

u(t, x) =uin(Φ(t, x)), (t, z)∈[0, T[×R.

(b) Siuest solution de classeC1de l’´equation de Hopf surR+×R, elle v´erifie la relation

u(s, z+su(0, z)) =u(0, z), pour tout (s, z)∈R+×R, d’apr`es la m´ethode des caract´eristiques.

Supposons quez7→u(0, z) n’est pas croissante surR: il existe doncz1< z2

tel que u(0, z1)> u(0, z2). D´efinissons

s= u(0, z1)−u(0, z2) z2−z1 >0. Alors

z1+su(0, z1) =z2+su(0, z2) de sorte que

u(0, z1) =u(s, z1+su(0, z1)) =u(s, z2+su(0, z2)) =u(0, z2).

On aboutit ainsi `a une contradiction, ce qui infirme l’hypoth`ese de d´epart, `a savoir quez7→u(0, z) n’est pas croissante surR.

Ce r´esultat montre que, pour une ´equation de transport non lin´eaire, il se peut

(a) que le flot caract´eristique soit d´efini globalement, (b) que la donn´ee initiale soit globalement de classe C1,

et pourtant que la solution ne soit pas d´efinie et de classeC1globalement, c’est

`

a dire pour tout (t, x)∈R+×R.

Ce type de comportement est caract´eristique des ´equations diff´erentielles non lin´eaire, aux d´eriv´ees partielles ou non.

Nous avons d´ej`a ´evoqu´e plus haut l’exemple de l’´equation de Riccati dy

dt =y2, y(0) =yin, dont la solution

y(t) = yin 1−tyin

n’est pas d´efinie globalement, c’est `a dire pour tout t∈R, siyin6= 0.

L’exemple de l’´equation de Hopf pr´esent´e ci-dessus est tout `a fait analogue au cas de l’´equation de Riccati.

Toutefois, il est possible de prolonger la solution locale de classe C1 de l’´equation de Hopf apr`es le temps T donn´e dans le Th´eor`eme 2.3.1, en une fonction qui n’est plus de classe C1, qui admet en g´en´eral des discontinuit´es de premi`ere esp`ece, mais qui est pourtant solution de l’´equation de Hopf en un sens g´en´eralis´e. Ce ph´enom`ene d’apparition de singularit´es dans des solutions d’´equations aux d´eriv´ees partielles est une nouvelle motivation pour d´evelopper le formalisme des distributions.

2.4 Exercices

Exercice 1.Appliquer la m´ethode des caract´eristiques pour r´esoudre le probl`eme de Cauchy

tf(t, x) +v· ∇xf(t, x) +a(t, x)f(t, x) = 0, x∈RN, t >0, f(0, x) =fin(x), x∈RN, o`u a∈C1(R+×RN).

Exercice 2.Mˆeme question pour le probl`eme avec second membre

tf(t, x) +v· ∇xf(t, x) +a(t, x)f(t, x) =S(t, x), x∈RN, t >0, f(0, x) =fin(x), x∈RN, o`u aetS∈C1(R+×RN).

Exercice 3. Soientλ >0,aetS∈C1(RN). Supposons qu’il existeM >0 tel que

a(x)≥0 et|S(x)| ≤M pour toutx∈RN. Montrer que l’´equation de transport stationnaire

λf(x) +v· ∇xf(x) +a(x)f(x) =S(x), x∈RN,

admet une unique solution born´eef de classeC1surRN, et que cette solution est donn´ee par la formule

f(x) = Z +∞

0

e−λt−R0ta(x−sv)dsS(x−tv)dt .

Exercice 4. Soit f ∈ C2(R) telle que f00(U) ≥ a > 0 pour tout U ∈ R.

Consid´erons le probl`eme de Cauchy

tv+f(∂xv) = 0, v

t=0=vin,

o`uvin∈C2(R) est born´ee surRainsi que ses deux premi`eres d´eriv´ees.

1) Quelle est l’´equation satisfaite par∂xv?

2) En d´eduire un r´esultat d’existence et unicit´e locale pour le probl`eme de Cauchy v´erifi´e parv.

Chapitre 3